Les mémoires d une carpe
218 pages
Français

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Les mémoires d'une carpe , livre ebook

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Description

Lutter contre l’invisible, reconquérir son moi, recouvrer une identité avec le temps comme unique témoin d’un combat acharné, Sandrine n’aura de cesse d’oublier ce corps abusé qu’un être aimé a su rançonner pour n’en faire que l’outil d’une mission à la spiritualité déguisée. Elle, l’enfant raillée, la femme diabolisée, ne savait pas si un jour elle saurait se défaire de ce passé qui la hante. Une conscience manipulée, une perception de soi maquillée, et si pourtant cet handicap avéré qui la fit souffrir depuis sa plus tendre enfance devenait maintenant son unique moyen de se retrouver.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 septembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332582744
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-58272-0

© Edilivre, 2015
Les mémoires d’une carpe
 
 
L’averse du matin avait plongé le quartier dans une sorte de sommeil forcé. Les petites boutiques avaient timidement ouvert leur porte. Ce petit monde vivait au ralenti, comme si tous craignaient d’être emportés à chaque coin de rue, par une vague déferlante d’eau venue du ciel. Des hommes et des femmes, abrités sous leur parapluie, s’écrasaient sur les murs humides des maisons à chaque passage d’une auto. Tous marchaient lentement et précieusement comme s’ils craignaient de briser le sol pavé qui paraissait être de verre.
244, 245, rue Lecourbe ; j’arrivais devant un coquet petit hôtel particulier. Je sonnais, une jeune femme ouvrit et m’invita à la suivre dans une salle d’attente. Quelque chose d’indéfinissable se dégageait de ce lieu. L’atmosphère y était pesante, et chose particulièrement étrange, une odeur d’éther entremêlée au parfum sucré d’un bouquet d’hortensias flottait dans l’air.
Quelques minutes s’écoulèrent quand tout à coup la même jeune femme vêtue d’une blouse blanche apparut dans la pièce.
– « Vous êtes Monsieur Hablantes, c’est ça ? Veuillez me suivre, » dit-elle, « le docteur Martinot va vous recevoir. »
Elle me fit entrer dans une pièce sombre. Seule une lampe halogène éclairait un imposant bureau de bois devant une cheminée éteinte. La pièce semblait vide. Je me retournais pour interroger la jeune femme, elle avait déjà disparu.
– Vous êtes donc venu !
Un homme âgé d’une cinquantaine d’années apparut derrière le rideau tiré sur une fenêtre qui donnait sur la rue.
– Je savais que vous viendriez !
Il se dirigea vers son bureau et me proposa de m’asseoir.
– Je me présente, Roland Martinot, médecin généraliste.
– Enchanté !
– Je tiens tout d’abord à m’excuser pour mon attitude d’hier.
– Vous excuser ?
– Bien, oui, c’est la moindre des choses ! Je pense qu’il eut été plus courtois de vous téléphoner et non pas de vous adresser un fax à la radio pour prendre rendez-vous.
– Cela ne m’a pas particulièrement choqué. Je dirais plutôt que cela m’a intrigué.
– C’est donc pour cela que vous êtes venu aujourd’hui ?
– Cela semble logique, non ? C’est bien pour cette raison que vous m’avez contacté par fax ? Au téléphone nous aurions pu nous expliquer et nous ne nous serions peut-être jamais rencontrés.
– Oui, c’est en partie pour cette raison que j’ai agi ainsi…
– En partie ?
– Oui, cela m’a permis aussi de voir quel genre d’homme vous êtes. Bien des personnes à votre place ne se seraient pas déplacées. Pourtant vous, vous êtes dans ce bureau aujourd’hui.
– Si j’entends bien, vous m’avez doublement testé !
– Testé ! C’est un grand mot, je dirais plutôt que je vous ai mis à l’épreuve.
– La rhétorique est subtile vous ne croyez pas ? Et alors, vos conclusions ?
– Vous êtes certainement la personne que je recherche.
– C’est vague ! Vous pourriez peut-être me dire maintenant ce que je fais ici ?
– J’ai lu et relu votre livre “ Les maux pour le dire ” et c’est de l’homme qui a écrit ce livre dont j’ai besoin.
– Excusez-moi, mais je ne comprends pas !
– En allumant ma radio hier, je suis tombé par hasard sur l’émission à laquelle vous avez participé sur Europe 1.
– L’émission d’hier ?
– Oui, tout à fait !
– Et alors ?
– Eh bien ! Ceci n’a fait que me convaincre de vous contacter.
– Ne pourriez-vous pas être un peu plus clair ? Quel rapport peut-il y avoir entre mon livre, cette émission de radio et notre rencontre aujourd’hui ?
– Ma fille Sandrine !
– Votre fille Sandrine ?
– Oui !
– Veuillez m’excuser, mais je ne comprends toujours pas ! En quoi puis-je vous aider ?
– Ma fille Sandrine souffre d’un mal qui la ronge depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui elle ne vit plus, elle survit. Elle s’est totalement détachée de moi et du monde qui l’entoure.
– Mais qu’a-t-elle donc ?
– Si je le savais ! Elle ne parle plus. Elle semble s’être construit son monde, un monde où nul ne peut pénétrer.
– Si je comprends bien, vous avez des problèmes relationnels avec votre enfant ?
– Oui, bien sûr ! Mais, c’est bien plus grave qu’un simple conflit de génération.
– C’est à dire ?
– Ma fille rencontre aujourd’hui de graves problèmes psychologiques.
– Mais, n’êtes-vous pas médecin ?
– Oui, je sais ! Vous vous demandez pourquoi un médecin sollicite un homme tel que vous. Un homme qui n’a a priori aucune qualification particulière en médecine.
– Oui tout à fait ! Vous me tirez les mots de la bouche !
– Et bien ! Là est tout le problème. Depuis quelques mois, Sandrine est suivie par des psychologues, psychiatres et autres amoureux du canapé, pourtant sa situation ne fait qu’empirer.
– Mais comme vous venez de le dire vous-même, je n’ai aucune formation médicale ! Que pourrais-je donc faire pour aider votre fille ?
– Apportez-lui votre expérience et votre amitié. Montrez-lui que la vie vaut la peine d’être vécue. Réapprenez-lui à être une femme qui rit, qui pleure, qui parle.
– Qui parle ?
– Oui, depuis l’âge de cinq ans, Sandrine souffre de problèmes d’élocution. Je n’ai porté malheureusement à l’époque que très peu d’attention à cela.
– Oui d’accord ! Mais…
– J’ai lu et relu votre livre “Les maux pour le dire”. S’il existe une infime chance pour qu’un jour mon enfant retrouve le parlé, ce sera peut-être grâce à un homme qui a connu lui aussi durant sa vie un blocage de l’élocution. Un homme qui a ressenti ce malaise et qui a eu le courage et la force d’exorciser son mal.
– Je comprends. Il est vrai que j’ai souffert de bégaiement. Mon livre explique ce que j’ai pu vivre et ressentir, mais de là à me considérer comme un thérapeute…
– Non ! Non ! Vous vous trompez. Vous pouvez aider ma fille. Votre expérience nous permettra peut-être de lui redonner confiance.
– Mais comprenez, je ne suis qu’un écrivain “Les maux pour le dire” fut mon premier livre. Ce fut pour moi une manière de conjurer le sort …
– C’est de cette expérience dont ma fille a besoin. Je sais que vos nombreuses occupations n’apprécieront pas que vous vous dispersiez dans d’autres activités, c’est pour cela que je n’insisterai pas. Néanmoins ne me donnez pas immédiatement votre réponse. Revoyons-nous dans quelques jours pour en discuter et là, vous me direz.
– Comme vous voudrez, mais j’avoue que votre demande m’étonne. J’aimerais bien vous aider mais je m’en sens particulièrement incapable.
– Réfléchissez-y et pensez que l’avenir d’une jeune fille dépend peut-être de votre décision.
– Pourriez-vous me donner quelques précisions tout de même ? Par exemple, où se trouve actuellement votre fille…
Le docteur Martinot coupa d’une voix chevrotante Antony.
– Ma fille est depuis huit mois à l’hôpital Sainte Dominique.
– A l’hôpital ?
– Oui ! Son état de santé a nécessité il y a huit mois une hospitalisation.
– Mais pourquoi ? Que lui est-il arrivé ?
– Ma fille a fugué il y a trois ans. Elle avait à peine dix-huit ans à l’époque. Je n’ai eu aucune nouvelle d’elle durant ces trois longues années. Il y a huit mois, l’hôpital Sainte Dominique m’a téléphoné pour me demander de venir au plus tôt. Une jeune fille qui correspondait à son signalement avait été amenée aux urgences.
– Que lui était-il arrivé ?
– Nul ne le sait vraiment. Elle ne parle plus du tout et semble être amnésique aujourd’hui. Néanmoins, au regard de ses nombreuses fractures, il semble qu’elle ait eu un sérieux accident.
– Des fractures ?
– Oui ! Une dizaine de fractures et un léger traumatisme crânien.
– Mais comment va-t-elle aujourd’hui ?
– Elle se remet doucement de ses fractures. Dans quelques semaines elle pourra certainement se lever et marcher comme auparavant.
– Mais, vous m’avez dit que durant près de trois ans vous n’avez eu aucune nouvelle de votre fille ! Pourquoi a-t’elle fugué ?
– Tout cela est de ma faute. Je n’ai pas su l’écouter… Je n’ai pas su être le père qu’elle attendait.
– Si je comprends bien votre fille ne parle plus aujourd’hui, mais son cas est totalement différent du mien.
– Non ! Non ! Vous vous trompez…
– Mais, mon problème d’élocution vint d’un choc émotif et non pas d’un accident !
– Oui, je vous le concède pour ce qui est du mutisme total de ma fille aujourd’hui. Mais si aujourd’hui elle ne semble plus vouloir parler, il ne faut pas oublier que Sandrine bégaie depuis sa plus tendre enfance. Je ne me suis alors que trop peu inquiété de son petit handicap. Je pensais que comme pour beaucoup d’enfant il lui suffirait d’être suivie par un orthophoniste pour que tout cela s’efface. Pourtant, mois après mois, années après années, son problème s’est empiré et moi de mon côté je suis resté aveugle à sa souffrance.
– Vous avez essayé d’en discuter avec elle ?
– Non !
– Mais que s’est-il passé entre vous pour qu’un jour elle fugue ? Quel âge avait-elle, m’avez-vous dit ?
– Juste dix-huit ans ! Elle était en classe de première. Elle avait déjà redoublé deux fois. Un soir son proviseur m’a téléphoné en me signalant que Sandrine était absente du lycée depuis déjà deux mois et qu’il s’étonnait que je ne réponde pas à ses courriers. Quand elle est rentrée ce jour-là de ces soi-disant cours, nous avons eu une sérieuse dispute. C’est là qu’elle m’apprit que depuis des mois déjà, elle piratait notre boîte aux lettres. Tous les courriers adressés avaient fini dans notre cheminée. Quand je lui ai demandé la raison d’une telle attitude, elle est rentrée dans une rage folle, me reprochant tout et n’importe quoi et pire encore, elle m’avoua vouloir arrêter définitivement ses études.
– Et vous, qu’avez-vous dit ? Qu’avez-vous fait ?
– Moi ? Et bien comme un imbécile je me suis buté, je n’ai p

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