Les ruffians de Paris
432 pages
Français

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Description

Maurice Drack (1834-1897)



"Arrivé rue de Varennes, à la porte de Me Bompard, Urbain avait expédié John chez le notaire pour savoir si l’invalide était arrivé.


– Oh ! yes ! dit le groom en redescendant, il était assis là-haut, expecting son tournée...


– Bien, attendant son tour ?...


– Yes ! perfectly !


– Mais si on l’a déjà suivi, on doit savoir par où il vient et par où il s’en va ?...


– Aoh ! certainly.


– Eh bien...


– Il venait always et retournait also always to the great house, là-bas,... avec le calotte en or...


Et John, pour compléter son indication, tendit la main dans la direction du boulevard. Urbain aurait eu bonne envie de se fâcher du baragouin anglais de John, qu’il n’avait jamais pris au sérieux. Mais il était trop préoccupé de Bitard pour le moment.


– Ah ! dit-il, il sort des Invalides, et y rentre...


Et il descendit du coupé.


– Restez ici, je vais me poster au coin du boulevard, et quand je l’aurai rejoint, vous nous suivrez de loin."



Pourquoi Urbain a -t-il décidé d'en finir avec la vie ? Pourquoi a-t-on voulu enlever Pervenche et son frère muet Thaddée ? Jacques Caillebotte va devoir trouver des réponses à ces deux questions et à bien d'autres...


Suite et fin du tome I - "La dent du rat".

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782384420018
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les ruffians de Paris

II
La revanche de Caillebotte


Maurice Drack


Décembre 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-001-8
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 999
I
De Bitard en Caillebotte
 
Arrivé rue de Varennes, à la porte de Me Bompard, Urbain avait expédié John chez le notaire pour savoir si l’invalide était arrivé.
–  Oh ! yes ! dit le groom en redescendant, il était assis là-haut, expecting son tournée...
– Bien, attendant son tour ?...
–  Yes ! perfectly !
– Mais si on l’a déjà suivi, on doit savoir par où il vient et par où il s’en va ?...
–  Aoh ! certainly .
– Eh bien...
– Il venait always et retournait also always to the great house, là-bas,... avec le calotte en or...
Et John, pour compléter son indication, tendit la main dans la direction du boulevard. Urbain aurait eu bonne envie de se fâcher du baragouin anglais de John, qu’il n’avait jamais pris au sérieux. Mais il était trop préoccupé de Bitard pour le moment.
– Ah ! dit-il, il sort des Invalides, et y rentre...
Et il descendit du coupé.
– Restez ici, je vais me poster au coin du boulevard, et quand je l’aurai rejoint, vous nous suivrez de loin.
Le groom fit une grimace aussitôt dissimulée.
Urbain était déjà loin.
– Heureusement, murmura John en excellent français, que le cas a été prévu et que j’ai ma mouche au troisième arbre du terre-plein.
Mais cette mouche était pressentie par le jeune homme ; aussi, à peine se fut-il arrêté à l’angle de la rue de Varennes et du boulevard des Invalides, qu’il la chercha des yeux et n’eût pas de peine à la trouver.
C’était un gavroche de treize à quatorze ans, portant en éventaire une petite boîte de bois où gisaient pêle-mêle des crayons, des boîtes d’allumettes et des billes de toutes couleurs. Pour le moment, accroupi au pied d’un arbre, il jouait avec des sous, à la marelle, de l’air le plus innocent du monde.
Mais Urbain le reconnut pour l’avoir déjà plusieurs fois vu rôder aux environs de l’hôtel de la rue du Cirque.
Et il ne s’en préoccupa pas davantage. Dès lors qu’il le connaissait, il trouverait bien, au moment voulu, un procédé pour se débarrasser de son espionnage.
Posté à l’angle de la rue, il surveillait la porte du notaire, devant laquelle stationnait toujours le coupé.
Enfin, Bitard parut sur le seuil ; il sembla intrigué par la présence de cette voiture armoriée, la considéra un instant avec une défiance visible... Mais elle était vide et les laquais, immobiles, ne semblaient pas s’occuper de lui. Il fit demi-tour tout d’une pièce, et de son pas réglementaire il gagna le haut de la rue, se dirigeant vers le point où, sans qu’il s’en doutât, l’attendait et le guettait Urbain.
Celui-ci s’était reculé d’un pas, ne voulant être vu de l’invalide qu’au dernier moment, quand il ne pourrait plus rien faire pour lui échapper.
Mais le cœur lui battait fort, quand il entendit enfin résonner son pas tout près de lui.
Bitard déboucha et tout d’abord ne l’aperçut pas ; il se disposait à traverser la chaussée, coupant droit sur les Invalides, quand une main se posa sur son épaule.
Il se retourna brusquement, prêt à se gendarmer de cette familiarité ; mais, à la vue d’Urbain, il grommela un « Mille bombes ! » inarticulé, et devint pâle.
– Il paraît, mon brave Bitard, dit Urbain en souriant, que ma rencontre ne vous cause pas une surprise des plus agréables ?
– Je ne dis pas cela,... mon cher garçon... Certainement, vous êtes couché parmi mes amis, mais je m’attendais si peu et pour le moment... Je suis si pressé, voyez-vous...
– Savez-vous, Bitard, que, sur votre lettre, j’ai voulu mourir ?
Bitard se troubla.
– Oui, dit-il, j’ai eu tort, je ne pensais pas que ça irait si loin. Oui, on me l’a bien...
Il se reprit :
– Je me le suis bien reproché depuis ; mais faut pas m’en vouloir, monsieur Urbain, voyez-vous, je croyais faire pour le mieux.
Tout en causant ils avaient gagné le terre-plein, et le gamin aux allumettes s’était approché, les écoutant sous prétexte d’offrir sa marchandise.
Bitard, que le jeune homme retenait par le bras, faisait mine de vouloir se dégager pour le quitter.
– Oh ! vous n’en êtes pas quitte,... lui dit Urbain, nous avons trop de choses à nous dire.
Du coin de l’œil il vit le petit espion tout à fait à sa portée, et, d’un geste brusque qui devait passer pour un hasard de rencontre, il heurta si vivement le dessous de la boîte, que les allumettes, les crayons et les billes, après avoir sauté en l’air comme le bouquet d’un feu d’artifice, se dispersèrent sur le sol, qui d’un côté, qui de l’autre, roulant dans toutes les directions.
– Bon ! s’écria Urbain, qui parût stupéfait de son chef-d’œuvre, quel maladroit je fais !
Et, lançant au gavroche ahuri une pièce de cent sous :
– Ramasse, lui dit-il, voilà qui t’indemnisera de ta marchandise avariée.
Et vivement il entraîna Bitard dans la direction de l’Esplanade, en lui glissant dans l’oreille :
– Maintenant gagnons au large, les espions de Mme de Frégose ne doivent pas entendre un mot de notre conversation...
Le nom prononcé ainsi par Urbain eut un effet magique.
– Vous connaissez cette Frégose, cette...
L’épithète se perdit dans un grognement sauvage.
– Pour que nous parlions de tout cela à l’aise, avons-nous un endroit où l’on ne puisse nous suivre ni nous relancer ?
– Bon ! l’hôtel !
Et il désignait les Invalides.
– Vous êtes sûr qu’on n’y pourra entrer après nous ?...
– Oh ! il y a des coins où l’on ne nous joindra pas ;... c’est bien ce qui m’a permis d’en faire mon quartier général chaque fois que je viens à Paris.
– Alors dépêchons,... car je vois déjà poindre la voiture, et le marchand d’allumettes va sans doute faire son petit rapport, qui mettra mes drôles aux champs.
– L’accès de l’hôtel est à peu près libre par la porte principale, et nous ne pouvons les empêcher d’y pénétrer ; mais, par cette entrée, seul vous allez passer avec moi, et nous aurons gagné le gîte avant même qu’ils n’aient pu faire le tour.
Et sur un mot dit par Bitard au sergent de planton du poste de cette entrée latérale où il avait conduit Urbain, ils entrèrent par une poterne dans les bâtiments intérieurs.
Le groom arrivait derrière eux, assis près du cocher, sur le siège du coupé, et les vit se perdre sous une voûte, où il n’avait pas le plus petit prétexte plausible pour les suivre, en admettant qu’on ne l’eût pas arrêté au passage.
Il fit arrêter la voiture dans la contre-allée et descendit pour rejoindre le petit camelot, qui courait encore à quatre pattes après ses crayons et ses billes.
Quand il fut au fait de l’incident :
– On te laisse entrer et circuler dans l’hôtel ?
– Oui, dans les cours et dans les jardins. Mais quand on nous voit dans les corridors, on nous donne la chasse.
– Si bien que s’ils ont pénétré dans les chambres du casernement, tu ne peux les rejoindre ?...
– Et je le pourrais, voyez-vous, m’sieur Pacot, que ça ne servirait à rien.
– Comment cela ?...
– Bon ! parce qu’il se méfie...
– Le jeune homme ?
– Allez, c’est pas par hasard qu’il m’a chambardé ma boutique ; le coup était trop bien appliqué ; il avait combiné le truc pour se débarrasser de moi... J’avais bien vu déjà quand il a débouché de la rue et qu’il me guignait au pied de mon arbre... Ça l’a chatouillé dans le nez,... il m’avait flairé, quoi !
– Hum ! mauvaise campagne... Pendant que nous restons jobardés à cette place, ils ont dix fois le temps de s’entendre.
– Pour ça,... c’est sûr.
– Et quant au Bitard, tu n’as pu encore te rendre compte comment il entre et sort de l’hôtel ?
– Ça, voyez-vous, c’est de la magie. Il n’est pas pensionnaire. Il vit au dehors, c’est notoire. Eh bien ! tous les mois il vient faire visite aux vieux camarades avant d’aller chez le notaire. Il paraît un matin dans les chambrées, le soir il disparaît, et en voilà pour quatre bonnes semaines sans qu’il montre sa calebasse. Mais jamais, là, jamais, depuis qu’il fait ce métier-là, on n’a pu savoir par quelle porte il entre, jamais on ne l’a vu sortir... Faut croire qu’il a trouvé un trou pour passer avec correspondance par les Catacombes.
– Pourvu qu’il ne m’enlève pas mon pendu par la même voie... Le baron pousserait de beaux cris... Et pourtant ça finira par là... Je sais bien que l’oiseau voit pousser ses ailes et qu’il ne demande qu’à se donner de l’air... Va toujours bricoler à l’intérieur, mon petit gouspin, dit-il au gavroche ; moi, je vais attendre correctement le bon plaisir de monsieur notre neveu.
Et il regagna le coupé.
Urbain, après avoir traversé plusieurs voûtes et plusieurs cours à la suite de l’invalide, se trouva dans la galerie de l’économat, absolument déserte en ce moment.
Là Bitard, s’étant assuré qu’ils n’avaient personne sur les talons, introduisit le jeune homme dans une grande salle vitrée qui servait de réserve aux légumes, de fruiterie, et qui avait un autre accès sur une cour de service où se trouvait une charrette de maraîcher dételée.
Dans un coin de cette vaste salle, une sorte de petite cahute en bois, vitrée, servait de retraite au comptable à l’heure des livraisons.
– Là nous sommes chez nous, dit Bitard ; nul ne viendra nous y relancer. Le préposé aux choux et aux carottes est un camarade. Et je lui dois un procédé tout à fait original pour entrer et pour sortir d’ici et de Paris quand j’y viens ; et c’est grâce à ce procédé que j’ai dérouté jusqu’à ce jour les bonshommes qui s’escrimaient pour trouver ma piste.
– Vous avouez donc, mon ami, que vous avez rejoint Mlle Émilienne dans sa retraite ?
– Je ne puis essayer de mentir avec vous : je conviens donc de la chose ;... mais ne m’en demandez pas davantage pour le moment. Pour vous en dire plus, il faudrait que j’y fusse autorisé... Puis vous voudriez la revoir,... ce qui serait provoquer un nouveau danger, car, d’après ce que vous m’avez tout à l’heure donné à entendre, et d’après ce qu’on nous a appris d’autre part, vous êtes vous-même sous le coup d’une surveillance part

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