Les Carnassiers
364 pages
Français

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Description

Une citadelle imprenable. Le rêve de tous les braqueurs.

Ce sera leur dernière affaire, leur chant du cygne.

Et pour mener à bien l'opération, il ne faudra pas redouter de pactiser avec le diable.

Mais ce à quoi ils seront finalement confrontés se révélera bien pire que le démon...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782332807687
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-80766-3

© Edilivre, 2014
Dédicace


A la mémoire de Kinji Fukasaku
A Serge Jacquemard, et François Joly, en amitié
Et encore mille mercis à Manu
Pour l’aide qu’il m’a si généreusement prodigué.
Aux troubadours de l’autoroute A 6 du mardi 4 Mars 2003, ils se reconnaîtront.
Citation


« La compensation d’avoir tant souffert
c’est qu’ensuite, on meurt comme des chiens »
Cesar Pavese
« Je veux que le spectateur ressente de la façon la plus profonde et la plus terrible possible, la violence cataclysmique et irresponsable qui peut s’emparer de l’homme ».
Sam Peckinpah
Première partie
2003
Le parc s’étendait sur une superficie d’environ trois hectares, dont une bonne moitié était constituée de pelouses verdoyantes soigneusement entretenues. Des allées gravillonnées le sillonnaient, le long desquelles étaient installés ici et là des bancs en pierre.
Le reste du terrain était occupé par des bâtiments modernes à deux étages aux murs extérieurs recouverts de crépi ocre. Le bloc était en forme de L. Un parking d’une quarantaine de places constituait la seule partie bitumée de l’ensemble du site. Ce dernier était entouré de hautes grilles pour la partie Sud – là où se trouvait le portail – et de murs recouverts de lierre pour le reste du périmètre.
Il y avait peu de visiteurs, en ce début d’après-midi. Quelques pensionnaires, septuagénaires pour les plus jeunes, se promenaient, seuls ou accompagnés de proches parents ou amis.
Les trois hommes étaient assis sur un des bancs du parc. Le plus vieux, qui approchait les 85 ans, se trouvait assis entre ses deux visiteurs. Le vieillard, coiffé d’un béret, était vêtu sobrement d’un vieux pantalon noir retenu par des bretelles et d’une chemise à carreaux. Il ne disait rien. Il avait ses mains posées à plat sur les genoux et les yeux dans le vague ; des yeux de couleur claire, comme transparents. Il semblait statufié.
Les deux hommes qui l’accompagnaient, eux non plus ne disaient rien. Le plus grand se tenait penché vers l’avant, les coudes posés sur les genoux ; il regardait pensivement les quelques personnes qui se baladaient dans le parc. C’était un homme brun, costaud, d’une quarantaine d’années, au visage viril, vêtu d’un pantalon et veste noire par-dessus une chemise blanche. Il portait des lunettes de soleil. Un mince collier de barbe lui entourait le pourtour de la bouche. Il regarda brièvement l’heure à sa montre et demanda à son compagnon, assis à l’autre bout du banc :
– A quoi crois-tu qu’il pense ?
L’autre ne répondit pas de suite ; il était adossé au banc, la tête en arrière, les yeux clos, comme pour profiter des quelques rayons de soleil. C’était un homme châtain clair, tirant sur le blond, légèrement dégarni, de constitution moyenne. Il était habillé d’un jean et d’un polo Lacoste. Quelques rides trahissaient la quarantaine.
– Je n’en sais rien, Pat, à chaque fois qu’on vient le voir, c’est toujours pareil. Cela me retourne de le voir comme ça.
Il avait répondu en gardant les paupières closes.
Il tourna néanmoins la tête vers le vieil homme et, d’un geste tendre, lui caressa la nuque. Ses yeux d’un marron clair se portèrent sur leur père adoptif, sur celui qui les avait recueillis séparément, il y a près de 40 ans, lui sa femme. Lorsqu’ils avaient étés lâchement abandonnés à l’Assistance Publique. Le couple s’était alors saigné aux quatre veines pour eux, comme si les deux gosses avaient été de leur propre sang, de leur propre chair.
Des larmes perlèrent aux yeux de Laurent. Il aimait papa Hubert, tel que lui et Patrick l’avaient toujours appelé. Il ne chérissait que trois personnes au monde : Lui, son père – l’ayant toujours considéré comme tel, même quand ils avaient appris la vérité, il y a près de vingt ans de cela – Patrick, qu’il considérait comme son propre frère, et Marie – l’amour de sa vie, la seule femme qu’il ait jamais aimée et que personne ne pourrait jamais remplacer, quoiqu’il arrive.
Ils avaient placé le vieil homme dans cette maison de retraite, il y a six mois maintenant. Seul dans sa petite fermette près d’Avallon, dans l’Yonne, il n’arrivait plus à assurer les travaux domestiques. Une dégradation semblait s’opérer en lui, depuis la mort de maman Yvonne, il y a trois ans de cela. Une dégradation pas seulement physique. Il ne semblait plus être que l’ombre de lui-même.
Patrick tourna la tête vers les deux hommes, sa seule famille à lui aussi. Il tapota doucement le genou de papa Hubert et le bougea gentiment de gauche à droite.
– Il fait beau, hein, Papa ! glissa-t-il doucement.
Le vieil homme remua à peine la tête ainsi que les lèvres ; comme perdu dans ses pensées, dans son néant. Patrick n’insista pas, ôta sa main et reprit sa position initiale, baissant la tête, regardant les gravillons. Le gazouillis des oiseaux, dans les arbres du parc, apportait la seule note joyeuse pour les deux hommes. Venir voir leur père adoptif était pour eux une souffrance. Celui-ci ne parlait qu’à peine. Lorsqu’ils le leur demandaient, les surveillantes leur rapportaient que c’était un pensionnaire calme, sans problèmes, et qui ne se mêlait pas aux autres.
Papa Hubert semblait attendre la mort, la délivrance. Le décès de maman Yvonne, sa compagne de toujours, avait brisé quelque chose en lui, telle une horloge à qui on aurait enlevé une pièce maîtresse.
Percevait-il le désarroi de Laurent et Patrick ? Personne ne savait.
Patrick se redressa, s’étira, posa sa main sur l’épaule de son frère d’adoption, et lâcha :
– On va y aller maintenant, cela ne sert à rien de s’attarder ; cela va faire une plombe qu’on est là.
Laurent hocha la tête comme à regret :
– Oui, tu as raison.
Les deux hommes se levèrent doucement, se consultant du regard pour savoir s’ils devaient raccompagner leur père nourricier vers le bâtiment ou si, au contraire, ils pouvaient le laisser dehors afin qu’il puisse profiter des quelques rayons de soleil.
– Il peut rester ici ; ça ne fait rien.
Ils se tournèrent vers une des aides soignantes de la maison de retraite qui accompagnait une octogénaire munie d’un déambulateur.
– Il fait beau, ne vous inquiétez pas, nous le ferons rentrer plus tard.
Elle avait dit cela en souriant discrètement, d’une voix douce. Elle connaissait de vue les deux hommes et percevait leur tristesse devant le mutisme du vieillard.
– Vous êtes gentille, madame, répondit Patrick. Nous vous en remercions infiniment.
Il semblait hésiter, puis demanda :
– Pensez-vous qu’il se rend compte que nous sommes là ? Pensez-vous qu’il ait besoin de nous ?
– Oui, sans aucun doute. C’est un peu comme quelqu’un dans le coma ; peut-être pas tout à fait, mais presque… une présence est toujours utile.
Les deux hommes remercièrent encore une fois la brave femme et se penchèrent vers papa Hubert pour l’embrasser sur le front. Ils le serrèrent tour à tour tout contre leur corps. Le vieil homme rendit à peine les bises. Une fois redressés, ils le regardèrent une dernière fois et tournèrent les talons, se dirigeant vers le parking. Dès qu’ils furent remontés en voiture, ils restèrent muet et ne bougèrent pas durant de longues minutes.
Patrick sortit un C.D de la boite à gants et enfila une compilation d’Errol Gardner dans le lecteur. Puis il démarra.
Sur le trajet de retour sur Paris, d’où ils étaient venus, Laurent demanda :
– Les affaires, ça va ?
Son frère lui jeta un regard en coin, tout en conduisant.
– De quelles affaires parles-tu ? De la boite de nuit ?
– De celles que tu veux, je te demande si ça va, c’est tout.
Patrick sourit et répondit doucement :
– Ouais, ça roule, avec des hauts et des bas. Je ne préfère pas entrer dans les détails, ne m’en veux pas. Et toi, tes enquêtes ? J’avais lu ton article sur l’usine AZF de Toulouse. Tu y étais allé fort, dis donc, fais gaffe…
– J’aime remuer la merde ; ces chiens qui nous dirigent, c’est crevures et compagnie. Je manquais d’éléments pour cette enquête, car on m’a mis des bâtons dans les roues…Depuis, je végète, je me lance peu à peu dans le free-lance. Je guette la grosse affaire.
Une rage, une frustration se faisait sentir dans la voix du journaliste.
– Cela me rappelle quelqu’un…gloussa Patrick.
Laurent avait compris.
– Tu pourras me laisser Porte de Choisy, je me démerderai, j’ai des choses à faire, demanda Laurent.
– Comme tu veux. Et Marie, comment ça va ?
– Marie…on s’est disputés, elle et moi, ce matin, mais je l’adore ; pour une aveugle, elle y voit plus que moi, pour certaines choses.
– Elle est en or, garde-là longtemps.
– Mais j’y compte bien, frangin, j’y compte bien ! lâcha Laurent dans un sourire, le premier depuis le début de l’après-midi.
Patrick le déposa Porte de Choisy, comme son frère le lui avait demandé. Ils s’embrassèrent avant de se quitter.
* * *
En ce dimanche de mai, Gaëtan Korvic arriva porte d’Orléans sur le coup de sept heures du matin. Il se trouvait au volant de son 4X4 Cherokee flambant neuf de couleur noire. Il trouva à se garer sur le petit parking, situé derrière le stade Elizabeth, et attendit les autres en écoutant la radio.
Le premier à se pointer fut Yann Le Pentrec. C’était un grand gaillard brun de 38 ans, aux yeux étrangement de couleur or, très écartés sur son visage bronzé. Ses longs cheveux noirs retombaient d’ordinaire sur ses larges épaules mais, là, il les avait attachés en queue de cheval.
Il était vêtu d’un jean et d’une chemise noire. Il tapa au carreau, faisant sursauter Gaëtan qui s’était assoupi.
– Si ça avait été les poulets, t’étais bon ! s’exclama joyeusement le grand gars à son ami.
Celui-ci secoua la tête, se pencha pour ouvrir la portière et embrassa s

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