Le duel du IIIème acte
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Français

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Description

Sur les planches du Théâtre Montpensier, durant la représentation de la pièce « Jalousie », au IIIème acte, comme chaque soir, lors de la scène du duel, l’acteur Simon Sablan s’écroule.


Cette fois-ci, il ne se relèvera pas une fois le rideau tiré, il a été touché en plein cœur par une véritable balle.


Accident ? Sabotage ? Meurtre par procuration ?


Telles sont les questions auxquelles devra répondre l’inspecteur GIRARD, chargé de l’enquête.


Mais, au fil de ses investigations, les interrogations se feront plus nombreuses et les suspects défileront au fur et à mesure des révélations...

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Publié par
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EAN13 9791070039809
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LE DUEL DU III ÈME ACTE
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
LE DUEL
 
Le théâtre de Montpensier tenait cette fois-ci un succès avec « Jalousie », la pièce réaliste du maître Alcide Belval. On en était à la quatre-vingtième représentation et le directeur, M. Jacques Barillon, se frottait les mains.
— Dans trois semaines, nous fêterons la centième, se disait-il.
De fait, le public parisien acclamait le drame et ses interprètes, parmi lesquels la jolie Francine Montourcy, l'émouvante héroïne, et ses partenaires Henry Marc et Simon Sablan, jeunes premiers pleins d'entrain, qui lui donnaient la réplique.
Ce soir-là, la location avait donné et à quelques minutes du lever de rideau il ne restait plus un strapontin. Tous les acteurs se préparaient dans leur loge, se maquillant, revêtant les costumes de leur rôle.
— En scène pour la fin ! cria le régisseur à travers les coulisses.
Un instant après, les trois coups étaient frappés ; la lumière s'éteignait dans la salle. Le spectacle commençait.
Quel était le thème de « Jalousie » ? À vrai dire, le sujet n'était pas neuf, mais il avait été renouvelé avec une grande habileté par l'auteur. Il s'agissait d'une rivalité amoureuse autour d'une femme fatale. Mathilde Blanchard, rôle interprété par Francine Montourcy ; les deux jeunes hommes aux prises n'étaient autres que Henry Marc et Simon Sablan dont le jeu dramatique d'une rare intensité passionnait le public et provoquait les applaudissements, surtout au troisième acte, dans la scène du duel au pistolet.
Comme chaque soir, l'acte en question souleva l'enthousiasme des spectateurs. Les deux rivaux se dressèrent face à face, l'arme à la main, attendant le commandement de « feu ! ».
— Si je meurs, s'exclamait Henry Marc, ce sera pour elle, et la mort me sera douce !
— J'ai fait le sacrifice de ma vie pour elle, ripostait Simon Sablan. Le destin nous départagera. Il n'est plus possible que nous vivions tous les deux !...
L'attention du public atteignait à cet endroit son point culminant. Qui des deux allait rester sur le terrain, car il s'agissait bien d'un duel à mort, conditions implacables : douze pas et reprises jusqu'à ce que l'un des deux adversaires soit mis hors de combat.
Chaque soir, Simon Sablan tombait frappé à mort ; sa mimique impressionnante tenait haletante la salle.
— Feu ! cria le directeur du combat.
Une détonation claqua et l'on vit Simon Sablan s'écrouler sur les planches, mortellement atteint par le projectile de son rival. C'était d'une réalisation frappante. La pièce se poursuivait par une scène aussi poignante que la précédente : Henri Marc se précipitait sur le corps de l'homme qu'il venait d'abattre et, conscient de son geste fatal, sanglotait en balbutiant :
— Voilà où cet amour m'a conduit : j'ai tué le meilleur des amis. Mathilde, sois maudite !
Mais, ce soir-là, que se passait-il ? Henry Marc se dirigea bien en hâte vers son adversaire tombé et se pencha, mais au lieu de prononcer les paroles du texte, se releva tremblant et pâle.
— Là, voyez, bégaya-t-il, du sang
Il désigna aux acteurs en scène, aussi bouleversés que lui, la poitrine de Simon Sablan. Sur le plastron de la chemise de ce dernier, une tache rouge s'agrandissait ; le jeune acteur frappé hoquetait, convulsé, les yeux déjà voilés.
— Mais qu'y a-t-il ? dit encore Henry Marc en regardant le pistolet qu'il tenait à la main.
On entendit un râle : c'était la victime qui agonisait. Les autres artistes en scène l'entourèrent ; l'un d'eux appela :
— Vite, le médecin de service !
Dans la salle, les spectateurs étaient loin de réaliser ce qui se passait ; ils suivaient ces jeux de scène sans se douter du drame réel qui se déroulait.
— Comme ils jouent bien ! murmura une femme au premier rang de l'orchestre.
Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes, en remarquant l'effarement non simulé d'Henry Marc et les attitudes désordonnées des artistes affolés que la salle eut la notion de quelque chose de tragique hors du domaine théâtral.
— Mais il a tiré pour de vrai ! lança un spectateur des dernières galeries.
Il y eut un remous dans la salle et des exclamations s'entrecroisèrent. Sur la scène, de rapides allées et venues, des appels, et le rideau brusquement baissé.
Ce fut le signal d'une rumeur qui alla grandissant. Les gens se levèrent de leur place. Les uns s'interrogeaient ; les autres gagnaient les dégagements, commentant l'événement pendant qu'un certain nombre se dirigeait vers les coulisses pour se renseigner.
Derrière le rideau baissé, sur les planches, où un instant auparavant les acteurs interprétaient la pièce, un autre drame imprévu, et vrai celui-là, se déroulait. Le médecin de service accouru n'avait pu que constater le décès de Simon Sablan.
— La balle a traversé le cœur, dit-il.
Henry Marc se tenait debout, immobile, l'arme toujours à la main. Un de ses camarades s'approcha de lui.
— Qu'as-tu fait ?
— Ce n'est pas moi... je vous le jure.
Francine Montourcy, qui ne jouait pas dans les premières scènes du troisième acte, se trouvait dans sa loge lorsqu'on vint lui apprendre l'incroyable événement. Elle tressaillit et murmura des mots sans suite :
— Simon... lui... c'est impossible... Il aurait fait cela...
L'habilleuse qui lui avait appris la nouvelle voulut lui donner quelques détails : elle la repoussa et se mit à courir vers la scène où elle arrivait au moment où le malheureux interprète rendait le dernier soupir. Elle fixa un regard étrange sur Henry Marc, ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son ne sortit : elle sembla se contenir et, s'agenouillant près du corps de son camarade, fut prise d'une violente crise de larmes.
— Quelle affaire ! se lamentait le directeur.
Certes, la fin tragique de son interprète l'affectait, mais son sens réaliste prenait le dessus et, malgré lui, il pensait aux recettes du lendemain compromises. Allait-on suspendre les représentations de « Jalousie » ? Le régisseur l'interpella :
— Mais, il faut prévenir la police !
Le directeur reprit contact avec ses responsabilités.
— C'est vrai, ce qui s'est passé n'est pas normal.
Pendant ce temps, deux machinistes emportaient le corps et le déposaient dans le cabinet directorial, sur un divan. À présent, les artistes entouraient Henry Marc hébété, le visage livide, l'œil lointain.
— Mais enfin, répond-nous ? interrogeait pour la dixième fois en deux minutes l'acteur qui tenait le rôle de directeur du duel. Est-ce toi qui as chargé le pistolet ?
— Non, c'est Firmin, je crois, comme chaque soir, prononça enfin l'homme qui avait tué Simon Sablan.
Firmin, le chef accessoiriste, mis en cause, protesta avec véhémence.
— J'ai chargé l'arme à blanc, comme chaque soir. Il y a quelqu'un qui a soustrait cette cartouche pour la remplacer par une autre et celle-là à balle.
Tout en parlant, ses yeux se tournaient vers Henry Marc. Lui demandait-il des explications ou bien l'accusait-il formellement ? On n'aurait su le dire, mais son attitude laissait comprendre qu'il entendait se dégager de cette affaire.
Le régisseur intervint et lui aussi, comme le directeur, se rappela de sa fonction.
— Il faut que je fasse une annonce au public.
En effet, cette formalité s'imposait : il ne fallait plus songer à reprendre le spectacle
— Faites vite, Antoine, dit M. Jacques Barillon.
Il soupira et, très au regret, ajouta :
— Dites que l'on remboursera les places aux personnes qui le désireront.
— Entendu, fit le régisseur.
Il entrouvrit le rideau et, à sa vue, les spectateurs demeurés dans la salle firent silence pour écouter l'annonce. Antoine s'avança devant le trou du...

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