Le roi des cranes
167 pages
Français

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Le roi des cranes , livre ebook

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Description

Laurent Guillaume Le roi des crânes Policier par l’auteur du polar Mako, Prix 2009 Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2010 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-81950-016-2 A mes parents. Préface d’Olivier MARCHAL On ne se débarrasse jamais de son métier de flic. Dix sept ans ont passé depuis que j’ai quitté la “grande maison” et les images sont toujours accrochées à mes nuits. Des images d’horreur, de sang et de larmes, de soldats perdus dans une spirale de violence à laquelle ils n’étaient pas préparés. Ces images, elles restent à vie. Elles vous accompagnent au sortir de nuits sans rêves, vous plantent face à un quotidien que vous affrontez avec le regard de celui qui sait. Qui sait que le monde véritable n’est peut être pas celui pour lequel on vous a éduqué. Qu’il y a un monde parallèle, celui des flics, pauvres clébards abandonnés, livrés à eux mêmes et obligés de survivre en marge de la raison et des beaux discours. Des flics qui boivent pour anesthésier leur mémoire souillée par le souvenir des cadavres et du chagrin de « ceux qui restent ». De toutes ces familles anéanties par une douleur qui ne les quittera plus jamais.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2010
Nombre de lectures 4
EAN13 9782819500162
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laurent Guillaume
Le roi des crânes
Policier
par l’auteur du polar Mako, Prix 2009




Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com
Copyright © 2010 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-81950-016-2

A mes parents.
Préface d’Olivier MARCHAL

On ne se débarrasse jamais de son métier de flic.
Dix sept ans ont passé depuis que j’ai quitté la
“grande maison” et les images sont toujours
accrochées à mes nuits.
Des images d’horreur, de sang et de larmes,
de soldats perdus dans une spirale de violence
à laquelle ils n’étaient pas préparés.

Ces images, elles restent à vie.
Elles vous accompagnent au sortir de nuits
sans rêves, vous plantent face à un quotidien
que vous affrontez avec le regard de celui qui sait.
Qui sait que le monde véritable n’est peut être
pas celui pour lequel on vous a éduqué.
Qu’il y a un monde parallèle, celui des flics,
pauvres clébards abandonnés, livrés à eux mêmes
et obligés de survivre en marge de la raison et
des beaux discours.

Des flics qui boivent pour anesthésier leur
mémoire souillée par le souvenir des cadavres
et du chagrin de « ceux qui restent ».
De toutes ces familles anéanties par une douleur
qui ne les quittera plus jamais.
Des larmes des collègues en train d’assister à
l’autopsie d’une petite fille violée et étranglée.
Des cris déchirants des mamans auxquelles on
est obligés d’annoncer la terrible nouvelle en
fixant le bout de nos pompes, incapables
d’affronter leur regard où le malheur s’est inscrit
brutalement.

Sans prévenir.
Le malheur.
Ce fils de pute qui saccage des familles entières.
Et qui frappe à la porte des flics chaque jour.

Comme le disait le commandant DAHAN dans
un de mes films, « au dessus il y a les vivants,
en dessous les morts, et au milieu il y a les flics ».

Le cul entre deux chaises.
Avec l’espoir que tout ça finira un jour.
Ou du moins que les nôtres seront préservés.

Alors on se surprend à prier un Dieu auquel on
ne croit plus pour que cela ne nous arrive jamais.
On se lève la nuit pour regarder ses enfants
dormir et on pleure en silence.
On les emmène à l’école le matin et on se dit que
la vie ça devrait toujours être comme dans une
cour de récréation.
Et puis on rentre, le cœur et l’âme lourdes.
Et on se rend compte que l’on ne sert pas à grand chose.
Que “la mort est la nuit de ce jour inquiet qu’on appelle la vie”.
Et qu’il faut continuer à faire semblant.
Pour ne pas sombrer…

Laurent GUILLAUME fait partie de ces flics.
Il nous touche par son écriture sans concession,
sa connaissance de ce métier unique, ses
personnages ambigus et attachants malgré
leur violence et leurs défauts.
Il nous explique qu’il n’y a pas de flic parfait.
Les flics parfaits sont planqués dans des bureaux
de ministère à lécher la gomme de leur crayon
et le cul de leurs supérieurs sans gloire en espérant
accéder aux places privilégiées dans des bureaux
encore plus grands et encore plus chauds.
Ces bureaux tant convoités.
Plus près du Bon Dieu.

Les autres, ce sont MAKO et les siens.
Des flics gonflés d’adrénaline, traqués par
leurs démons et obsédés par leur boulot.
Un boulot de terrain.
Celui qui ne pardonne pas aux faibles.
Un boulot dont ils sont obligés de transgresser
certaines règles pour le faire bien.
Au détriment de leur propre bonheur.
Et de leur vie privée.

Plongez vous dans “Le roi des crânes”.
Dans la banlieue et la nuit glacée.
Dans les bagnoles de service qui sentent le sang,
la clope, la peur et la sueur de ceux qui sont
les gardiens de vos rêves.

Peut-être aimerez vous un peu plus les flics.
Peut-être découvrirez vous un monde
désenchanté auquel vous ne vous attendiez pas.
Mais vous découvrirez surtout le plaisir de lire
une incroyable descente aux enfers.
Avec un héros jusqu’au boutiste.
Qui se bat pour la seule chose qui lui reste : la vérité.
Celle que l’ont doit aux victimes et à leurs proches.

Olivier MARCHAL
Chapitre 1

Il les appelait les visiteuses du soir. Elles étaient dans presque chacun de ses rêves. Toutes les deux. Silhouettes diaphanes auréolées d’un voile de brume.
Il ne pouvait distinguer leurs traits, mais elles lui semblaient familières. Elles tendaient vers lui leurs bras décharnés dans une supplication muette. Leurs cheveux s’agitaient doucement autour du trou béant de leurs visages. Pourtant, il n’y avait pas de vent dans son rêve, juste une odeur de terre, une odeur suffocante qui le prenait à la gorge. Une odeur de tombe. Une odeur de vieux cercueil.
Il flottait dans un puits sans fond, le cœur au bord des lèvres. Son ventre lui faisait mal. Elles avaient quelque chose à lui dire, mais lui ne les comprenait pas. Il aurait aimé pouvoir leur demander « Que me voulez vous ? Que voulez-vous que je fasse ? » Mais les mots refusaient de sortir. Il sentait la nausée monter en lui, comme la houle, à chaque fois un peu plus forte. Elles s’approchaient en glissant, leurs cheveux s’agitaient comme des serpents et la nausée se faisait encore plus impérieuse. Il sanglotait violemment. Il pouvait distinguer leurs traits maintenant. Leurs visages blafards étaient comme des masques de cire. Les orbites étaient vides. Pas tout à fait : au fond brillaient des lueurs blanches. Il avait très mal au ventre et hoquetait sans pouvoir se contrôler. La nausée le submergeait. Il vomissait des asticots grouillants, des milliers d’asticots, comme un geyser.
Il s’éveilla en hurlant.
*
La BAC 1 47 glissait entre les pavillons endormis de la banlieue parisienne. La nuit, glaciale en cette fin d’octobre, n’en finissait plus. Le moteur de la grosse berline tournait au ralenti, ronronnant, berçant les trois occupants de la voiture, les plongeant dans une torpeur maligne. Des lambeaux de brume colonisaient les rues désertes, nimbant les silhouettes des villas d’une auréole sombre et fantomatique. Mako, assis à l’avant dans le confortable siège du passager, soupira bruyamment vers sa vitre. La chaleur humide de son souffle la voila. Du doigt, il dessina dans la buée un œil ouvert, inquisiteur et impitoyable. Il considéra longuement son œuvre, puis d’un revers rageur de la manche de son bombers, l’effaça. La rue réapparut à ses yeux plissés, toujours aussi désespérément déserte.
– Quelle chiasse ! pesta Bill derrière le volant. Ses yeux papillonnaient sous l’effet de la lassitude. Y’a pas eu de message radio depuis au moins dix minutes, poursuivit-il. Tu peux jeter un œil pour voir si elle est bien allumée ? Il pourrait y avoir un faux contact. J’sais pas moi ?
Mako, chef de bord, ne s’en donna même pas la peine.
– La radio est branchée et fonctionne parfaitement, c’est juste une nuit de merde. Prends ton mal en patience.
De la banquette arrière, un éclat de rire cristallin résonna dans l’habitacle aussitôt suivi d’une voix féminine :
– On pourrait peut-être aller se payer un café au commissariat de Vitry, ça nous réveillerait et puis j’ai besoin de me dégourdir les jambes. De plus, les gars, faut pas oublier qu’à vos âges il est plus prudent de faire une pause toutes les deux heures !
Mako se tourna et considéra la jeune femme qui faisait office de sac de sable 2 . Assise sur la banquette arrière, elle s’étirait en le dévisageant avec un rien d’effronterie. Il aima la franchise qu’il lut dans son regard. Elle s’appelait Sophie et elle était rudement jolie. Une myriade de taches de rousseur constellait un visage aux traits délicats. Elle avait noué sa longue chevelure couleur corbeau pour éviter qu’elle la gêne en intervention. Ses yeux espiègles pétillaient. « Elle a l’air plus frais que moi. » dut-il reconnaître avec un peu d’amertume. « Les années passent et ne nous épargnent pas ».
Bill grogna derrière son volant.
– Tu ne sais pas ce que tu dis. Le café des nuiteux va nous réveiller, c’est certain, mais faut accepter de ne plus dormir pendant quelques jours. La dernière fois que j’en ai bu, j’ai été réveillé par des palpitations. Mon cœur battait la chamade. J’ai cru faire un infractus…
– Un infarctus ! rectifia Mako.
– Un infarctus, comme tu veux.
Il jeta un œil dans le rétroviseur et sourit à Sophie. Cela étonnait toujours Mako : la belle avait dompté la bête. Foin de blagues grossières et sexistes depuis qu’elle patrouillait avec les deux policiers. Mako ne reconnaissait plus son équipier. La jeune femme était gardien de la paix et avait réussi les tests pour intégrer le dernier bastion du machisme dans la police : la BAC. Comme visiblement elle ne faisait jamais les choses à moitié, elle avait jeté son dévolu sur l’équipage le plus controversé de cette unité, la BAC 47.
Le chef d’équipe, le major Makovski, Mako comme le surnommaient tous ceux qui le connaissaient, venait de faire l’objet d’une sanction disciplinaire. Il avait été suspendu et aurait dû être muté d’autorité, mais on ne savait pas où le mettre. Alors, il était resté. Le pilote, Bill, avait la réputation d’être irascible. L’accompagnateur, celui qu’elle était destinée à remplacer, avait été gravement blessé lors d’une fusillade avec des trafiquants de cocaïne, un an auparavant. C’était justement la gestion périlleuse de cette intervention qui avait valu à Makovski sa sanction disciplinaire. Cela n’avait pas découragé la jeune femme, les conseils de prudence que tous lui avaient prodigués avaient même renforcé sa détermination. Sophie avait l’esprit de contradiction.
Mako rendit les armes.
– OK pour une pause à Vitry. Fais demi-tour, Bill.
Au moment où le chauffeur allait s’exécuter, la radio cracha ses sonorités numériques.
Appel à tous les véhicules disponibles sur le secteur de l’avenue André Maginot, deux cambrioleurs en fuite en direction de la rue Broussais. Contre-appel effectué, le requérant n’a pas d’autres éléments à

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