Le supplice des Danaïdes
55 pages
Français

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Le supplice des Danaïdes , livre ebook

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Description

Mister NOBODY, le gentleman cambrioleur, rentre chez lui, de nuit, dans sa voiture pilotée par son fidèle valet, Jonas Cobb alias Froggy.


Le fog londonien rend la conduite à ce point périlleuse que le véhicule ne tarde pas à s’encastrer dans un réverbère.


Obligés de se déplacer à pied, les deux comparses, en traversant un pont, empêchent une jeune femme de se jeter à l’eau pour en finir avec la vie.


Dans un bistrot voisin dans lequel le trio se réchauffe, la demoiselle leur explique comment son patron, après l’avoir charmée, s’en est débarrassé en portant plainte contre elle pour vol.


Mister NOBODY, ne supportant pas l’injustice, décide de venger sa petite protégée...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070038123
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SUPPLICE DES DANAÏDES

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
UNE CANDIDATE AU SUICIDE
 
C'était fin janvier : sur Londres, une fois de plus, tombait la fameuse purée de pois, brume lourde et épaisse, semblable à une espèce d'ouate qui enveloppe soudainement toutes les rues de la capitale, rendant difficile, sinon impossible, la visibilité à quelques mètres.
Devant la bâtisse fort élégante du « Carlton », qui abritait un des plus fameux et selects clubs londoniens, stationnait une superbe voiture, de marque américaine, dont le chauffeur en livrée somnolait tout doucement au volant. De l'hôtel ainsi que de la limousine, on ne pouvait, et encore, distinguer que de vagues contours, flous, presque irréels dans le brouillard intense. Aussi, le jeune homme, habillé d'un frac, une cape sur les épaules, un chapeau haut de forme sur la tête, eut-il quelque peine à s'assurer que l'automobile dont il approchait était bien la sienne.
Arrivé tout près de la voiture, il constata qu'il ne se trompait point ; alors, il ouvrit la portière, secoua, avec une certaine rudesse, le chauffeur qui ne tarda pas à s'éveiller.
— Ah ! c'est vous, Monsieur, balbutia Jonas Cobb, excusez-moi, je...
— En route, mon vieux.
— Quelle heure est-il ?
— Peu importe, je dis : en route !
Jonas mit le moteur en marche et démarra.
— Avez-vous gagné, au moins, Monsieur ?
— Hélas ! mon bon Froggy, j'ai perdu...
— Combien ?
— Dans les deux mille livres, si mes comptes sont exacts.
— Diable ! et nous qui avons si besoin d'argent...
— C'est toujours comme ça, quand la déveine s'en mêle...
— Qu'allons-nous devenir, maintenant ?
— Bah ! je me rattraperai une autre fois, la fortune est changeante.
— Je ne dis pas, mais, entretemps, nous voilà, pour ainsi dire, sur la paille.
— Je vous en supplie, grogna le jeune homme, ne me cassez pas les oreilles avec vos éternelles jérémiades, je ne suis pas de très bonne humeur, inutile de me mettre davantage en colère.
Cobb ne souffla plus mot. D'ailleurs toute son attention se concentrait sur la conduite de la puissante auto, tâche qui ne s'avérait point aisée, avec le fog humide, laissant à peine entrevoir les lumières des réverbères et la signalisation.
— Doucement, lui conseilla son maître, je ne tiens pas à finir cette mauvaise soirée en me brisant le cou pardessus le marché, vous comprenez.
— Aucun danger avec moi...
— Ne vous vantez pas trop vite...
À peine l'aventurier venait-il de prononcer ces quelques mots qu'un violent coup de frein le projeta, la tête la première, contre la glace qui le séparait de son ami. La limousine fit une embardée, monta sur le trottoir et donna en plein dans un candélabre, lequel, sous le choc, se cassa en deux, telle une allumette, la partie supérieure venant s'écraser sur le toit du véhicule. Un « boum ! » de tous les diables retentit, les vitres volèrent en éclats et la voiture s'immobilisa.
— Ça y est, pesta Mister Nobody, portant la main à son front qui se gonflait d'une superbe bosse tandis que son chapeau était aplati comme une galette, j'aurais dû me douter qu'avec un imbécile comme vous, cela arriverait fatalement. Vous ne pouviez pas faire attention ?
— Y a-t-il de ma faute, Monsieur ? On ne voit rien et...
— Nom de nom ! hurla l'autre. Je vous avais pourtant enjoint d'aller doucement. Nous voilà propres, maintenant ! Et la voiture que je n'ai même pas encore terminé de payer. Ah ! c'est du beau !
— Le dommage ne semble pas si important, riposta Jonas, piqué au vif ; quand on peut se permettre de perdre deux mille livres dans une soirée, il paraît possible de débourser les quelques centaines de livres que coûtera la réparation.
— Je ne vous demande pas votre avis, old chap, il s'agit moins du dommage, d'ailleurs, que des désagréments que nous causera, peut-être, cet accident stupide. Songez que, si un bobby surgit tout d'un coup et nous pose un tas de questions embarrassantes, nous ne serons guère à l'aise. Je ne tiens pas, et vous le savez, à ce que la police fourre son nez dans cette affaire,
— Moi non plus, Monsieur.
— Dans ce cas, courez chercher du secours, car je présume que nous devrons continuer notre chemin à pied. Il doit bien y avoir un garage dans ces parages ; tâchez de trouver quelqu'un qui se charge de remorquer l'auto en attendant qu'elle soit réparée.
—  All right, Monsieur, j'y vais.
Cobb eut quelque difficulté à sortir du véhicule. Il y parvint quand même et, une fois dans la rue, disparut comme si la terre l'avait englouti.
Le jeune homme alluma une cigarette, ne cessant de maudire sa mauvaise fortune. Décidément, la journée, ou plutôt la soirée, se signalait par une déveine noire. D'abord la perte de deux mille livres, ensuite cet accident. Jamais deux sans trois, prétendent les gens superstitieux, quelle guigne l'attendait encore ?
Un certain temps s'écoula avant que Jonas ne revînt, escorté d'un bonhomme vêtu d'une combinaison de mécanicien. Celui-ci, avec la mine d'un qui s'y connaît, examina, autant qu'il était possible de le faire par un brouillard pareil, la limousine, hocha sa tête moustachue à plusieurs reprises, puis ayant tourné autour deux ou trois fois, tâtant ici, frappant là, se déclara prêt à entreprendre le nécessaire.
On tomba vite d'accord, le garagiste indiqua son adresse, promit d'effectuer rapidement la réparation et Mister Nobody et Jonas Cobb prirent congé de lui afin de rentrer chez eux.
— Damnation ! quelle ennuyeuse aventure, maugréa l'aventurier ; avouez, Froggy, que si nous sommes obligés de pratiquer du footing à cette heure indue et par ce temps de chien, c'est bien grâce à vous. Que le diable vous emporte ; je me demande quand nous atteindrons notre home.
L'autre jugea plus prudent de ne point répondre, afin de ne pas exciter davantage la colère du jeune homme.
...

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