222
pages
Français
Ebooks
2017
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Ebook
2017
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Publié par
Date de parution
08 novembre 2017
Nombre de lectures
16
EAN13
9782764434185
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
08 novembre 2017
Nombre de lectures
16
EAN13
9782764434185
Langue
Français
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1 Mo
De la même auteure
EN FRANÇAIS :
Ballades d’amour du North End , Mémoire d’encrier, 2017.
EN ANGLAIS :
North End Love Songs , The Muses’ Company, 2012. • LAURÉAT, PRIX DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL – POÉSIE, 2013.
The Break , House of Anansi Press, 2016. • FINALISTE, PRIX DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL – FICTION, 2016. • FINALISTE, ROGERS WRITERS' TRUST FICTION PRIZE, 2016. • LAURÉAT, MARGARET LAURENCE AWARD FOR FICTION, 2017. • LAURÉAT, CAROL SHIELDS WINNIPEG BOOK AWARD, 2017. • LAURÉAT, MCNALLY ROBINSON BOOK OF THE YEAR, 2017. • LAURÉAT, AMAZON.CA FIRST NOVEL AWARD, 2017. • FINALISTE, BURT AWARD FOR FIRST NATIONS, INUIT AND MÉTIS LITERATURE, 2017. • FINALISTE, CANADA READS 2017.
Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Sylvie Martin
En couverture : montage réalisé à partir d’une image
de Zita / shutterstock.com
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre, une initiative de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 : éducation, immigration, communautés , pour nos activités de traduction.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L'an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l'art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vermette, Katherena [Break. Français] Ligne brisée (Latitudes) Traduction de : The break.
ISBN 978-2-7644-3416-1 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3417-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3418-5 (ePub)
I. Verreault, Mélissa. II. Titre. III. Titre : Break. Français. IV. Collection : Latitudes (Éditions Québec Amérique).
PS8643.E74B7414 2017 C813’.6 C2017-9471650-2 PS9643.E74B7414 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
D’après l’édition publiée en anglais sous le titre : The Break Copyright© 2016 Katherena Vermette Published by arrangement with House of Anansi Press, Toronto, Canada.
© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com
À ma mère
En mémoire de ceux et celles que nous avons perdus.
Avec amour pour ceux et celles qui ont trouvé comment passer au travers – vous nous montrez le chemin.
Betty, si je me mets à écrire un poème sur toi ça pourrait plutôt finir par être sur la saison de la chasse, la chasse déclarée aux femmes autochtones.
~ extrait de Helen Betty Osborne Marilyn Dumont
La manière la plus courante par laquelle les gens abandonnent leur pouvoir, c’est en pensant qu’ils n’en ont aucun.
~ Alice Walker
PREMIÈRE PARTIE
La Brèche est une parcelle de terrain située tout juste à l’ouest de la rue McPhillips. Un champ étroit s’étirant sur quatre lots et interrompant le maillage serré des maisons construites de part et d’autre de la rue ; un vide qui coupe à travers toutes les avenues, de Selkirk jusqu’à Leila, à l’extrême limite du quartier North End. Certains ne lui donnent pas de nom, ne s’y arrêtent même pas. Moi, je ne l’appelais rien du tout, je savais seulement qu’il était là. Mais quand ma Stella a déménagé juste à côté, elle l’a appelé « la Brèche », ne serait-ce que pour elle-même. Personne ne lui avait jamais fait mention de l’existence d’un autre nom et, pour une raison quelconque, elle a pensé qu’elle devrait lui en donner un.
C’est une terre appartenant à Hydro, qui lui avait vraisemblablement été réservée à l’époque où l’on ne trouvait pas grand-chose dans les environs. Quand toutes les basses terres du secteur ouest de la rivière Rouge n’étaient qu’herbes hautes et lapins, quelques arbustes en grappes parsemant le chemin jusqu’au lac, plus au nord. Le quartier s’est développé autour de la Brèche. Les maisons ont d’abord été construites pour les immigrants venus de l’Europe de l’Est, qui ont été repoussés du mauvais côté de la voie ferrée et tenus à l’écart des riches quartiers du sud de la ville. Quelqu’un m’a déjà dit que les maisons du quartier North End étaient à la fois grandes et bon marché, mais bâties sur des terrains minuscules. C’était à l’époque où il fallait posséder une certaine superficie de terre pour disposer du droit de vote, et tous ces lots comptaient quelques centimètres de moins que le minimum requis.
Les grands pylônes métalliques d’Hydro ont dû être érigés plus tard. Énormes et gris, ils s’élèvent de chaque côté de l’étroite parcelle de terrain, supportant deux câbles d’argent souples, bien au-dessus de la plus grande des maisons. Les pylônes surgissent tous les deux pâtés de maisons, encore et encore, filant loin au nord. Ils se rendent peut-être même jusqu’au lac. Lorsque Stella et sa famille se sont installées près des pylônes, sa petite Mattie leur a donné le nom de « robots ». Robots, c’est un nom qui leur va bien. Ils ont tous une tête carrée et se tiennent les pieds écartés, comme au garde-à-vous, avec deux bras aériens qui soulèvent les fils haut dans le ciel. Ils forment une armée figée montant la garde, voyant tout. Autour d’eux, on a construit des maisons, aujourd’hui délabrées ; des marées humaines les ont envahies, puis vidées.
Dans les années soixante, une fois que les Indiens inscrits au Registre ont été autorisés à quitter les réserves, plusieurs ont migré vers la ville et se sont installés dans le quartier. C’est à cette époque que les Européens ont lentement commencé à le déserter, comme un homme abandonnant une femme endormie dans la nuit noire. À présent, il y a énormément d’Indiens ici, de grosses familles, de bonnes personnes, mais aussi des gangs, des prostituées, des planques à drogués, et toutes ces belles et grandes maisons s’affaissent, fatiguées comme les vieillards qui les habitent encore.
La zone entourant la Brèche est légèrement moins pauvre ; on y retrouve plus d’ouvriers, juste assez pour que les travailleurs qui y vivent pensent que le problème ne les concerne pas et qu’ils sont à l’abri du drame. Il y a davantage d’automobiles dans les entrées que de l’autre côté de McPhillips. C’est un bon quartier, mais on peut encore y voir la misère, si on sait où regarder. Si on sait voir les maisons dont les fenêtres sont en permanence recouvertes d’un drap. Si on sait voir les voitures qui arrivent tard le soir, se garent en plein milieu de la Brèche, loin de toute demeure, et y restent seulement une dizaine de minutes avant de repartir. Ma Stella voit ces choses. Je lui ai enseigné comment regarder et être à l’affût en tout temps. Je ne sais pas si c’était bien ou mal, mais elle est toujours en vie, alors il doit y avoir du bon dans tout ça.
J’ai toujours aimé cet endroit que ma fille appelle « la Brèche ». L’été, j’avais l’habitude de le traverser en marchant. On peut y emprunter un sentier menant jusqu’à la limite de la ville, et si on ne regarde que l’herbe au sol, on a l’impression de se trouver en campagne tout le long. Les personnes âgées y cultivent de grands jardins aux rangs de maïs et de tomates bien ordonnés, tout proprets et jolis. Par contre, on ne peut pas traverser la Brèche à pied durant l’hiver. Personne ne déblaie de chemin dans ce lac de vent et de blanc, qui n’est alors qu’un champ de neige froid