Le formulaire 13
236 pages
Français

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Description

Dans un futur proche, un jeune terrien est acheté par des tiers d'une autre planète pour accomplir une mission difficile tant physiquement que psychologiquement. S'ensuivra une réflexion sur lui-même et une remise en question de ses rapports avec les autres. S'en sortira-t-il indemne ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332886019
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-88599-9

© Edilivre, 2015
Le formulaire 13
 
 
Il faisait froid et sombre. Il y avait très peu de bruit, à part celui du camion qui l’emmenait vers un endroit inconnu, imprécis. La tête penchée, le visage tiré, les yeux cernés, il semblait avoir le regard absent. À l’arrière, ballotté, il ne regardait même plus ses compagnons d’infortune. Et si, quelque part, il y avait encore un dieu ou une puissance obscure, capable de miracles, il n’y pensait même plus.
Il ne songeait à rien et il imaginait un peu tout.
Les étoiles brillaient dans le ciel, il les aperçut par un trou dans la toile juste au-dessus de lui. Le sol était fort caillouteux, il recevait le choc de la paroi du camion dans le dos. Il ferma les yeux et tout ce qu’il savait, c’est qu’il faisait sombre, qu’il faisait froid et que Dieu n’était pas là.
* * *
Le camion s’arrêta le lendemain dans une cour poussiéreuse. Seuls quelques buissons survivaient çà et là, dans ce paysage morne et désertique.
Un seul bâtiment, gris et bas, se dressait devant eux et semblait abandonné. Pourtant, derrière les fenêtres, des ombres bougeaient.
Ébloui par le soleil, il plissa les yeux, descendit de l’arrière du camion et mit son sac de voyage sur l’épaule. Il remonta le col de sa veste pour se protéger d’un vent mauvais et chercha, en vain, quelqu’un de sa race, tout en restant comme paralysé sur place.
Ce sont ses questions et ses doutes qui tournaient autour de lui.
La portière du camion claqua, le chauffeur, encombré de papiers, hurla soudain dans une langue neutre et compréhensible de tous :
– Ceux qui ont les vestes vertes à gauche, les bleues à droite, plus vite que ça…
Il se pencha, perplexe, il avait reçu un costume d’un noir profond. Devait-il aller à droite avec les bleus… ?
Ou avec les verts à gauche… ?
Il resta figé, n’osant ni se décider, ni poser la question essentielle.
Deux rangées se formèrent sur le sol, avec des murmures d’impuissance. Et il se retrouva entre les verts et les bleus. Le chauffeur ne semblait pas se préoccuper de lui. Il continua, soudain comme harassé par une tâche qui le fatiguait :
– Les verts, bâtiment C… les bleus, bâtiment D.
Il devina le chiffre 23 sur le grand bâtiment gris, et se focalisa sur la porte d’entrée basse et abîmée.
– Allez ! C’est parti… En route… ! hurla le chauffeur.
Le son de sa voix déchira l’espace malgré lui.
– Et moi ? Où je dois aller ?
– Toi ? Tu ne vois pas que t’es en noir ? T’es con ou quoi ?
Le chauffeur lança des insultes dans sa langue d’origine et partit avec les autres.
Mais ce noir, ce n’était pas lui qui l’avait choisi, on lui avait donné cette tenue avant d’être jeté comme un paquet à bord du camion.
Que représentait donc ce noir ? Où devait-il aller ? Devait-il attendre ?
Tout le monde avait disparu, la cour était déserte.
Le vent sifflait dans ses oreilles.
23… 23… il regardait le chiffre sur le bâtiment, lorsqu’il entendit de légers coups sur une des vitres du rez-de-chaussée.
Quelqu’un lui faisait signe d’approcher. La fenêtre s’ouvrit, on lui adressa la parole dans la langue neutre :
– Qu’est-ce que tu attends, toi ?
– Je ne sais pas où je dois aller…
L’homme parut surpris.
– Donne-moi tes papiers…
– Hein !
Il lui tendit ses deux carnets. L’homme de la fonction publique les parcourut rapidement, puis il leva un regard profond :
– Tu sais au moins où tu es ?
– Non.
– Tu sais au moins où tu vas ?
– On ne m’a rien dit.
– Attends là… Je vais téléphoner… Et il referma la fenêtre, emportant ses papiers.
Et le vent qui ne cessait de souffler. Il s’assit sur les marches de la porte d’entrée toute proche. Fuir ?
Mais où ? Il n’y avait rien autour à des kilomètres à la ronde et il aurait tôt fait d’être rattrapé.
Il commençait à sentir la faim le tenailler. Il aurait voulu un bon verre, un bon plat. Mais il se contenta de regarder le bout de ses chaussures.
Une heure passa, deux heures, trois… quatre… Il posa sa tête contre le mur. Il avait de plus en plus faim, la fatigue l’envahit, ses yeux se fermaient peu à peu… Cinq… six heures. Il vit encore la ligne d’horizon, le soleil au zénith. Il sentit une dernière fois le vent froid se ruer dans ses oreilles… Il renversa la tête en arrière et s’endormit…
* * *
– Ho, he… Quelqu’un le secouait par la manche. Instinctivement il regarda sa montre : 20 heures.
Le soleil brillait toujours et le vent n’avait pas cessé de souffler.
Deux bottes semblaient plantées dans le sable à côté de lui. Il leva le visage et reconnut le « fonctionnaire » qui lui avait pris ses papiers. Ce dernier les lui tendit et murmura :
– Je les ai appelés, ils sont là.
Il prit ses papiers et les rangea dans son sac.
– Qui ?
Mais l’autre ne lui répondit pas et recula de quelques pas.
Il se leva des marches de l’escalier, frotta le sable déposé sur sa veste et répéta :
– Qui avez-vous appelé ? Va-t-on m’expliquer de quoi il s’agit ?
Il regarda alors autour de lui et resta interdit.
Une troupe se trouvait à l’arrêt dans la cour. Certains étaient adossés à leur véhicule, d’autres discutaient dans une langue qu’il ne comprenait pas. Ils semblaient « barbares » et peu sympathiques. Deux d’entre eux étaient juste devant lui et le regardaient fixement, sans expression.
Le fonctionnaire semblait peu à l’aise également :
– Voilà, le formulaire 13.
Il lui tendit un papier rose.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Tu leur donneras lorsqu’ils le demanderont.
Il tenta de le parcourir.
– Je ne sais pas le lire, c’est une langue que je ne connais pas.
– Mmm. (Le fonctionnaire semblait soudain pressé de quitter les lieux.) Voilà, c’est tout. Adieu, « prisonnier ».
Il salua brièvement d’un hochement de tête et se débina.
Et il resta avec un air idiot, le formulaire 13 en main, en face d’une bande de gens non identifiés.
L’une des deux personnes qui le regardaient tendit la main et s’exprima en langue neutre avec un fort accent.
– Papiers…
Le second resta immobile, comme si rien ne pouvait le déranger, ni le vent, ni le soleil, peut-être même pas le temps, comme éternel dans une secrète dignité.
Il hésita, puis ouvrit à nouveau son sac et tendit ses papiers.
L’homme les parcourut brièvement puis les passa au second.
Ils échangèrent quelques mots aux accents durs et courts. Puis le Premier sembla réfléchir, lui tendit ses papiers et dit d’une voix grave :
– Si toi pas faire d’ennuis, tout bien se passer. Sinon, mort certaine. C’est tout… Venir… Nous partir.
– Où ? Qui êtes-vous ?
– Silence maintenant !
Les deux hommes se retournèrent comme un seul et se dirigèrent vers les véhicules.
Il hésita. Il pouvait sentir la mort, le danger, mais avait-il le choix ?
« Ils » n’avaient rien demandé. Il entendit comme en écho la voix du « fonctionnaire ».
– Voilà le formulaire 13, tu leur donneras lorsqu’ils le demanderont…
Il plia le formulaire en quatre, le glissa dans sa poche et les suivit lentement.
Et tout ce qu’il savait à ce moment-là, c’est que Dieu n’était pas là…
Il grimpa à bord d’un des véhicules, qu’on lui avait désigné d’un signe de la main. Toute la colonne se mit en marche.
Chaque véhicule plus étrange que l’autre.
Ils étaient tous vêtus de noir. Ils semblaient tous immenses et stricts.
Il se fit petit sur son siège et regarda le paysage défiler. C’était toujours la même couleur, un sable gris presque de couleur cendre. Quelques buissons et un soleil étrangement éblouissant.
La faim devenait une obsession pour lui. Il but la dernière goutte d’eau qu’il avait encore dans sa gourde.
Il regarda sa montre. Le soir commençait à tomber. Il sourit.
« Ah, les journées durent ici quarante-huit heures. C’est déjà ça comme indice », pensa-t-il.
Mais les véhicules continuaient leur route. Il vit les premiers arbres apparaître, le paysage changeait peu à peu.
Il découvrit enfin une forêt, une rivière, quelques animaux, des oiseaux… La route semblait interminable.
Il attrapa de violentes crampes à l’estomac. La faim rugissait toute sa douleur dans son corps. Mais il n’osait rien dire, rien montrer. Il fut pris de violents maux de tête. Il regarda encore quelques minutes par la vitre du véhicule, admira le paysage d’une rare beauté où les premières montagnes montraient leur majesté au loin, lorsqu’il fut pris de tremblements. Et, bien que la température se montrât plus clémente, il ferma sa veste.
Un de la « troupe », qui était assis à l’arrière à côté de lui, dit soudain en langue neutre :
– Toi malade ?
– J’ai faim. Je n’ai rien mangé depuis trois jours.
L’autre sembla réfléchir, puis il s’adressa au chauffeur, qui prit une espèce d’émetteur radio en main, et qui sembla s’entretenir avec un tiers.
Après quelques minutes, toute la colonne s’arrêta au bord de la route. Il entendit des voix, des portières claquer. Il resta assis, il ne savait plus s’il tremblait de faim ou de peur.
Les deux hommes qui avaient pris ses papiers dans la cour du camp 23 s’approchèrent et ouvrirent la porte. À nouveau, le Premier sembla chercher ses mots.
– Malade ?
Le Second semblait figé dans un silence dangereux et contrarié.
Il hésita, puis il murmura :
– J’ai faim et j’ai soif.
– Mmm…
Il parlait toujours avec son accent au Second.
L’autre répondit brièvement. Le Premier se tourna vers lui :
– Nous n’avons pas à manger ici. Devons arriver au relais… toi attendre.
– Il est loin, ce relais ?
Il regarda sa montre.
– Encore dix heures. Nous passer les montagnes.
Il trembla et puis soudain prit tout son courage.
– Ce n’est pas possible, si je ne mange pas maintenant, je vais mourir.
Le Premier parla au Second, puis il se pencha à nouveau :
– Alors toi mourir !
Et il claqua

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