Le drame de la rue du 4 Septembre
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Français

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Le drame de la rue du 4 Septembre , livre ebook

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Description

Drame dans la rue du Quatre-Septembre !


Le riche exportateur Oscar Strowe a été abattu dans son bureau par le jeune Romuald Varin, visiblement épris de la femme de sa victime.


Bien que, aux dires de l’épouse et de sa bonne, les deux hommes se trouvaient seuls dans cette pièce fermée, Romuald Varin persiste à clamer son innocence et à répondre qu’il ne comprend pas ce qu’il s’est passé.


Pour l’inspecteur GIRARD, chargé de l’enquête, l’affaire ne présente aucune difficulté et la culpabilité du suspect semble évidente.


Pourtant, au fur et à mesure des investigations du policier, le doute va s’immiscer dans son esprit...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070039823
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LE DRAME DE LA RUE DU 4 SEPTEMBRE
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
L'ALTERCATION
 
Le dîner venait de s'achever. M. Oscar Strowe se leva de table et dit à sa femme :
— Sors-tu ce soir avec Romuald ?
— Je n'en ai nulle envie.
— Bien, fit-il sans abandonner son attitude revêche. Quant à moi, je vais travailler dans mon bureau.
Il se retira, comme il l'avait annoncé, sur cet échange de paroles sans aménité. Elle demeura un instant silencieuse, les coudes sur la table, les yeux lointains, absorbée dans ses réflexions. Un haussement d'épaules au moment où son mari avait passé le seuil de la salle à manger appuya la mésentente qui régnait entre les époux. Elle allongea la main vers un gong placé sur une petite table toute proche et en frappa un coup. Quelques secondes après, à ce signal, la bonne apparut :
— Vous pouvez desservir, Justine.
— Bien, Madame.
Elle commença de débarrasser la table pendant que sa maîtresse passait dans le salon que séparait de la salle à manger une large porte vitrée. M me  Clara Strowe alla s'allonger sur un divan et prit en soupirant un livre à la portée de sa main, mais ce n'était là assurément qu'une contenance, car le volume ne retint pas longtemps son attention, ses yeux fixèrent quelque point de la tapisserie et le roman tomba sur ses genoux.
Justine frappa à la porte.
— Entrez, fit M me Clara Strowe.
La domestique demanda :
— Madame n'a besoin de rien ?
— Pas pour l'instant, mais vous vous rappelez, n'est-ce pas, que M. Romuald Varin doit venir tout à l'heure me rendre visite.
— Je m'en souviens, Madame. Je servirai le thé et les liqueurs ?
— Comme d'habitude.
Justine se retira. M me  Clara Strowe reprit le livre et fit un effort visible pour s'intéresser à l'intrigue narrée par l'auteur. Cependant, neuf heures sonnèrent à une pendule de bronze.
— Il ne va plus tarder, soupira-t-elle.
Elle se leva et se dirigea vers la glace de Venise qui ornait la cheminée et arrangea quelques boucles rebelles de sa coiffure, tout en se regardant avec complaisance. Cet examen dut apparemment la satisfaire, car elle sourit.
De fait, M me  Clara Strowe était en beauté, ce soir. C'était une femme d'une trentaine d'années au visage étrange ; de grands yeux noirs veloutés qui, par instants, s'éclairaient d'une flamme singulière ; le front était dégagé, volontaire ; le nez fin ; la bouche petite qu'un sourire bizarre agrandissait parfois. Elle était de petite taille, mince, nerveuse, elle faisait penser à ces jeunes Mexicaines qui savent monter à cheval comme les cow-boys et manier le revolver comme si cette arme eût été le jouet de leur enfance.
La sonnerie de la porte retentit.
— C'est lui, murmura-t-elle.
Elle jeta un dernier regard sur sa toilette et s'apprêta à recevoir l'invité tardif. Il entra. C'était un jeune homme à l'allure sportive, grand, élancé, au regard franc.
— Bonjour, mon cher Romuald, fit-elle en lui présentant sa main qu'il baisa.
— Je ne viens pas trop tôt ?
— Il y a une heure que nous avons terminé notre dîner, cher ami.
— Je ne vous importune pas ? s'enquit-il avec une pointe d'inquiétude.
— Qu'allez-vous penser ! Ce n'est pas la première fois que vous venez me tenir compagnie.
Elle présenta une bergère au jeune homme et s'assit sur le divan, légèrement penchée sur les coussins. Il y eut un moment de silence qu'elle rompit :
— Je mourais d'ennui. Si vous n'étiez pas venu, j'aurais appelé une de mes amies pour sortir, n'importe où, au cinéma, au dancing, loin d'ici.
— Vous auriez pu demander à M. Strowe de vous conduire au spectacle et me décommander par téléphone. J'en eusse éprouvé du regret, certes, mais votre soirée eût été plus agréable.
Elle sourit et le réprimanda :
— Comment pouvez-vous croire qu'il m'eût été plus plaisant de sortir avec mon mari que de rester avec vous ?
— Cela ne va donc pas ? interrogea-t-il.
Elle ne répondit pas tout de suite, mais son visage refléta le désarroi de son cœur. Enfin, comme il la pressait du regard, elle déclara :
— Mon cher Romuald, cela va de mal en pis dans cette maison. C'est ce que l'on appelle un ménage d'enfer. C'est à peine si nous échangeons trois paroles par jour, et parfois ces paroles sont des injures.
— À ce point ?
— Plus que je ne puis vous le dire encore.
Il s'informa :
— Il sait que je suis là, évidemment ?
— Je ne lui cache aucune de vos visites.
— J'espère qu'il n'en prend pas ombrage et que ce n'est pas là pour vous un motif de querelle ?
— Ne vous faites pas ces idées-là. Des sujets de discussion, nous en avons de tous les genres, et pas plus à cause de vous que pour tout autre.
— Je serais désolé d'être pour vous une source d'ennuis.
— Rassurez-vous, ce soir encore, en sortant de table, il m'a demandé si je sortais avec vous. Vous voyez bien qu'il se rappelle que vous venez me voir chaque jeudi soir et ce détail ne paraît pas le rendre soucieux, tout au moins il cacherait bien son jeu, s'il pensait le contraire.
Il y eut un nouveau silence. Le jeune homme la regarda longuement, se demandant quelles pensées agitaient l'esprit de cette femme pour laquelle il éprouvait un vif sentiment. Elle devina la nature de ses réflexions et émit :
— Ne parlons plus de tout cela. Vous en éprouvez du chagrin, je m'en doute, et les choses n'en sont pas arrangées.
Il la fixa et, se redressant à demi, lui dit avec un accent d'émotion qui fit trembler un peu sa voix :
— Comment pourrais-je demeurer insouciant en présence de votre malheur ?
— Pas de grands mots, mon cher Romuald. Je vous sais gré de l'affection que vous me portez et de votre sollicitude, mais malgré toute votre bonne volonté, la réalité est là, implacable.
Elle hocha la tête :
— La fatalité est plus forte que nous, prononça-t-elle sur un ton étrange.
Il tressaillit et allait exprimer sa pensée lorsque Justine frappa à la porte. Elle apportait un plateau avec le thé et les liqueurs. Sur une table de macassar, elle disposa les tasses, les petits verres, les serviettes à thé et se retira avec discrétion, comprenant par le silence de la jeune femme et de son visiteur que sa présence était indésirable. Lorsqu'elle fut partie, Romuald Varin reprit la conversation :
— Je n'arrive pas à comprendre la mentalité de votre mari.
— Vous n'êtes pas le seul.
— Il n'ignore pas que vous ne l'aimez plus.
— Depuis deux ans, mon attitude le lui répète tous les jours.
— Alors, pourquoi s'entête-t-il à prolonger une union qui ne lui apporte que des déceptions ?
— Il compte encore me faire du mal, très probablement.
— C'est de la cruauté bien inutile.
— Ce n'est peut-être pas son avis.
— Quel être mystérieux que cet Oscar Strowe !
—...

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