Le soleil noir. Gagnant Prix VSD 2015
140 pages
Français

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Le soleil noir. Gagnant Prix VSD 2015 , livre ebook

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140 pages
Français

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Description

Armèle Malavallon Le soleil noir Policier Gagnant Prix du Polar Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2015 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-03941 À Palamède. Prologue L’ombre des flammes danse sur les murs. Les longues arabesques s’agitent et ondulent tandis que la chair brûle dans la nuit et qu’une musique entêtante emplit la pièce de ses notes obscènes. Le visage déformé par la chaleur fond lentement. Les lèvres s’étirent en un sourire dément avant de disparaître. Les paupières noircies se rétractent, faisant ressortir les globes oculaires qui éclatent en émettant un bruit sourd. La peau des joues se dilate, plisse et dégouline sur les épaules en grésillant. Le masque de chair tombe, laissant place à la tête du mort, crâne sinistre grillant dans les flammes. Les vêtements se consument en soufflant une épaisse fumée noire qui se répand dans la pièce, enveloppant toute chose. Les particules carbonisées, longs filaments noircis ou poussières grasses, s’envolent et s’accrochent aux cadres des tableaux, à l’étoffe des rideaux. La température avoisine celle de l’enfer. L’air brûlant n’admet plus aucune forme de vie triomphante. Après un long travail de sape, le feu vient à bout des défenses hydriques de l’abdomen.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 mars 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782819503941
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Armèle Malavallon
Le soleil noir
Policier
Gagnant Prix

du Polar
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex
www.editions-prisma.com
Copyright © 2015 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média
Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-03941
À Palamède.
Prologue

L’ombre des flammes danse sur les murs.
Les longues arabesques s’agitent et ondulent tandis que la chair brûle dans la nuit et qu’une musique entêtante emplit la pièce de ses notes obscènes.
Le visage déformé par la chaleur fond lentement.
Les lèvres s’étirent en un sourire dément avant de disparaître. Les paupières noircies se rétractent, faisant ressortir les globes oculaires qui éclatent en émettant un bruit sourd. La peau des joues se dilate, plisse et dégouline sur les épaules en grésillant. Le masque de chair tombe, laissant place à la tête du mort, crâne sinistre grillant dans les flammes.
Les vêtements se consument en soufflant une épaisse fumée noire qui se répand dans la pièce, enveloppant toute chose. Les particules carbonisées, longs filaments noircis ou poussières grasses, s’envolent et s’accrochent aux cadres des tableaux, à l’étoffe des rideaux.
La température avoisine celle de l’enfer. L’air brûlant n’admet plus aucune forme de vie triomphante.
Après un long travail de sape, le feu vient à bout des défenses hydriques de l’abdomen. La graisse crépite et se liquéfie tandis que les gaz explosent en libérant des flammèches incendiaires.
Les langues de feu, jaune mêlé de bleu, s’immiscent dans les prunelles aux pupilles dilatées, immenses puits sans fond de douleur et de haine.
 
Le bourreau paye pour ses fautes.
Il brûle en enfer et expie ses péchés.
Il purifie son âme à la flamme divine et abjure tous ses crimes.
 
Le crachat projeté avec violence atterrit sur le crâne noirci dont les sutures vacillent.
 
Ta carcasse mortelle vaut moins que celle d’un porc.
Égoïste et lâche, tu ne mérites pas même la mort qui t’est donnée.
Ton immonde vanité a causé la perte de l’innocence.
A bafoué la beauté et la vie.
A enseveli l’espoir sous un torrent de boue.
Brûle, charogne !
Que les démons t’emportent et fassent de ton éternité un calvaire sans fin.
 
Le crépitement des flammes redouble. La pièce n’est plus qu’une fournaise insupportable.
Au milieu des reflets qui s’élancent à l’assaut des murs sombres, une silhouette se dessine et laisse échapper un long cri hystérique.
Chapitre 1

Les morts ont parfois meilleure mine que les vivants.
Certains restent figés dans la beauté de leur jeunesse lorsque le temps, pris de court, n’a pas eu le loisir de faire son œuvre. Un sourire éternel plaqué sur leurs lèvres tendres, les yeux pétillants de bonheur, ils semblent se moquer de ceux qui les regardent, noyés dans la douleur et les larmes.
La photo est belle.
Prise dans la lumière blanche de l’aube.
L’homme est jeune, souriant. Heureux. Le teint hâlé, de beaux yeux clairs et les cheveux blonds en bataille, il pose aux commandes de son planeur. Le cockpit de l’avion se dessine sur le bleu éthéré du ciel. L’homme adresse au photographe un regard complice qu’il accompagne d’un geste de la main, le pouce levé vers le ciel.
La photo a vieilli, les couleurs se sont délavées.
Protégée des éléments par une plaque de plastique fixée dans la roche, elle trône au milieu d’un autel improvisé dans la petite chapelle du pic Saint-Loup.
Le modeste bâtiment de pierre est devenu un lieu de recueillement et de pèlerinage pour les promeneurs ou les touristes ayant bravé les sentiers escarpés.
Au sommet du pic de l’arrière-pays montpelliérain, la chapelle Saint-Joseph se dresse, simple et sans fioritures. Plus aucune porte ne la protège des assauts du vent. Elle accueille quiconque l’aperçoit au terme de sa longue marche à travers la montagne.
Les messages d’amour ou d’amitié gravés sur les murs, les prénoms et les dates marquant les jours d’ascensions mémorables, côtoient les hommages aux défunts.
Sur la droite, une plaque commémorative de l’Union des Parachutistes de l’Hérault est dédiée à la « mémoire des souffrances et du sacrifice des combattants de Diên Biên Phu ». En face, une longue croix de bois fixée à la paroi du fond porte la photo d’un disparu. Elle surplombe un vieil autel sur lequel vacillent les flammes de bougies fatiguées, noyées dans un océan de cire séchée. Sur les flots de cire, navigue un vieux cahier aux pages gondolées qui fixe pour un temps les témoignages et les prières des gens de passage.
Enfin, autour de la pièce sombre et fraîche, un rebord émerge des murs à hauteur de ceinture et fait office de réceptacle pour les offrandes déposées par les pèlerins : photos de chers disparus ou de malades recommandés à la grâce de Dieu, poèmes, petits mots timides et pliés en quatre ou démonstratifs et ouverts au regard des visiteurs, chapelets, images pieuses voisinant avec un béret ou une paire de chaussures de marche.
Hippolyte ferme les yeux.
Le beau regard bleu danse devant ses paupières closes.
Il a choisi l’endroit avec soin, un renfoncement dans la roche pour y poser ses dons au Seigneur. La niche est couverte de photos, nues ou protégées par des cadres en métal. Jeunes femmes souriantes, hommes d’âge mûr, grands-mères à chignon argenté ou adolescents au regard frondeur se côtoient dans la mort, s’apprivoisent dans la dévotion de leurs proches.
Les fleurs séchées, les messages et divers objets de culte semblent avoir été déposés là pour lui. Hippolyte a fixé la photo au milieu, à la meilleure place. Par ce choix, il se fait le cadeau de l’illusion que les offrandes lui sont toutes destinées, en hommage à sa beauté et à sa jeunesse à jamais figées sur le mur de la chapelle.
La lumière crue de la matinée d’été lui transperce le cristallin lorsqu’il sort de l’obscurité. Il plisse les paupières, réajuste ses lunettes de soleil et reste un instant immobile dans l’encadrement de la porte.
Il lève ensuite les yeux et les aperçoit, ondoyant au-dessus de sa tête, majestueux oiseaux mécaniques entraînant dans leur ronde blanche les spectateurs fascinés.
Il jette un dernier coup d’œil à la chapelle et entame la descente du pic, escorté par le murmure des planeurs qui glissent dans le ciel. Cruelle petite musique, requiem pour un ange.
D’une foulée sportive, il franchit les différents passages escarpés, soufflant à intervalles réguliers pour garder le rythme, lorsque son téléphone se met à vibrer dans sa poche.
Il prend l’appel en continuant sa descente.
— Commandant Peyot.
Durant quelques instants, il écoute son interlocuteur avant de s’immobiliser sur un passage où la roche émerge du sol en strates obliques, rendant la progression difficile.
Il reprend son souffle et contemple la vue qui s’offre à lui, embrassant les plages de La Grande-Motte et les collines de Sète.
Le regard figé sur la chaîne des Pyrénées, il finit par lancer :
— Donnez-moi l’adresse, je vous retrouve là-bas.
Chapitre 2

Il est presque midi lorsque le commandant Hippolyte Peyot gare sa moto devant la maison de la rue Saint-Cléophas, en face de l’ancien stade de rugby de Montpellier.
Après avoir terminé sa descente du pic Saint-Loup au pas de course, il est passé chez lui pour prendre une douche et se changer. Débouler sur une scène de crime en short et dégoulinant de sueur ne serait pas du meilleur effet, même si rien ne laissait prévoir que quiconque perturberait sa tranquillité en ce dimanche de juillet.
Le fourgon de l’Institut médico-légal ainsi que plusieurs voitures de police sont déjà sur place.
Hippolyte retire son casque et jette un regard circulaire autour de lui.
La rue est calme, déserte, exception faite du ballet des policiers qui s’agitent devant la maison. Cette dernière a une vue imprenable sur le stade Sabathé, ce qui signifie aucun vis-à-vis, aucun témoin potentiel de ce côté-là de la rue. De l’autre côté, se succèdent de modestes maisons de ville ainsi qu’une petite résidence de trois étages.
Le policier fait quelques pas pour tenter d’apercevoir d’éventuels curieux postés à leur fenêtre ou planqués derrière les grilles de leur jardin, mais il ne voit personne.
Juillet. Les vacances. Même dans le sud de la France, les gens désertent la ville lorsque l’été arrive et se ruent sur les plages de la région qu’ils doivent partager malgré eux avec des hordes de touristes. Certaines personnes âgées, trop fatiguées pour sortir ou trop seules pour avoir quelqu’un pour les emmener, échappent à cette migration dominicale. Elles ne font pas pour autant les meilleurs témoins.
Le commandant revient sur ses pas, contourne les véhicules qui lui barrent le passage, échange un bref salut avec les policiers devant la maison puis franchit le portail de fer blanc. Il pénètre dans une cour minuscule. Le sol est couvert de gravillons rouge brique et d’une multitude de pots de fleurs d’où s’échappent des cactées en tout genre. Jardinet étriqué, petit paradis des plantes grasses se suffisant à elles-mêmes et n’infligeant pas de pénible corvée d’arrosage à leur propriétaire.
Peyot avance vers le perron de la maison aux murs recouverts d’un crépi qui avait dû être ocre autrefois et croise un jeune officier à la mine défaite. Celui-ci redresse la tête devant son supérieur et le salue en s’efforçant de faire bonne figure.
— Mon commandant.
Peyot répond sans lui accorder un regard.
— Salut, Espérou. Ça se passe où ?
— Dans le salon. Tout de suite à droite en entrant.
Il ne peut s’empêcher d’ajouter, regrettant presque aussitôt ses paroles :
— Vous allez voir, commandant, c’est hallucinant !
Peyot s’immobilise et tourne à peine la tête dans sa direction.
— Hallucinant ? Rien que ça ? Allez donc faire un tour, histoire de vous rafraîchir les idées et de vous faire passer l’envie d’avoir des hallucinations.
Le jeune Espérou bredouille, paniqué à l’idée d’avoir agacé son patron, lequel a déjà tourné les talo

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