Le Fils maudit
284 pages
Français

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Description

Au Moyen Âge, un égorgeur sévit dans le Périgord où se trouve implantée la puissante baronnie des Rastagnac. L'homme se déplace en permanence, paniquant tous les habitants par la rapidité, l'incompréhension et l'horreur de ses actes meurtriers. En l'an 1272, alors qu'ils font route séparément, plusieurs voyageurs trouvent refuge au château de Godefroi de Rastagnac. Parmi les gens d'Église et les troubadours on découvre l'austère frère Guillaume, qui s'avère être le fils de ce dernier. Exilé dans un monastère puis défiguré, personne au château ne semble reconnaître le deuxième enfant du baron. Devenu moine, est-ce vraiment le hasard qui l'a ramené dans sa contrée natale ? L'auteure nous livre un thriller médiéval qui laisse flotter sur les terres ensanglantées de la Dordogne une ambiance sinistre et pesante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2017
Nombre de lectures 36
EAN13 9782342156232
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Fils maudit
Nelly Gontran
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Fils maudit
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Ce livre n’est que pure fiction. Les personnages et les baronnies n’ont jamais existé et ne sont que simple imagination de l’auteur.
 
En ce début de l’an 1272 et bien que l’heure ne fût pas tardive, la nuit était déjà tombée. Un épais brouillard plombait le ciel enrobant les alentours de sa masse feutrée.
 
Frère Benoît venait de pénétrer dans une petite bourgade située sur sa route et dont il ignorait le nom. Étroite et enneigée, elle s’étendait le long de la Dordogne. Une mule avec ses deux sacs en toile bien chargés trottinait à ses côtés. Derrière, un moinillon suivait péniblement. Les maisons s’alignaient dans l’unique rue déserte, toutes portes closes et volets fermés. Chacun effrayé se barricadait chez soi dès l’approche du soir. Un égorgeur sévissait dans la région. On avait enregistré une série de crimes similaires à Périgueux, Beynac, Saint-Cyprien et Sarlat. L’homme assassinait toujours dès le crépuscule et semble-t-il sous le coup d’une impulsion incontrôlée, sans raison apparente, car il n’existait aucun lien entre les victimes. On les retrouvait toute la gorge tranchée à hauteur de la carotide. Aucune d’entre elles ne semblait s’être débattue. Il devait arriver par-derrière et d’un coup de lame il sectionnait la partie du cou concernée. L’argent, les bijoux, ou toute autre chose ayant de la valeur n’étaient jamais dérobés. Il semblait tuer uniquement pour le plaisir.
 
Le moine poussa un soupir de soulagement à la vue d’une lumière qui épandait sa faible clarté sur la porte d’une auberge située à la sortie de la localité.
 
Enfin un coin d’accueil !! Il laissa dehors le moinillon, la mule et pénétra dans la pièce. Une puanteur se dégageait des lieux mêlant des relents de cuisine, de vin, de vêtements crasseux et de sueur rance. Les tables malpropres étaient toutes occupées. Certains mangeaient, d’autres déjà endormis gisaient affalés sur leurs chaises et ronflaient bruyamment. Ce devait être le seul établissement de ce genre existant aux alentours car l’auberge était pleine à craquer.
— Bonsoir la compagnie, dit le moine en entrant. Dieu vous garde !
 
Un grognement lui répondit émanant de celui qui, de toute évidence, devait être l’aubergiste.
 
— Pouvons-nous manger et dormir, mon moinillon et moi ?
L’aubergiste le toisa d’un regard méfiant.
— Vous avez de quoi payer ?
— Oui, répondit le moine.
 
En voilà un qui a de l’argent. C’est surprenant pour un moine, pensa l’aubergiste soupçonneux. Dans ce contexte de peur découlant de tous ces assassinats, tout le monde suspectait tout le monde.
 
— Vous pouvez manger mais il n’y a plus de lits disponibles. Si l’écurie vous convient, vous trouverez de la paille et du foin tout à côté.
— C’est parfait. Alors nous allons dîner mon Tintounet et moi.
 
Le moinillon s’appelait Augustin mais Frère Benoît lui avait donné tout de suite le surnom de Tintounet. Il l’avait trouvé sur le bord de la route, grelottant de froid, égaré et complètement désemparé.
 
Le jeune novice se dirigeait vers Saint-Jacques de Compostelle, ville espagnole de pèlerinage depuis le xi e siècle, sous la protection d’un vieux moine chargé de son éducation religieuse. Ce dernier s’était éteint subitement et le jeune garçon l’avait trouvé au petit matin, les yeux clos, la bouche ouverte, et le corps complètement froid.
 
Frère Benoît les avait découverts tous les deux. Alors, il avait enterré frère Bernardin sous un robuste tilleul, avait confectionné une croix, récité les prières habituelles, béni le corps, puis était reparti avec le moinillon qui ne savait plus où aller.
 
Brutalement, l’aubergiste avait fait déguerpir deux dormeurs afin de libérer une table pour les nouveaux arrivants.
 
— On paye d’avance, dit l’aubergiste soupçonneux.
 
Frère Benoît sortit précautionneusement une grosse pièce d’argent de 12 deniers. Il tenait sa petite sacoche bien serrée afin que l’aubergiste ne puisse entrevoir son contenu. C’est en 1266 que Saint Louis avait fait frapper les premiers écus. Frère Benoît, très fier, en possédait quelques-uns. N’étant pas encore répandus dans les campagnes, la vue de ces écus ne pouvait entraîner que convoitise alors Frère Benoît restait prudent.
 
L’aubergiste regardait avec envie cette belle pièce d’argent qui allait bientôt tomber dans son escarcelle.
 
— Pour cette somme, tout compris, je peux vous offrir la soupe à laquelle j’ajouterai deux belles tranches de lard, un pichet de vin et demain matin deux grands bols de lait chaud juste sorti du pis de la vache avec des tranches de pain recouvertes de saindoux ainsi que la prise en charge de votre mule.
 
Frère Benoît répondit :
— C’est d’accord, alors servez-nous votre soupe.
 
Sur de grandes tranches de pain, l’aubergiste avait versé copieusement les légumes : rutabagas, pois chiches, navets, raves, haricots, et venait d’ajouter d’épaisses tranches de lard.
 
Frère Benoît et Tintounet firent très rapidement le signe de la croix, marmonnèrent une courte prière et se précipitèrent sur la soupe brûlante. À la fin du repas, le moine versa copieusement du vin dans le reste du potage et but à même l’assiette. Puis il en donna un peu à son Tintounet.
 
— Cela va te faire du bien, tu verras, tu vas bien dormir.
 
Mais le moinillon n’avait pas besoin de cela, et peu de temps après, enfoui dans le foin, sous le coup de toutes ces émotions, il s’endormit profondément.
 
Frère Benoît, seulement assoupi, surveillait du coin de l’œil sa mule et son chargement.
 
Le lendemain matin, ils furent prêts de bonne heure. Bedonnant, le visage large et carminé, Frère Benoît prit congé des lieux souriant béatement, mais ce sourire de circonstance ne trompait pas l’hôtelier. Ce moine ne lui disait rien qui vaille.
 
 
 
La veille au soir, à peu de distance de là, dans la lugubre forêt Barade, un autre moine courait à toute allure, les pas entravés par sa longue robe de bure. Au loin, on entendait une meute de loups affamés qui se rapprochait dangereusement. Le moine semblait bien connaître les lieux et malgré l’obscurité arrivait à s’orienter. Il trouva rapidement le coin propice qu’il cherchait pour se réfugier et passer la nuit. Il tendit l’oreille. Maintenant la meute s’éloignait et s’enfonçait dans les tréfonds de la forêt. On ne percevait plus que faiblement les hurlements lointains de la horde sauvage. Soudain, le froissement des feuilles tombées qui tapissaient le sol le fit sursauter. Il saisit rapidement son bâton puis poussa un soupir de soulagement. Il venait de déranger un petit rongeur qui s’enfuyait. Il s’installa le mieux qu’il put et attendit l’aube.
 
La Dordogne coulait au bas de l’excavation. Dès les premières lueurs du jour, il sortit de sa cachette, tapota son vêtement couvert de terre et descendit vers la rivière. Il lava ses mains, passa de l’eau sur son visage et lissa ses cheveux. Il mouilla rapidement ses bras et ses jambes puis courageusement il trempa ses pieds. L’eau était glacée. Enfin il nettoya ses sandales encore couvertes de neige. Il prit son bâton et en peu de temps, en empruntant des chemins de traverse, il retrouva la lisière de la forêt.
 
Dans le lointain, face à lui, le château des Rastagnac dressé sur un éperon rocheux surgissait au milieu de la brume. Au-dessus de ses puissantes murailles massives et crénelées émergeait un important donjon arborant une bannière aux armoiries de la baronnie, dont lui, Frère Guillaume, de retour au pays, était l’un des descendants directs.
 
Le brouillard paresseux ne semblait pas avoir l’intention de se lever.
 
Une neige fine commençait à tomber. Soudain, une musique se fit entendre, étouffée par le bruit de lourdes roues en bois traînant des chariots sur un sol gelé.
 
C’était une troupe de troubadours qui se déplaçait de château en château, arpentant la région. Bientôt le cortège déboula au tournant du chemin. Il y avait trois carrioles lourdement chargées tirées par de robustes percherons.
 
La première était conduite par un homme aux cheveux grisonnants. À côté de lui se trouvait un musicien qui jouait de la vièle. Les deux autres chariots suivaient, ayant chacun un homme à leur côté. Deux garçonnets couraient et jouaient autour de deux mulets particulièrement hauts sur pattes, semblant dociles et patients. À l’arrière se trouvaient deux femmes qui jacassaient et un poney à la crinière hirsute qui répondait au nom de Bijou.
 
Ils étaient tous habillés de costumes chatoyants mais terriblement usés, limés et rapiécés, sans doute le don de châtelains qui s’étaient débarrassés de leurs vieux habits.
 
L’homme en tête fit arrêter le cortège. Le musicien cessa subitement de tourner la roue de sa vièle et la musique se tut.
 
— Oh là, moine, que veux-tu ?
 
Frère Guillaume s’était mis au milieu du chemin, obligeant le convoi à s’arrêter. Tous le regardaient inquiets. Chacun redoutait une rencontre avec l’égorgeur et le visage peu amène de Frère Guillaume n’attirait pas spécialement la sympathie. Encore toute proche, on pouvait apercevoir l’ombre inquiétante de la forêt pleine d’embûches où gîtaient sans aucun doute des bandits de grand chemin car on rapportait que de nombreux crimes étaient perpétrés dans ses imp

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