Lorsque le jour se lève
360 pages
Français

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Lorsque le jour se lève , livre ebook

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Description

Rencontre de deux êtres que le hasard a réunis, par le biais d'un même livre qui les concerne tous deux à des titres différents.
La stratégie du « récit dans le récit » fait naître des destinées symétriques. Les deux histoires imbriquées se correspondent et se répondent par-delà les lieux et les époques en illustrant au passage la relation auteur-lecteur.
Le monde du réel et celui de la fiction s'y côtoient, et parfois s'y mêlent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782332953353
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95333-9

© Edilivre, 2015
Automne 1942
Chapitre I
Dans un hameau au nord de la ligne de démarcation.
Les deux villages étaient très proches l’un de l’autre mais situés à des altitudes différentes. Quelques mouvements de population probablement motivés par des commodités géographiques avaient insensiblement entraîné au fil du temps la désaffection de l’un au profit de l’autre. Seules subsistaient dans le second quelques anciennes habitations au milieu de champs en pente, reliées par des voies davantage semblables à des sentiers qu’à des routes. Essentiellement peuplée d’habitants plus âgés, cette partie faisait maintenant figure de hameau, rattaché administrativement au village voisin.
L’environnement, bordé à l’horizon de plusieurs collines, était constitué d’une immense forêt domaniale plus guère entretenue depuis le début de la guerre, limitant le site sur deux côtés. Une petite rivière qui serpentait paresseusement à la sortie du village complétait le paysage.
C’est dans l’une des masures situées à l’écart que se tenait ce jour-là une réunion dont le nombre de participants n’était pas en rapport avec l’importance de son objet. Trois hommes étaient présents dans cette chaumière, propriété de l’un d’entre eux ; la situation d’isolement avait été choisie à dessein par prudence.
Depuis la mise en place de la ligne de démarcation qui passait à quelques kilomètres du village, des rencontres de ce type n’étaient pas rares dans la région. Quelques éléments au tempérament plus révolté, auxquels s’étaient mêlés des individus pour qui la clandestinité représentait un moyen d’échapper à l’occupant chassant sans relâche les prisonniers évadés, venaient de constituer de petits groupes décidés à participer à leur manière au conflit. Avec les moyens du bord, essentiellement armés de leur courage et de la volonté farouche de gêner au maximum les convois de matériel et les mouvements des contingents ennemis qui transitaient par la gare de triage voisine, ces petits rassemblements commençaient seulement à s’organiser, et à tenter de se fédérer.
Les trois hommes réunis en ce matin d’automne dans la salle commune faisaient depuis peu partie de l’un de ces groupes clandestins. Deux d’entre eux, Adrien Mathieu, le paysan qui les accueillait, dont les terres étaient partagées de part et d’autre de la frontière artificielle, ainsi qu’Augustin Chauny, cheminot officiant à la gare voisine, étaient des habitants du pays. Le troisième, qui se faisait appeler Tiburce, était à l’origine du rendez-vous. Il avait pour eux les prérogatives d’un chef de groupe chargé de fédérer les actions isolées menées dans la région.
Les deux autochtones avaient accepté de collecter, chacun dans sa sphère d’activité respective, des renseignements divers redistribués ensuite, le cas échéant, dans les groupes les plus aptes à en faire bon usage.
Leurs indications et leurs signalements avaient déjà permis de faciliter le passage clandestin de personnalités importantes en zone libre et de mettre en place quelques actions de sabotage de faible envergure, qu’ils avaient cependant considérées comme un encouragement à continuer.
Ce jour-là, le ton de l’entretien était plus grave que d’habitude. En regroupant plusieurs renseignements recueillis localement, on avait acquis la certitude que le trafic de la gare, déjà très actif, allait s’intensifier notablement dans les jours prochains. Un document ennemi, qu’Augustin avait pu apercevoir dans le bureau du chef de gare, signalait en effet le passage imminent d’un convoi exceptionnel de matériel accompagné d’une surveillance embarquée.
L’importance des précautions prises et le recoupement d’une seconde indication avaient donné à penser en haut lieu qu’il s’agissait davantage qu’un simple déplacement de matériel vers l’ouest. Comme la rumeur de nouvelles armes ennemies à la terrifiante efficacité avait commencé à circuler, les instances supérieures que le chef de groupe avait contactées avaient envisagé l’éventualité d’un sabotage qui, au moins, ralentirait suffisamment le convoi pour obtenir des informations plus approfondies sur son inquiétant chargement.
On avait donc pensé saisir le commando qui avait déjà mené quelques raids dans le pays. Basé derrière la ligne de démarcation, dans un nid d’aigle à une vingtaine de kilomètres de la frontière, ce réseau encore embryonnaire aurait peut-être la possibilité de contrarier d’une manière efficace la marche du convoi.
La tâche des trois hommes réunis ce matin-là paraissait donc simple à priori : il s’agissait de trouver le moyen d’avertir ce groupe de la situation et de lui fournir les indications sur le jour et l’heure de passage du convoi et sur l’intérêt majeur qu’il représentait.
Or, et c’était là le véritable objet de cet entretien, plusieurs facteurs convergents les avaient convaincus de la nécessité absolue d’agir le plus secrètement possible. L’arrivée récente d’un contingent supplémentaire manifestement chargé de surveiller la gare et ses alentours, indiquait la méfiance de l’ennemi et avait décuplé les mesures de sécurité. La surveillance de part et d’autre de la Ligne s’en trouvait notamment renforcée. De plus, l’échec inexpliqué du dernier sabotage prévu avait semé le doute dans l’esprit du réseau, et la méfiance de son chef était à son comble : l’idée d’une trahison avait déjà fait son chemin.
L’opération projetée n’aurait donc une chance de réussite que si le secret le plus complet présidait à sa réalisation, de la transmission du renseignement initial à sa mise en œuvre ultime. Sans fournir toutes les informations en sa possession, le coordonnateur du groupe avait donc souhaité prendre l’avis des deux membres qui connaissaient le mieux le terrain.
Après avoir posé d’emblée l’impossibilité d’envisager de passer par l’entremise d’un quelconque guide, comme il était de mise habituellement pour accompagner une personne ou acheminer un renseignement anodin, le chef sollicita le point de vue de chacun des deux hommes.
– Pour plus de sûreté, dit le cheminot, il faudrait adresser un message crypté. Mais ce n’est pas possible.
– Nous ne possédons pas, en effet, de système d’encodage sophistiqué, répondit Tiburce, mais nous avons cependant prévu entre nous un dispositif élémentaire, basé sur le patois local, qui nous a déjà donné satisfaction. On pourra donc l’utiliser dans un message allusif, le plus concis possible. Le problème essentiel est plutôt celui du transmetteur.
– S’il connaît le code, il y a un risque supplémentaire, en cas d’interception, reprit Adrien. Le messager doit ignorer le contenu du message.
– Puisque nous l’ignorons nous-mêmes, dit alors son camarade, et que tu possèdes une autorisation de franchir la Ligne, tu pourrais t’en charger. Surtout qu’il connaît bien la région, ajouta-t-il à l’adresse de Tiburce.
– C’est exclu ! répondit immédiatement celui-ci : nous ne voulons à aucun prix risquer de le griller. Les « ausweis » permanents donnés aux agriculteurs ayant des terres de part et d’autre de la frontière nous sont trop précieux. Mais il y a un autre problème, poursuivit-il : le chef du réseau est devenu très méfiant après le coup de main avorté que je viens d’évoquer. Il pense qu’une indiscrétion a pu venir d’un membre de son groupe. Il se défiera donc de l’authenticité du message. Il faudrait trouver quelqu’un connu de lui, en qui il pourrait avoir toute confiance.
Au même instant, on entendit une série d’aboiements hargneux qui semblaient venir du fond du jardin. Adrien Mathieu, immédiatement alerté, releva brusquement la tête et tendit l’oreille. Il se leva tout en intimant du geste le silence à ses compagnons et s’approcha de la fenêtre entrouverte. Il scruta le fond de la propriété, là où passait la route, et siffla deux fois entre ses doigts. Son inquiétude tomba immédiatement, dès que Farot, son chien, revint au galop près de la fenêtre.
– Ce n’est rien, dit-il en reprenant place, c’est Farot, mon chien qui fait des siennes. Il me sert de sonnette et m’avertit dans certaines circonstances.
Les deux autres, que l’attitude de leur hôte avait subitement figés dans une expectative soucieuse, se détendirent. Depuis l’installation de la zone de démarcation, de part et d’autre de la ligne virtuelle mise en place par les allemands, les riverains vivaient dans un état de méfiance permanente. Renâclant par esprit de fronde ou par provocation du hasard à quémander auprès des autorités ennemies des laissez-passer qui d’ailleurs ne leur étaient accordés qu’avec parcimonie, beaucoup d’entre eux préféraient prendre le risque de passages clandestins. La sévérité des sanctions ne rebutait pas tous les contrevenants.
Lorsque de plus, on se livrait à des actions occultes et répréhensibles, on vivait dans un angoissant climat de danger constant. Aux exemples tragiques d’échecs sévèrement châtiés s’ajoutaient des dénonciations qui n’étaient pas rares, ce qui entretenait cette atmosphère d’inquiétude latente dans laquelle ils baignaient depuis plusieurs mois.
– Un animal précieux ! dit le cheminot. Mais, de quelles circonstances particulières parles-tu ?
Mathieu sourit et consentit à fournir les précisions demandées :
– Comme beaucoup de ses congénères, Farot n’a jamais aimé les cyclistes, commença-t-il. Leur vue l’indispose, ou l’inquiète. Certains prétendent que la vision des roues à rayons qui tournent les fascine et les rend nerveux. Avant la guerre, son ennemi permanent était Honoré, le facteur. Surtout qu’il n’est pas habillé comme tout le monde avec sa tenue de postier et son képi ! Or, depuis que les allemands ont renforcé la surveillance de la frontièr

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