Le Temps d une cigarette
150 pages
Français

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Description

« Dehors ? J'y suis dehors. Il n'y a plus de plaisirs, l'innocence a disparu, tout est envolé. On ne croit plus en rien. À quoi bon croire ? La belle est partie et le vent du nord accompagne ses pas. Tu restes là, et saigne le rejet. En soi, il n'y a pas eu de rejet puisque tu as fui. Maintenant, tu pleures ta fuite ; en pleine dérive, tu te raccroches au passé et espères de minute en minute un peu moins, et tu interprètes des signes pour raviver l'espoir. Mais il n'y a plus d'espoir. Tout a mauvais goût, elle n'est pas là, alors tu penses et réfléchis, tout se mélange et tout se mélange. Alors tu ne penses plus et ne réfléchis plus, tu finis par recroire et réattendre, incapable de bouger. Et tu as mal... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342010107
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Temps d'une cigarette
Damien Scolari
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Temps d'une cigarette
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Il y a un monde, il y a quelque chose, il y a une force, il y a la fatalité. Nous sommes soumis, nous sommes déterminés. Vous pensez-vous si libres ? Ne perdrez-vous pas du temps ? Êtes-vous si fort ? Ceci est une étrangeté, une expérience. La vie n’est qu’une longue journée. La vie ne dure qu’un temps : le temps d’une cigarette. Peut-être deux et tout est cendre, tout n’est que cendre. Et Duras écrivait qu’on pouvait passer notre vie à parler de la vie.
Dans cette bizarrerie, le personnage n’est qu’une particule instable. Voilà un esprit humain qui baigne dans le vide, dans un monde sans trame, dans une journée.
Il n’y a pas d’appui, il n’y a pas de repère. Il n’y a que le chaos. Il n’y a pas de raison. Il n’y a pas d’orientation. Il n’y a que l’absurdité. Être sans être là en espérant que ce n’est pas ça. Puis dans cette peur, il se dit heureusement, protégé dans la peur par sa peur.
Comment mieux dénoncer l’absurdité que par une œuvre absurde ? La vie est absurde parce que l’homme est absurde. Tout est absurde. L’absurde c’est psychologique. Cette œuvre est psychologique.
Le personnage m’a demandé de le libérer. Il m’a demandé d’être libre mais il faut comprendre que comme tout homme, il a peur de la liberté. Il a peur de perdre sa stabilité, n’est-ce pas dans le chaos, la stabilité ? En fait, c’est ça, le personnage est prisonnier du chaos de la vie. Il regarde devant, il regarde derrière, il regarde derrière plus que devant, et il veut être comme ce qu’il y a derrière puis devant. Inerte. Et être prisonnier du chaos en vrai, c’est être prisonnier du néant, c’est être prisonnier de rien et c’est ce qu’il y a de plus dangereux.
Ce personnage est seul. Il est plongé dans le solipsisme. Il a la même croyance que son auteur. Philosophiquement, il se rapproche de son auteur. Mais le personnage est un peu plus proche du monde ; du moins, il veut être dans le monde. Il pense que c’est possible, encore possible. C’est même lui qui m’a demandé pour vous de commenter cette œuvre. Il me l’a demandé avant la fin. À la fin, il ne peut plus demander « grand-chose ». Il me l’a demandé parce que vous allez rentrer en lui et comme c’est assez intime comme position, il craignait votre réaction.
 
 
 
Un mot de l’auteur au lecteur
 
 
 
Avec ce personnage et avec cette œuvre ressort un paradoxe, il ressort une forme d’incompréhension ou de compréhension mal placée ou autre. Il ressort, à mon sens, quelque chose d’étrange comme dans toute étrangeté.
L’ambiance assez atypique me fait penser : comment avec tout, ne rien faire ; comment avec rien, faire tout. Un peu comme les pensées d’une journée quand le soir, on sait qu’on a pensé à tout et qu’il ne nous reste rien. Mais dans ce rien, il y avait « autrefois » et toujours parce qu’on est encore : le Tout. Une réflexion « poético-psycho-philo-humaniste ». En d’autres termes, le Tout et le Rien. Le paradoxe du monde. De la méditation, de la fuite, de l’illusion, une gifle et on a décrit ce livre.
Vous vous demandez peut-être pourquoi… Parce qu’il est vide, vide comme l’esprit humain. Vide comme la grandeur du néant. C’est la seule réponse que je peux vous donner. Le livre est vide, le vide est noir, donc le livre est noir.
Créer sa vie, imaginez sa vie, se projeter. Toujours à deux, cette personne à nos côtés. Puis, un événement. Un quelque chose qui fait que. On se retrouve seul. On est seul. On est perdu. On est vide. On est dans l’obscurité d’un noir profond et notre cigarette est éteinte, terminée. Ce n’est plus qu’un simple mégot. Un mégot à jeter.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
I
 
 
 
Y avait la reine,
Y avait le fou,
Et la reine a fini
Par manger le fou.
 
 
Je quitte le chalet. Il fait encore sombre et humide. La nuit a été longue ou courte tout dépend du point de vue duquel on se place ; l’ayant vécue, je dirais plus qu’elle a été longue puisqu’elle n’est pas finie.
Nous voici dans le trou et si tu lis ces mots, tu comprendras les méfaits que peut faire l’illusion d’un amour et d’une femme sur le cœur humain. Certains pensent à la gangrène, d’autres à un maelström. De mon côté et très simplement ma pensée, qui se construit à partir des poussières du temps, me chuchote doucement à l’oreille qu’elle aime à croire que l’Homme ne vit que pour aimer et être aimé. C’est au travers d’un amour que son existence prend son sens profond et magique. Dans les envoûtements d’un jour, l’essence même de ses sens est accrue, les battements de son pouls bien plus développés, l’amour n’est pas seulement qu’un sentiment et bien au-delà, il peut pousser nos sentiments dans leurs extrêmes. Il ne faut point s’en tenir aux plaisirs éprouvés à la pensée de l’être aimé, de l’être chéri, mais à tout ce qu’englobe l’amour, de l’absurde au rationnel, du chagrin au bonheur, de la vertu à l’immoral, de la passion à l’enfermement. L’amour repousse l’homme dans les bas-fonds de son âme et corrompt ses actes. Et vous comprendrez lecteur, aimant ou aimé, solitaire ayant aimé autrefois amant maintenant trompé, les supplices d’un amour unique, que les flammes issues du brasier aux cœurs de nos bronches brûlent en vain ou pour un pathétique mirage, un rêve tant espéré… tant espéré que l’on y croit. Et malgré l’attente et la déception dans le perpétuel néant de chagrins, dans l’exécution jour après jour de nos cœurs, la fleur colorée, cette fleur ténébreuse d’un hiver, grandit dans une neige triste et givrée, cette neige des jours froids toute de glace vêtue qui ne manque point de laisser sa brûlure sur notre chair innocente. Et notre imagination nourrit notre âme d’illusion pour trouver la chaleur d’un volcan d’émotions. Quelle est belle l’inspiration pleine de résignation des romantiques qui, dans la souffrance, trouvent le magnifique ! L’art suit l’artiste, le persécute. Mon âme se préoccupe de l’avenir de son cœur qui, plein de frayeur, fuit au refuge des minuits, aux sons de l’église dans les étoiles aux cimes de ses pensées.
« Mirage, ô mirage, où m’as-tu emmené ? Quel est ce royaume où la lune me mutile ? » Je m’effondre. Chaque heure est un drame fatal. Quelle splendide tragédie peut être l’amour sans union. Ne subsiste qu’une raison. Une raison sans raison. Mais le cœur a ses raisons, n’ai-je pas raison ?
D’innombrables humeurs, bruissements font tressaillir l’esprit, inondé par le doute, je m’en doute pour elle aussi.
Et à la vue du ciel dans un désir véritable, je m’exalte jusqu’à l’oubli et même la pierre m’inspire mélancolie. Et je pars… cette phrase… les plaines et leurs verdures, et en chaque homme se cache cet amour rattaché à cette sensation de grande liberté, la nature comprend. La nature apaise, à l’humeur de son parfum point morose. Chaque fleur est un parfum inconnu, ô feux inconnus. La fleur est si douce. Lors de lentes déprimes dans l’agonie de déchirures, je m’abaisse et inspire d’une seule inspiration l’odeur que diffuse cette plante piquante.
« Ô fleur de mes rêves, j’ai envie de vous, de vous mordre, de vous croquer, j’avalerai après une longue dégustation chaque miette légère qui provient de chez vous.
Ô fleur de mes rêves, vous êtes ce dîner que l’on voudrait éternel, ce dernier des repas. Je vous veux près de moi. »
On peut se sentir si seul et sans explication dans ce monde où l’ego est tout ce qu’il reste. Les trottoirs sont couverts d’individus mais perdurent dans l’hiver. L’être se définit par ce qu’il possède dans la misère d’un spectre à la recherche d’un amour humain, d’une chaleur humaine. Que c’est beau l’amour quand on le rêve se laissant bercé par notre fiction, le temps d’une évasion. On en perd solitude et seul, on est deux. Qu’ils sont beaux, tes yeux ! Je crie, je hurle et m’étouffe. « Je te veux ! Je te veux ! » Ça résonne en mon esprit et au cas où vous ne l’auriez pas compris, en ce livre :
 
La souffrance est d’amour,
L’amour est sur la croix,
Et le crucifix face au jour
Consume son bois.
Et à chacun son émoi,
Mais le païen n’a pour graal
Qu’un gris de ferrure.
 
Enseveli dans l’étreinte
De caresses sentimentales,
Le malade d’amour, le pratiquant,
Fleurit cierges et clous à l’atteinte
D’un feu de cassures – mais,
 
Faut-il sacrifier pour autant
Le jour et la nuit,
La fleur et son champ
Aux couleurs de la vie
Et la joie de l’avant
Qui face au mur, blesse
Sans sagesse, nos laides blessures.
 
 
 
II
 
 
 
Et j’avance dans mes pensées, longeant un petit bois de chênes, il est tôt, très tôt. Et seulement, seulement nous dicte la symphonie, et voilà où nous gisons. La conduite est libre et la course folle. Il n’y a point d’échappatoire, muet dans l’aspiration d’une marche funèbre, il y a peut-être cette lumière, l’espoir me l’offrirait-il ? En ce jour froid, le génie s’évade. Retour au feu de bois dans l’été de plaines ténébreuses dans une tristesse romancée, l’illusion disparaît. Le temps se clôt sans cœur. Et je m’imagine : je la tire par la main, je la tire par les bras, je la veux près de moi. Et je fleurirai sa tombe de ces chrysanthèmes qui disent des « je t’aime » et qui ne pleurent pas. Qu’elle me garde pour que sans bruit, j’effleure sa robe dans les petits soirs tout en silence. Je me balance au creux de ses hanches. Il y fait si soleil que je lui dis quelques mots et elle me répond quelques parole

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