Longueuilistan : Roman Policier
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Longueuilistan : Roman Policier , livre ebook

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Description

Longueuil : terreau d’apprentis djihadistes
Aymen est un jeune Tunisien qui a fui son pays pour se réfugier à Montréal. Sans papiers, il cumule les petits boulots mais se fait arrêter lors d'un contrôle d'identité de routine. Transféré à la prison fédérale de Sarnia, l'Agence ­canadienne de renseignement lui propose de recueillir des informations sur une mosquée à Longueuil, en lui promettant la légalisation de son statut.
Installé aux frais de l'Etat, l'informateur en herbe fréquente principalement la mosquée El Nour à la réputation suspecte. Il y rencontre un groupe de jeunes de son âge avec qui il se lie d'amitié, mais qui s'avère être un gang de délinquants versé dans le trafic de drogue et le proxénétisme.
Aymen rapporte ses informations à l'Agence, mais celle-ci ne semble pas intéressée par les méfaits de ce gang. Elle lui demande de se concentrer principalement sur l'iman de la mosquée et le responsable de l'Association musulmane, soupçonnés d'être des incitateurs à la radicalisation de jeunes partis en Syrie et de financement d'organisations terroristes.
Ne pouvant obtenir de preuves sur ces deux suspects, comment Aymen ­parviendra-t-il à obtenir de l'Agence sa citoyenneté canadienne et son passeport si aucun renseignement ne peut les incriminer?
Cette fiction traite de plusieurs sujets de la société nord-américaine en général?: la société de consommation, l'islam politique, la solitude, le multiculturalisme et, bien sûr, le terrorisme latent en Occident.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2019
Nombre de lectures 9
EAN13 9782897930264
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Conception de la couverture et mise en pages :
Christian Campana - www.christiancampana.com
Tous droits réservés
© 2018, BÉLIVEAU Éditeur
Dépôt légal : 4 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN : 978-2-89793-013-4
ISBN Epub : 978-2-89793-026-4 567, rue de Bienville Boucherville (Québec) Canada J4B 2Z5 450 679-1933 www.beliveauediteur.com admin@beliveauediteur.com
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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada.
Reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition est illégal. Toute reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du copyright. Tous droits de traduction et d’adaptation réservés.
Toute reproduction ou utilisation d’un extrait du fichier Epub ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement autorisé par l’éditeur constitue une infraction aux droits d’auteur passible de poursuites pénales ou civiles.
À celles et ceux que j’aime.
Notes :
Ce livre est une pure fiction .
L’Éditeur n’endosse aucune responsabilité quant aux personnages ainsi qu’aux propos et opinions tenus par l’auteur.
* pour les noms précédés d’une astérisque, vous retrouverez une définition concise à la fin de cet ouvrage.
I
La fuite
« A llô ! Fatiha ?… Oui, c’est moi. Ça va ? Je vais bien, j’ai un peu mal à la tête, sinon ça va… J’ai pris une cuite hier au bar en face du resto. Oui, j’y étais avec mes collègues… Non, il n’y avait pas de filles… J’ai pensé à toi, bien sûr. D’ailleurs, je pense toujours à toi, tu sais… Oui, je veux toujours me marier, je te le promets… Je te ramène ici dès que j’aurai mes papiers… »

« Aymen, nous savons tout sur toi. »
La pièce qui allait être utilisée plusieurs fois pour les entretiens gardait intacte la réputation des salles d’interrogatoires des agences de renseignement. Elle était sans fenêtre, mal éclairée, exiguë, n’avait pour mobilier que deux chaises au confort douteux et une table qui n’allait pas tarder à rendre l’âme.
Aymen, les yeux baissés, était désespéré. Il voulait se faire le plus petit possible devant l’agent qui l’interrogeait tantôt assis, tantôt debout.
« Tu es arrivé au Canada le 14 juillet 2010 pour les championnats du monde junior d’athlétisme à Moncton, via Paris et Toronto. Tu as abandonné en catimini ta délégation de l’équipe nationale junior de Tunisie pour t’enfuir. Tu t’es changé dans les toilettes du deuxième étage, celles à côté du Tim Hortons , nous t’avons sur les caméras de surveillance. Tu as pris le bus vers Montréal où nous ne t’avons jamais perdu de vue durant ces trois dernières années. »
Le jeune Tunisien, les yeux larmoyants de honte, leva un instant la tête. Son regard triste trahissait la peur et son jeune âge. Il dévisagea son interlocuteur et, la gorge serrée, demanda : « Allez-vous m’extrader, monsieur l’agent ? »
L’agent cessa de feuilleter le dossier étalé sur la table. Sa mine trahissait son exaspération : il avait maintes fois répété son nom, « l’agent Tremblay », mais le prévenu ne se souvenait jamais de son patronyme. Il est vrai que le jeune Tunisien n’avait côtoyé que des *Maghrébins, des Haïtiens, des Italiens et des Juifs depuis son arrivée au Canada, Tremblay sonnait donc bizarre dans son vocabulaire. Le Québécois détourna alors les yeux pour répondre à l’accusé :
— Nous ne le savons pas encore, cela dépend de toi. Les autorités tunisiennes ont été très coopératives en ce qui te concerne. Elles t’attendent de pied ferme.
— Vous savez bien ce qu’ils vont me faire si vous me renvoyez en Tunisie…
— Ils ne nous ont rien dit de leurs intentions, mais nous les devinons bien.
L’agent Tremblay, un homme dans la mi-quarantaine, blond, grand et élancé, semblait pressé d’en finir avec la séance de questions-réponses. Les expressions de son visage et son ton de voix trahissaient son impatience : il voulait en venir au vif du sujet. Mais le protocole étant strictement codifié, il devait prendre son mal en patience.
Il ne quittait pas le suspect des yeux : après un long moment de silence, il reprit le dossier et poursuivit : « Bon, continuons : tu es né le 5 avril 1994, tu as fait tes études primaires à l’école Sidi Bader de Tabarka. Ensuite, le lycée sportif El Menzah de Tunis. Tu as deux sœurs plus jeunes que toi, ton père est décédé il y a de cela dix ans dans un accident de travail et votre famille reçoit une pension pour cela. Ta mère travaille comme secrétaire à la mairie de Tabarka, et elle est tout près de la retraite. Ta fiancée est au chômage et vit encore chez ses parents. D’ailleurs, le gouvernement tunisien nous a offert le contenu de toutes vos conversations téléphoniques depuis le jour où tu t’es échappé de l’aéroport de Moncton ; le contenu est assez cocasse. Tu dois savoir que les cartes téléphoniques que tu utilises pour appeler en Tunisie sont le meilleur moyen pour les agences de renseignement de te mettre sur écoute ? »
L’officier se leva finalement de sa chaise et fit quelques pas dans la salle. Après un long silence, il se mit face à l’accusé et lui dit, en le fixant dans les yeux : « Tu vois, nous savons tout sur toi. »
Les interrogatoires étaient fréquents et longs. L’agent Tremblay les réalisait toujours seul. Il posait souvent les mêmes questions et répétait les informations qu’il collectait. Tantôt il levait le ton et se montrait menaçant, tantôt il était conciliant. Il demandait souvent :
— Pourquoi es-tu venu au Canada ?
— As-tu des complices ?
— Qui t’a aidé à vivre ici ?
Les réponses d’Aymen étaient les plus honnêtes possible, sans jamais divulguer le nom des bienfaiteurs qui l’avaient soutenu durant ses années de cavale. Il posait à son tour des questions au « bourreau », mais les réponses n’étaient pas toujours bonnes à entendre.
— Est-ce qu’ils vont faire du mal à ma famille en Tunisie ?
— Peut-être, je ne sais pas. Ben Ali n’est plus là, mais sa police y est toujours…
— Qu’allez-vous faire de moi alors ?
— Ton crime est passible de plusieurs décennies d’emprisonnement…
Aymen avait fui son pays natal à la première occasion qui s’était présentée et vivait depuis trois années sans papiers au Canada. Il avait réussi à survivre en acceptant des petits boulots de misère qui demandaient de longues heures de travail physique mal rémunérées : du travail agricole à la distribution de feuillets publicitaires, en passant par la plonge dans les restaurants italiens de la rue St-Denis dans le quartier latin de Montréal. Mais ces dures besognes lui assuraient un toit et un repas, en attendant des jours meilleurs. La police de Montréal l’avait intercepté dans un contrôle d’identité de routine : il se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Il passa quelques jours à la prison de Bordeaux avant d’être transféré aux mains de la Gendarmerie royale du Canada qui l’enferma à la prison fédérale de Sarnia, en Ontario. Il s’y trouvait depuis plus de trois mois et avait été interrogé régulièrement sur son passé.
Après plusieurs séances d’interrogatoire et de longues heures de discussion, l’agent Tremblay avait changé soudainement de ton. Il se montrait de plus en plus conciliant, parfois même gentil. Il avait lancé, à la fin d’une séance qui avait été particulièrement éprouvante pour les deux : « Il y a un moyen pour toi d’en finir avec cette histoire, Aymen, et d’accéder à ce que tu désires : la nationalité et un passeport canadiens. Tu pourras même faire venir ta mère, tes sœurs et ta copine. Tu mèneras la vie dont tu as toujours rêvé. »
Ces paroles avaient suscité l’espoir chez le jeune Tunisien. Il demanda vainement des explications à l’agent qui lâcha un jour : « Il faudra que tu travailles pour nous. »
Les détails vinrent en avant-propos d’une énième séance d’interrogatoire. Ce jour-là, l’agent se présenta serein et calme à la séance, portant un cartable duquel il sortit plusieurs documents au fur et à mesure de la discussion.
— Aymen, on va aller droit au but, ce qu’on te demande n’est pas simple. Ça exige de la discrétion et de l’intelligence, alors…
L’agent ouvrit lentement son cartable et sortit deux journaux qu’il tendit à son interlocuteur en pointant le titre du doigt : « Il y a eu, l’année passée, des départs en Syrie à partir du sol canadien. Sur notre territoire, deux jeunes Canadiens habitant la Rive-Sud de Montréal faisaient partie du lot. Ils habitaient une ville appelée Longueuil, tu connais ?
Cette nouvelle avait fait la une des journaux nationaux et internationaux quelques semaines auparavant. Deux jeunes Longueuillois, le premier d’origine tunisienne et le deuxième de parents algériens, avaient été arrêtés à la frontière turque : ils se rendaient vers la Syrie pour accomplir le * djihad , avaient-ils avoué lors de leur arrestation. L’évènement avait créé l’émoi dans les communautés musulmanes canadiennes, qui avaient dorénavant peur que leurs enfants deviennent de la chair à canon d’une guerre qui leur était étrangère.
— Non, je ne connais pas Longueuil. Je sais que c’est au terminus de la ligne jaune du métro. Le plus loin que je suis allé sur cette ligne est la station Jean-Drapeau, pour le casino et la plage.
— D’accord. Ces deux jeunes, selon les informations que nous avons, fréquentaient deux lieux principalement : la mosquée * El Nour sur la rue Sainte-Hélène et le Collège Édouard-Montpetit.
L’agent sortit quelques photos de jeunes quittant la dite mosquée, orientant ses doigts sur les deux jeunes apprentis djihadistes. Il fixa son interlocuteur du regard, comme il faisait d’habitude lorsqu’il voulait exprimer le sérieux de ses paroles : « Il y a dans ces lieux un ou des recruteurs pour l’État islamique qui engagent des jeunes Canadiens pour le djihad. Nous voulons les démasquer et les arrêter le plus tôt possible, avant que d’autres jeunes ne soient embrigadés. »
Après av

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