Les Fractures de la raison
264 pages
Français

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Description

Rhodania, 2014. David, jeune et brillant architecte, mène une vie paisible entre son travail, son épouse Danielle et Carl, son meilleur ami. Toutefois, ce jour d'octobre où Carl est retrouvé mort, la vie de David devient un véritable cauchemar. Se pourrait-il que ce soit lui qui ait abattu froidement son ami ? Lui ne se souvient de rien et n'a a priori aucun mobile. Mais d'où viennent ces soudaines pertes de connaissance qui le font basculer à chaque fois dans une nouvelle réalité ? Alors qu'il tente tant bien que mal de se raccrocher à ce qu'il peut, David entame sa mystérieuse plongée dans une folie où chaque nouvelle révélation semble brouiller encore un peu plus la réalité. Parviendra-t-il à s'en sortir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342013641
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Fractures de la raison
François Malherbe
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Fractures de la raison
 
 
 
À la personne qui existera une fraction de seconde au moment de finir ce livre, ainsi qu’à toutes celles qui suivront.
 
 
 
The point is not to feel deceived by illusions. It is to make illusions come true.
 
 
 
Mais attention, dites à votre ami hibou qu’il suffit d’arrêter de croire pendant une seconde pour que le rêve se casse en mille morceaux.
(Marc Levy, Vous revoir , Paris, Éditions Robert Laffont, 2005.)
 
 
 
Did you ever feel, he asked, as though you had something inside you that was only waiting for you to give it a chance to come out ? Some sort of extra power that you are not using – you know – like the power that goes down the falls instead of through the turbines ?
(Aldous Huxley, Brave new Word , Londres, Chatto and Windus, 1932.)
 
 
 
 
1
 
 
 
Je m’appelle David. Enfin, c’est le nom que mes parents ont donné au blond aux yeux bleus d’un peu plus d’un mètre quatre-vingts, remarquablement svelte pour s on âge – comme il se doit à mon époque – que je suis devenu. On dit que toute personne est confrontée, au moins une fois au cours de son existence, à un événement ou à une série d’événements qu’il pourra considérer comme constituant le tournant de sa vie. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ce qui est par contre certain c’est que cette histoire, qui s’est déroulée en l’an 2014 et à laquelle je repense sans cesse, a joué un tel rôle pour moi.
Elle a eu lieu dans la ville où j’ai toujours vécu, qui se situe à peu près au milieu d’un continent que je connais peu mais dont je sais qu’on n’a de toute façon jamais fini de le visiter, tant les merveilles en tout genre y sont nombreuses. Cette ville, aussi énorme qu’elle est centrale, porte le doux nom de Rhodania. Inutile de me demander l’origine exacte de celui-ci car, comme la plupart de mes concitoyens, j’en ignore tout. Si Rhodania n’est sans doute pas la ville la plus agréable au monde pour couler des jours tranquilles, pour une mégapole, elle possède tout de même un certain charme. Outre son colossal quartier industriel, situé à l’est de la ville et qui, s’il plaît à certains, n’en reste pas moins une zone assez polluée et lugubre, ma cité comporte également un centre urbain de première importance, où se succèdent des immeubles plus démesurés les uns que les autres, et à l’ouest, une zone résidentielle aux multiples facettes. L’agencement est somme toute banal, si ce n’est qu’à mon sens on aurait dû construire la zone résidentielle à l’est, car c’est de ce côté-là que se situe le fabuleux lac Mouillet.
Cependant, même si j’avais été en vie à la bonne époque, je doute qu’on m’aurait demandé mon avis. En réalité, je ne crois pas qu’on ait demandé l’avis de qui que ce soit. En effet, c’est le besoin d’eau et d’un port pour l’industrie qui a sans doute fait en sorte qu’on en soit arrivés là. Il faut dire que les fleuves, qui nous ont toujours permis d’écouler une quantité impressionnante des biens les plus divers avec une aisance déconcertante, sont en bonne partie responsables de l’aisance générale que possède aujourd’hui Rhodania.
De toute façon, à l’heure actuelle, pour se baigner, il suffit de quelques Rhodes pour pouvoir se payer un métro jusqu’à l’une des criques un peu plus éloignées. Le trajet est certes un peu long, mais à la vitesse que peuvent atteindre ces engins, cela ne prend plus tant de temps que cela. En plus, il n’y a presque jamais d’agressions ou de problèmes de ce genre. Pour une si grosse ville, on ne va donc tout de même pas se plaindre, quand la réalité me paraît être chaque jour un peu plus que nous avons en fin de compte beaucoup de chance.
Enfant, j’habitais une petite maison située non loin de ce qui me semble, encore aujourd’hui, constituer une sorte de frontière entre la zone commerciale et la zone résidentielle de la ville. Il est fort possible que cette constante proximité avec le monde du commerce m’ait marqué. En tout cas, depuis que je suis assez âgé pour que mes parents me laissent sortir seul de chez moi, j’adore me balader dans nos centres commerciaux jusqu’à tard le soir. Ce n’est pas que je sois particulièrement attiré par les articles proposés dans les innombrables boutiques qui y ont élu domicile (ce qui ne veut pas non plus dire que je n’y achète jamais rien).
En fait, ce qui me réchauffe le cœur, je crois, c’est l’ensemble formé par les vitrines pleines de couleurs de ces magasins, la masse de gens concentrés dans la bonne humeur, et les escalators partant en tous sens au milieu de ce festival de lumières et de sons. Bien sûr, vu que je ne connais personne qui possède un tel amour pour ces flâneries sans but, je m’y promène la plupart du temps tout seul. C’est d’ailleurs au fil du temps devenu un moment que je mets volontiers à profit pour remettre tant bien que mal un peu d’ordre dans mes idées si souvent confuses. Ce n’est pourtant pas que je mène une vie particulièrement stressante. Enfin, pour peu que la vie puisse ne pas être stressante, ce dont je ne suis malheureusement pas sûr.
Quoi qu’il en soit, moi, je travaille dans un cabinet d’architecture que j’ai créé de mes petites mains – bien que paradoxalement je ne sois pour rien dans la construction de l’immeuble qui abrite nos bureaux – et mon activité professionnelle n’est pas vraiment stressante. Cela s’explique par deux raisons qui sont, en fait, fort liées.
Tout d’abord, parce que je ne m’occupe personnellement que des projets résidentiels dont j’ai moi-même négocié les délais (et quand je dis négocier, en fait à l’heure actuelle je devrais plutôt dire imposer). Ensuite, parce que je suis excessivement doué. Tant d’assurance peut surprendre, mais c’est une réalité : je suis bon à s’en taper la tête contre les murs. Ce n’est pas que je veuille paraître arrogant ou prétentieux. Cela fait d’ailleurs longtemps que je sais que mon talent est très rare. Trop longtemps pour que cela me fasse encore beaucoup d’effet.
Cela remonte au moins à mes études d’architecture, qui n’ont effectivement été qu’une longue suite de louanges et d’encouragements. Il s’est en fait rapidement avéré que la place de premier de la classe m’était tout naturellement destinée, si bien qu’après une période de transition où je sentis une force hostile émanant de certains d’entre eux, mes camarades acceptèrent sans trop de frustration que la deuxième position était ce qu’ils pouvaient espérer de mieux. Au risque de me fourvoyer, je dirais même que j’ai la quasi-certitude qu’au bout du compte mon influence a fini par engendrer une situation assez saine où presque tous mes « concurrents » cessèrent de se laisser obséder par la position qu’ils occuperaient à la fin de l’année. Tout comme moi, ils avaient en quelque sorte décidé de se concentrer calmement sur leur travail sans plus vraiment se soucier de savoir si celui-ci serait préféré à celui de quelqu’un d’autre, étant donné qu’ils savaient que le leur ne pourrait de toute façon plus être le meilleur. Enfin bon, mon but n’a jamais été de me couvrir de louanges, mais simplement de tenter de dépeindre ma situation professionnelle et personnelle le plus fidèlement possible.
Concernant cette dernière, les choses ont d’ailleurs bien évolué ces dernières années. J’ai aujourd’hui vingt-neuf ans, et cela fait cinq ans que j’exerce à mon compte la profession d’architecte dans le cabinet que j’ai créé. Cependant, malgré tout mon talent et mon intérêt pour l’architecture, ce n’est plus le plus important pour moi. En effet, cela fait maintenant deux ans que je suis marié à une femme que j’aime par-dessus tout. Cette douce compagne, cette petite blonde respirant l’harmonie, cet être dont le sourire vous pénètre jusque dans le bout des orteils, c’est Danielle. Je l’ai rencontrée alors que j’avais à peine vingt-quatre ans, complètement déchiré à une soirée organisée par une connaissance d’une de mes amies pas très proches.
À cette époque, le week-end, j’allais quasiment à toutes les soirées, et je finissais souvent dans un sale état. Je crois que j’avais vraiment besoin de beaucoup décompresser à cause du stress engendré par la création de mon propre cabinet d’architecture. Ou alors j’avais simplement besoin de faire la fête. Quoi qu’il en soit, Danielle, que je n’avais jamais vue auparavant, n’était pas beaucoup plus clean que moi ce soir-là. Aucun de nous deux n’est en fait capable de se souvenir de comment la conversation s’est engagée, ni à l’initiative de qui. Enfin plus exactement, elle prétend que je lui ai dit qu’elle avait des yeux magnifiques, mais je n’en crois pas un mot car c’est beaucoup trop ringard et donc ma version est et restera qu’aucun de nous deux ne se souvient réellement de nos premières secondes ensemble. Toujours est-il que nous prîmes le même taxi pour rentrer chez nous, et que finalement ce soir-là chez nous ce fut chez-moi, et qu’il en fut ainsi de manière croissante durant les mois qui suivirent. Cela fait maintenant trois ans que nous vivons ensemble et un an que nous sommes mariés.
Dani n’a pas cette beauté tape-à-l’œil des magazines de mode, mais elle mérite sans aucun doute d’être qualifiée de splendide, ne serait-ce que parce qu’elle est tellement agréable à regarder que certains matins, sans que je le voie venir, je me rendors rien qu’à l’observer. C’est ce que j’appelle « l’effet moelleux au chocolat », et c’est d’ailleurs un des facteurs que je dois désor

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