Les enquêtes de Manon Minuit 2 - MEURTRE A LA CHAPELLE SIXTINE
114 pages
Français

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Les enquêtes de Manon Minuit 2 - MEURTRE A LA CHAPELLE SIXTINE , livre ebook

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Description

Il existe au moins deux chapelles Sixtine.La plus connue se trouve à Rome, au cœur du Vatican.Mais il en existe une autre, nichée au milieu des pins parasols et des oliviers, quelque part dans l’arrière-pays. C’est un lieu de communion et de partage qui jouit d’une excellente réputation sur la Côte, en d’autres termes, un club échangiste pour adultes avertis.À la suite d’un meurtre, Manon va devoir y mener son enquête. Elle en découvrira le fonctionnement, observera le comportement des usagers, rencontrera membres du personnel et cadres administratifs. La suite de ses recherches l’emmènera assez loin, puis, assez haut.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9791095453239
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Arlhac





Meurtre à la Chapelle Sixtine
Une enquête de Manon Minuit














Éditions La Gauloise
Maquette de couverture : Innovision
Crédit photo : Adobe Stock / Magali Lexcellent

Tous droits réservés pour tous pays

Copyright 2019 – Les éditions la Gauloise
2474 avenue Émile Hugues, 06140 Vence
ISBN : 979-10-95453-35-2

Ce livre numérique est livré avec la police Molengo, de Denis Jacquerye. Celle-ci est distribuée sous la licence Open Font License .
1


Quatre heures du matin. Quelques voitures stationnaient encore sous les palmiers du parking.
La masse sombre de la grande bâtisse se dessinait sur le fond du ciel qui commençait à s’éclaircir vers l’est.
L’ancien entrepôt avait été entièrement rénové. Il abritait maintenant un club de rencontres, La Sainte Chapelle, devenue ensuite La Chapelle Sixtine . Pas d’enseigne au néon ou de panneaux publicitaires, simplement une petite plaque de marbre, à peine éclairée, avec le nom du lieu gravé en lettres gothiques.
Les propriétaires, des mafieux honorablement connus entre Marseille et Gênes, tenaient à rester discrets. Les clients étaient des habitués et connaissaient parfaitement le chemin.
Lili, une grande fille brune d’une vingtaine d’années, demanda à la gérante, Nelly Saumon, si elle pouvait partir.
Elle trimballait encore son présentoir. Heureusement il n’était pas très lourd : quelques paquets de cigarettes et de cigares, un assortiment de préservatifs différents par leur couleur, leur texture et même leur goût (menthe, chocolat, vanille), et quelques jouets destinés à procurer aux clients, hommes et femmes, des voluptés vibratoires et des jouissances électriques.
Le restaurant était fermé, l’établissement à peu près vide et personne n’aurait plus besoin de ses services.
La grande blonde, toujours très élégante, posa son fume-cigarette et lui accorda son absolution.
— Tu peux rentrer chez toi. Dis à John de fermer le bar, et de faire le tour des coins câlins pour vérifier que tous les clients sont bien partis. Pour ce soir, je veux dire ce matin, c’est terminé.
Lili se dépêcha de prévenir John, avec qui elle entretenait depuis quelques mois une relation très intime.
Les coins câlins n’avaient plus de secrets pour lui. On désignait ainsi des chambres, ou plutôt des cellules, mises à la disposition des clients soucieux d’un minimum d’intimité. Certaines étaient parfaitement closes, d’autres au contraire s’ouvraient sur le couloir principal par de larges fenêtres, parfois munies de barreaux : certains clients avaient besoin d’un public pour être au mieux de leur forme, mais redoutaient des intrusions intempestives.
Toutes les cellules étaient pourvues de lits confortables, de couettes et de coussins de tailles diverses, soigneusement couverts de tissus antitaches, insensibles à l’humidité. Des glaces décoraient murs et plafonds. Quelques chambres, qu’il fallait réserver à l’avance, avaient reçu un équipement complet pour sado-masos convaincus : des anneaux fixés au mur, des poulies accrochées au plafond, des chevalets de torture soigneusement capitonnés.
Sur demande la direction pouvait procurer à ces clients particuliers différents types de fouets garantis tout à fait inoffensifs, des menottes bien rembourrées, de jolies boules rouges à usage de bâillon, et des bandeaux noirs un peu transparents pour les yeux.
Lili passa dans le vestiaire du personnel pour y déposer son présentoir et s’habiller.
John vint la rejoindre au moment où elle quittait sa tenue de soirée, un chapeau pointu, un court tablier blanc sur un string minuscule. L’établissement, heureusement, était très bien chauffé.
Malgré la fatigue accumulée depuis plusieurs heures, ils s’embrassèrent avec un mélange de tendresse et d’avidité.
John arborait une magnifique moustache rousse, en forme de guidon de bicyclette. Bien qu’il fût né à Londres, la direction en avait fait un Écossais digne d’assurer la publicité d’une marque de whisky : un kilt très court et un débardeur de cuir largement échancré. Ainsi étaient mis en valeur les tatouages factices qui décoraient sa poitrine, son dos et ses bras, du poignet à l’épaule.
Comme il ne portait rien d’autre il eut tôt fait de rejoindre son amie dans une intégrale nudité.
Lili enveloppa son compagnon d’un regard à la fois tendre et admiratif : un grand type roux de haut en bas, plutôt costaud, des yeux bleu-vert. Elle n’aimait pas trop ses tatouages imposés par la Club. Mais elle savait qu’on pourrait les faire disparaître avec un solvant approprié. Elle appréciait sa gentillesse, son sourire, sa timidité, mais surtout son désir constant de la rendre heureuse par tous les moyens à sa disposition.

Il la trouvait très jolie. Une brune très mince, des lèvres bien pleines, de beaux yeux noisette, toujours d’humeur joyeuse. Une fille courageuse, mais aussi sensible et même tendre. Une entente parfaite, dans la cuisine comme au lit.
Ne pouvant résister à la tentation, ils s’étreignirent et s’embrassèrent à nouveau puis s’habillèrent chacun de leur côté.
Comme ils marchaient lentement vers la sortie, un client, en habit de soirée, les doubla en leur souhaitant bonne nuit. Il semblait très pressé. Ils reconnurent un habitué de l’établissement, Eugène Rasti, un homme d’affaire italien, et le saluèrent en retour.
Au même instant Lili s’aperçut qu’elle avait oublié, dans son présentoir, les modes d’emploi de plusieurs jouets nouveaux, directement importés de Chine. Elle comptait les étudier tranquillement, une fois rentrée chez elle, pour pouvoir répondre aux questions des clients.
Il est vrai qu’avec les progrès de la science, le pilotage de ces merveilles de l’électronique était de plus en plus complexe, surtout si l’on voulait en exploiter toutes les possibilités. Certains habitués auraient souhaité bénéficier d’une démonstration personnelle des différentes utilisations de tel ou tel gadget. Lili s’y était toujours refusée. Elle s’en tenait résolument à la mission qu’on lui avait confiée : présenter et vendre différents articles utiles ou agréables, destinés à satisfaire les clients les plus exigeants. Mais, si elle refusait de jouer elle-même les démonstratrices, sa conscience professionnelle lui imposait seulement de fournir toutes les explications techniques à ceux qui en éprouvaient le besoin.
Elle demanda donc à John de l’attendre un instant, le temps de revenir au vestiaire pour récupérer les documents qu’elle voulait approfondir.
John patienta, le temps d’un aller-retour, et ils franchirent ensemble la porte de l’établissement.
Au moment où ils débouchaient sur le parking ils entendirent un scooter ou une moto qui démarrait en trombe. Son phare éclaira un instant les palmes les plus basses. Puis son feu rouge s’enfonça dans la nuit.
Lili et John approchaient de leur Clio II (4 cylindres, 60 cv, 160 km/h). Ils faillirent trébucher sur une masse sombre, étendue tout près d’une Porsche 911 GT3 (6 cylindres, 475 cv, 315 km/h).
— Mais c’est un homme qui dort, s’exclama John.
Il ouvrit son portable, et approcha l’écran illuminé du visage du dormeur.
— C’est Monsieur Rasti.
John se préparait à le secouer pour le réveiller, mais en déplaçant son portable, il éclaira la tempe de l’homme. Un trou noir d’où coulait un peu de sang.
À genoux près du corps il écarta les vêtements pour savoir si le cœur battait encore.
Sous la chemise blanche damassée il ne sentit aucun mouvement.
— Je crois qu’il est mort. Il s’est suicidé, ou on lui a tiré dessus. Va vite prévenir la patronne.
Quelques instants plus tard Lili revenait en compagnie de Nelly Saumon, gérante et directrice des ressources humaines de l’établissement. La jeune femme, d’un naturel plutôt sensible, se contenta de jeter un coup d’œil sur la forme sombre étendue sur le sol. Elle se tourna vers John et l’informa qu’elle avait déjà averti le SAMU et le commissariat de police. Il ne fallait toucher à rien. Ils ne tarderaient pas.
Effectivement, au moment où les premiers rayons du soleil atteignaient enfin la cime des palmiers et peignaient en rose le ciel au-dessus de la mer, on entendit dans le lointain un concert harmonieux, avertisseur d’une ambulance et sirènes des voitures des policiers.
2


Le commissariat central était en ébullition. Le commissaire principal, réveillé en sursaut, s’était retranché dans son bureau et multipliait les coups de fil. Il fallait prévenir beaucoup de gens importants.
C’est qu’Eugène Rasti figurait parmi les notables. La société d’import-export qu’il dirigeait avec son ami Carlo Natale était florissante, même si une partie importante de leur activité restait souterraine et échappait aux services du fisc. Les marchandises qu’ils traitaient étaient parfois difficiles à identifier.
Il y avait bien eu, dans le passé, quelques problèmes avec les services de la douane ou les inspecteurs des impôts, mais les choses s’étaient très vite arrangées. Le commissaire avait quelques idées sur les interventions, très haut placées, qui avaient permis le classement sans suite de ces affaires. Il s’était bien gardé de se montrer trop curieux. Suivant une de ses formules favorites, moins on en sait, mieux on se porte.
D’ailleurs c’est avec Carlo Natale qu’il entretenait les relations les plus étroites. C’est à lui qu’il pensait plutôt qu’à Eugène Rasti, qui n’était que son associé.
Carlo était un homme charmant, familier avec la plupart des notables de la ville. Ses origines transalpines étaient trahies à la fois par un accent discret mais perceptible, par ses costumes coupés sur mesure par le meilleur tailleur de la Via Veneto , et par son goût immodéré pour les belles voitures et les jolies femmes. Il avait légèrement dépassé la cinquantaine et commençait à prendre un peu d’embonpoint. Mais toujours élégant, discrètement parfumé, il restait séduisant. Chaque fois que le commissaire le rencontrait il s’étonnait de sa forme superbe, de son bronzage sans défaut, de son assurance. Il en était un peu jaloux.
I

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