Les Déesses
102 pages
Français

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Description

Pour le plus grand plaisir du lecteur, Mikhail Idvanoff conçoit un univers peuplé de présages, d'apparitions et de créatures fantasmagoriques, qui stimule l'imaginaire. Chacun de ces cinq portraits de femmes est une ode à la féminité qui invite à aller à la rencontre de notre propre humanité. Kirstin l'institutrice, Caroline la romancière, Katia la comédienne, Candie l'infirmière et Léa la fille d'Ève correspondent à autant de facettes de nous-mêmes. Elles défendent une approche désintéressée du monde, plus idéaliste que matérialiste. Confrontées à des rencontres déstabilisantes, des choix décisifs, les héroïnes doivent prendre leur destin en main, pour jouir sans entraves de leur liberté et vivre intensément.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414103195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-10317-1

© Edilivre, 2017
Dédicace

à Touzik, la fée russe…
Exergue

Qui est Dieu ?
Kristin Hague La fille de Zeus
1938, en Europe imaginaire
I Zeus
Sans toit ni voix
D’une main, elle tenait un miroir. De l’autre, elle coiffait sa longue et belle chevelure noire comme le charbon. Était-elle gauchère ou bien droitière ? Le bras qui tient l’objet doit être suffisamment fort et celui qui peigne nécessairement habile. Alors sans doute était-elle gauchère. Souplesse de poignet et souplesse de cheveux. Encore que ceux-là fussent raides quand ils couvraient son dos nu. Kristin appliqua sur sa peau lisse deux gouttes de parfum de rose, puis elle s’habilla. Sa veste comme sa longue robe à franges était veloutée et colorée par un mauve dégradé. Mais aussi par quelques boutons dorés. Ce vêtement montrait des épaulettes à peine larges, des manches moulantes jusqu’à l’extrémité. Ensuite, la jeune femme mit ses chaussures à talon aiguille à bout pointu et aux formes courbes. On aurait dit celle d’une sorcière. Kristin était blanche, ses yeux étaient noirs. Ses sourcils, son nez, ses doigts, ses traits et ses membres avaient la finesse des fées. En réalité, elle était une déesse. Elle était le fruit de l’union de deux dieux qu’elle essayait d’oublier, mais qui veillaient peut-être sur elle sous la forme de deux grains de beauté placés dans le creux de ses reins. Les seuls qu’elle possédait. Ses parents lui avaient légué d’autres dons. La fidélité, l’écoute attentive, un petit rictus, la discrétion des mots. Ou leur silence. En effet, elle ne parlait pas. Du moins aux adultes. Juste aux enfants de zéro à six ans. Curieusement, même lorsqu’elle ignorait leur âge, sa voix ne se trompait pas. Pour les autres, elle écrivait, elle mimait à peine, elle inclinait la tête. Puis elle souriait. Toutefois, elle était capable d’exercer le métier d’institutrice maternelle à l’école Sainte-Nitouche. Kristin empoigna sa sacoche, un cartable de cuir lisse et noir dépourvu de bandoulière et rempli comme une valise. Elle le déposa sur le siège du mort de sa Renault « juvaquatre » de 1938 qu’elle démarra du premier coup. Le véhicule roulait doucement pour sortir du chemin qui la menait de la porte de son garage à la rue Printanière. Il faisait beau. C’était un mois de juin. Pourtant le tonnerre semblait gronder par intermittence. Kristin partit sans se retourner abandonnant ainsi sa maison, une petite villa blanche et fleurie par des Asters aux cœurs rouges et aux longs pétales rose clair. Elle n’avait dit au revoir à personne, pas même à ses onze élèves. Pas même à ses amis ; elle n’en avait pas. Et surtout pas à la police qui devait passer chez elle dans l’après-midi…
Elle n’entendit personne la dissuader de s’en aller. Ni le chant des petits oiseaux ; coucous, rossignols ou moineaux. Ni celui du cygne noir qui squattait l’étang à cent mètres de chez elle. La faute au tonnerre ou bien à une forme de surdité ? Elle ne parlait pas aux adultes, peut-être aussi était-elle sourde à leurs discours mielleux ? Kristin préféra entendre la voix de Zeus dans le ciel qui lui disait de s’en aller plutôt que celle de la raison des hommes qui l’appelait à se livrer. Toutefois, son motif était valable. Il avait la forme d’un coffret de bois précieux.
Un coffret de bois précieux
De forme rectangulaire, le précieux coffret était réalisé dans un bois d’acajou qui brillait de mille feux. Grâce à la lumière du jour offerte par la déesse Héméra, mais encore par l’habile artisan qui avait utilisé la technique du vernis au tampon. Lui prodiguant ainsi une finition dites « piano ». Le mariage d’un coton épais et neuf et celui d’un autre plus usé et très fin. Le premier contenu dans le second. Et puis l’application en cercles de couches successives de gomme-laque et d’alcool. Le résultat était probant, mais fragile. Plus tard, l’entretien à la cire d’abeille serait le bienvenu…
Les dessins du bois comme sa brillance invitaient les mains à parcourir ses ondes naturelles et sa texture artificielle. Revêtement glissant presque doux de cette boite rigide, anguleuse, et certainement magique. Sa serrure occupait une maigre place dans l’ensemble de cet océan de bois luisant. Elle était terne, mais offrait une forme féminine dans laquelle une jolie clé pouvait s’introduire selon la volonté de son possesseur. De cette union accouchait un bien plus précieux encore… Lorsqu’on ouvrait le couvercle qui grinçait un peu comme le cri d’un nouveau-né. C’était une plaque de cuivre gravée dite de taille-douce destinée à imprimer des timbres postes. S’ils étaient produits, ceux-là représenteraient le mariage de la France et de l’Angleterre…
Sur son chemin, Kristin entra dans un bureau postal pour y envoyer un courrier sous la forme d’un paquet confectionné avec soin. Un peu comme lorsqu’elle fabriquait avec les enfants des cadeaux pour Noël. Puis avant de démarrer, la fuyarde ouvrit sa fameuse sacoche dans laquelle dormait le précieux écrin. Comment avait-elle pu le laisser seul ? Personne ne l’avait volé, et elle avait toujours la clé sur elle. Sous sa robe.
Ce coffret était un présent offert par un de ses petits élèves. Timothée. D’un premier abord, devant la splendeur de l’objet, Kristin n’avait pas réalisé. Ensuite, elle pensa à une erreur. Mais Timothée sûr de lui fit signe que non. C’est seulement quand elle ouvrit la boite avec sa clé « magique » qu’elle comprenait que le jeune enfant avait voulu lui faire un cadeau pour la remercier des deux années passées avec elle. Le gamin avait cherché chez lui ce qui lui sembla alors le plus précieux… Maintenant, c’est elle qui le possédait, il était le bien le plus inestimable qu’elle n’ait jamais eu. Cependant, le père avait tiré les vers du nez à son fils. Ce dernier n’avait pas désigné clairement Kristin, seulement des soupçons pesaient sur elle. Ce mercredi après-midi, la police l’attendait… À son réveil après un rêve quasi prophétique, Kristin Hague décidait de prendre le large écoutant la voix de son père avec ce qu’elle avait de plus cher : le cadeau d’un enfant. Objet de convoitise des hommes placé entre la colère déclarée de Zeus et la sienne contenue.
Deux hommes
Un véhicule s’arrêtait devant la maison de Kristin. C’était une Bugatti de type 43. Une voiture pour égoïste, pour un loup solitaire, pour un mercenaire des villes et des campagnes. Le choix de sa robe bleue indiquait l’appel de l’océan, du ciel, ou encore de la belle vie. La couleur noire des roues et des sièges contrastait bien avec l’ensemble de la carlingue. « Dame Bugatti » avait deux grands phares ronds, comme les yeux de deux cyclopes. Une roue de secours sur le côté droit. Un volant de bois clair. Son conducteur se nommait Achille Zani. Il enlevait ses lunettes de pilote laissant découvrir ses yeux bleus-pastel. Son visage aux traits anguleux avait des airs de playboy. Sa carrure aussi. Faisait-il une quelconque musculation ? Ou bien était-ce les vestiges d’un itinéraire aventureux et chargé ? Peu importe. L’homme se levait, sortait du cockpit et se dirigeait à l’intérieur de la maison. La porte était restée ouverte, les scellés de la police dégrafés… Quelqu’un était passé par ici. Un concurrent sans doute. Étrange, tout de même. Achille pensait être le seul sur l’affaire. En effet, son patron du moment le lui avait assuré. Il lui avait même dit que les autorités ne savaient pas au juste ce que détenait Kristin Hague. Simplement, un coffret de bois offert et accepté par mégarde. Mais l’esprit intriguant des policiers les poussait à creuser… La disparition de l’institutrice confirmait leurs soupçons.
Achille explora tout sans mettre de gants au sens figuré du terme. La bibliothèque fut malmenée pour voir si elle ne comprenait pas quelques passages secrets. Tout fut saccagé de la cave au grenier… Du travail rapide, montrant une certaine habitude. Enfin, Achille prit le temps de boire du lait frais à la bouteille. Il la laissa sur une table. Il repartit avec du courrier ; quelques cartes postales qui dormaient dans des boites rangées minutieusement dans le petit grenier poussiéreux.
Avant de grimper dans son automobile, Achille s’épousseta un peu. Il briqua ensuite le capot tout bleu. À peine, avec un mouchoir et par un geste semi-circulaire, comme si une impureté s’était déposée en son absence… Le visiteur qui l’avait précédé était peut-être passé par là.
Il se nommait Hector D’Aboville. Un autre playboy à sa façon. À la différence qu’il était brun et qu’il avait des yeux noisette. Et que son commanditaire était une femme. Car lui aussi travaillait dans la même branche ou presque. Non pour gagner sa vie et faire fortune ; c’était pour fuir l’ennui. Lui aussi avait une voiture d’égoïste ; une BMW 328 blanche, magnifique… Lui aussi avait un indice. La photo jaunie d’un bord de mer.
Bientôt, tous deux filaient comme des étoiles tous phares allumés et les yeux cachés sous leurs lunettes et leur pare-brise en direction du nord-ouest… La côte les attendait. Sa mer, son soleil, sa pluie et ses femmes également…
Un village
Jamais Kristin n’avait vu un coin aussi agréable que ce village-là. Elle le connaissait depuis longtemps. Jadis, les sœurs de l’orphelinat les avaient emmenées ici. Et depuis que l’institutrice avait un salaire suffisant, elle y venait. Sans jamais en parler à personne, sauf à ses enfants. En chanson ou en dessins. Dès qu’elle percevait qu’un adulte passait dans le couloir, une personne de l’entretien, une collègue ou bien madame la directrice ; elle se taisait. Elle plaçait son index gauche devant ses lèvres fines comme pour dire « chut… » Puis, une fois que le da

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