Le mort qui téléphonait
184 pages
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Le mort qui téléphonait , livre ebook

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Description

Sébastien Langlois – pénaliste de renom, vivant jusqu’à présent très heureux entre sa femme et ses deux adorables filles – est témoin d’une scène qu’il n’aurait jamais dû voir. Rongé par le doute, puis victime d’une terrible méprise, s’ensuit alors la lente descente aux enfers d'un homme dont la raison défaille. Un homme totalement transformé par la haine et qui ourdit une vengeance machiavélique, laquelle paniquera Pornic, paisible station balnéaire de la côte atlantique, et ôtera le sommeil au capitaine Louis Josh et à son adjoint... De l’estuaire de la Loire aux rues mouillées de Nantes, une histoire humaine, mêlée de rires et de larmes, où la passion et le drame le disputent au suspense...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414068975
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06895-1

© Edilivre, 2017
1
Janvier 2012
Ce mercredi après-midi, en s’engouffrant dans sa voiture, Sébastien Langlois s’empressa d’avaler deux Doliprane, à l’aide d’une petite bouteille d’eau minérale qu’il gardait en permanence dans son vide-poches. « Il faut vraiment que ce maudit mal de tête s’estompe, sinon mon entretien à la prison va tourner au calvaire ! », pensa-t-il en démarrant son véhicule.
Mireille, sa plus jeune sœur, avait insisté pour qu’il défende Jacques Fonteroche, un collègue infirmier accusé d’avoir étranglé sa femme, puis découpé son corps à la tronçonneuse, avant de l’enterrer en forêt.
Il entend encore leur dernière conversation :
« – Mon grand frère chéri, un avocat de renom comme toi… c’est sa seule chance !
– Sa vraie chance, c’eut été de lui expliquer que le divorce à l’amiable existait toujours en France, non ?
– Ce n’est pas le moment de déconner. Si tu le laisses tomber, il ne sortira jamais de prison !
– Ce ne serait peut-être pas plus mal, compte tenu de ce qu’il a fait, ton tronçonneur compulsif… Ne crois-tu pas ? ironisa le « grand frère chéri ».
– C’était un coup de sang ! protesta rageusement Mireille, peu disposée à lâcher prise à la moindre objection.
– Je vois que tu choisis bien tes mots !
– Ah, tu m’emmerdes ! Je voulais dire un coup de folie… Ensuite, il a paniqué. De toute façon, tout le monde a droit à un défenseur, n’est-ce pas… ?
– je ne vais pas prétendre le contraire, concéda à regret Sébastien, craignant la suite.
– A la bonne heure ! Tu es l’un des meilleurs pénalistes de la région, alors fais-le pour moi !
– Pour toi… quel rapport ?
– Je lui dois bien ça, à Jacques… il m’a sauvé la vie ! Rappelle-toi, il y a cinq ans, en me repêchant alors que je me noyais au large de La Baule, durant nos vacances avec un groupe de collègues.
– Ah, c’était lui ! Je m’en souviens parfaitement à présent… Mais, a-t-il bien fait ? A mon avis, la question reste en suspens ! répondit l’avocat en s’esclaffant.
– Très drôle ! rétorqua Mireille, en haussant les épaules, avant de poursuivre… Bon, tu n’as pas le choix ! Je sais bien que tu n’accompliras pas de miracle, qu’il sera condamné… où condamné, mais tu peux peut-être amoindrir la douloureuse.
– Je ne te garantis rien, mais je ferai un saut à la prison de Nantes, pour voir si je peux me charger de ton virtuose de la scie mécanique… Voilà, es-tu contente, sœurette ?
– J’étais certaine de pouvoir compter sur toi ! ».
Et de lui claquer un énorme baiser sur la joue, avant d’éclater d’un de ses rires irrésistibles.
Aussi, n’ayant jamais su refuser quoi que ce soit à sa petite sœur chérie, après avoir avalé ses deux antalgiques, Sébastien Langlois se dirigeait-il maintenant vers la rue Descartes où siégeait, pour quelques mois encore, la vieille prison centrale de Nantes.
La pluie dense freinait un peu le trafic mais il tenait encore les délais et le parking de la place Aristide Briand, à quelques mètres de l’établissement pénitentiaire, lui serait d’un grand secours. Au bout de quelques minutes, les cachets commençant à faire leur effet, c’est beaucoup plus serein que l’avocat s’approcha de l’entrée du garage souterrain ; il aurait besoin de tous ses moyens pour son premier entretien avec Jacques Fonteroche.
A l’abord de la rampe d’accès, sur sa gauche, il jeta un coup d’œil machinal et admiratif à la façade de l’ancien tribunal jouxtant la prison.
Cinq minutes plus tard, il pénétrait dans l’établissement pénitentiaire.
Au parloir, sans qu’il puisse précisément en définir la raison, l’homme qui se présenta devant lui l’impressionna par la douceur de son visage. De taille moyenne, des gestes mesurés, le sourire avenant et lumineux, on eut dit un travailleur social venant au secours d’un S.D.F.
A l’invite de Sébastien, Jacques Fonteroche s’assit précautionneusement et parla aussitôt.
– Maître, je vous remercie d’être venu. A l’énoncé de votre nom, j’ai compris que vous étiez le frère de Mireille. Elle m’a parlé de vous, je l’adore. Vous avez de la chance d’avoir une sœur comme elle.
Son visage s’assombrit d’un coup et il marqua quelques instants avant de reprendre.
– Mais… je dois vous dire que mes modestes revenus m’interdisent de m’offrir un défenseur de votre renom. Je crains bien que vous vous soyez déplacé pour rien.
L’avocat chassa le propos d’un revers de main.
– Laissons cela pour l’instant et racontez-moi votre histoire, dans le détail, et le plus simplement possible.
– Eh bien… Comme vous le savez, j’ai tué ma femme. Nous étions mariés depuis douze ans. Faut vous dire que Gisèle, elle est belle… Pardon, elle était belle !
D’un coup, le visage du détenu se brouilla et de grosses larmes coulèrent silencieusement sans qu’il n’intervienne pour les essuyer.
L’avocat respecta son émotion et deux minutes s’écoulèrent avant qu’il ne reprenne le récit.
– Excusez-moi, maître.
– Non, non, je vous en prie…
– Nous nous entendions très bien, enfin au début, au moins les cinq premières années. On n’a pas eu d’enfant, alors, sans que je m’en rende trop compte, ça s’est détraqué petit à petit. Disons plutôt que je n’ai pas voulu le voir… sans doute par lâcheté.
– Et comment viviez-vous cette situation ?
– Oh, moi ça allait ! J’avais mon boulot à l’hôpital, avec pas mal d’heures supplémentaires. Je l’aime bien mon boulot. Et puis la pêche, le dimanche, quand je n’étais pas de garde ou qu’on n’allait pas voir sa mère à la maison de retraite.
« Une vraie vie de rêve ! », ne put s’empêcher de penser Sébastien, lequel continua néanmoins sur le même ton bienveillant qui l’avait si souvent aidé à cerner la vérité.
– Votre femme travaillait ?
– Non, elle avait une petite pension d’invalidité pour un problème à une jambe. Elle restait à la maison. C’est ça qui à tout foutu par terre ; elle s’ennuyait et elle s’est mise à jouer.
– Aux courses ?
– Non, aux jeux d’argent. Au début, de temps en temps, au casino de La Baule, puis sur le Net et là… ça été le début de la fin.
– Elle jouait beaucoup ?
– Tout le temps ! Et de grosses sommes… du moins quand je n’étais pas là, et je n’étais pas souvent là !
– Et vous ne vous êtes aperçu de rien ?
– De rien ! Enfin, jusqu’à il y a six mois, quand la banque a appelé pour les prêts.
– Racontez-moi.
– Faut vous dire que moi je ne m’occupais pas des comptes, c’est Gisèle qui gérait tout, banques, assurances, impôts ; toute la paperasse en général.
– Et, alors ?
– Ben, comme je vous l’ai signalé, la banque a appelé. C’était en semaine. Exceptionnellement, j’étais de repos et ma femme partie faire les courses. D’habitude, je l’accompagne quand je suis à la maison, mais ce jour-là, je ne me souviens plus pourquoi, ça c’est pas fait et j’ai dû décrocher le téléphone. En temps normal, Gisèle répond toujours.
– Et donc, c’était la banque… ?
– Eh oui ! Et croyez-bien que je suis tombé sur le cul ! Le banquier s’inquiétait des remboursements non honorés d’un prêt… or tous nos prêts sont remboursés depuis cinq ans ! Vous vous rendez-compte, soixante mille euros d’emprunt pour de soi-disant travaux de rénovation… alors que la maison n’a que sept ans et qu’il n’y a pas de travaux à faire !
– Vous avez dû être consterné ?
– Oh, c’était rien ! En discutant plus avant avec lui, j’ai appris que pour le prêt, elle avait dû souscrire une hypothèque sur notre maison, avec l’aide de son frère qui s’était fait passé pour moi chez le notaire… Ce con n’a même pas vérifié l’identité de mon beauf !
– Elle vous a fait la totale, comme on dit.
– Vous ne croyez pas si bien dire. Sachez qu’au cours des dix minutes qui ont suivi, j’ai appris également que nous n’avions plus d’épargne. Les livrets et le plan d’épargne avaient été soldés, ainsi que nos deux assurances-vie… En un mot, la ruine !
– Et là, ça c’est gâté ?
– Vous pensez ! Quand elle est rentrée, je l’ai agonie de reproches, j’ai crié à la trahison. A force de questions, elle a fini par m’avouer son addiction au jeu.
– Et ça s’est terminé comment ?
– Oh, beaucoup de pleurs de sa part. Moi aussi, j’y suis allé de ma larme et puis elle m’a demandé pardon en me jurant qu’elle cesserait de jouer… et j’ai pardonné !
– Vous avez été très généreux.
– Ben, je l’aime ma Gisèle.
Sébastien nota que le verbe avait été énoncé au présent. Fonteroche en devenait presque touchant et l’avocat dû se concentrer pour ne pas oublier l’horreur du forfait commis par cet homme aux apparences si douces.
– Entre ce douloureux épisode et le jour du drame, je suppose que votre épouse n’a pas tenu sa promesse ?
– Serments d’ivrogne ! Il n’y avait que moi pour y croire. Bien sûr, elle a recommencé et nos disputes sont devenues de plus en plus fréquentes.
– Vous êtes-vous disputés le jour du meurtre ?
– Un véritable enfer ! Elle m’a jeté toutes sortes d’objets à la tête et m’a mis plus bas que terre. J’ai eu droit à un tombereau d’insultes : « pauvre type, raté, mauvais coup… ! » , répétant sans arrêt que la plus grosse erreur de sa vie avait été de se marier avec un « gros naze » comme moi… Et là, je suis devenu fou, j’ai vu rouge, je l’ai étranglée… J’étais plus moi-même ! Comprenez, maître, je ne voulais plus l’entendre, surtout qu’elle se taise… oui, qu’elle se taise !
En prononçant ces derniers mots, Fonteroche paraissait totalement hagard. Le fait de revivre son drame l’avait entièrement vidé et il resta une bonne minute, sans dire un mot, ayant oublié le contexte, l’esprit flottant, perdu dans un monde qui n’appartenait plus qu’à lui.
Puis, d’une voix redevenue sereine, il rompit le silence épais qui s’était instauré.
– Voilà, maître, vous savez comment tout cela s’est pa

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