Les bas-fonds de Paris. Une enquête de Vidocq
102 pages
Français

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Les bas-fonds de Paris. Une enquête de Vidocq , livre ebook

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Description

Les bas-fonds de Paris Une enquête de Vidocq Une enquête inédite de VIDOCQ, chef de la brigade de sûreté. Policier Gagnant du Prix du polar historique 2013 Cette histoire est inspirée très librement d’une enquête menée, en son temps, par Vidocq. Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-03323 I Prologue Ce dimanche de mars 1818, par une douce et lumineuse matinée printanière, au grand étonnement de ses subalternes, Vidocq s’attelle, bien malgré lui, au classement d’une montagne de vieux dossiers entassés dans son bureau de la Petite Rue Sainte-Anne. C’est là en effet que se trouvent les locaux salpêtrés et humides qui furent mis à sa disposition dès 1812. Et c’est dans ce passage étroit et mal éclairé, dans cette ruelle qui ne mène quasiment nulle part, au premier étage de cet immeuble fissuré des fondations jusqu’au toit, que Vidocq dirige avec brio la brigade de sûreté. Le brouillard s’est enfin dissipé et, d’une des fenêtres de son bureau personnel, le policier aperçoit distinctement le clocher, tout proche, de la Sainte-Chapelle. Elle paraît tout engoncée au milieu des bâtiments qui, au fil des siècles, sont venus l’enserrer jusqu’à l’oppresser.

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Date de parution 09 octobre 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782819503323
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les bas-fonds de Paris
Une enquête de Vidocq
Une enquête inédite de VIDOCQ, chef de la brigade de sûreté.
Policier
Gagnant du Prix

du polar historique 2013
Cette histoire est inspirée très librement d’une enquête menée, en son temps, par Vidocq.
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com
Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-03323
I
Prologue

Ce dimanche de mars 1818, par une douce et lumineuse matinée printanière, au grand étonnement de ses subalternes, Vidocq s’attelle, bien malgré lui, au classement d’une montagne de vieux dossiers entassés dans son bureau de la Petite Rue Sainte-Anne.
C’est là en effet que se trouvent les locaux salpêtrés et humides qui furent mis à sa disposition dès 1812. Et c’est dans ce passage étroit et mal éclairé, dans cette ruelle qui ne mène quasiment nulle part, au premier étage de cet immeuble fissuré des fondations jusqu’au toit, que Vidocq dirige avec brio la brigade de sûreté.
Le brouillard s’est enfin dissipé et, d’une des fenêtres de son bureau personnel, le policier aperçoit distinctement le clocher, tout proche, de la Sainte-Chapelle. Elle paraît tout engoncée au milieu des bâtiments qui, au fil des siècles, sont venus l’enserrer jusqu’à l’oppresser. Ce chef-d’œuvre de l’art gothique, avec ses quinze baies ouvragées et sa rosace géante qui inondent de lumière et de couleurs cet écrin voué à Dieu, fut édifié entre 1242 et 1248 par Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, pour y abriter la Couronne d’épines du Christ ainsi qu’un fragment de la Vraie Croix. Sa flèche, élancée vers le ciel, jette un œil bienveillant sur les braves de la Sûreté.
Cependant, les cloportes de la rue Sainte-Anne triment, eux, quotidiennement, sous le regard malveillant et suspicieux de « la haute », pour le bien de la société parisienne. Rien ne leur est pardonné. Ils ont beau multiplier les arrestations, déjouer des complots politiques, surveiller d’éventuels opposants au pouvoir, jamais le succès ne rejaillit sur la brigade, et seule la préfecture, rue de Jérusalem, en tire les bénéfices et les lauriers.
Vidocq a repoussé cette échéance de nombreuses fois depuis plusieurs mois déjà, mais le Grand Condé, entendez le préfet de police, a donné des ordres afin que lesdits dossiers se trouvent dans son bureau le lundi matin suivant. C’est donc placé au pied du mur qu’il se résout enfin à s’acquitter de cette tâche qu’il trouve à la fois trop ingrate au vu de ses états de service, et rebutante tant la corvée s’annonce fastidieuse. Malheureusement pour lui, il demeure à ce jour le seul et unique membre de sa brigade de sûreté, excepté Coco Lacour absent, et c’est bien fâcheux, pour plusieurs jours, à savoir lire et écrire correctement. Impossible donc de déléguer. Les trois fenêtres ouvertes de son bureau laissent pénétrer l’air frais du matin. Des moineaux, perchés sur le faîtage des toits environnants, chantent ; sans doute pour fêter le retour du printemps. Le soleil, encore pâle et rasant à cette heure, peu à peu réchauffe l’atmosphère et le cœur des hommes. Un besoin furieux de chaleur et de douceur de vivre se fait ressentir parmi les agents de la Sûreté tant l’hiver rigoureux qui vient de s’écouler fut long, semé d’embûches et épuisant pour les organismes. Pas un jour de répit ne leur a été octroyé depuis sept bons mois. La brigade de sûreté, financée par les fonds secrets de la police, composée de seulement douze éléments, dont Vidocq, combat sans relâche, nuit et jour, depuis plusieurs années, sur tous les fronts ; espionnage, complots, meurtres, cambriolages, viols, attaques de malle-poste et autres petits délits mineurs qui empoisonnent continuellement les rues commerçantes de la capitale.
Au dehors, dans la ruelle, des moutards courent, sabots aux pieds, sur les pavés, en produisant un martèlement singulier, particulièrement sonore, qui résonne jusque dans les étages des immeubles sombres accolés les uns aux autres. Ces marmots se disputent bruyamment, tels des chiffonniers en manque de marchandises, la dépouille d’un vieux journal froissé, négligemment jeté à terre par un lecteur rassasié ou contrarié par les mauvaises nouvelles. La saleté de leurs fripes miteuses, sous la luminosité printanière, paraît, ce matin, moins repoussante qu’à l’accoutumée. Les rayons du soleil atténuent la grisaille de leurs loques sans âge qui, du coup, ne contrastent plus avec la blancheur de leurs peaux d’enfants sous-alimentés. Vidocq s’approche de la fenêtre et les regarde un instant tout en se remémorant son enfance, à Arras, bien des années auparavant. Il se revoit, courant comme un cabri dans les rues de la ville du Nord, sous les arcades de la Grand’Place, en compagnie de ses camarades de jeu. À cette époque, il se démarquait déjà des autres par sa morphologie impressionnante. À dix ans il en paraissait quatorze. On le surnommait dans son quartier « le vautrin » : le sanglier. C’est peu dire. Nul ne résistait à sa force et gare à ceux qui osaient le provoquer ! Il pochait les yeux, cassait les dents et déchirait les habits des gosses, téméraires, qui se hasardaient à le défier.
Puis il revient subitement au présent. Il enrage d’être ainsi contraint de passer la journée enfermé dans cette pièce. Il se sent comme un enfant puni parce qu’il a fait une grosse bêtise. Il n’a pas bâti sa solide réputation dans le milieu de la police en rangeant et en classant de la paperasse, songe-t-il. Mais il faut bien se rendre à la raison. Le ménage s’impose dans ce bureau aux allures de salle encombrée d’un archiviste œuvrant pour un avoué de la place des Vosges. Ce n’est plus vivable. Depuis bientôt sept ans que la brigade de sûreté existe, jamais un dossier n’a, jusqu’alors, été archivé. La poussière accumulée sur les classeurs se disperse en une myriade de particules scintillantes sous l’effet des rayons du soleil. Le policier, mal rasé, les cheveux en bataille, en manches de chemise, son gilet vert déboutonné et sa cravate dénouée, transpire à grosses gouttes en déplaçant des amoncellements de papiers. Il jette çà et là un œil sur des notes, prises par lui, lors de vieilles affaires non résolues ces dernières années. Ces notes n’ont rien à faire dans les archives , pense-t-il. Il tente de toutes les rassembler en un seul et même paquet et entreprend de les ranger dans une chemise cartonnée bleue. Sur une feuille griffonnée, il peut lire la date du 5 août 1817, rue de Saint-Fargues.
« Les corps des victimes, toutes regroupées dans le grand salon du rez-de-chaussée, gisent à même le sol dans une mare de sang coagulé. Les hommes ont les corps mutilés, la plupart ont les doigts coupés. Chez l’un d’eux, le nez a disparu et laisse apparaître la pointe de l’os crânien. Les trois femmes, dont une fillette qui n’a sans doute pas atteint les douze ans, ont été violées avec rage et sauvagerie avant d’être, à leur tour, assassinées à coups de couteau. Les meubles sont tous éventrés, les parquets arrachés. »
Une autre note est datée du 11 septembre 1817, rue du Faubourg du Temple, numéro 24.
« La maîtresse de maison est retrouvée par l’agent Aubé attachée sur le corps d’une malle en bois. La robe, retroussée sur le dos de la victime, ne laisse aucun doute sur les viols multiples qu’elle a endurés. Détail important : elle a été décapitée. Est-ce avant ou après les viols ? Les portes des armoires sont arrachées. Un coffre-fort dont la porte est grande ouverte laisse apparaître le vide total. Qu’y a-t-on dérobé ? »
Des notes comme celles-ci, il y en a des dizaines. Le chef de la Sûreté les classe dans l’ordre chronologique. Ces vols accompagnés de meurtres violents, précédés de viols pour les femmes et parfois les hommes, demeurent à ce jour non élucidés et sont devenus sa principale préoccupation. Il ne s’accordera aucun répit tant que les coupables ne seront pas derrière les barreaux.
Soudain, trois coups sont frappés à sa porte .

— Entrez ! hurle Vidocq, contrarié d’être ainsi dérangé.

Aubé, son fidèle adjoint, apparaît et avance en hésitant vers son supérieur qui lui tourne aussitôt le dos en signe de désapprobation. L’agent voit bien, à la mine renfrognée du maître des lieux – il connaît son patron sur le bout des doigts – qu’il se trouve de mauvaise humeur. Cela fait plus de deux heures qu’il s’affaire, enfermé dans son bureau, sans que personne n’ose le déranger. Mieux vaut éviter ses foudres. S’obliger à travailler si tôt un dimanche matin n’est pas dans ses habitudes et ne le place pas dans les meilleures dispositions. Mais il faut bien l’interrompre car la nouvelle qu’il doit lui annoncer n’est pas bonne.

— Patron, rue d’Argenteuil, on a retrouvé une fille escoffiée.
— Une fille ? demande Vidocq.
— Une fille publique, pardi ! fait Aubé.
— Comment ?
— Égorgée !
— Son nom ?
— La Baronne !
— Ah ! conclut Vidocq.

Le chef de la Sûreté connaît quasiment toutes les filles de joie qui opèrent dans le quartier. Il éprouve même parfois de la tendresse à l’égard de certaines. La Baronne officiait sur le pavé de la capitale depuis quelques années déjà. Elle descendait, racontait-elle à qui voulait bien l’entendre, d’une famille noble qui s’était dispersée, pour ne pas dire disloquée, à la Révolution. Confiée à une tenancière de bordel à douze ans, elle avait appris, au milieu des filles qui l’avaient prise en affection, sa future profession de prostituée. Elle rancardait parfois le patron de la rue Sainte-Anne sur des mauvais coups qui se préparaient et dont elle avait eu vent. Pauvre gamine , pense-t-il. Encore une fille perdue qui a laissé échapper ses illusions dans les caniveaux de Paris. De ses origines supposées était né son surnom de Baronne. Mais toutes les prostituées de la capitale n’obtiennent pas les bonnes grâces du chef de la brigade de sûreté. Certaines d’entre elles, vol

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