Le Parfum des idées
206 pages
Français

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Le Parfum des idées , livre ebook

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Description

Ouvrir les yeux, découvrir ses sens, son environnement et sa famille pour traverser ensemble l’enfance. S’habituer à ce qu’un compagnon particulier se tienne près de nous à chaque instant, cette boule de stress qui se déclenche en un clin d’œil et rend plus délicate la traversée de l’adolescence. Au fil des âges et des rencontres, nous sommes ici avec un personnage qui évolue et s’interroge pour mieux grandir et nous réserver bien des surprises.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414055265
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05524-1

© Edilivre, 2017
Partie I
Que cette sensation nouvelle me perturbe. Tout n’était qu’obscurité, chaleur, humidité et me voilà désormais exposé à une lumière aveuglante que je ressens à travers ce petit corps qui est le mien.
Il y a ce parfum omniprésent que je perçois, qui m’entête et me rassure. Il me semble plutôt fort, animal et contrasté et je peux y distinguer des odeurs de fer et de chair. Étrangement, il reste agréable malgré tout. C’est la première senteur que mes parois nasales découvrent et je prends ainsi conscience de mon odorat. Mon nez me chatouille et j’ai la sensation de pouvoir identifier quelqu’un sans voir ni entendre. Je ne sais pas encore si j’aime ce sens mais il pourrait s’avérer pratique. Je m’accorde comme objectif de le développer. Cela me donne l’impression de jouir d’un certain pouvoir et d’ainsi exercer un potentiel contrôle sur mon environnement, ce qui n’est pas de refus vu ma vulnérabilité actuelle.
Je ressens une douce pression sur mon front qui s’accompagne de chaleur. C’est Maman qui m’embrasse et je comprends que cette fragrance lui appartient. Ô Maman, j’étais si bien dans ton ventre tu sais. Je ne comprends pas pourquoi maintenant je dois me retrouver dehors alors qu’il fait si froid.
Je ne comprends pas pourquoi tout change si vite, pourquoi je me trouve dans l’obligation de quitter cette antre si douillette où je me sentais si bien. Toutes ces questions viennent s’entrechoquer dans mon esprit et ne trouvent aucune réponse dans l’immédiat, ce qui alimente bien évidemment ma frustration et me donne envie de pleurer.
Cette situation me convenait parfaitement pourtant, à sentir les journées s’écouler paisiblement au rythme des battements de cœur réguliers de ma mère. On vivait ensemble, dans ce que je pensais être l’harmonie et me voilà éjecté hors d’elle comme une vulgaire poussière logée dans une narine qu’un éternuement bref suffirait à évacuer. Voilà donc ce que je suis pour toi, Maman ? Une poussière ?
Je ne peux retenir le développement d’un sentiment de trahison. Surtout, je ne supporte pas qu’on ne m’ait pas demandé si j’approuvais ou non cette expulsion forcée de fait.
Alors, c’est cela la naissance ? Quitter un cocon sans jamais demander l’avis du principal concerné pour qu’il se retrouve au milieu d’autres petits tout aussi perdus que lui qui gigotent sans trop savoir quoi faire de ce nouveau corps flasque qu’ils habitent désormais. Toute cette activité sans but m’épuise.
Cela ne fait même pas deux heures que je suis né que déjà je me sens vidé, impatient et énervé. Non, vraiment, pour le moment je ne comprends pas l’intérêt de cette naissance. Je peux accepter de vivre, oui, lorsque les conditions sont agréables comme dans le ventre de Maman. En elle, je disposais de tout ce dont je pouvais avoir besoin instantanément sans avoir à ressentir la faim, la soif ou le froid. Et maintenant me voilà réduit à couiner pour tenter de réclamer un peu de lait et de chaleur. Quelle honte.
Tout n’est pas noir dans ce tableau pour autant. Maman me surprend par sa gentillesse et elle fait très attention à mon bien-être. Elle me nettoie et me nourrit très régulièrement en me gardant bien au chaud près d’elle. Je peux d’ores et déjà affirmer que je déteste viscéralement le froid après l’avoir expérimenté ne serait-ce que quelques minutes. Quelle affreuse sensation de sentir mes muscles se contracter et ces frissons me traverser.
L’odorat est un sens intéressant mais je crois bien avoir trouvé mon préféré : le goût. Que j’aime ce lait chaud qui s’écoule le long de ma gorge. Le seul problème avec le goût, c’est qu’il dépend de ma bouche et que je ne suis pas encore totalement capable de contrôler les mouvements de ma langue. Si bien que mes tentatives de déglutition s’accompagnent fréquemment d’une coulée d’un mélange immonde de salive et de lait le long de mon cou. Cela me répugne. Pour l’instant, je me dégoûte d’être aussi maladroit et espère profondément devenir plus habile le plus tôt possible afin de remédier à ces incapacités. Heureusement, Maman est là pour prendre soin de moi et faire en sorte que je sois toujours propre et le plus beau parmi mes frères, Étienne et Timothée.
Je ne les connais pas encore, il est bien trop tôt pour cela, mais je sais d’avance que la compétition avec eux ne sera pas rude. Ils comprendront bien assez vite que ce n’est pas parce que nous partageons la même mère que je les laisserai ne serait-ce qu’oser espérer me dominer.
Toute cette nouveauté, ces changements, ces sensations nouvelles, ces odeurs et ces goûts me submergent et je sens ma tête s’alourdir. Il fait chaud. Mon ventre est plein. Maman sent bon et ma mauvaise humeur s’atténue progressivement. Ma génitrice me blottit contre elle et je sens le sommeil s’emparer de moi doucement.
Voilà plusieurs jours maintenant que j’ai quitté le corps de Maman et la cohabitation avec mes frères se passe plutôt bien pour l’instant. Ma douce mère demeure particulièrement patiente à notre égard et malgré mon jeune âge, je crois déjà être quelque peu admiratif de son dévouement à notre égard. Il faut bien avouer après tout que ma mère est un être gracieux et délicat qui, en plus de me nourrir merveilleusement bien, m’apporte tout l’amour dont j’ai besoin. Je ne sais pas ce que mes frères en pensent, mais tant que Maman continuera de s’occuper de moi comme elle le fait, leur avis m’importe peu.
Finalement, je ne crois pas regretter tant que cela le fait d’être né. J’aime boire ce lait, dormir, et vu que je ne fais presque que cela de mes journées – puisque la troisième activité manquante à ce tableau est la toilette réalisée par Maman – je crois pourquoi affirmer à ce stade de ma vie que je suis heureux. J’espère de tout cœur que ce sentiment de plénitude durera toujours et que mon estomac demeurera plein. Quelle horreur cette sensation de faim qui me tiraille par moments ! Je pense que ma vie se devra d’être orientée autour de ces trois principes majeurs : la satiété, le repos et une hygiène impeccable.
* *       *
Je me sens enfin libre de pouvoir partir explorer cet environnement qui m’entoure, cette maison qui me vois grandir et où je passe tout de même la quasi-totalité de mon temps. Juste derrière la maison se trouve un jardin, parsemé de quelques arbres et d’une herbe encore plus verte que les yeux de ma mère. J’aime foncièrement y passer du temps dès qu’il fait beau.
Il m’aura cependant fallu un certain temps pour comprendre que nous partageons ce lieu de vie avec un couple qui s’avère tout à fait charmant : Anne-Lise et Didier.
Anne-Lise et Didier sont âgés d’une cinquantaine d’années. Ou peut-être une soixantaine. En réalité, je n’en suis pas si sûr. Je les entends souvent parler avec enthousiasme de ce qu’ils appellent la « retraite » sans comprendre néanmoins encore tout à fait très bien à quoi ce terme fait référence. Peut-être s’agit-il d’une sorte d’Eldorado où ils iront une fois qu’ils ne travailleront plus ou alors cela veut-il tout simplement dire qu’ils n’auront plus à partir la journée ? Mystère. En tout cas, je sais d’ores et déjà que moi aussi je veux pouvoir « partir à la retraite ». Et le plus tôt possible, tant ce concept me semble merveilleux vu l’exaltation qu’il entraîne. De ce que j’en conçois, le concept de travail s’avère plutôt déplaisant et j’aimerais pouvoir éviter moi aussi d’avoir à quitter la maison.
Didier est invariablement présent le week-end et cette régularité serait due au fait qu’il est « fonctionnaire » d’après Maman. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais je crois qu’il travaille à la mairie. Tout cela est flou mais, concrètement, il part systématiquement à la même heure le matin après le petit-déjeuner et rentre le soir pour le goûter. C’est tout ce qui m’importe.
Parfois, il arrive que Didier reste à la maison certains jours de semaine en raison de ses douleurs au genou. La même scène se répète alors : il râle assis dans le salon en se plaignant longuement jusqu’à qu’Anne-Lise, parfaitement indifférente, quitte la maison. Toutefois, je suis plus serein quand il est dans son canapé car il parle souvent du fait de se « tuer à la tâche » et j’appréhende le jour où il ne rentrera pas le soir.
Il nous répète souvent que nous avons beaucoup de chance avec Maman de ne pas devoir aller travailler. Quand j’interroge Maman sur les raisons lui permettant d’échapper à ce fardeau, elle me répond simplement que son travail à elle est différent et qu’elle n’a pas à quitter la maison pour le mener à bien. Étant donné qu’elle n’a pas à quitter la maison, je ne pose pas davantage de questions et me réjouis de sa présence. Quoi qu’il en soit, le travail à l’extérieur a l’air beaucoup trop dangereux pour que je laisse Maman y aller sans soumettre d’objection. Je refuse catégoriquement qu’elle finisse comme Didier affalée dans le canapé à se plaindre de douleurs. Je préfère la voir vive et en pleine forme.
Il arrive que Didier mette de la musique très fort dans la maison et chante pendant qu’Anne-Lise est au travail. Il nettoie la maison en se dandinant dans une mise en scène grotesque qui semble lui apporter un certain plaisir. Ce bien-être n’est en rien partagé car mes frères et moi exécrons sa voix. Celle-ci est rocailleuse et c’est comme si les notes justes restaient prisonnières des longs poils gris de sa barbe pour n’accorder de liberté qu’aux sons les plus irritants.
Lorsque la musique l’entraîne et que j’ai le malheur de passer non loin de lui, il arrive qu’il me prenne dans ses bras, me soulève pour m’entraîner dans sa danse tout en chantant près de mon visage. Touché par s

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