Les Tueurs du Brabant - L impossible alpague
250 pages
Français

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Les Tueurs du Brabant - L'impossible alpague , livre ebook

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Description

Au début des années 1980, une équipe de flingueurs braque les supermarchés du Brabant. Au total, 28 morts, pour quelque 160 000 euros d’aujourd’hui. Au bout de 35 années d’enquêtes diverses, toutes fort mal menées, le résultat affiché par les autorités belges est nul : zéro indice, zéro arrestation. Ce roman raconte pourquoi les poulets n’ont jamais alpagué les tueurs. Pourtant, lors de la première attaque, les malfrats ont commis une toute petite erreur. En défouraillant à tout va, une balle perdue s’est logée dans le sac à dos de François Nedonema, qui passait par là.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414189793
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-18977-9

© Edilivre, 2018
Du même auteur
Du même auteur, au Cactus inébranlable, éditeur :
• Galop décès , roman, 2012.
• Fume, c’est du belge , roman, 2014.
Illustration en 1 re de couverture de Jacques Flamme.
1 Vendredi 30 avril 1982 Fin de journée
J’étais heureux. Je venais de toucher ma nouvelle meule. Une R80 revendue par un clampin interdit de Dakar. Moins de trois mille bornes et trente pour cent de réduc. Une aubaine pour ce bi de mille centimètres cubes, réservoir de compète de trente-deux litres, freinage à disques et système antiblocage des roues. Pourvu de cette technique de pointe testée en usine, personne n’en avait voulu : au premier pépin, sans être mécano, c’était le coup de fusil.
Elle bombait vachement. Les Michelin chaussés en faisaient une gagneuse qui griffait le bitume mieux que tous les castors de l’avenue Louise depuis un siècle.
Je m’apprêtai à enfiler la E411 pour montrer la machine à Germaine lorsque je me souvins lui avoir promis de faire la popote à mon arrivée. Une salade de chicons avec fromes divers, noix, pignes, roquette, oignons, ail, persil. Je quittai l’autoroute à Notre-Dame-au-Bois pour me ravitailler dans un supermarché Delhaize de la chaussée de Bruxelles ouvert tard les veilles de vékende. J’espérais m’en tirer en deux minutes de chalande au rayon des produits frais, en même temps que les bourges locaux en quête de leur gnôle après une semaine de vide harassante au burlingue. La nausée me poussa à imaginer une action commando, sèche et rapide, sans trop entrer dans les détails. Toutes les endives se valent, surtout les belges. Quel que soit le cageot, elles ne risquent pas d’avoir des idées. C’est au cuistot de se démener la pensarde !
Il était près de vingt heures, le soleil passait derrière le clocher de l’église située de l’autre côté de la nationale pour se zoner en Wallonie, projetant l’ombre du coq – wallon ? – sur l’agglo où les Flamands, léonins, étaient chez eux 1 .
Je dus planquer ma machine tout au bout du parking : un capharnaüm frénétique de la consommation bobo encombré de chariots les plus divers. Pour les caves de l’endroit, ce dernier stress gaspi de la semaine donnerait lieu à la partie de jambons en l’air hebdomadaire – fusil à un ou deux coups selon la quantité d’alcool ingurgitée – sur le tapis du salon, devant Thalassa vu du coin de l’œil. Soirée lessivée dès le lendemain matin par le vigoureux intermède sportif de môssieur – abaisser la canopée de la pelouse – pour ensuite préparer le barbecue des familles façon démineur du Viet Nam. Au printemps, faut que ça chauffe ! Une journée éreintante qui se vérifierait par l’écroulement dominical du lendemain, le tarin sur Sports dimanche , garantie d’une semaine à venir au charbon parfaitement neurasthénique.
Un espace entre deux bennes à ordures me convint. Petite marche arrière poussée de la pointe des bottes et zou, me v’là garé. Arquant en direction de l’entrée de la grande surface tout en retirant mon casque, la cohue se fit plus oppressante : klaxons, engueulades et hurlements de moutards exaspérés et de moteurs en surrégime. Un bonheur. La température de ma grogne grimpait et je trouvai soudain que ma nouvelle combinaison manquait de souplesse. Elle me gênait aux entournures. Avec mon sac sur le dos, j’avançais comme un ours. Comme je le fis glisser sur ma poitrine pour pouvoir y prendre mon morlingue et y remiser mes futurs achats, voilà qu’on me balance une bastos droit dans les cerceaux. Rien de grave vu que je trimbalais une liasse de papelards récupérés une heure plus tôt chez un notaire. En attendant, la surprise fut quand même de taille. Primo, ça m’avait fait mal ; deuxio, ça bouleversa mon eurythmie.
Habitué aux coups fourrés, je me laissai tomber au sol et me retranchai derrière une bagnole en me vissant fissa le casque sur le bol. Ça bardait ! Des gars défouraillaient à tort et à travers au riot gun sur la chalande terrorisée. Ils disparurent dans le Delhaize.
Devant l’entrée du bouclard, une Passat 2L noire, toutes portières ouvertes, bloquait le passage aux autres chiottes figées dans le merdier. Un zig au volant attendait ses potes en faisant des cartons avec un gros pistolet automatique sur tout qui approchait. Enfoncé dans son siège, ses résultats n’étaient guère brillants. C’était lui qui m’avait allumé. Une connerie de taille.
Avant de prendre mon Browning qui dormait au fond de mon sac, je tentai de jauger la situasse. Pas la peine de se lancer dans une course à la mort si c’est pour arriver le premier. Trois ou quatre gars avaient jailli d’une voiture en vidant leurs sarbacanes au jugé pour se frayer un passage aisé vers le coffre-fort du supermarché. Ça pétait sec. Je les vis cavaler devant les caisses. Une nana se fit plomber au riot gun et disparut entre les chariots rangés en ligne. Dans le sas d’entrée, un gosse tétanisé se reçut une décharge de chevrotine dans la poitrine. Un des flingueurs se paya un caddy bourré de victuailles. Le coffiot devait regorger d’oseille. Ils ne seraient pas venus un lundi.
Mon pistolet est toujours plein jusqu’à la gueule de jolies bastos de neuf millimètres. Modifier la façon de respirer du conducteur ne me posait pas de problème, mais ce n’étais pas une bonne idée parce qu’en bloquant les tueurs sur le parking, je favorisais assurément le carnage de taille : pris au piège, empêchés de repartir, ils auraient plus que jamais fait usage de leurs armes, alourdissant d’autant le tableau des victimes. Mais voilà, quel besoin de s’assembler dans un tel endroit ? Ah ! les bourges ne pensent pas, chère âme. Quelle différence entre survivre en troupe et aller à l’abattoir ?
Je retournai aux bennes à ordures et grimpai dans la première d’où j’eus une vue d’ensemble sur la sortie du camp de consommation. La Passat était amarrée à six ou sept mètres du sas d’entrée où gisait le gamin déchiqueté. Les malfrats revinrent en courant. Le premier vidait frénétiquement sa pompe à plomb. Il tirait du C1 à dégât max. Le suivant, fusil en bandoulière, trimballait deux gros sacs, genre bidasse va-t-en-guerre. Les deux derniers, en arrière garde, avançaient à reculons et en arrosant au hasard d’éventuels mécontents. Un malinois crétin fut coupé en deux. Faut dire que dans nos empires paranoïaques, il n’y a pas de frontière entre bien et mal, ou alors si mince qu’une feuille de Riz La Croix eût été recalée pour embonpoint.
L’ouvreur de la razzia ouvrit le coffre de la Golf et alla se caler le cul sur la banquette arrière. Le comptable jeta ses liquidités et son arquebuse dans le coffre. En s’engouffrant dans la tire derrière le chauffeur, il prit la première bastos de mon ami Tutues. J’sais pas bien où, mais il marqua le coup et lâcha l’automatique qu’il venait de dégainer. De l’arrière-garde qui plongea tant bien que mal dans la bagnole, celui qui choisit la place du mort clamsa d’une Valda dans le cou. Sa double tuyauterie bousillée, le zigue se sentit mal. Dans l’habitacle de la Volks, ça gicla crade, façon Pulp Fiction , aspergeant joliment de rouge le dernier à s’installer dans le tréteau. Il fut constellé d’éclats osseux : une vertèbre de son pote lui avait explosé à la tronche. Le conducteur me vit, me braqua avec le fusil de son voisin claboté et balança une salve de chevrotines avant de démarrer en trombe. Je me protégeai derrière le bord de tôle épaisse du conteneur puant où je m’étais hissé et lâchai une ultime praline en direction de la Passat qui décarra à toute blinde vers Wavre.
Bilan. La gueule du pilote tapissait désormais ma rétine en archives indéfectibles. Il se culminait dans le mètre soixante-dix, durillon de comptoir, mais le reste plutôt maigre malsain, frelaté, maladif méchant parfumé à la sueur aigre. La barbe rouge drue, entretenue au sécateur remontait par les oreilles sur une tignasse fournie dans le même ton pour ce qui n’était pas caché dans un bonnet de fantassin caca d’oie sur des esgourdes travaillées style welter malchanceux fin de carrière. Et pas de masque ! Un comble. Pouvait pas mieux réussir sa pub, ce taré. Les deux autres, amochés, probablement aux quetsches éternelles pour l’heure, avaient eux aussi des tronches typées que je n’étais pas près d’oublier : un bon portrait-robot aiderait sans doute à tisser des liens. Les deux derniers, pas vu, pas pris. Ils avaient agi à visage découvert, du poil brun foncé partout et de grands manteaux carmélites tout droit sortis d’un magasin d’accessoires de la MGM. Quant aux voix : il y avait eu tant de schproum que je n’y pus rien capter.
Fallait que je sache où filaient ces cornards. Le plein de ma BM permettait une longue poursuite. Je bondis littéralement d’entre les ordures. La Passat devait déjà avoir une belle avance, mais que peut le méchant fuyard lorsque je suis au guidon de la moto de chasse ? Peu de trèpe sur la chaussée dans la direction qu’ils avaient choisie. Je fus sur eux en dix secondes et dus ralentir. Peinarde, la Volks prit à gauche deux fois de suite et alla gentiment se garer derrière l’église au clocher amateur d’ombres chinoises.
Je coupai le contact et laissai ma machine sur la voie principale entre deux chiottes crampon. Bien caché par une haie mal taillée, j’observai en loucedé ce que les braqueurs trafiquaient. Ils avaient tapé leur tire derrière la sacristie, juste sous une ampoule couverte par un abat-jour en fausse opaline pâlichonne.
Sans un mot, les trois survivants de l’attaque sortirent de la caisse et déchargèrent les deux macchabées. Deux d’entre eux se débarrassèrent de leurs vêtements de carnaval pendant que le troisième s’acharnait à redessiner le port

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