Le fantôme qui tue
70 pages
Français

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Description

Drame à Blainville-sur-Mer !


Dans la soirée, sur la terrasse du café du Cheval Noir, un homme a été abattu d’une balle.


Événement surprenant dans une cité balnéaire aussi calme quand les estivants ne l’ont pas encore prise d’assaut.


À plus forte raison quand le meurtre est perpétré au su et au vu de tous les habitués des lieux et que l’assassin n’aurait pu commettre son crime et abandonner son arme sans être aperçu des multiples témoins qui entouraient la victime.


De là à penser que le coupable est un fantôme ?...


Heureusement pour le commissaire de Blainville-sur-Mer, il apprend que le célèbre inspecteur GIRARD a élu domicile dans une villa de la localité pour passer des congés bien mérités.


Celui-ci accepte, un peu à contrecœur, de prêter main-forte à son collègue, mais très vite, il va s’enthousiasmer dans cette enquête mêlant un tueur invisible, un yacht fantôme, une mystérieuse voiture bleue transportant des êtres étranges et une crique dans laquelle se déroulent des phénomènes qui effrayent tous les marins de la région....

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070038864
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LE FANTÔME QUI TUE
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
UN COUP DE FEU
 
Chaque soir, après le dîner, MM. Anatole Vernet, l'épicier de la Grand-Rue ; Jean Ménard, le premier clerc de M e Clovis, huissier ; Alphonse Belval, représentant de commerce, et le charcutier de la place, M. Jules Maingot, quatre honorables habitants de la petite station balnéaire de Blainville-sur-Mer, sur la côte normande, avaient accoutumé de se réunir au café du Cheval Noir, pour faire une belote. C'était leur délassement quotidien après les fatigues de la journée.
Ce soir-là — on était en août —, les quatre partenaires s'étaient installés à la terrasse de leur établissement familier, lequel connaissait l'affluence de la clientèle estivale. Il y avait bien une trentaine de consommateurs que le patron, M. Batistin, et son garçon dévoué Pierre s'empressaient à servir tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du café.
— Pierre, un demi sans faux col !
— Pierre, mon café crème, et le sirop pour la petite !
— Pierre, voilà trois fois que je te demande le siphon d'eau de Seltz !
Et Pierre s'affairait, circulant d'un pas preste à travers tables et chaises, portant en équilibre le plateau surchargé de verres et de soucoupes et sa voix claironnante répondait à tous par un « voilà ! » joyeux.
Sans prêter attention au brouhaha, les quatre manieurs de cartes concentraient leur esprit sur leur jeu, lâchant de brèves exclamations. L'épicier et le clerc d'huissier se trouvaient le dos tourné à la grande glace séparant la terrasse de l'intérieur du café ; le charcutier et le représentant de commerce leur faisaient vis-à-vis. La partie battait son plein ; les cartes tombaient sur le petit tapis vert portant la marque d'un apéritif connu. Il était neuf heures du soir ; mais il faisait encore jour ; le soleil venait de se coucher à l'horizon de la mer, incendiant le ciel. Dans quelques minutes, le patron devait éclairer son établissement.
Tout à coup, une détonation retentit. La glace qui se trouvait derrière M. Jules Maingot se brisa à un mètre cinquante du sol. En même temps, un cri long et douloureux comme un râle s'échappa de la bouche d'un client qui consommait à l'intérieur.
Un silence de stupeur et d'angoisse se lit aussitôt ; tous les regards convergèrent du côté où la plainte se prolongeait. Le patron, le garçon et quelques consommateurs se précipitèrent, entourant le malheureux qui s'était affaissé sur sa chaise.
— Vite, un médecin ! s'écrièrent plusieurs voix.
Les quatre joueurs de belote s'étaient levés, muets de frayeur, et regardaient à travers la vitre brisée, séparés à peine de cinquante centimètres de la victime.
Soudain, M. Vernet, l'épicier de la Grand-Rue, remarqua à leurs pieds, dans l'ombre, quelque chose de luisant :
— Un revolver ! s'exclama-t-il en se baissant.
Il ramassa l'arme en tremblant. À côté d'eux, quelqu'un proféra :
— L'arme du crime !
Machinalement, M. Vernet avait découvert le chargeur :
— Une balle manque, prononça-t-il lentement, avec effroi.
— La balle qui a tué, très certainement, dit le patron qui s'était avancé en voyant le revolver entre les mains de l'épicier.
— Je ne comprends pas, balbutia ce dernier très pâle, non, je ne comprends pas...
— Nous étions là, très tranquillement, en train de jouer, fit remarquer M. Maingot.
— Nous tenions tous les quatre dans nos mains notre jeu, fit le clerc d'huissier ébahi.
Il y eut un moment de silence. M. Belval résuma la pensée commune :
— Mais, qui a tiré ?
Le patron intervint :
— Reposez tout de suite cette arme où vous l'avez prise, monsieur Vernet, je vous en prie, afin que la police puisse faire toutes les constatations.
— Alors, bégaya le charcutier affolé, vous... croyez que... que... il s'agit d'un... d'un crime ?
Pierre, le garçon, soupira :
— Évidemment. En tout cas, toutes les apparences y sont, et il y a malheureusement une victime qui en est la preuve vivante...
Il se tourna vers le client qui avait reçu la balle et ajouta en hochant la tête :
— Vivante ?... Peut-être pas pour longtemps,
Dans le café, c'était l'allée et venue de gens apeurés, s'interrogeant, cherchant déjà à savoir, commentant l'affaire, se bousculant auprès de la victime ou bien du côté de la table des quatre joueurs de belote d'où semblait être parti le coup de feu. On pressait de questions à tour de rôle les quatre habitués du café du Cheval Noir :
— Mais, enfin, puisque ce n'est pas vous, vous avez bien dû voir le meurtrier ?
— Il n'a pas pu s'avancer devant cette glace et viser sa victime sans que vous l'ayez aperçu ?
— Cela s'est passé à côté de vous. Alors ?
— À moins d'admettre que ce soit un fantôme ? avança quelqu'un.
— En tout cas, son arme n'était pas irréelle, par malheur ! riposta une personne.
Les quatre consommateurs harcelés de questions ne savaient que répondre et opposaient soit le mutisme, soit des phrases vagues :
— Nous ne pouvons rien dire... Nous n'avons rien vu... C'est incroyable !
Mais le médecin de la localité arriva ; c'était un brave praticien, très aimé dans le pays. En route, ceux qui étaient allés le quérir l'avaient mis au courant.
— Que me chantez-vous là ?... Un crime dans notre station si paisible ? répétait-il.
On avait étendu la victime sur la banquette du fond de la salle ; le patron avait déboutonné le gilet, la chemise, puis avait épongé à l'aide d'une serviette mouillée la petite plaie. L'inconnu n'avait pas repris connaissance ; son visage était livide, sa respiration saccadée. Le docteur, fendant les groupes, s'approcha, ausculta, et son front se plissa :
— Je crois bien...
Il se livra à d'autres observations, et acheva :
— ... que c'est fini.
Il se redressa et, parlant aussi bien à lui-même qu'à ceux qui l'entouraient :
— La balle a traversé le cœur. Rien à faire, hélas !
Un murmure accueillit la sinistre nouvelle. Quelqu'un vint annoncer la nouvelle aux quatre joueurs aux pieds desquels on avait ramassé l'arme et qui demeuraient stupéfaits, près de la petite table où, un instant à peine, ils se livraient si paisiblement à leur distraction favorite.
— Il est mort ? répéta d'une voix tremblante M. Jules Maingot.
— Quelle affaire ! gémit M. Belval.
— Je n'arrive pas à réaliser, fit M. Vernet pour la vingtième fois.
— À un pas de nous, que dis-je, à quelques centimètres, cela s'est passé, prononça M. Jean Ménard.
Le médecin s'enquit auprès du patron, M. Batistin :
— Avez-vous prévenu la police ?
— Il n'y a pas dix minutes que le coup de feu est parti... J'ai d'abord pensé à vous prévenir...
— D'accord, mais, en même temps, vous auriez dû alerter le commissaire.
Le patron héla son garçon entouré de nombreux passants avides de savoir :
— Pierre, courez vite chez M. Tingard.
M. Tingard était le commissaire de police de Blainville-sur-Mer. Son existence s'écoulait dans la quiétude de cette station balnéaire qui ne présentait guère d'animation que trois mois dans l'année, durant les vacances. Depuis quinze ans qu'il administrait policièrement la petite ville, aucune affaire intéressante n'était venue le tirer des procès-verbaux courants pour vols de lapins, rixes après boire, larcins sur le marché, etc.
Lorsqu'il apprit le drame du café du Cheval Noir, il s'esclaffa :
— Il n'y a pas d'assassin ici, voyons !... C'est une plaisanterie.
Son incrédulité était totale...

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