Le Murmure de l Atlantique
202 pages
Français

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Le Murmure de l'Atlantique , livre ebook

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Description


Un avant-bras surgi de l’océan réécrit une histoire vieille de onze ans


« Robert se réfugia dans les brumes de l’alcool. [...] Qu’est-ce qu’il en savait, lui, si l’avant-bras remonté dans son carrelet portait un tatouage ? La seule chose dont il se souvenait c’était de cette chevalière qui brillait si fort qu’elle devait en éclairer la nuit. [...] Il sentait que les ennuis n’étaient pas loin. »


De ce côté-là, il n’avait pas tort. Ce bras allait, en effet, exhumer de lourds secrets qui ne demandaient qu’à rester enfouis. Le lieutenant Haubert, chargé de l’enquête, est confronté à des témoins pour le moins fantasques et empêtré dans des questions qui semblent vouées à rester sans réponse. Pour commencer : pourquoi cette bague, appartenant à un viticulteur disparu en mer voilà onze ans, est-elle réapparue au doigt d’un illustre inconnu ?


Si vous croisez un septuagénaire divagant aux lunettes rafistolées avec un bout de sparadrap ou une vieille fille perchée sur un solex sans selle, passez votre chemin...



Ce roman a reçu le "Prix du polar du Lions club de Rambouillet - 2021"

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381530383
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Murmure de l’Atlantique
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
Caro Logan
Le Murmure de l’Atlantique
Roman policier

 

1
Robert était pétrifié. Depuis dix ans, il en avait remonté des choses pas nettes. Mais là, il avait décroché le pompon. Ses yeux globuleux fixaient d’un air incrédule le fond de son filet. Ils se détournèrent enfin vers la bouteille de muscadet à moitié vide avant de revenir sur l’objet de sa contrariété. Robert venait de relever son carrelet pour la énième fois. Il s’attendait à y trouver une poignée de crevettes frétillantes, et avec un peu de chance, un céteau ou un mulet. Mais ni poisson ni la moindre crevette. À leur place, une pêche pour le moins inattendue : un avant-bras enveloppé dans un linceul de varech.
La poisse.
Le premier réflexe de Robert avait été de laisser tomber son mégot, lequel était allé s’éteindre dans les vagues venant lécher le ponton. Le deuxième, de pousser un juron. Le troisième, de se poser des questions. Ce qui n’était pas son fort, car qui dit question dit réponse, et qui dit réponse dit réflexion. Et stress. Or, pour Robert Dupuis, retraité d’un petit boulot tellement insignifiant qu’il ne savait plus lui-même de quel boulot il s’agissait, la vie se résumait depuis des lustres à éviter le stress, donc à ne pas se poser de questions. Et à s’éloigner au maximum de Mimine… Il pensait avoir trouvé la solution en achetant cette pêcherie à Fouras il y a une dizaine d’années. Ici pas d’autres questions à se poser que de savoir ce qu’il allait remonter. Et encore, la marée et la météo décidaient pour lui. D’autre part, Mimine avait le mal de mer. Rien qu’à regarder le carrelet, elle en avait la nausée. Il y avait donc toujours joui d’une paix royale. Jusqu’à aujourd’hui.
Seulement Mimine, elle, saurait quoi faire.
Robert était ébranlé par ce dilemme : réfléchir ou appeler sa femme. L’appeler aurait l’avantage d’éviter de se torturer l’esprit. Elle prendrait les choses en mains comme elle l’avait toujours fait en trente-huit ans de vie commune. Mais cela signifiait aussi affronter la tempête, les questions sans fin. Il n’en avait pas le courage et décida finalement de se débrouiller seul. Mais par où commencer ? Il dut faire appel à quelques fonctions négligées dans son cerveau fatigué pour réussir à ordonner ses idées.
Petit un : D’où sortait cette main ? Robert n’en avait pas la moindre idée et après tout qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Ce n’était pas ses oignons.
Petit deux : Qu’en faire ? La porter aux gendarmes ? C’était courir au-devant des ennuis. Et des gros. La remettre à la mer ? Quelqu’un la cherchait peut-être ?
Petit trois : Il ne trouva pas de petit trois, son esprit embrumé le ramenait vers le petit un et le petit deux.
Face à ces problèmes insolubles, Robert alla chercher une aide au fond de son verre de blanc. Lequel lui répondit, mettant ainsi fin à ces épuisantes réflexions, en lui conseillant de remettre l’objet de ce chaos à la mer. Ni vu ni connu. Et la vie reprendrait son cours. Ennuyeux, mais fichtrement rassurant. Il saisit la chose immonde du bout des doigts, s’apprêtant à la renvoyer d’où elle venait, lorsque son geste fut interrompu par un éclat lumineux reflété par un rayon de soleil. Une magnifique chevalière brillait d’un or particulièrement agressif sur la peau blanchâtre. Elle devait valoir un sacré paquet. Il n’eut pas le temps de se demander comment l’ôter du doigt bouffi. Une voix belliqueuse bloqua instantanément le fonctionnement de ses neurones.
— Robert, qu’est-ce tu fous ? Tu devais changer l’ampoule de la cave !
Robert avait quand même commis une erreur en achetant sa pêcherie au chemin des Douaniers. Elle était bien trop proche de la rue des Franches où il résidait. Mimine avait beau détester cet endroit, elle supportait encore moins que son homme ne soit pas à son entière disposition. Et elle ne manquait pas de le lui rappeler.
N’obtenant aucune réponse, elle s’aventura d’un pas hésitant sur la longue passerelle en bois.
— Robert, je vais te chauffer les oreilles !
— Mais Mimine, ça peut attendre non ?
— Je t’ai déjà dit cent fois de ne pas m’appeler comme ça ! dit-elle, sa silhouette ronde et imposante apparaissant sur le pas de la porte. Ce surnom est ridicule et je n’ai rien à voir avec ce petit bout de femme gaul…
Elle s’interrompit, les yeux écarquillés, le bras levé. Robert en fut surpris. Il fouilla dans sa mémoire. Il ne se souvenait pas que quelque chose ou quelqu’un ait jamais réussi à faire taire sa femme. Contrairement à toute attente, c’est sa main qui reprit vie la première. Son index désigna l’avant-bras que Robert n’avait pas eu la présence d’esprit de dissimuler. Mimine, ou plutôt Mireille de son nom de baptême, retrouva alors l’usage de la parole et balbutia :
— Mon Dieu, c’est quoi ce truc ignoble ?
Robert était désespéré. Il allait falloir expliquer, argumenter. Cela faisait des années qu’il en avait perdu l’habitude, évitant ainsi tout conflit perdu d’avance. Pourquoi diable avait-il fallu que ça tombe sur lui ? Et pourquoi avait-il fallu que ce soit justement aujourd’hui que Mimine s’aventure dans son chez lui ? Ses yeux bouffis, couleur vase, luttèrent pour se détacher de la bouteille de muscadet et regarder le truc ignoble en question. Il se gratta la tête et finit par lâcher :
— C’est un bras !
Il le regarda une nouvelle fois avant d’ajouter :
— Le droit, je crois.
— Je le vois bien que c’est un bras, tu me prends pour une godiche ? aboya-t-elle.
— Mais non Mimine, mais tu me demandes…
— Arrête de m’appeler Mimine ! Et qu’est-ce tu fous avec ce bras ?
— Ben ma foi, je l’ai pêché. Il était là au milieu de mes petits-boucs.
— Je t’ai toujours dit que c’était pas une occupation la pêche, tu ferais mieux de faire des mots croisés ou des puzzles !
Robert ne se risqua pas à répondre, mais pensa que ce n’était pas les puzzles qui allaient remplir leur assiette et que Mimine ne crachait pas sur ses prises. En attendant, il hésitait.
— Qu’est-ce qu’on fait de ça ? demanda-t-il en désignant la chose.
— On prévient les gendarmes, c’te question. S’il y a un bras, a priori il y a un cadavre quelque part. Tu préfères peut-être passer une petite annonce du style « Pêché un bras, attends que son propriétaire le réclame » ?
Robert ne releva pas l’ironie. Il ne la saisit même pas. Il était trop anéanti. Les gendarmes ! Ils allaient le harceler, lui poser encore plus de questions que Mimine, même si c’était dur à concevoir.
— Mais qu’est-ce qu’on fait de la chevalière ?
Le regard avide de sa femme se posa sur le bijou qu’elle n’avait pas remarqué, trop écœurée par son support putride. Robert la vit hésiter. Manifestement, le débat moralité-cupidité était âpre.
— Attends, je réfléchis.

2
Charlotte rangeait dans leurs étuis les paires de jumelles distribuées au début de la sortie, lorsqu’elle entendit un déclic. Saisie d’un étrange pressentiment, elle se retourna et eut juste le temps d’apercevoir l’objectif qui se détournait. Elle aurait juré avoir été prise en photo. Depuis le début de la visite, elle était intriguée par cette femme fière, le visage mangé par d’imposantes lunettes de soleil aux verres noirs, la tête disparaissant sous un chapeau de paille aux larges bords et le corps couvert par un ensemble jupe-tunique ample en coton blanc. Déjà, parce que son accoutrement, peu adapté à cette sortie en vélo, semblait en grande partie destiné à dissimuler des cicatrices s’étendant jusqu’à la partie droite de son visage, mais surtout, parce que la femme n’avait pas vraiment semblé s’intéresser à la migration des barges à queue noire, au plumage blanc immaculé des aigrettes garzettes ou au chant des courlis cendrés. Elle n’avait posé aucune question, et, plus d’une fois, Charlotte avait eu l’impression de voir son téléobjectif ou ses jumelles se diriger dans sa propre direction plutôt que vers les limicoles ou autres oiseaux des marais. Elle essaya de se reprendre. Allons, elle se faisait des idées. Pourquoi cette inconnue la prendrait-elle en photo, elle, simple ornithologue ? Elle enfourcha son vélo et guida la dizaine de touristes en dehors des marais fourasins. Ils s’éloignèrent du fort Vasou 1 , planté à l’embouchure de la Charente, en suivant la digue de pierres blanches séparant mer et marécage. Le paysage envoûtant dissipa un moment son malaise. Charlotte ne se lassait pas de le contempler : l’océan et les îles d’un côté, la terre et les marais de l’autre. Deux mondes opposés. Mais, au moment de quitter le groupe près du camping de l’Espérance, elle ne put s’empêcher de suivre des yeux la femme qui se hâta vers sa voiture, s’y engouffra et démarra sur les chapeaux de roues.
D’un geste nerveux de la main, la jeune fille rabattit une mèche de cheveux bruns. Le soleil tapait. La marée montait. Elle avait du temps devant elle pour aller se défouler. Après tout, même si elle animait gracieusement quelques activités pour le pôle nature, autant profiter de ses derniers jours de vacances.
***
La mode était au fluo cet été. Ce n’est pas tant le fluo qui la dérangeait que l’usage « m’as-tu-vu » qu’en faisaient certains. Les gens n’avaient peur de rien. Lequel était le plus ridicule ? Ce sexagénaire au ventre rebondi, affublé d’un bermuda orange et qui aurait mieux fait de se faire discret ou cette lolita de dix ans qui dandinait des fesses dans un bikini vert fluo, lunettes Carrera sur le nez, en poussant de petits cris aigus à chaque fois qu’une vague éclaboussait son joli ve

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