LES IMPARFAITS DU SUBJECTIF - tome II -  L’ADOLESCENCE,
208 pages
Français

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LES IMPARFAITS DU SUBJECTIF - tome II - L’ADOLESCENCE, , livre ebook

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Description

Cette saga populaire a pour cadres un village du Bourbonnais et la capitale de l’Auvergne. Elle transporte le lecteur de la guerre de 1914-1918 jusqu’à la reconstruction de la France dans les années 50, en passant par l’occupation allemande de 1940 à 1944.



Les diverses péripéties qui rythment le roman sont révélées travers les souvenirs fugaces d’Antoine, un enfant abandonné à la naissance par un « géniteur » qui le jalouse.



À l’adolescence, ce gamin devient un garçon rebelle et tourmenté par d’inavouables amours contrariées.



Aussi d’un épisode à l’autre est-il souvent question de lumineux bonheurs et de graves maltraitances ; de challenges perdus et gagnés, d’indicibles soupçons et de rencontres fortuites. Autant d’événements poignants ou poétiques, parsemés d’un humour discret et d’une naïve sensualité au cœur d’une France en pleine mutation.



En somme, une double résilience inespérée et - qui sait ? - peut-être réussie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334172103
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-17208-0

© Edilivre, 2017
1 Communion solennelle
La date de la « Première Communion » avait été fixée à la fin du mois de mai 1950. Mon frère et moi étions d’autant plus impatients de la voir arriver qu’on nous avait promis pour l’occasion, une montre-bracelet et un joli costume noir… Ou gris anthracite ? Je ne sais plus exactement. En revanche, je me souviens très bien que celui-ci comprendrait un pantalon long ! Pour les jeunes de notre âge, ce détail revêtait une forte charge symbolique car, à l’époque, hiver comme été, nous portions des « culottes courtes » qui descendaient jusqu’aux genoux. Or, à l’approche de nos douze ans, un tel « look », comme on ne le disait pas encore, commençait à nous rendre ridicule. A quoi s’ajoutait le fait que les revers de ces vêtements d’enfants nous gerçaient douloureusement les cuisses pendant la mauvaise saison…
On nous prévint toutefois qu’un ce costume serait notre seul « habit des dimanches » . Et ceci durant une période que l’on espérait la plus longue possible. Manière de nous dire qu’il nous faudrait en prendre soin car il n’y en aurait pas d’autres avant longtemps… Les familles pauvres avaient la possibilité d’en louer un pour le jour de la cérémonie. Mon frère et moi fûmes heureux d’avoir échappé à pareille humiliation.
La cérémonie se présentait donc sous les meilleurs auspices jusqu’à ce que – catastrophe, badaboum ! – quelques semaines avant la date prévue, j’attrapai les oreillons ! Je me retrouvai cloué au lit pendant une bonne quinzaine de jours avec une fièvre carabinée, visage gonflé et tout.
De surcroît, je fus placé en une sorte de « quarantaine » car Mémé s’en était allée aussitôt clamant partout que j’étais éminemment contagieux, une menace qui avait rapidement semé l’effroi dans le quartier. Pour faire bonne mesure elle avait ajouté à qui voulait l’entendre – mais à voix basse cependant, me confia-t-on plus tard – que, du fait de cette maladie, j’encourais le risque de n’avoir jamais d’enfants ! Bien que je n’eusse pas trouvé cette perspective des plus réjouissantes, elle me parut très secondaire dans la mesure où une problématique de ce genre n’était pas encore mon actualité.
Il n’était pas impossible qu’une telle dramatisation de la situation par ma grand-mère n’eût été en vérité qu’une habile manœuvre de diversion, afin de lui éviter d’avoir à montrer notre capharnaüm domestique à d’éventuels visiteurs ? La seule intrusion admise par Mémé pendant toute la durée de la maladie, fut donc celle d’une assistante sociale de la SNCF qui, tout au long de ma convalescence, apporta pour me distraire plusieurs livres destinés à la jeunesse.
De prime abord, je fus un peu déçu de constater qu’aucun ouvrage ne comportait la moindre illustration. Pour autant, afin de tromper mon ennui – et parce que je n’avais plus de bandes dessinées à me mettre sous les yeux – j’entrepris de lire l’un des romans qui, aux dires de la jeune femme, relatait « une passionnante enquête policière menée par des adolescents » .
J’avais déjà effectué ce genre de tentative avec des bouquins empruntés à la bibliothèque de classe mais au bout d’une dizaine de pages, ces « pavés » me lassaient irrémédiablement. Or, ce coup-ci – qui saurait dire pourquoi ? – je me pris d’un grand intérêt pour l’enquête que conduisait une bande de garçons de mon âge au sujet d’un crime assez mystérieux.
Les péripéties de l’histoire étaient si passionnantes que, pour la première fois de ma vie, je dévorai ce livre d’un seul trait, de bout en bout et en y prenant grand plaisir ! La quantité d’images mentales que cela suscita en moi, produisit une véritable révolution dans ma façon d’envisager la lecture « d’un gros bouquin ». Ce fut à partir de ce jour, je crois, que data ma lente mais inéluctable conversion à la littérature… « La vraie ! », comme l’affirmaient nos maîtres d’école, sourcils levés, avec dans le regard, la méfiance obtuse qu’ils professaient vis-à-vis des bandes dessinées.
Heureusement, le jour même où commença la « Retraite » – une courte période censée préparer la cérémonie de « Première communion » – j’étais à peu près rétabli et fort content de ne pas rater l’événement. À l’issue de cette parenthèse obligée et de quelques révisions formelles, un bref examen vérifierait nos acquis du catéchisme afin de nous permettre, si tout allait bien, d’accéder au rituel religieux.
Ce laps de temps s’inscrivait nécessairement à l’intérieur de notre calendrier scolaire. Par là même, il nous offrait quelques jours de vacances supplémentaires, au grand dam de nos instituteurs qui déploraient cette lâche concession faite par l’État laïc à une hiérarchie cléricale toujours plus exigeante. En outre, « cerise sur le gâteau », comme me l’avait fait remarquer maman quand elle voulait faire l’importante, cette « Retraite » n’était-elle pas une occasion exceptionnelle de me retrouver en compagnie des filles de mon âge, dont j’étais privé depuis si longtemps !
Le choix d’une telle mixité, clairement revendiqué par une Église catholique d’ordinaire murée dans une incommensurable pudibonderie, paraissait a priori étrange. En fait, comme je le compris plus tard, l’Évêché avait de sérieuses raisons d’opérer ainsi. À ses yeux, la cérémonie de première communion se devait d’être un « spectacle » parfaitement réussi afin de marquer durablement le cœur et l’esprit des enfants qui y participaient ainsi que ceux de leurs familles respectives.
Pour atteindre un tel but, l’Église savait depuis longtemps qu’il était essentiel de théâtraliser au mieux l’événement – et ceci d’une façon qui fût la plus spectaculaire possible – afin d’en décupler l’efficacité émotionnelle. Du coup chaque année, devant parents et amis disposés de part et d’autre de l’allée centrale de l’église, le défilé des garçons et des filles « accouplés », était-il le point d’orgue de la cérémonie.
Comme toutes les mises en scène, celle-ci nécessitait de nombreuses répétitions. Nous les effectuions en « habits de tous les jours », en compagnie de la demoiselle avec qui nous avions été provisoirement « appariés » . Dès le début de cette heureuse promiscuité je me mis à éprouver de curieuses émotions… Des sensations inconnues me parcouraient le corps et l’esprit. Je me sentais tout bizarre… Que m’arrivait-il ? Etait-ce le fait de me retrouver aux côtés de filles de mon âge ou fallait-il voir là les ultimes séquelles des oreillons ?
Le jour de la cérémonie, les demoiselles avaient revêtu une longue robe blanche assortie de dentelles, tandis que les garçons étaient en costumes sombres avec brassard blanc à gros nœud. Tout comme moi, ils paraissaient d’autant plus mal à l’aise que la cravate gris perle dont on les avait affublés leur donnait réellement ce fameux « air de premier communiant » que raillaient tellement les mécréants du quartier. Notamment ceux qui ne voulaient voir à travers cette cérémonie empesée, que la légendaire hypocrisie de l’Église catholique, apostolique et romaine !
Nous étions donc une trentaine de « couples » sagement alignés à quelques pas de l’entrée de l’église. Chaque fille et chaque garçon tenaient en main un grand cierge allumé. Aussi, nous avait-on invités à une vigilance de tous les instants de manière à ne pas griller les cheveux ou la voilette blanche de la demoiselle placée à notre côté ou devant nous !
Vu de loin, un tel défilé aurait pu facilement évoquer l’un de ces mariages collectifs dont la secte Moon a le secret. Du coup, cette étrange volonté d’établir une sorte de parallélisme entre « Première communion » et « nuptialité », me troublait profondément…
Les « assemblages » entre garçons et filles avaient été progressivement affinés par le curé puis définitivement réglés lors des ultimes « répétitions ». À partir de quels critères cela s’était-il opéré ? Dieu seul et le prêtre le savaient. À moins que l’un et l’autre eussent procédé de façon purement aléatoire ?
Quoi qu’il en fût, c’était mon jour de chance. Je me trouvais à côté de l’une de mes plus jolies voisines du quartier, celle avec qui je jouais souvent à la marelle à l’aube de mes huit ou neuf ans. Comme durant l’après-midi au cours duquel se produisit un événement qui s’imprima fortement dans ma mémoire.
Ce jour-là, après avoir été rejointe par l’une de ses copines, la fillette en question ne m’avait-elle pas soudainement tiré par la main pour m’entraîner au fond de son garage, en compagnie de sa comparse ? Je me souviens qu’à cette époque, j’avais le visage ravagé par des croûtes purulentes consécutives à une formidable crise d’impétigo. Un détail qui n’avait pourtant aucunement importuné les deux gamines.
Après s’être assurées qu’il n’y avait personne alentour, d’un seul coup l’une et l’autre relevèrent leur robe avant d’abaisser leur culotte « Petit Bateau » jusqu’à mi-cuisses ! « Dis-nous, Antoine, laquelle de nous deux a le plus beau minou ? », me demandèrent-elles à brûle-pourpoint en me fixant droit dans les yeux ! Je fus absolument décontenancé par leur comportement. Une sorte de peur panique m’envahit. Celle-ci augmenta d’un cran lorsqu’en retour, les deux gourgandines exigèrent que je leur montre ma « quéquette » ! Là, c’en était trop : je fis volte-face et m’enfuis à toutes jambes !
Or, ne voilà-t-il pas – cadeau ou non du destin ? – qu’en ce jour de « communion solennelle », cette petite friponne de voisine se trouvait placée à côté de moi !. En la regardant de biais, je pouvais deviner les tétons de mouche qui commençaient à pointer timidement sous sa robe virginale. Bien qu’elle fît semblant de m’ignorer, je sentais qu’à la moindre occasion, elle me dévisageait du

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