Les Naufragés
112 pages
Français

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Description

"C'est différent Franck, cette fois-ci, il s'agit d'une infirmière, décédée sur son lieu de travail, mais visiblement, ce n'est pas de mort naturelle." C'est à l'hôpital psychiatrique. Une infirmière est retrouvée morte dans une cellule d'isolement, pieds et mains liés. Rapidement, la peur envahit l'hôpital. Dans la lignée d'Edgar Allan Poe, cette fiction propose une intrigue troublante qu'on ne saurait élucider avant la toute fin. Une donneuse de médicaments qui meurt dans des circonstances douteuses est toujours un bon moyen pour ressusciter le spectre des asiles psychiatriques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782958493110
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

"C'est différent Franck, cette fois-ci, il s'agit d'une infirmière, décédée sur son lieu de travail, mais visiblement, ce n'est pas de mort naturelle."

C'est à l'hôpital psychiatrique. Une infirmière est retrouvée morte dans une cellule d'isolement, pieds et mains liés. Rapidement, la peur envahit l'hôpital. Dans la lignée d'Edgar Allan Poe, cette fiction propose une intrigue troublante qu'on ne saurait élucider avant la toute fin. Une donneuse de médicaments qui meurt dans des circonstances douteuses est toujours un bon moyen pour ressusciter le spectre des asiles psychiatriques.
Les Naufragés




Jean-Marc Caron






© Tous droits réservés 2022 Jean-Marc Caron

ISBN : 978-2-9584931-1-0









La vieille pendule à balancier, suspendue au-dessus des étagères sur lesquelles s’alignaient les bouteilles d’alcool, affichait 23 h 30. « Paul, s’il te plaît, monte le son du transistor ou éteins-le carrément. Je comprends rien à leur charabia. » Le patron commençait à ranger les chaises en les retournant sur les tables : « Tu commences à être sourd Franck, tu devrais consulter. De toute façon, je préfère le fermer, pour entendre toujours les mêmes conneries, ça ne sert à rien. » L’inspecteur venait de vider sa deuxième chope de bière...
Table des matières
Les Naufragés
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
I

La vieille pendule à balancier, suspendue au-dessus des étagères sur lesquelles s’alignaient les bouteilles d’alcool, affichait 23 h 30. « Paul, s’il te plaît, monte le son du transistor ou éteins-le carrément. Je comprends rien à leur charabia. » Le patron commençait à ranger les chaises en les retournant sur les tables : « Tu commences à être sourd Franck, tu devrais consulter. De toute façon, je préfère le fermer, pour entendre toujours les mêmes conneries, ça ne sert à rien. » L’inspecteur venait de vider sa deuxième chope de bière.
– C’était quoi à la radio ? demanda-t-il au patron du troquet.
– Un débat pour les prochaines élections, c’est une rediffusion de l’émission de 20 h 30. Elles auront lieu dans quatre mois et ça fait un an qu’on nous les brise avec ça. T’as qu’à voir ! On n’en a pas fini.
– Moi je n’écoute plus rien ; tout ça, j’ai mis une croix d’ssus. Les discours de ces types-là, ça ne m’intéresse plus. Je sais même pas qui se présente et à quoi.
– La mairie Franck, c’est un ancien premier adjoint de la mairie de Paris. Il est devenu député, c’est déjà son deuxième mandat. Il veut absolument le siège à la mairie. Mais tu parles que l’autre s’accroche sérieusement. Seulement, Chaumond, le député en question, l’ambitieux, le teigneux, a bien l’intention de l’éjecter. C’est un dur à cuire et un arriviste, celui-là. Je ne l’aime pas du tout. Je vais bientôt fermer Franck, je finis de passer un coup de serpillière sur le carrelage et je boucle.
L’inspecteur, la chope de bière à la main, s’avança vers la fenêtre à petits carreaux. Il avala d’un coup sec le restant du contenu du verre.
– OK ! Pour les élections, ils se passeront de moi. La vache ! Il tombe encore des putains de cordes dehors. Allez, sers-m’en un dernier et je file.
– Alors vite fait Franck, qu’est-ce qui t’arrive, dure journée ?
– Ne m’en parle pas. Si tu savais comme le monde est rempli de pourriture, d’ailleurs, je crois qu’il vaut mieux que tu ne saches pas.
– T’as raison, Franck. Chacun son boulot, moi c’est mon troquet. J’ai presque fini de nettoyer, bois ton verre, après je baisse le rideau. Ce soir, je n’ai pas eu grand monde, deux ou trois pèlerins, pas de quoi mettre le feu au bar. J’en profite pour fermer un peu plus tôt.
– Tu parles, avec ce temps merdique, les gens préfèrent rester au chaud et au sec, devant leur foutue télé.
– Tu devrais faire pareil, Franck, rentre te reposer, t’as une sale gueule.
– Ma gueule, ma gueule, j’m’en balance un peu de ma gueule, c’est juste que les journées sont longues et j’ai du mal à dormir. C’est surtout le soir, tu comprends ? La nuit, les idées arrivent, elles virent et revirent dans la tête.
Paul, le patron du petit troquet, était une vieille connaissance de l’inspecteur Franck Joyeux. Il devait tenir ce bistrot de quartier depuis une vingtaine d’années, peut-être même plus. Franck qui habitait à deux pas du café, à peine à une quinzaine de numéros de rue, y avait pris ses habitudes. Cela faisait exactement dix-huit ans qu’il avait emménagé dans un vieil immeuble de la même rue. Environ une centaine de mètres séparaient l’entrée de son immeuble de la porte du café. Rien n’avait vraiment changé dans le quartier. Les bâtiments étaient toujours les mêmes depuis dix-huit ans et le bistrot restait fidèle à lui-même. Paul n’était pas du genre à investir dans de gros travaux et n’aimait pas les grands changements. Un coup de peinture aux murs de temps en temps, pour nettoyer la nicotine, était bien suffisant. Et encore ! C’était toujours le même jaune pisseux. C’étaient toujours le même zinc qu’il astiquait matin et soir et les mêmes bibelots qu’il dépoussiérait depuis des décennies. C’étaient les mêmes verres qui étalaient leur marque : « Ricard, Pastis, Suze, Cinzano, Perrier » et qui accusaient un sacré coup de vieux. Les mêmes photos, depuis des années, ornaient la petite salle. Un poster géant de Brassens, Brel et Ferré accueillait les clients, accroché au mur, sur la gauche de la porte d’entrée. En enfilade suivaient les photos de Gabin, Ventura, Belmondo, Piaf, Arletty, Jouvet, etc. Grâce à cette collection des plus grands noms du cinéma français et du music-hall parisien, le Tout-Paris était réuni dans le troquet, à la grande fierté de Paul. Les cartes postales se comptaient par centaines, les grands sites et monuments, la Seine et ses quais, Montmartre, le Moulin rouge, le Lapin Agile ; bref, tout y était ou presque. Paul était toujours à l’affût des nouvelles cartes anciennes, enfin nouvelles pour lui. Ces cartes anciennes, Paul aimait les acheter aux puces de Saint-Ouen. Parfois, il allait visiter les bouquinistes sur les quais. « J’aime Paris mon vieux Franck, le vieux Paris, regarde ça, tu sais ce que c’est ? » Paul aimait questionner Franck sur ses nouvelles acquisitions. Les cartes le ramenaient à des tranches d’histoire de la Commune. Il affectionnait surtout celles écrites au verso. « Écoute ça Franck ! Celle-là, elle vaut l’coup. » Et Paul lisait à haute voix le contenu de la carte. Les gens aiment les habitudes, ça sécurise : le même quartier, les mêmes tronches, les mêmes heures, le même décor. Depuis dix-huit ans, Franck achetait sa baguette à la petite boulangerie sur l’avenue de Saint-Ouen, à proximité de la station Guy Moquet.
Sauf si un impératif professionnel l’en empêchait, chaque jour, vers 7 h du matin, il poussait la porte du bistrot. Il attrapait le journal que Paul avait déjà mis à disposition des clients sur le comptoir, et se dirigeait vers une petite table carrée, au fond du café. Il prenait place sur le canapé rouge, usé et défoncé, qui courait le long des murs de la pièce. Il ouvrait ensuite le journal sur un coin de la table, et parcourait les gros titres en attendant le café qu’il n’avait pas eu besoin de commander. Franck prenait toujours la même chose, un grand café et deux croissants au beurre, encore tout chauds. Un grand miroir, fixé au mur, donnait de la profondeur au petit bistrot. « T’en as pas marre de te regarder toute la journée ? », lui lançait Franck en le charriant de temps en temps. « Si tu savais Franck, il y a des moments où je ne me supporte plus ! », lui répondait Paul en riant. C’étaient toujours les mêmes gueules qui aimaient s’y regarder, se recoiffer, se poudrer le visage ou ajuster leur rouge à lèvres. Les habitudes sont tenaces. Les routines s’étaient installées sans que Franck ne s’en rende compte. C’est toujours pareil, au début il devait penser, comme tout le monde, que cela durerait huit jours, deux ou trois mois à tout casser, mais au bout de six mois Franck poussait toujours la même porte et s’installait à la même table. Ainsi passa la première année et les dix-sept autres qui suivirent. Franck avait pris quelques centimètres de gras autour de la taille, des rides étaient venues creuser son front et sillonnaient le pourtour de ses yeux encore vifs. Son regard bleu-argenté vous transperçait jusqu’au cerveau. Lorsqu’il plissait les yeux et vous fixait sans détour, un sentiment de mal-être s’emparait de vous, un peu comme s’il vous mettait à nu.
Ce soir-là, Franck n’était pas pressé de rentrer, mais Paul allait fermer. La pluie redoublait d’intensité. « Merde ! pensa-t-il, j’ai toujours pas de parapluie, fait chier ! Un mois que ça dure ce temps de merde ! » Franck pressa le pas jusqu’à l’entrée de l’immeuble, il appuya rapidement sur la sonnette pour débloquer la porte de la rue qui s’ouvrait sur un long couloir pavé. Il était enfin à l’abri. Il pencha sa tête en avant et secoua ses cheveux trempés, le temps d’atteindre la première porte sur la droite du couloir et de monter dans les étages. Les vieilles marches de l’escalier en bois grinçaient. Franck tentait de se faire discret, léger, mais ses quatre-vingt-cinq kilos pesaient sur chacune d’elles qui pliaient douloureusement. Ces vieux immeubles ne pouvaient pas recevoir d’ascenseur : « Pas grave, se disait-il chaque fois, c’est bon pour le cœur. » En passant sur le palier du quatrième étage, il souriait en pensant à la locataire qui ne manquerait pas de lui dire : « Je vous ai entendu rentrer, M. Franck, un peu avant minuit. » La vieille était curieuse et guettait les moindres bruits. Franck habitait au sixième et dernier étage. L’appartement n’était pas grandiose, pourtant, il lui semblait parfois dix fois trop grand. Depuis des années, la chambre d’amis restait désespérément vide. Il mit la clé dans la serrure, pénétra dans le séjour et jeta sa veste trem

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