Le double mort , livre ebook

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Martin NUMA, le Roi des Détectives, est mort noyé dans les égouts...


Du moins, c’est ce que pensent les bandits qui l’ont ligoté et jeté dans un trou, avant d’inonder la galerie dans laquelle il était prisonnier.


Fort de cet avantage d’être considéré définitivement écarté par des ennemis désormais sans méfiance, Martin NUMA décide de poursuivre ses investigations dans les excavations de la capitale et ne tarde pas à découvrir un atelier de faux-monnayeurs.


Mais alors qu’il s’apprête, avec ses lieutenants, à serrer la bande, une terrible explosion retentit...


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2

EAN13

9782373479331

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

MARTIN NUMA LE ROI DES POLICIERS
* 2 * LE DOUBLE MORT
Roman policier
par Léon SAZIE
PROLOGUE
Martin Numa tient à justifier son titre de Roi des Détectives. Il se lance à la poursuite de la solution d'un problème d es plus compliqués et des plus angoissants. Éloi Vidal, vieux et brave garçon de recette auCrédit Bayonnais, un jour d'échéance, n'a pas reparu, après sa tournée, à la banque. Très sérieux, époux dévoué, père affectueux, sa vie privée le met hors de tout soupçon. Martin Numa, chargé de l'enquête, découvre dans les poches du veston de Vidal, avec des bouts de gros tabac pour la pipe, des parcelles de tabac blond parfumé et quelques pétales de fleurs, des pompons de mimosa... Le détective découvre aussi, dans le tiroir de la t able du père Vidal, sur une carte postale, le portrait d'une cha rmante jeune femme brune... L'attention de Martin Numa est attirée, au cours de ses recherches, par trois clients duCrédit Bayonnais, avec qui Vidal me avait souvent affaire : M Armand, marchande d'antiquités rue de Provence ; un trafiquant de reconnaissances duCrédit Municipal, Basilesko ; un banquier, M. de Crabs. Il voit une jeune femme brune, charmante, en compag nie de Basilesko. C'est une artiste de music-hall, Gabrielle de Bellery. Or, cette charmante artiste ressemble à la photographie de la carte postale trouvée chez Éloi Vidal !... Martin Numa est sur la voie. La lutte commence. me Une rentière, M Marc, vient lui demander de rechercher chez elle un diamant rose disparu. Elle soupçonne sa jeu ne femme de chambre et sa vieille cuisinière. Martin Numa accepte, et fixe une heure précise dans la soirée. Mais, méfiant, il se rend à l'improviste, une heure avant le rendez-vous, chez la rentière. Il y cause grand trouble et remarque que la jeune femme de chambre est Gabrielle de Bellery, et que me me M Marc ressemble à M Armand ! Martin Numa fait dans le salon des recherches, moin s pour retrouver le diamant que pour dénicher le piège dans lequel il sent qu'on a voulu l'attirer. Il force la rentière à s'asseoir dans le fauteuil qu'elle voulait lui faire prendre. Le faut euil se plie, se rabat, et entraîne la rentière dans une trappe... Martin Numa doit se battre avec la cuisinière... qui est un homme... pour sortir de ce guêpier, que les bandits incendient ensuite. Martin Numa a vu que, dans une maison de la rue Mil ton,
certains locataires, la nuit, entrent sans faire tirer le cordon, avec des clefs. Il découvre que cette maison est reliée par le sous-sol avec un regard d'égout, auprès de Notre-Dame-de-Lorette. Martin Numa, en égoutier, essaye de surprendre ces gens dans leur repaire. Mais il tombe dans les mains de son plus redoutable ennemi. On le mure vivant dans une poche du souterrain. On crève une conduite d'eau et Martin Numa va périr inévitablement. Personne ne pourra même retrouver son cadavre. Le dévouement héroïque de ses hommes l'arrache à cette mort horrible. Mais tout le monde le croit mort, disparu à jamais (1). (1) Les faits et aventures résumés dans ce prologue sont racontés dans le premier volume de Criminels et Pol iciers intitulé :« MARTIN NUMA, ROI DES DÉTECTIVES. »
CHAPITRE PREMIER
LE DISPARU
— Mon cher Courville, m'avait dit Martin Numa, venez chez moi, sans faute demain... Je serai comme toujours très content de vous voir... et vous me direz ce qu'on pense maintenant de ma mort dans le public... Si on finit par croire que je suis défunt... Ce que disent enfin, vos confrères...
Le lendemain donc, je revenais, rue des Prouvaires, chez Martin Numa, à l'heure qu'il m'avait fixée.
Je le trouvai étendu comme la veille, sur son canapé, dans la même position... C'était à croire qu'il n'avait pas bougé ou que not re dernière entrevue n'avait pas été interrompue. — Ah, bonjour, ami Courville, me dit-il de sa voix claire et joyeuse... Comment allez-vous aujourd'hui ?
— Moi, mais je me porte à merveille... Et vous, comment vous sentez-vous ?
— Moi ?... Mais admirablement ; je suis toujours mort !...
— Vous n'avez pas commis l'imprudence de sortir, au moins ?...
— Moi, sortir ?... Ah, mais non !... Je n'ai pas bo ugé... Je suis trop bien mort !... C'est un état exquis... et je comprends pourquoi les bienheu reux morts ne tiennent pas à redevenir vivants... Quand ils sont si tranquilles, ils auraient vraiment tort de se mêler encore à notre misérable vie, où l'on se donne tant de mal, où l'o n prend tant de fatigue, court de si grands dangers, rien que pour traverser une rue, tout cela afin de gagner un peu d'argent, quand la rigueur des temps modernes vous oblige à en dépenser tant... pour, en définitive, un très piètre résultat, qui nous fait bien rire dans l'au-delà !... Presque sans bouger, il alluma une cigarette, et me demanda : — Et le public, voyons mon bon Courville, commence-t-il à croire à mon trépas ?...
— Pas plus qu'aux premières heures...
— Et vos confrères de la presse ?... Ils doivent vo us questionner, vous, mon fidèle compagnon d'expédition...
— Le public ne croira que vous l'abandonnez que lorsqu'il aura, en masse, suivi votre cercueil... Et mes confrères disent avec notre égoïsme professionnel : « M artin Numa ne nous jouerait pas le tour, malgré sa modestie habituelle, de se faire enterrer sans nous prévenir... Il n'est pas homme à nous faire manquer ce beau reportage... »
— Vos confrères ont raison... Je ne suis pas encore bon à être mis en terre... Mais quand même je suis mort et je dois rester mort quelque temps encore ! Il ajouta, en riant : — Mais, par contre, mon cher Courville, je crois qu e, vous, naturellement, et vos aimables confrères, vous serez sous peu contents de Martin Numa. — Vous avez préparé quelque chose ?
— Je n'ai, pour le moment, rien d'autre à faire...
* * *
En plus de son appartement officiel de la rue Lepic, que l'on connaissait, et qui était voisin du mien, Martin Numa, pour les besoins de sa difficile et dangereuse profession, en avait deux autres, en des quartiers bien différents
Ceux-là, personne ne les soupçonnait. À part ses deux lieutenants, Prosper et Philippe, deux ou trois hommes choisis de sa brigade, j'étais le seul qui ait pu y pénétrer. Faveur que me valait la vieille et solide amitié qu i me liait depuis tant d'années, tant de campagnes, au vaillant détective. Un de ces appartements se trouvait à Passy. Nous n'en parlerons pas pour le moment. Le second qui seul à présent nous intéresse, compre nait un côté de l'entresol d'une maison de la rue des Prouvaires, dans le quartier des Halles, à quelques pas du Commissariat, et non loin de la Sûreté. Cet appartement était gardé par un vieil agent en retraite, tout dévoué à Martin Numa Le détective y occupait deux pièces. Une lui servai t de chambre à coucher, l'autre de cabinet de travail.
Deux chambres y étaient réservées à Prosper et à Philippe. Le concierge de la maison était également un ancien agent de police, en qui, naturellement, le détective pouvait avoir toute confiance. Mais jamais ni Martin Numa ni ses lieutenants ne venaient dans cet appartement, sans chaque fois, par extrême prudence, prendre une pers onnalité nouvelle. Impossible, par conséquent, de les reconnaître et de surprendre le secret.
De plus, ils ne passaient que rarement devant la lo ge du concierge, et ne montaient pas par l'escalier des locataires... encore moins par l 'ascenseur, qui dans cette vieille maison n'existait pas.
Ils passaient par le bistrot.
Ce bistrot était un débit de vins et restaurant, l'« Ami Félix »on en voit comme beaucoup dans les rues autour des Halles. Il ne fermait pour ainsi dire jamais. Sa clientèle se composait des maraîchers, des bouchers, de tous ceu x, en somme, qui avaient affaire aux Halles, et qui depuis minuit se sentaient grand besoin de se restaurer, de prendre quelque chose de chaud, de solide.
La soupe aux choux de l'« Ami Félix »était célèbre, ses pommes au lard incomparables, sa saucisse purée de pois imbattable. Quant à son v in blanc, son Gayac, on ne lui en connaissait pas d'égal. Lard, saucisse, jambon venaient honnêtement du Limo usin, et le Gayac arrivait en tonneaux d'origine. La réputation des plats de l'« Ami Félix »dépassait la clientèle des Halles. À la sortie des théâtres, les spectateurs avisés du Châtelet et de Sarah Bernhard, venaient se remettre ici de leurs émotions, sans compter les mondains et les sn obs à leur descente des boîtes de Montmartre. Pour ma part, j'y venais souvent avec des confrères, des reporters, des hommes de lettres, aimant encore le pittoresque de Paris. Le patron Félix était une sorte de colosse, un hercule, bon garçon, bon vivant, qui en vrai Limousin, gagnait habilement ses millions en flattant la gourmandise de ses contemporains.
Entre nous, il n'était pas sans attaches avec le service de Martin Numa, et il professait pour le chef une admiration sans bornes, et lui était d'un dévouement à toute épreuve.
Son établissement se composait de la première salle, le bar, où se trouvait le fameux comptoir d'étain, le « zinc », d'une seconde salle, petit café, devenant « salon », réservé aux déjeuners, aux dîners et aux soupers, la nuit.
Entre ces deux salles, derrière le comptoir, partait un escalier en colimaçon, qui menait aux appartements que Félix occupait à l'entresol.
Appartements voisins de palier de celui de Martin N uma. De sorte que tout cet étage était, on le voit, habité par des gens de police.
Martin Numa pouvait donc se considérer ici comme ga rdé de façon unique. Il était absolument impossible de pénétrer chez lui, sans montrer patte blanche.
Félix ne laissait pas faire l'ascension de son escalier en colimaçon. Mais Martin Numa, ses hommes, bien connus de Félix, montaient par cet escalier, entraient dans l'appartement du bistrot dévoué, et passaient chez le détective, sans que le moindre regard indiscret les puisse suivre, sans crainte de trahison.
Moi, seul profane, je pouvais, bien en secret, quand Félix s'était assuré d'un coup d'œil qu'il n'y avait aucun danger, me faufiler par cet escalier, pour aller rendre visite à Martin Numa, s'il m'avait donné rendez-vous dans cet appartement.
Donc, aujourd'hui, j'étais encore venu déjeuner chez l'« Ami Félix »...Prévenu, Félix me laissa passer par son escalier en colimaçon.
Et peu après, je me trouvais dans la chambre de Martin Numa, comme chaque fois.
* * *
Martin Numa était étendu sur son canapé qui lui ser vait de lit de repos comme je le retrouvais toujours.
Il fumait tranquillement sa cigarette.
— Bonjour, Courville... C'est gentil d'être venu...
— Comment allez-vous aujourd'hui ?
— Un peu mieux qu'hier... Mais je suis toujours mort...
Après une bouffée de fumée, il ajouta :
— Tellement mort, que j'ai arrêté le plan d'une nou velle expédition qui, je crois, mon cher Courville, vous fournira un reportage amusant...
Je regardais avec admiration, cet homme qui avait échappé à un si grand danger, que ses seconds, dévoués, avaient ramené brisé, noyé, vraiment à demi-mort, et qui pensait déjà à repartir...
Il se tenait là, sur son canapé, tranquille, comme dans un simple farniente, fumant sa cigarette, semblant avoir oublié cette heure d'épouvante, où la mort de si près, le frôla de son aile terrible...
Cet homme malade, blessé, malgré son énergie, accablé, qui vaillamment songeait déjà à se remettre en campagne... à accomplir un nouvel acte d'héroïsme, qui me fournirait, à moi, un reportage amusant !...
Au bout de quelques minutes de silence, Martin Numa, sans quitter sa pose nonchalante, comme s'il se parlait à lui-même, dit à haute voix, pour moi :
— Oui !... Je suis mort pour eux !... Je suis bien mort !... Ils n'en doutent pas... Tous sont, persuadés que sur moi le mur s'est fermé... que ce ciment à prise immédiate m'a enveloppé comme un cercueil éternel, que personne ne découvrira jamais !... Tous ont foi dans le coup de pic de leur chef qui creva la voûte, et emplit d'eau le souterrain...
— Ah ! cher ami, quel horrible souvenir !...
— Ils sont donc persuadés tous que Martin Numa n'existe plus... Et cependant, tout mort qu'il est, Martin Numa leur fait encore peur !...
— Oui... C'est ce que me disaient Prosper et Philippe, ce matin...
— C'est très glorieux pour moi...
— Justement mérité...
— Ils ont tellement peur de Martin Numa, même mort, que pas un n'a osé revenir dans le souterrain... Pas un n'a le courage de reparaître sur le théâtre de leur sinistre exploit... de passer devant mon tombeau !... C'est à croire que mon exécution a été pour eux la cause de la débandade de leur association de terribles malfaiteurs... — En effet, aucun de vos hommes n'a aperçu, sur terre ou dans les sous-sols, une figure suspecte... — Oui... Ils sont prudents... Ils sont habiles... Ils n'ont pas changé, en apparence, le petit train paisible de leur vie, ni la marchande de meubles, qui fournit à mon ami Courville, des fauteuils en simili authentique, ni le trafiquant de reconnaissances, ni les allures de la jolie femme brune jouant les Commères dans les revues de music-hall, la femme de chambre et la nièce, par ailleurs. — Gabrielle de Bellery, dont la photographie se tro uvait dans le tiroir de la table de ce malheureux Vidal... — Oui... Le malheureux Vidal, qu'ils ont dû peut-être traiter comme moi... Mais, Vidal qui n'avait pas, comme moi, un Prosper et un Philippe pour le tirer de leurs griffes...
— Pauvre diable !...
— Ne disons rien... Nous ne savons pas !... Il faut voir !... N'oublions pas la carte postale de la jolie fille... N'oublions pas les bribes de tabac blond, les pompons de mimosa...
— Vous pensez que le père Vidal ?...
— Le père Vidal avait une sacoche bien garnie, ce jour-là... et c'est surtout à l'âge du père Vidal que l'esprit est lent, et la chair faibl e !... Gabrielle en commère, en femme de chambre, en nièce de Mme Marc, est toujours bien jolie !...
Martin Numa se tut encore pendant quelques instants.
Il alluma une nouvelle cigarette et reprit :
— Revenons à nos bandits... En apparence, ils n'ont donc rien changé à leur façon de vivre... Leurs réunions ont toujours lieu dans ce petit café où nous les avons déjà vus se rencontrer... On voit toujours entrer dans la maiso n bizarre de la rue Milton, la nuit, des locataires qui ne demandent pas le cordon à la concierge... Cependant, mon bon Courville, malgré cette apparence de calme et de tranquillité, ces gens ne vivent pas... Ils tremblent, à tout moment... On les sent prêts à prendre la fuite à la première alerte !...
— Ils ne vous échapperaient tout de même pas.
— On ne peut rien affirmer... Mais pour le moment, je vous le disais, ils n'ont pas osé reprendre leurs excursions souterraines... Personne ne va jusqu'au regard de Notre-Dame-de-Lorette... Ils restent dans la maison de la rue Milton, en conciliabules secrets.... Mais à ces réunions, ils ne sont plus une douzaine, comme autrefois, ils y viennent cinq ou six, tout au plus...
— Ce qui prouve que, derrière le chef redoutable, sont restés peu de soldats...
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