Le Onzième Commandement
168 pages
Français

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Le Onzième Commandement , livre ebook

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Description

Dans le square Marcel Halbout à Rouen, le petit Jason Cohen, cinq ans, est retrouvé la tête fracassée à coups de pierre. Un signe étrange lui a été dessiné au feutre rouge sur la poitrine. Ce meurtre est le premier d'une série annoncée.
L'équipe de la Crim au grand complet, avec à sa tête le lieutenant Alan Valini, se lance dans la traque sans merci de ce serial killer pas comme les autres.
Vous avez aimé Le Saut du crapaud, vous frissonnerez en lisant Le Onzième Commandement.

Pierre Le Buan accomplit ici un coup de maître en réussissant un livre encore supérieur au premier par sa profondeur et sa densité, sans le moindre temps mort. Il jongle avec brio entre l'enquête psychologique et la procédure judiciaire. Cet auteur nous promet encore de nombreuses nuits d'insomnie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332754219
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-75419-6

© Edilivre, 2014
I
Comme tous les samedis après-midi et dès que le temps le permettait, le square Marcel Halbout grouillait de gosses hurlants et gesticulants. Comme tous les après-midi, les mères assises sur les bancs sous les marronniers dévoraient le dernier magazine people ou papotaient en gardant un œil protecteur sur leurs progénitures.
Sarah ne se rapprochait pour ainsi dire jamais des autres mamans. Elle préférait rester dans son coin, sous son arbre, et s’adonner à son passe-temps favori, les mots croisés. De là, elle avait une vue d’ensemble sur l’aire de jeux et aucune des sottises de Jason ne lui échappait. Depuis quelque temps déjà, Jason lui en faisait voir de toutes les couleurs et ce n’était pas ses cinq ans qui lui interdisaient d’être odieux avec elle.
Le petit monstre ne ratait jamais une occasion de se faire détester par tous les gamins et ceux du quartier en particulier. Sarah ne savait plus que faire pour en venir à bout. Encore ce matin, il avait refusé son petit déjeuner en prétextant qu’il était « dégueulasse ». Sarah était effarée par le langage de son fils. Elle ne cessait de se demander qui avait pu lui apprendre tous les mots orduriers qu’il employait. Depuis qu’il avait commencé à parler – plus de trois ans déjà –, les premiers mots qu’il avait retenus n’étaient que des jurons et des grossièretés. Les réprimandes de Sarah se terminaient toujours par une colère de la petite peste qui se roulait par terre en abreuvant sa mère de son répertoire on ne peut plus surprenant dans la bouche d’un enfant de son âge. Ce gosse avait le diable dans la peau. Peut-être même était-il le diable en personne…
Jamais Sarah ne l’avait laissé seul dans le jardin jouer avec les autres petits et encore moins avec des plus grands. Son vocabulaire lui avait sans aucun doute été appris à la crèche par quelques garnements dont les parents ne faisaient pas cas de ce genre de chose. Dernièrement, elle s’était entretenue avec la directrice de l’école maternelle que fréquentait Jason et lui avait fait part de ses craintes. Elle lui avait demandé de surveiller le langage et l’attitude des enfants qui le côtoyaient. La réponse cinglante de la directrice laissa Sarah sans voix au bord de la syncope.
– Voyez-vous, Madame, contrairement à ce que vous semblez insinuer, il n’est pas question ici des enfants des autres, mais bien du vôtre qu’il s’agit. J’ignore de quelle façon vous éduquez votre fils, mais il faut que vous sachiez que jamais au cours de mes vingt-et-un ans de carrière je n’ai approché un enfant aussi mal élevé. C’est lui qui apprend à ses petits camarades les mots dont moi-même je n’oserais vous répéter et dont il se targue de les avoir entendu de votre bouche. Je sais que vous êtes veuve et que par là même il est évident que ce n’est pas l’homme de la maison qui lui inculque toutes ces horreurs. Vous m’affirmez faire très attention à ses relations et être sans cesse pendue à ses basques. Je veux bien vous croire, mais comment expliquez-vous le fait qu’il vous qualifie de salope, de pétasse et autre pouffiasse ? Il ne comprend sans doute pas le sens de ces mots, mais il a bien fallu qu’il les entende quelque part, non ? En tout cas, pas ici, je vous le certifie. Il vous accuse aussi très souvent de le frapper et cela est très inquiétant. Reconnaissez, Madame, que l’éducation que vous semblez donner à Jason a quelque chose de paradoxal, c’est le moins que l’on puisse dire. D’une part, à vous voir, il n’est pas déraisonnable de penser que vous dorlotez votre fils jusqu’à l’exagération et d’autre part j’ai maintes fois constaté chez lui un rejet catégorique de ses parents. Quand je dis ses parents, il s’agit aussi de son père, bien que celui-ci soit décédé depuis un certain temps. Cet enfant ne vous aime pas, c’est évident et ce n’est pas normal. Il faut que vous sachiez que je n’ai pas d’autres choix que d’en aviser les services sociaux de la préfecture et sans vouloir anticiper leurs conclusions, je ne serais pas surprise d’apprendre que la garde de Jason vous soit retirée pour quelque temps. Votre enfant est en danger moral, Madame, son intégrité physique également et en ce qui me concerne, je vous en tiens pour responsable. Un enfant ne ment pas lorsqu’il affirme être maltraité et tout dans son comportement laisse à penser qu’il dit vrai. Je vous laisse encore une semaine pour tenter de remédier et de mettre un terme à cette situation qui, je ne vous le cache pas, perturbe fortement le bon fonctionnement de cet établissement. J’espère pour vous comme pour Jason m’être bien fait comprendre. Au revoir Madame.
Sarah ne savait plus où se mettre et le rouge de la honte lui était monté au visage. Comment cette femme pouvait-elle supposer une seule seconde qu’elle était responsable du langage de charretier et des affabulations de Jason ? Le ciel venait de lui tomber sur la tête et elle n’avait plus qu’une hâte : disparaître de la vue de cette mégère qui l’accusait d’être une mauvaise mère. Elle ne sut quoi répondre aux calomnies sans fondement qu’elle venait de recevoir en pleine figure comme une volée de bois vert et bien qu’il ne fut que quinze heures trente, elle exigea que l’on habille Jason puis sans un mot elle emmena l’enfant en le tirant sans ménagement par le bras. Elle se précipita jusqu’à l’appartement qu’elle ferma derrière eux à double tour puis alluma la radio dont elle poussa le volume. Une explication sérieuse avec Jason s’imposait ; elle savait que ça ne se passerait pas sans heurts et elle ne voulait pas que les voisins soient témoins des hurlements et des injures qu’elle risquait d’entendre. Ce gosse était un caractériel et elle ne l’ignorait pas, par contre ce qu’elle voulait savoir par-dessus tout, c’était pourquoi il la détestait à ce point, elle qui n’était qu’amour et attention pour lui. Depuis la mort de Jérôme, deux ans auparavant, elle élevait seule leur enfant et le couvrait de toute l’affection dont elle pensait qu’il avait besoin. Plus les jours passaient, plus il devenait exécrable et sa méchanceté envers elle ne faisait que croître, se transformant progressivement en haine. Rien ne l’amusait plus que de la voir pleurer et si d’aventure elle plaisantait ou semblait s’amuser, c’était le moment qu’il choisissait pour piquer sa plus belle colère de la journée. Les cris d’orfraie qu’il poussait effrayaient Sarah et ses tentatives d’apaisement ne faisaient qu’accentuer un peu plus son agressivité. Il finissait immanquablement par s’acharner sur elle à coups de pieds et de poings. Il n’était pas rare de voir Sarah avec des hématomes sur les jambes ou sur les bras que chacun mettait sur le compte de la maladresse ou de l’inattention de la jeune femme.
* * *
L’homme qui lui adressa la parole ce jour-là ne lui était pas totalement inconnu, mais elle n’aurait pu dire s’il fréquentait d’ordinaire le square ou s’il n’était qu’un voisin rencontré par hasard dans le quartier venu prendre le frais à l’ombre des grands marronniers. Il lui demanda en s’inclinant devant elle la permission de s’asseoir sur le même banc alors qu’il y avait quelques sièges libres un peu plus loin. Elle fut surprise par sa courtoisie et étonnée que quelqu’un vienne s’installer près d’elle. C’était la première fois depuis la disparition de Jérôme qu’elle allait se retrouver seule en compagnie d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle en éprouva de la gêne en même temps qu’une certaine fierté. Elle n’avait que trente-quatre ans et sans être un canon de la beauté, elle avait beaucoup de charme. Puis il était hors de question qu’elle se comporte comme une recluse jusqu’à la fin de ses jours. Le veuvage commençait à lui peser. Elle lui sourit timidement et se déplaça de quelques centimètres. L’homme prit ce geste pour une invite et s’installa à l’autre bout du banc avant de se plonger dans la lecture d’un petit livre à la couverture de moleskine orange.
Jason fixait l’homme qui avait adressé la parole à sa mère. Il ne parvenait pas à détacher son regard du sien. Sarah croyait que l’homme était absorbé par l’histoire du petit livre orange, mais bien qu’il en tournât régulièrement les pages, il n’en était rien. L’homme ne lisait pas, mais observait Jason par-dessus ses lunettes. Sarah n’arrivait plus à focaliser son attention sur ses mots croisés depuis que cet homme était venu s’asseoir sur son banc. Elle était perturbée par la présence de cet étranger à ses côtés. Elle ne parvenait pas à retrouver son assurance et son comportement habituel. Elle s’imagina bientôt qu’elle avait mal jugé la situation et que cet homme avait délibérément choisi de s’installer là dans le seul but de la terroriser. Elle n’osait pas même le regarder. Elle décida qu’il était grand temps de partir. Elle rangea son crayon et son recueil de mots croisés dans son sac qu’elle referma avec soin avant de le reposer entre elle et l’inconnu. Elle ne voulait pas risquer de le froisser en précipitant sa fuite. Elle pensait être protégée par cette mini-barrière que l’homme n’oserait pas franchir.
– Jason, que fais-tu ? Viens ici, lança-t-elle à son fils qui n’avait pas bougé depuis plusieurs minutes.
Le bambin qui était assis dans le sable poussiéreux de l’aire de jeux se leva sans un mot et s’approcha de Sarah sans cesser de dévisager l’inconnu. Il était fasciné par les yeux bleus de cet homme qui ne s’étaient pas détachés de lui une seconde depuis son arrivée.
Lorsque Sarah tendit les bras à Jason, le petit n’était plus qu’à quelques centimètres de son visage et quand il projeta ses deux mains dans sa direction, les deux poignées de sable en jaillirent avec force et

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