Les Charognards
390 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
390 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La mafia albanaise est l'organisation criminelle parmi les plus secrètes et les plus effroyables au monde. Dans ce roman, l’auteur nous transporte dans un univers peuplé de flics d'un genre tout à fait particulier, d’une amazone solitaire qui n'avait plus rien à perdre, et de dossiers secrets qui pourraient renverser la République...
Un récit empreint de violence, de mort et de sang où toutes les valeurs, tous les schémas sont inversés, transgressés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332768629
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76860-5

© Edilivre, 2014
Dédicace


À la mémoire de Budd Boetticher.
À Florent-Emilio Siri et ses « guêpes », à qui j’ai donné un visage.
À John Mac Tiernan et son « piège ».
À Frédéric Fajardie.
À Walter Hill et Pierre Lesou.
Pour Jean-Michel, qui m’a soutenu depuis le début et qui m’a fait connaître.
Ainsi qu’à tous ceux qui m’auront suivi tout au long de cette aventure, inlassablement.
Sans oublier Manu, sans qui rien n’aurait été possible.
À tous, merci.
Citation


« Ce que tu dois préférer à tout, c’est de ne pas être né. »
SOPHOCLE.
« Qui saura jamais atteindre à la grandeur, s’il ne sent en lui-même la force et la volonté de causer de grandes douleurs. »
NIETZCHE.
Première Partie
 
L’air était moite, empesé. Une lourdeur suffocante s’étalait sur ses épaules. Il marchait d’un pas lent, la nuque raide, les mains enfouies au fond de ses poches de jeans.
En cette fin de dimanche après-midi, les passants se faisaient plutôt rares, passage Brady, du fait que la plupart des magasins étaient fermés, leurs rideaux baissés. A part un restaurant indien d’où s’échappait une odeur de patchouli ainsi qu’une musique qui, comme d’habitude, lui tapait sur le système. Saletés de macaques, songea-t-il.
C’est alors qu’il les vit.
Machinalement, comme pour marquer sa résignation à ne pouvoir les éviter, il porta sa main sous sa chemisette humide de transpiration et se gratta la poitrine, caressant la petite croix en or qui lui venait de sa mère et qu’il portait autour du cou.
Toujours les mêmes : Placide et Muzo, qu’il les appelait. Le plus grand des deux – Muzo – était maigre, le regard veule, les cheveux hirsutes, les cernes sous les yeux comme s’il venait de passer une nuit blanche, et toujours vêtu d’un ensemble jean, sweat léger et blouson en toile. A travers ses lunettes aux verres légèrement fumés, ses yeux ne reflétaient ni chaleur ni surprise, encore moins de la gaîté ; si ce n’était un soupçon de sourire qui fleurissait au coin de sa bouche ; le rictus du type à qui l’on annonçait que sa vieille maman venait de passer l’arme à gauche et qu’elle avait légué toute sa fortune à une clinique où on châtrait les chats.
Son compagnon portait, lui, son éternel bob de couleur blanche et était affublé d’une chemisette hawaïenne qui boudinait son torse gras et velu. Un ventre rebondi dépassait pardessus sa boucle de ceinturon. Il ne lui manquait plus qu’une boule rouge au bout du nez pour ressembler à un clown. On avait presque envie de rire en le voyant, mais quelque chose dans le regard le déconseillait.
Le duo se plaça devant lui, lui interdisant toute avance au-delà d’une petite boutique qui vendait des bijoux fantaisie et dont la vitrine était protégée par un grillage minable.
– Alors, Alfonso, on se promène ? ça fait un bail qu’on ne s’est vu, non ? Tu nous évite, ou quoi ?…
Le plus grand des deux avait parlé sans sortir les mains de ses poches, et avec la même décontraction que s’il demandait à son beau frère, avec qui il disputait une partie de pétanque, où en était le nombre de points.
Par un geste du bras, le plus gros – Placide – invita Alfonso à reculer pour pénétrer dans le restaurant, pour l’instant vide de toute clientèle. Même le personnel était invisible. Alfonso haussa les épaules et, sans ouvrir la bouche, résigné comme à son habitude, obtempéra.
La salle était étroite et profonde. Une vingtaine de tables disposées les unes derrière les autres occupaient la partie droite. Les couverts étaient déjà mis en place à côté de minuscules socles en étain destinés aux bâtons d’encens. Le trio se dirigea jusqu’au fond de la salle. Muzo posa sa main sur l’épaule d’Alfonso et le fit s’asseoir à la dernière table. L’homme prit place dos à l’entrée, tandis que les deux autres s’installaient face à lui, dos à la cuisine.
– Alors, qu’est-ce que t’as de beau à nous raconter ? Hein ? Depuis le temps…( Placide avait pris le relais, les coudes posés sur la nappe en papier, les mains croisées.)
Muzo avait le dos collé au mur de couleur crème, où étaient accrochées des toiles sous verre peintes au fusain et représentant des paysages vus à travers l’art abstrait. La musique indienne continuait de s’échapper de minis enceintes, dissimulées derrière quelques éléments de décoration.
– Je trouve que ta pute, elle a drôlement maigri depuis quelques temps. Elle doit être malade, tu crois pas ? T’es sûr au moins qu’elle s’est pas chopé le Sida ou une autre saloperie ?
Alfonso n’avait pas encore prononcé un mot. Ses yeux allaient de l’un à l’autre des deux hommes qui lui faisaient face. Lorsque le patron – ou un serveur quelconque – se matérialisa dans l’embrasure de la porte à côté de laquelle ils se tenaient, Muzo, sans même se tourner complètement, exhiba sa carte barrée de tricolore et demanda au type de lui amener un thé citron. Juste ça. Comme s’il était seul. Placide ne remarqua rien, son regard faussement décontracté toujours vissé sur Alfonso qui ne savait plus où se mettre et qui levait les yeux vers l’Indien en chemise blanche. Mais ce dernier ne parut pas surpris de la présence des trois hommes. Il prit la commande et disparut.
– Il va falloir qu’elle se fasse faire un dépistage. Je serais toi, je m’en occuperai…Peut-être que ça va la faire se retirer du circuit un bon moment et donc un manque à gagner pour toi…Ce serait con.
– Q’est-ce que vous voulez que je vous dise, capitaine ? (Alfonso avait les mains posées sur les cuisses, embarrassé comme un type à qui sa belle mère demandait quelle était la jeune femme avec qui elle l’avait vu se promener dans la rue.) Je bricole à gauche et à droite. Vous savez ce que c’est ; les temps sont durs. Je pointe à l’ANPE, je touche les ASSEDIC, heureusement que Marilyn est là pour m’aider un peu…(Sourire timide du proxénète) Et puis, avec la dernière affaire que je vous ai balancé, à propos des roulottiers de la porte de Montreuil…
– C’est vrai que t’as de sacré relations, mon salaud, rétorqua Placide – alias le capitaine de police Mathias Kurkovic – t’as des oreilles qui traînent partout. Mais nous aussi on connaît du monde, des lascars qui seraient bougrement intéressés de savoir que t’en croques avec les poulets, des types à qui on pourrait aussi dire que ta morpionne va à l’école, rue des Volontaires.
Silence. La musique indienne égrenait toujours sa litanie, mais Alfonso n’entendait plus. Les paroles prononcées par le flic le frappèrent avec la violence d’un uppercut décoché par un poing de glace. La pièce entière défila sous ses yeux, secouée de haut en bas. Il eut l’impression qu’on lui déversait de l’eau froide sur les épaules. Il resta bouche bée quelques secondes, puis déglutit. Il avait soudain comme un goût de cuivre au fond de la gorge.
Le serveur revint et déposa la commande devant le capitaine Raphaël Verposi, qui ne moufta pas, son regard atone toujours vissé sur Alfonso. Celui-ci ne put déterminer si une joie sadique ou au contraire une lassitude extrême pouvait se lire derrière les verres teintés du flic.
Ces policiers ne pouvaient se permettre une telle attitude. Ils bluffaient. Menacer un homme à travers son enfant était contraire à toute déontologie, à toute éthique. Kurkovic se pencha vers lui en le regardant droit dans les yeux, tandis que Verposi portait sa tasse de thé jusqu’à ses lèvres en soufflant légèrement dessus :
– On veut que tu nous files quelque chose, Alfonso. Kapish ? On veut du croustillant ; il nous faut du chiffre, à la brigade. Et on sait que t’es multicarte, dans ton genre…
Le voyou baissa le front, serra les poings sous la nappe en papier. Le ton employé par le flic était glacé, sans vie, évoquant une prière. Ces fumiers étaient capables de tout, même de refiler une info à des flics – d’autres services que le leur – contre de la monnaie…Cela s’était déjà vu…Seuls comptaient les résultats. Kurkovic continuait de regarder l’indic en paraissant se fendre la poire :
– Et ne nous dis pas que tu ne sais rien. Même si tu jurais sur la tête de ta fille que t’es de race blanche avec une gueule d’abruti, on te croirait pas…On sait que tu sers parfois d’intermédiaire entre les demi et semi grossistes. Un collègue des Stups nous l’a glissé dans le creux de l’oreille, avant de prendre sa retraite. Il nous devait bien ça…La came qui serait sous le contrôle des mecs venus de l’Est, ça pourrait nous intéresser. Drôlement, même.
Un bourdonnement diffus s’installa entre les oreilles du voyou. Il ferma les yeux et secoua la tête. Ces satanés poulets étaient bougrement bien renseignés. Ils étaient donc au courant de ses accointances avec les Albanais. Bon Dieu. Rien que le fait d’y penser, il sentit un frisson lui parcourir l’échine et remonter jusqu’à sa nuque. Il ne pouvait quand même pas leur lâcher ce qu’il savait sur les terribles réseaux maffieux ; informations recueillies par une de ses connaissances qui, elle-même, un soir de cuite, dans un bar de la rue des Acacias…
– On ne donnerait pas cher de ta peau, si le mitan savait que tu discutes le coup avec nous…Et pense aussi à cette petite blondinette…Tu crois pas que son papa lui manquerait si, un jour, à la sortie de l’école, un monsieur venait la trouver pour lui expliquer…
– Assez !!! (Alfonso leva les mains comme l’arbitre annonçant la fin du match. Son visage frémit de haine face aux deux flics de la BAC) C’est bon, c’est bon…je vais vous refiler un tuyau. Ce n’est pas grand-chose, et peut-être même que c’est une connerie…(Il secoua la tête, ses yeux papillotèrent. Il cherchait ses idées et les mots qui allaient avec.) En fait, il y a deux informations. D’abord, l’adresse d’un boss, un Alban

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents