Le lapin blanc
145 pages
Français

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Le lapin blanc , livre ebook

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145 pages
Français

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Description

À Hedda, Simone et Anna et aux amis de toujours Jan Jan avait du mal à se réveiller. Lorsqu’il ouvrit les yeux, le noir était total. Où était-il ? Pas dans un lit, en tout cas. Allongé par terre, peut-être. Il ne se souvenait de rien. Pas même de s’être évanoui. La panique le gagna. Il essaya de se redresser. Sa tête heurta un plafond. Il retomba en arrière, décrochant au passage des débris de terre. Il n’osa plus bouger. L’air était lourd et humide comme celui d’une vieille cave. L’angoisse montait inexorablement. Ses bras étaient immobiles. La main gauche posée sur son ventre, la droite contre sa hanche. Ses jambes… Impossible de les bouger. Elles étaient bloquées. Écrasées par une masse énorme, réalisa-t-il alors. Sa main droite descendit le long de sa cuisse, avant de buter contre un amas de pierres et de terre. Ses jambes étaient ensevelies. Sa respiration s’accéléra. Il essaya de se calmer, de comprendre. À tâtons, il entreprit d’explorer son environnement immédiat. Il y avait un espace d’une dizaine de centimètres de chaque côté de son corps, puis un mur de terre, identique à celui qui lui écrasait les jambes. Le plafond était à environ cinquante centimètres. Deux planches l’avaient protégé, lui évitant d’être entièrement enseveli. De sa main gauche, il réussit à enlever la terre tombée sur son visage quand il avait tenté de se redresser. Il rouvrit les yeux. Il ne pouvait qu’imaginer les parois que ses doigts avaient touchées.

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Informations

Publié par
Date de parution 06 septembre 2007
Nombre de lectures 0
EAN13 9782810403165
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À Hedda, Simone et Anna et aux amis de toujours
Jan

Jan avait du mal à se réveiller.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, le noir était total. Où était-il ? Pas dans un lit, en tout cas. Allongé par terre, peut-être. Il ne se souvenait de rien. Pas même de s’être évanoui. La panique le gagna.
Il essaya de se redresser. Sa tête heurta un plafond. Il retomba en arrière, décrochant au passage des débris de terre. Il n’osa plus bouger. L’air était lourd et humide comme celui d’une vieille cave. L’angoisse montait inexorablement. Ses bras étaient immobiles. La main gauche posée sur son ventre, la droite contre sa hanche. Ses jambes… Impossible de les bouger. Elles étaient bloquées. Écrasées par une masse énorme, réalisa-t-il alors. Sa main droite descendit le long de sa cuisse, avant de buter contre un amas de pierres et de terre. Ses jambes étaient ensevelies.
Sa respiration s’accéléra. Il essaya de se calmer, de comprendre. À tâtons, il entreprit d’explorer son environnement immédiat. Il y avait un espace d’une dizaine de centimètres de chaque côté de son corps, puis un mur de terre, identique à celui qui lui écrasait les jambes. Le plafond était à environ cinquante centimètres. Deux planches l’avaient protégé, lui évitant d’être entièrement enseveli. De sa main gauche, il réussit à enlever la terre tombée sur son visage quand il avait tenté de se redresser. Il rouvrit les yeux. Il ne pouvait qu’imaginer les parois que ses doigts avaient touchées. Il se rendit compte qu’il avait la nuque trempée, comme si sa tête reposait dans une flaque d’eau. Il se toucha les cheveux. Ce n’était pas de l’eau. Trop visqueux. Le goût lui confirma que c’était du sang. Alors, seulement, il commença à ressentir la douleur.
Que s’était-il passé ?
Il se revit en train de marcher. Il faisait nuit. Il voulait faire des photos avec son portable.
Le téléphone…
Il tapota les poches de son pantalon. Vides. Même son portefeuille avait disparu. On lui avait tout pris.
Sauf son briquet. Dans la poche de sa chemise.
Il l’alluma.
Et la panique s’accrut. Il était bel et bien enterré vivant.
La douleur, qui s’était jusque-là timidement manifestée, explosa brusquement. Dans la tête, dans les jambes. Il se mit à gémir.
Il avait du mal à respirer et eut envie de vomir.
Il tourna la tête juste à temps.
Et fondit en larmes.
Il n’avait aucun doute sur l’identité du salaud qui l’avait mis dans cette situation. Mais pourquoi ?
Jan ne savait rien, n’avait rien fait, n’était personne. Les larmes ruisselaient sur ses joues.
Il ralluma son briquet.
L’air était chargé d’odeurs nauséabondes.
En forçant sur ses abdominaux, il réussit à se redresser de quelques centimètres pour mieux distinguer l’endroit où ses jambes disparaissaient sous la terre. Par précaution, il décida de creuser loin de son visage. Il n’était peut-être pas très loin de la surface. Une lueur d’espoir naquit en lui. Il commença à racler le plafond.
La terre tombait sur ses jambes. Il essayait de gratter le plus délicatement possible.
Il fit une pause. Alluma le briquet. Le trou faisait une vingtaine de centimètres. Pas le moindre rayon de lumière, pas le moindre souffle d’air. Il déblaya la terre qui était tombée sur lui, éteignit le briquet et se remit au travail. Il sentit une pierre plus volumineuse que les autres. Il ne fallait pas qu’elle lui tombe dessus. Il la bloqua d’une main tout en continuant à creuser de l’autre.
Il parvint à la déloger. La posa sur sa droite, contre sa cuisse. Il sentit qu’elle était très grosse.
Il alluma le briquet. Le trou formait un petit dôme. Il n’avait plus qu’à continuer.
Il appela à l’aide. Peut-être cette cavité pouvait-elle propager un écho salvateur.
Il s’arrêta un instant. Il était en nage, les élancements à la tête et aux jambes étaient devenus intolérables. Il se remit à creuser. La terre tomba d’abord lentement, puis s’effondra d’un coup, l’ensevelissant du haut des cuisses jusqu’au ventre. Il hurla de douleur. Le poids était insupportable. Il ne pouvait plus respirer. Il libéra sa main droite et se frotta le visage. Jamais il n’avait autant pleuré de sa vie.
Son bras gauche était bloqué sous l’éboulement.
Sa tête était sur le point d’exploser, il n’y avait plus d’air.
Jan avait souvent pensé à la mort et s’était juré que, le moment venu, il l’affronterait avec dignité et courage. Il ne l’attendrait pas dans un lit d’hôpital, il ne serait un poids pour personne ; il s’épargnerait les regards fuyants de ses proches, il avalerait ce qu’il fallait pour en finir. Le problème, c’est qu’il y avait trop de façons de mourir, et qu’aucune n’était jamais satisfaisante. Mais comment accepter de disparaître ainsi, sans aucune échappatoire, sans la moindre possibilité de faire autrement ?
Il ne pouvait pratiquement plus bouger. Il pensa alors à sa famille. Sa fille, son fils. Julia. Qui allait s’occuper d’eux ? Bon sang ! Il ne les verrait pas grandir, il ne pourrait pas les aider. Un jour, quelqu’un entrerait peut-être dans la vie de Julia et prendrait sa place. Il poussa un cri, puis un autre, qui l’étourdirent, faute d’oxygène.
Il avait envie de rire. De rire et de pleurer. Il imaginait son chien en train de creuser pour le sortir de là. Il y avait aussi sa femme, et ses enfants. Et tout le monde riait.
Il allait s’évanouir lorsqu’il entendit des bruits.
Mais ce n’était peut-être que l’effet de son imagination.
Le lapin blanc

Julia se demandait où était passé le chien. On était samedi après-midi et ça l’agaçait de devoir chercher le schnauzer alors qu’elle avait prévu de faire du shopping.
Les enfants étaient déjà dans la voiture avec Jan, prêts à partir pour leurs traditionnelles emplettes estivales. Ils n’attendaient plus qu’elle.
Lorsqu’elle vit l’animal, elle remarqua qu’il tenait quelque chose dans sa gueule.
À première vue, elle opta pour une des peluches de son fils. Mais en s’approchant, elle constata horrifiée qu’il s’agissait de Puffy, le lapin blanc des voisins.
Il était couvert de terre, immobile.
Le chien avait tué un lapin innocent. Le lapin que les enfants adoraient. Le lapin qui allait briser leur longue amitié avec les voisins.
Mais peut-être était-il encore vivant, se dit-elle.
Le schnauzer regardait Julia d’un air de défi, manifestement déterminé à garder son trophée.
Mais Julia ne capitulait pas facilement. Elle bondit sur le chien, l’immobilisa et lui écarta les mâchoires.
Elle poussa un hurlement qui s’entendit jusqu’à l’autre bout du quartier. C’est le cri plus que la démonstration de force qui eut raison du chien. Il n’était plus question de jouer.
Le lapin tomba par terre. Maculé de terre. Mort.
Julia avait encore le regard rivé sur Puffy lorsque Jan arriva en courant, affolé.
Il s’arrêta devant le corps inanimé du lapin.
– Le chien a tué Puffy ?
–  Ton chien a tué Puffy.
– Et maintenant ?
– C’est ton problème.
– Comment ça ?
– Tu es responsable du chien, alors quand nos voisins rentreront de week-end, tu leur feras un petit compte-rendu de la situation.
– Attends, attends, ne cédons pas à la panique. Tu as vu comment ça s’est passé ? C’est le chien qui est allé dans leur jardin ou c’est le lapin qui est venu dans le nôtre ?
– Jan, nous avions des jardins en commun, des enfants en commun et des animaux en commun. Ce n’est plus le cas pour les animaux, alors il va falloir trouver une explication.
– Julia, un lapin, ça vit combien de temps ?
– Je ne sais pas… je dirais sept ans.
– Puffy était vieux, non ? Si on le nettoyait un peu et qu’on le remettait dans sa cage ? Il est mort paisiblement dans son sommeil, voilà la vérité.
–  Ta vérité, tu veux dire ?
– Julia, à partir de maintenant, c’est notre vérité. Va voir les enfants avant qu’ils ne saccagent la voiture. J’en ai pour dix minutes.
Jan prit le lapin, lança un regard noir à son chien et entra dans la maison.
Il donna un coup de brosse à l’animal puis compléta l’opération avec le sèche-cheveux de sa femme.
Le lapin n’avait aucune marque de violence sur le corps : au moins, le schnauzer l’avait tué avec tact.
Une fois l’animal nettoyé, il se dirigea vers la véranda des voisins, où se trouvait la cage de Puffy.
Il s’agissait en fait d’un simple coin grillagé.
Lorsqu’il était jeune, le lapin sautait facilement hors de cette merveille architecturale, et il fallait toujours des heures pour lui remettre la main dessus. Mais ces derniers temps, il préférait paresser dans ses trois mètres carrés.
Jan posa le lapin là où celui-ci avait l’habitude de dormir. Il essaya même de lui fermer la bouche pour qu’il ait l’air serein, mais en vain : l’animal était dur comme du bois.
 
La journée du dimanche fut splendide. Ensoleillée, avec juste ce qu’il fallait de fraîcheur. Ils en profitèrent pour faire un tour à Bellagio, sur le lac de Côme.
À leur retour, les voisins n’étaient pas encore rentrés.
Julia et Jan s’installèrent dans le jardin pour déguster un vin blanc acheté à Vérone quelques semaines plus tôt et regarder les enfants jouer sur la balançoire fixée à l’une des branches du grand pommier.
Au second verre de vin, leur conversation fut interrompue par le bruit de la BMW des voisins.
Julia lança un regard inquiet à Jan ; il hocha la tête, prêt à affronter le moment de vérité.
Mais ce qui se produisit alors fut bien pire que ce qu’ils avaient imaginé.
Jan entendit les voisins ouvrir leur porte d’entrée. Puis, quelques instants plus tard, celle de la véranda. Évidemment, les enfants ont d’abord voulu dire bonjour au lapin, se dit Jan.
Quelqu’un poussa alors un cri déchirant. C’était Sara, la mère de famille.
Jan lança un regard rassurant à Julia, qui ne cautionnait pas du tout la stratégie de son mari.
Le regard noir qu’il reçut en retour l’obligea à réagir.
– Ne t’inquiète pas. Ils vont vite l’oublier.
Mais il se trompait.
Sara pleurait, hurlait et parlait tout à la fois. Elle s’adressait à Stefano, son mari.
Mais on n’entendait pas distinctement ce qu’ils disaient.
Julia se sentait terriblement coupable.
– Il faut

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