Le poème
170 pages
Français

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Description

Comme un paysage que l'on découvre au sortir d'un virage; comme l'ombre que l'on suit dans la rue sans trop savoir pourquoi; le destin peut vous conduire... ailleurs.
Pour Claire, jeune femme fuyant son passé, la découverte d'un poème, sur une feuille de papier d'écolier, dans une chambre d'hôtel, sera ce destin.
Au cours d'une enquête menée comme un roman policier, le risque, le danger, la peur transformeront la petite employée sans histoires et la rapprocheront de l'auteur du poème, un aventurier qui aspire à une vie plus calme, loin de son ancien terrain d'action.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2011
Nombre de lectures 18
EAN13 9782812149559
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16891-5

© Edilivre, 2017
Le poème
 
La longue ligne droite de la Croisette semblait interminable.
Rien de moins raisonnable que cette langoureuse promenade le long de la plage alors que Claire venait d’arriver à Cannes en plein mois de juillet. Sa première préoccupation aurait dû être de trouver un toit pour la nuit, alors que la journée s’achevait. Mais, comme avec un amant que l’on retrouve après une longue absence, elle avait besoin de respirer Cannes et de sentir sa brise sur sa peau. Et puis, dormir dans un hôtel, une chambre d’hôte ou sur la plage, quelle importance ? Pourtant, comme un paysage que l’on découvre sur la route, au sortir d’un virage, et qui vous entraîne bien au-delà de vos rêves les plus inattendus. Comme l’ombre que l’on suit, dans la rue, sans trop savoir pourquoi, le hasard peut vous conduire ailleurs.
A cet instant, Claire n’avait nulle envie d’être ailleurs. Sa voiture était loin, garée tout en haut de la Croisette, et elle descendait lentement vers la ville en regardant sur sa droite les touristes qui commençaient à déserter le sable chaud.
Son esprit était vide des souvenirs que cette ville aurait dû lui inspirer : rencontres amicales ou passionnelles, rires et pleurs, visites impromptues ou soigneusement planifiées. Curieusement, la seule image qui lui venait en tête était parisienne. Nous étions en juillet et son pas lent et précis lui rappelait le défilé des hommes de la légion étrangère sur les Champs Elysées, le jour de la Fête Nationale. Cette incongruité était-elle prémonitoire ?
Déjà les lumières du centre-ville commençaient à apparaître. Il se faisait tard. Sans presser le pas, elle sentit que la rue montait. Elle avait inconsciemment quitté la Croisette. Ou plutôt subconsciemment. Un mécanisme d’autodéfense lui avait soufflé à l’oreille qu’il valait mieux, après tout, essayer de trouver un hôtel et ceux de la Croisette étaient décidemment trop chers.
Les rues devenaient plus tortueuses. Elle s’y faufilait comme un lézard entre les vieilles pierres. Les hôtels aux portes étroites lui paraissaient plus minables les uns que les autres. Elle se souvint alors que ses maigres bagages étaient restés dans la voiture et décida de rebrousser chemin.
Tout en retournant sur ses pas, elle se mit à réfléchir aux évènements récents. Son père venait de mourir en lui laissant un peu d’argent. Enfin, pour elle, beaucoup d’argent ! Elle se sentait fatiguée, plus moralement que physiquement. Fatiguée de Paris ; fatiguée d’un travail sans grand intérêt ; fatiguée de ses amis et surtout de son ami qui semblait préférer la vie mondaine à l’intimité d’un foyer et à leur vie de couple.
La nuit tombée et en sens inverse, la Croisette semblait très différente. La plage était presque déserte et se situait désormais coté cœur. En se retournant, elle voyait les immeubles qui, tout à l’heure, grandissaient au rythme de ses pas. A présent, ils rétrécissaient et leurs lumières devenaient diffuses.
Claire marchait plus vite et ses pensées s’accéléraient à l’unisson. Dix jours depuis les funérailles. Dix jours pour effectuer une montagne de formalités et pour tout quitter. Était-ce un coup de tête ? Un peu sans doute, mais elle y pensait depuis plusieurs mois et seul son devoir filial l’avait empêchée de le faire plus tôt.
Peu de voitures étaient encore garées sur cette partie de la Croisette à cette heure tardive. Il lui était quand même difficile d’apercevoir la sienne. Sa marche avait décidemment été longue à l’aller. Cela lui avait calmé les nerfs mais elle recommençait désormais à s’impatienter. Cette nervosité récurrente n’avait rien de surprenant. On ne claque pas une porte sans que son bruit ne vous résonne dans la tête pendant très longtemps. Et elle en avait claqué plusieurs.
Lorsqu’elle atteint enfin sa voiture, elle n’avait plus envie de prendre ses bagages et de retourner à pieds chercher un hôtel. Elle prit le volant en direction de Grasse. Elle s’arrêta dans le premier hôtel qui lui parut un peu moins laid que ceux qu’elle avait vus dans les vieilles rue de Cannes.
Comme elle y pénétrait, un caniche qui avait dû être blanc la suivit avec la claire intention de se faire héberger pour la nuit. Il faut parfois compter sur la chance. Le patron n’était pas d’accord pour le caniche mais il venait de subir une annulation de clients partis en urgence et avait donc une chambre disponible. Échaudé, il exigeait le paiement de trois nuitées d’avance ; mais Claire n’avait pas le loisir de négocier.
La chambre était orientée à l’est. Son décor était acceptable, bien qu’un peu défraîchi et le tout semblait assez confortable. Épuisée, Claire se laissa tomber sur le lit et s’endormit aussitôt.
La fenêtre était restée ouverte et elle ne savait pas si elle fut réveillée par la fraîcheur nocturne ou par le bourdonnement des moustiques. Sa montre, dont l’imprécision était devenue légendaire pour ses amis, indiquait trois heures du matin. Une couverture trouvée sur une étagère dans le placard lui parut une bonne protection à la fois contre les piqûres et contre le froid. Elle l’étendit sur son corps et se rendormit.
Lorsqu’elle reprit à nouveau conscience, ses premières sensations furent la faim et l’éblouissement. La chambre baignait dans une violente lumière. Sur la Côte, le soleil n’a pas besoin d’être invité. Il est chez lui partout et pénètre par effraction. Malgré ce comportement délictuel, il se sait le bienvenu. Quoi que, tous comptes faits, cette aveuglante clarté n’aurait pu à elle seule réveiller Claire tant elle était lasse. Mais sa promenade sur la Croisette lui avait tenu lieu de repas la veille au soir et son estomac venait la rappeler à un peu plus de considération à son égard.
Dans la couverture qu’elle écartait pour se lever, il y avait une page de cahier d’écolier. Elle la ramassa. Une petite écriture fine et élégante y apparaissait et c’est ainsi qu’elle découvrit… le Poème. Le Poème rencontré au détour d’une route et qui allait l’emporter ailleurs.
Ce n’était ni du Musset ni du Verlaine et l’odeur de café et de croissants chauds qui entrait par la fenêtre l’incitait pour l’instant à déguster autre chose que de la poésie. Sa toilette fut vite faite et elle descendit rapidement les escaliers. Le patron avait installé des petites tables sur la terrasse, derrière l’hôtel et y servait le petit-déjeuner, à l’ombre d’un vieux figuier. Dieu sait comment le caniche avait réussi à se faufiler jusque là ; mais il y était, bien décidé à partager ses croissants.
Claire posa sa feuille sur la table et, tout en buvant son café, se mit à lire le poème, lentement et à voix haute.
Je vous donne ma vie, je vous livre mon cœur
Le vôtre, comme pierre, est hostile à ma flamme
Où donc est cette clé qui m’ouvrirait votre âme ?
Serai-je condamné à vivre dans l’absence ?
Sous le vent les rameaux du figuier se balancent
Comme vous hésitant entre calme et fureur.
Dominique D.
Non, décidemment, ce n’était pas de la grande poésie. Elle le relut une fois, deux fois, trois fois. Ce n’était quand même pas de simples vers de mirliton. Il y avait quelque chose d’inhabituel dans la forme et cela sonnait bien.
Qui avait pu écrire un tel poème et surtout qui avait pu l’oublier dans une couverture, sur l’étagère d’une chambre d’hôtel, entre Cannes et Grasse ?
C’était signé Dominique D. Cela pouvait être aussi bien un homme qu’une femme. Seul un accord de participe passé semblait indiquer qu’il s’agissait d’un homme mais cela pouvait être une simple faute d’orthographe.
Le caniche était assis devant elle et cherchait ses yeux. Qui avait pu écrire ces vers ? Un homme bien sûr ! Un homme-caniche, prêt à tout pour un regard de celle qu’il aimait et dont l’ardente passion avait de quoi faire un peu peur à celle qui en était l’inspiratrice. Un homme à la fois soigneux et terriblement distrait, comme beaucoup d’hommes.
Désormais, elle ne lisait plus le poème. Elle le répétait sans cesse, de mémoire, et il lui semblait de plus en plus attirant.
 
 
Les odeurs de la Côte sont particulières. La mer n’est jamais très loin mais sa présence en cette fin de matinée était discrète. A ses senteurs iodées se mêlaient celles des pins parasol, des lauriers roses et des jasmins. La traversée de Grasse n’y apportait rien de plus ; les parfums dont elle était la capitale restaient confinés dans des laboratoires aux portes closes.
Elle prit la route de Draguignan et, quelques kilomètres plus loin, prit la route en lacets qui montait vers Fayence et vers Mons.
Chaque méandre lui apparaissait comme un mystère. Elle avait fait cette route plusieurs fois mais sans jamais avoir pu mémoriser ce qui se présenterait à la sortie de l’un ou de l’autre de ces innombrables virages. Au retour, ce serait différent ; les yeux se porteraient alors plus loin, vers le magnifique décor de la vallée. Mais, pour l’instant, la route montante cachait malicieusement ce qui se trouvait à chaque sortie de virage.
Elle avait toujours cette impression obsédante qu’une force inconnue essayait de l’entraîner ailleurs ; en évitant soigneusement de lui fournir le moindre indice sur sa destination.
Un dernier effort et le panneau lui indiqua qu’elle venait d’entrer dans Mons. C’était l’heure chaude et le village était tout à sa sieste. Elle rangea sa voiture sur la place, devant l’église, retira ses chaussures et se mit à marcher dans les ruelles étroites. Elle avait toujours aimé traverser ces vieux villages de Provence, sentir le pavé tiède sous ses pieds nus et respirer les odeurs encore présentes de la cuisine locale. Les vêtements qui séchaient aux fenêtres, bien qu’édulco

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