Les Loups
364 pages
Français

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Description

Tout aurait dû bien se passer, un braquage propre et net.

Mais voilà qu'un évènement tragique allait leur faire croiser la route d'un ennemi aussi inattendu que redoutable.

Ils avaient brisé la vie d'un homme qui n'était pas de leur monde.

Et ils allaient devoir le payer. Au centuple.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332802156
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-80213-2

© Edilivre, 2014
Citations


« La souffrance est pire que le noir ;
on ne peut poser les yeux sur rien. »
GRAHAM GREENE
« N’affronte pas les monstres pour devenir un monstre toi-même,
car lorsque tu plonges ton regard dans l’abîme, l’abîme pose son regard sur toi. »
FRIEDRICH NIETZSCHE
Toujours et encore, à la mémoire d’Auguste Le Breton
L’homme du Rififi.
A Thierry, le fidèle parmi les fidèles.
Merci à Jean-Claude, pour la balade campagnarde.
Première Partie
2005
Le ciel était bas et les nuages gris, malgré l’heure matinale.
La porte métallique se referma derrière lui en un bruit sec, mat, impersonnel. Il frissonna sous sa chemise et son veston, regrettant de n’avoir pas enfilé de tricot de corps, ayant oublié que Septembre pouvait offrir des matinées aussi fraîches.
Il releva son col de chemise et s’engagea dans la rue de La Santé, longeant le haut mur gris, presque noirci, entourant la manufacture de souffrance et de désespoir où il venait de croupir huit longues années. Son sac plastique – fourni par un de ses co-détenus – à bout de bras, il remonta la sinistre artère en direction du boulevard Arago.
Derrière la vitre blindée de l’aquarium d’entrée, deux matons jetèrent sur lui un regard indifférent, discutant certainement du programme télé de la veille, tout en sirotant tranquillement leur café. A l’intérieur d’une des deux cabines téléphoniques jouxtant le portail de la maison d’arrêt, un homme parlait fort en gesticulant. Il était question d’un mandat de 500 euros qu’il aurait du recevoir et qu’il attendait toujours. Le type portait un costume élimé aux manches et venait visiblement d’être libéré lui aussi. Lucien ne le connaissait pas. Certainement venait-il d’une autre division que la sienne. La population carcérale était bien trop importante pour qu’il soit possible de connaître tout le monde.
Il avait l’impression de marcher au ralenti, tel un astronaute débarquant sur une planète inconnue. Il avait déjà ressenti cette impression, il y a dix ans, à sa sortie de centrale, à Melun. Il se souvenait que Michel était alors venu le chercher. Aujourd’hui, c’était différent, son ami lui avait fait transmettre un message expliquant les raisons de son empêchement.
Lucien avait compris.
Instinctivement, il se retourna et aperçut deux gus, jeunes, vêtus de jeans et blousons en cuir qui, l’air de rien, discutaient, adossés à une voiture en stationnement. Lucien esquissa une grimace en coin et poursuivit son chemin, percevant déjà les prémices de ce qu’il redoutait tant.
Parvenu à l’angle du boulevard Arago et de la rue de La Santé, il se sentit alors submergé par cette vague d’irréalité qui donnait le vertige et où tout devenait surdimensionné ; les bruits de la rue se mettaient soudain à résonner en écho à ses oreilles, ainsi que la variété des couleurs, dont les contrastes l’aveuglaient avec une force inouïe, annihilant la barrière immunitaire qu’il s’était pourtant forgée depuis plusieurs mois, en prévision de son retour parmi les vivants. Il se sentit subitement en transes et comprit que la réadaptation constituerait pour lui un véritable parcours du combattant.
Il eut l’impression de ressembler à un rat sur une terrasse, visible de la dizaine d’invités se pressant autour du maître de maison. Peut-être était-ce là l’effet de son imagination, mais des centaines d’yeux semblaient l’observer, le disséquer. Il frémit, lui qui rêvait de se fondre dans la masse, le troupeau.
Lucien constata que l’antique vespasienne de couleur verte décrépie, la seule – à sa connaissance – encore présente de toute la capitale, était toujours à sa place, boulevard Arago. Il songea qu’elle aussi avait du en voir défiler de drôles dans son existence ; que d’obsédés, refoulés, satyres de tout poil s’y donnant rendez-vous pour se livrer à des pratiques inavouables. Sans se l’expliquer, il se dirigea vers la vieille « demoiselle » et s’y glissa. Il n’y avait personne. L’espace de deux minutes, sans même glisser la fermeture Eclair de sa braguette, il demeura immobile, invisible de la rue, soufflant à grands coups et fermant les yeux.
Le bruit du trafic, intense en cette heure pourtant matinale, parvint jusqu’à lui en vagues effrénées, comme prêtes à l’assaillir. Il se concentra alors sur le ruissellement incessant engendré par l’eau qui coulait en continu à l’intérieur de la vespasienne, le long de la taule verticale constituant l’urinoir. La rouille ainsi que la moisissure que l’on pouvait déceler ici et là témoignaient de la vétusté de l’endroit. Il s’aperçut tout à coup qu’il n’avait pas besoin d’uriner. Il hocha la tête en esquissant un sourire sans joie.
Puis Lucien se sentit tout à coup parfaitement bien, il ne put s’expliquer le mécanisme de cette transformation. Il s’empressa, au bout de quelques minutes, de s’extraire de la vespasienne magique avant de se retourner une dernière fois sur ce sas insoupçonné, grâce à qui il sentait déjà qu’il retrouverait peu à peu ses marques, se ré imprégnant des parfums, saveurs et mille bruits de la rue, des humains, de la vie. Il réalisa finalement que tout était resté en suspens, entre parenthèse, figé, conteneurisé à l’intérieur de son subconscient, alors que beaucoup d’autres, dans sa situation, s’étaient retrouvés dissous par la corrosion de la solitude la pire qui soit : celle du rejet, de l’isolement, du désespoir, de l’oubli.
Tout en remontant doucement en direction de la place Denfert-Rochereau, il se demanda comment réagirait un animal dans sa situation. Retrouverait-il ses réflexes ? Les fauves que l’on observait dans les zoos seraient-ils capables de se réadapter à la savane ou la jungle ? Ou bien peut-être n’avaient-ils jamais connu rien d’autre que la captivité ? Quoiqu’il en soit, il n’ignorait pas qu’ils seraient happés, broyés par la férocité ambiante. Ils ne pourraient faire face.
Arrivé à hauteur de la place de l’Île de Sein, il se sentit soudain n’être plus qu’une bête. Il s’assit sur un des bancs entourant la placette, posa son sac à terre et, les coudes posés sur les genoux, se prit la tête entre les mains. Il resta ainsi un long quart d’heure, ne prenant même pas garde à un jeune type en survêtement qui prit place à quelques mètres de lui en beuglant dans son portable.
Finalement, inconsciemment gêné par l’abruti vêtu en Nike de la tête aux pieds, Lucien se releva et continua sa déambulation hésitante jusqu’à l’avenue Denfert-Rochereau, où il savait y trouver un arrêt de bus. Tenant son sac de la main gauche, il attendit, attentif aux mimiques des gens debout ou assis autour de lui, tentant de déceler dans leur comportement, leurs discussions ou leur expression, le moindre élément qui pourrait confirmer que ces personnes savaient d’où il venait. Mais il s’aperçut très vite qu’il était pour eux parfaitement invisible. Cela le réconforta.
Il n’eut que deux minutes à attendre. Juste avant l’arrivée de l’autobus 38, il vit passer, au milieu de l’intense trafic, un fourgon blindé de la Brink’s. Une bouffée de chaleur mêlée d’un léger frisson au bas des reins, comme une poussée d’orgasme, le traversa l’espace de quelques secondes. Puis cette sensation s’estompa brusquement, comme si elle n’avait jamais existé.
A l’intérieur du bus, il y avait affluence. Il se retrouva englué entre une vieille femme à qui personne ne laissa une place assise et deux grosses Africaines, qui conversaient dans leur dialecte. Un autre type paraissait, lui, parler tout seul. Lucien songea soudain à un limier de l’anti-gang qui le filocherait et transmettrait à ses collègues ses faits et gestes par micro interposé, appareil camouflé dans son col de blouson. Mais finalement, non. Le type paraissait avoir une conversation parfaitement normale ; il s’agissait juste d’un kit mains libres de téléphone portable.
Avec ces engins, constata l’ancien taulard, il sera désormais impossible de différencier, dans la rue ou ailleurs, un type qui se sert réellement d’un portable d’un flic qui prend quelqu’un en filature et communique ainsi les faits et gestes de sa cible. Bon point pour la maison poulaga.
Lucien était pressé d’arriver à destination, Gare de l’Est, le terminus. Dès qu’une place assise se libéra, il constata que la vieille femme avait trouvé ou s’asseoir quelques mètres plus loin. Il s’empressa donc de se ruer sur le siège laissé vacant, juste sur le passage de roue ; et ce, sous le regard désapprobateur d’un quinquagénaire. Une fois assis, il se colla le visage contre la vitre à observer le flot incessant des véhicules. Finalement, il préféra fermer les yeux. Ce grouillement brutal de vie, avec ces gueules d’abrutis ventousés à leurs volants, fit naître en lui cette nausée tant attendue qui, il le savait, s’estomperait d’ici quelques jours.
Il était pressé de retrouver Anne, sa petite Anne, mais également Corinne, la fidèle d’entre les fidèles. Quelle chance il avait de connaître des personnes comme elles.
Et puis il y avait aussi Michel.
Michel…
La sensation qu’il avait éprouvée juste avant l’arrivée du bus l’assaillit à nouveau, balayant sa nausée passagère comme un karcher faisant disparaître une déjection canine de sur un trottoir.
Il sentit qu’il allait revivre.
* * *
Les arbres commençaient doucement mais sûrement à perdre leur feuillage, se décharnant peu à peu, pointant sensiblement leurs squelettes vers le ciel aussi limpide que de la porcelaine.
Le lourd 4X4 Mercedes aux vitre fumées roulait au pas parmi les sous bois, cahotant légèrement sur le sentier par endroit particulièrement boueux, suite aux pluies torrentielles de la semaine passée et que la présence des arbres avait e

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