Le Roman d un policier
250 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
250 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Monsieur mon biographe, Comme vous me le demandez, je vais raconter quelques-unes des enquêtes qui ont marqué ma carrière. Je sais que pour chacune d'elles, vous allez penser que j'aurais pu avancer plus vite : votre esprit va s'en agacer ! Avant que vous me reprochiez ce que vous pourriez considérer comme de la lenteur, sachez qu'il faut se garder des conclusions hâtives, des évidences ! Qu'il ne faut pas aller trop vite en besogne : la voie de l'erreur est confortable, celle de la vérité est bien plus malaisée ! Enfin, rappelez-vous toujours que, dans notre métier, une conclusion n'est pas assise sur une présomption, aussi évidente soit-elle, mais sur des preuves irréfutables qu'il nous appartient de dénicher, rassembler, corroborer puis faire reconnaître. En imaginant cet entretien entre un commissaire à la retraite et celui qui se veut son biographe, cette fois, ce n'est pas un seul roman policier que Philippe Jussiaux propose, mais plusieurs qui se succèdent tout au long des pages en interpellant toujours la perspicacité du lecteur qu'il met à rude épreuve. Des enquêtes réalistes et une pointe d'humour qui raviront les amateurs du genre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2016
Nombre de lectures 5
EAN13 9782342049466
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Roman d'un policier
Philippe Jussiaux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Roman d'un policier
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Depuis plus de deux ans que j’étais à la retraite, nous habitions ce pavillon au milieu d’un terrain que nous avions aménagé en un jardin à la fois potager et floral. Nous y menions une vie paisible après une vie professionnelle très remplie et le début de ma retraite où j’avais été aussi très occupé par tout ce que je n’avais pas pu faire pendant ma période de labeur salarié.
Ce « tout » pourtant arriva à épuisement et je commençais à voir le temps s’écouler sans que j’aie une grande stimulation : en un mot, je commençais à avoir un penchant pour l’oisiveté et pour sa compagne l’ennui.
Une fin de matinée, c’était un lundi, je m’en souviens, alors que sur une grille de mots croisés, je raisonnais, le téléphone résonna lui aussi.
Je ne bougeai pas puisque, sans doute (curieux cette expression « sans doute » pensai-je : on dit cela quand précisément, la certitude n’est pas là !) sans doute donc, c’était encore une copine de mon épouse Caroline qui avait juste deux mots (! ! !) à lui dire ! Ma tendre se leva et se précipita vers l’appareil comme s’il s’agissait d’une ouverture sur le monde extérieur qui lui faisait défaut : ma compagnie ne lui suffisait-elle pas ?
J’entendis :
— Allô.
— …
— Non, je suis son épouse. Je comprends qu’avec l’âge ma voix soit devenue plus grave et que la confusion soit possible !
— …
— Il n’est plus commissaire, mademoiselle, puisqu’il est à la retraite.
— …
— De la part de qui ?
— …
— Je vous le passe !
— …
— Milo, c’est pour toi : encore une femme qui te demande, me dit-elle en me tendant le combiné !
Je couvris le microphone pour me permettre de commenter cette réflexion peu gracieuse, puis répondis à l’appel. Une voix très « hôtesse » me dit :
— Je suis Héloïse, responsable éditoriale des éditions Duval. Vous êtes une figure connue de la police régionale : tout le monde ici connaît les affaires devenues célèbres que vous avez élucidées. Nous aimerions publier votre biographie.
Je restai un peu coi, puis intervins :
— Mademoiselle, votre demande m’honore, mais je suis à la retraite, je ne suis rien et le récit de ma vie ne saurait intéresser quelqu’un ! Choisissez plutôt un grand « flic » parisien qui s’est illustré dans quelques grandes affaires à retentissement médiatique national. Je vous remercie de vos compliments. Vous comprenez, je suppose, que je ne peux pas vous donner une réponse positive et donc me lancer dans cette aventure qui revêt une grande importance sans un temps de réflexion ! Rappelez-moi demain.
— C’est bien noté, je vous remercie.
À Caroline qui m’interrogeait sur cet appel téléphonique, je répondis :
— Un truc drôle : je te raconterai plus tard quand on sera au calme. J’irai même jusqu’à te demander ton avis… Comme toujours… comme le bon mari que je suis !
 
Le soir, je m’endormis en pensant à cette proposition et, au petit matin, je me réveillai l’esprit en ébullition. Bien entendu, je ne voulus prendre aucune décision sans l’avis de Caroline. C’est donc au petit-déjeuner que j’abordai le sujet avec ma tendre épouse. Je lui résumai la proposition qui m’était faite et sollicitai son avis.
— Écoute, Milo, tu as eu une vie professionnelle foisonnante qui a rempli chaque minute de ta vie, au point même que j’avais une certaine tendance à ne plus exister pour toi, ce que je ne t’ai jamais dit. Les premiers mois de ta retraite ont été meublés par tout ce que tu n’avais pas eu le temps de faire, par ton souci de te faire pardonner la désaffection à mon égard que ton boulot t’avait imposée. Maintenant tu es un peu en manque d’intérêts. Voici une opportunité passionnante qui va t’apporter beaucoup de satisfactions. Tu vas revivre tous les moments forts de ta vie. Ce sera formidable !
— Merci, mais je ne veux pas recommencer à être sans cesse « absent ».
— Ce ne sera pas le cas. D’abord pas « sans cesse », puis, les choses se feront ici et nous continuerons à être côte à côte, donc vas-y. Saisis cette chance d’épanouissement !
— Merci de ta tendre affection pour moi. Puisque tu ne t’y opposes pas, je vais donner mon accord.
 
En fin de matinée, comme je lui avais demandé, la dénommée Héloïse me rappela.
— Bonjour, M. Chomillac. Je vous rappelle comme convenu. J’espère que vous avez arrêté votre décision, que nous allons travailler ensemble et sortir un livre bien réussi qui aura beaucoup de succès auprès de nos lecteurs.
— Héloïse, si vous me permettez de vous appeler ainsi, je…
— Naturellement puisque c’est mon nom !
— Je voulais vous donner, sous réserve de la mise au point de quelques détails, mon accord sur le principe.
— Parfait et merci au nom de notre Maison. Pourriez-vous recevoir M. Marc Duval demain à 10 heures ?
— Bien entendu, avec plaisir.
— Je vous remercie, c’est bien noté. Bonne fin de journée, M. Chomillac.
— À vous aussi, Héloïse.
 
Caroline qui rentrait du marché demanda des nouvelles de l’éditeur :
— Il vient demain à 10 heures. Je pense qu’il serait bien que tu sois là.
— Merci de m’associer à ce projet, mais, chéri, c’est ton affaire, ce sera beaucoup plus épanouissant pour toi si tu la gères seul.
— Oui, mais tu pourrais me conseiller et peut-être éviter que je me fourvoie.
— Milo, ce n’est pas vital. Si tu fais une erreur sur un point, on n’en mourra pas. Donc, pas grave. De plus, je préfère que tu te trompes sur un point, même avec des conséquences fâcheuses, plutôt que ce soit moi qui te fasse éviter une erreur, si tant est que je la détecte, car dans ce cas tu n’aurais jamais une satisfaction totale, or c’est cela que je souhaite pour toi.
Ses propos m’émurent profondément. Je lui manifestai ma reconnaissance par un élan de tendresse.
 
Le lendemain, ponctuel, M. Duval sonnait au portail à 10 heures très précises.
Après l’échange des salutations habituelles, nous entrâmes dans la salle de séjour, j’invitai mon hôte à s’asseoir et lui proposai une boisson. Il refusa très courtoisement.
— J’espère que nous nous reverrons souvent, M. Chomillac. Je ne boirai pas alors avec vous, je trinquerai.
Mon interlocuteur, Marc Duval était un homme grand, à l’allure sportive, dont le visage ouvert appelait la sympathie sans qu’il n’ait aucun effort à déployer.
— Je m’appelle Marc Duval, directeur général des éditions Duval (en un seul mot puisque : c’est le patronyme de mon père, le fondateur de notre Maison qui la préside toujours). Mon père est un passionné de littérature, tous genres confondus : pourvu que ce soit écrit (et bien) cela le passionne. En outre, c’est un lecteur boulimique. Il y a une vingtaine d’années, estimant qu’il ne disposait pas toujours de ce qu’il souhaitait, il décida de devenir éditeur. J’étais alors à la fin de ma prime adolescence et je pense que sa décision n’avait pas que les livres pour motivation mais aussi son désir de me laisser « quelque chose » ! Avant cela, il fit une étude de marché pour déterminer comment se positionner et réussir. Il constata que le marché était entre les mains de quelques éditeurs qui, établis depuis longtemps et à une période favorable, tenaient le haut du pavé et avaient de gros moyens. À côté d’eux, pléthore de petits qui tentaient de résister en cherchant à couvrir toute la France et en ayant une liste vertigineuse d’auteurs. Ne disposant pas des moyens suffisants, ils végétaient. Fort de ces considérations mon père décida avec sagesse de ne couvrir qu’une partie du territoire. « Si un jour j’ai une vente à Brest ou à Marseille, ce sera un accident, car je n’essaierai jamais d’y faire une clientèle, disait mon père. » Cette limitation territoriale, lui permit de réaliser un maillage serré de tous les points de vente avec lesquels il était en contact permanent, où il s’était fait des amis plutôt que des clients. Il décida aussi de limiter le nombre des auteurs qu’il éditerait. « Ainsi je pourrai m’en occuper avec profondeur et rigueur, ajoutait-il ». Le résultat en étant qu’il entretient des relations très fortes avec ses écrivains qu’il traite avec une scrupuleuse honnêteté. Il choisit aussi de n’éditer que ceux qui lui semblent le mériter, ne laissant à personne d’autre la moindre décision dans ce domaine, se fondant sur le goût très sûr qu’il a gagné par ses lectures incessantes. Il privilégie ainsi la qualité se refusant à avoir un catalogue épais et pouvant être long et triste comme un jour sans pain ! Enfin, il se refuse à prendre du tout-venant : il oriente ses choix vers des biographies de personnalités célèbres de la région qu’il a choisie estimant que sa population serait toujours partie prenante puisque le sujet était un « pays » auquel elle serait forcément liée d’une façon ou d’une autre. Pour être plus précis, le premier livre qu’a sorti mon père, ce fut la biographie du docteur Delaterre, natif de Saint Julien, à quelques kilomètres d’ici. À ce disciple d’Hippocrate, on doit des progrès dans le domaine de l’asepsie et l’éradication définitive de la protothrombose.
— La quoi, demandai-je ?
— La protothrombose.
— Jamais entendu parler !
— Voilà qui prouve le mérite du docteur Delaterre ! Mon père m’a dit que cette biographie, qui était donc sa première, fut un franc succès et l’encouragea à pou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents