Le diable était dans le miroir
170 pages
Français

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Le diable était dans le miroir , livre ebook

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Description

Fille cachée d’un notable de province, Marie n’avait pas très bien commencé sa vie. La jeune femme timide et romantique, prisonnière de la société bien pensante des années 60, rêvait d’indépendance et de liberté.
À 20 ans, mère célibataire, elle « monte » à Paris où elle devient institutrice. Au fil des années, elle va s’affirmer, prendre des responsabilités, faire des rencontres qui seront déterminantes. À 40 ans, directrice d’école, investie dans l’action sociale et politique, elle reprend des études et devient psychologue, le métier qu’elle a toujours voulu exercer.
Sur une période de cinquante ans, Marie raconte ses combats, ses orages, ses choix, au travers des hommes qu’elle a aimés. Ce récit est celui d’une femme libre et volontaire qui adresse un vibrant hommage aux hommes de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414065134
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06511-0

© Edilivre, 2017
Le Diable était dans le miroir

– « Vous avez peut être des ennemis.
– Si vous en rencontriez dans cette assemblée seriez vous disposé à leur tendre la main et à oublier le passé ?
– Oui.
– Ce n’est pas toujours devant soi qu’on rencontre des ennemis.
Les plus à craindre se trouvent souvent derrière soi.
Veuillez vous retourner. »
Je me retourne et je vois… Le diable dans le miroir
Le miroir nous rappelle que nous sommes le reflet de nous même, de nos incertitudes, de nos doutes. Il est à la fois le symbole de la vérité et du mensonge.
Le Diable représente le « Désir »… Il incarne le lien passionnel que nous tissons avec le monde. Il invite à faire face à ses peurs, à ses mystères Il parle de tentation, de pouvoir, et d’imaginaire. Il peut être une pulsion destructrice ou une énergie créatrice.
Essai 1966
Je vous parle d’un temps…
Elle n’était pas belle mais toujours élégante. Elle n’avait pas continué ses études mais était très cultivée. Elle était brune mais on l’a toujours connue blonde. Elle aimait le chant, la danse, l’opéra et l’opérette, la lecture, le cinéma. A trente ans elle est venue vivre avec sa mère dans une ville de province. C’était encore la guerre mais elle ne se sentait pas très concernée. Elle éprouvait une folle envie d’être libre et de réaliser ses rêves, alors qu’elle traînait depuis toujours un sens aigu de l’absurde, un questionnement mortifère sur la signification de la vie, une mélancolie très romantique. Un jour, au théâtre, elle a rencontré quelqu’un : un séducteur, un prince charmant au rire fracassant, un fringant jeune homme si beau qu’il lui semblait inaccessible. Et pourtant, cet homme marié mais volage est tombé amoureux d’elle et leur histoire a duré plus de cinquante ans. Ils avaient en commun le goût de la musique et de la littérature. Ensemble ils chantaient, déclamaient de la poésie, parlaient d’histoire et de philosophie. Lui jouait de l’orgue dans les églises sans jamais avoir appris la musique, en ces époques heureuses où les églises demeuraient toujours ouvertes. Ce fut une folle passion entre ces gens insouciants, orageux, susceptibles. Et « l’enfant de l’amour » est arrivé juste à la fin de la guerre.
C’est l’histoire de cette enfant, la fille cachée de ce notable de province, soumise au secret de ses origines que je vais vous raconter.
Petite fille sage et solitaire, douée pour la musique et la danse mais trop craintive pour oser s’exprimer, l’enfant « bâtarde » a plutôt mal commencé sa vie. Elle avait envie d’aventure, d’inconnu dans un quotidien triste et routinier. C’est dans ce contexte qu’elle a eu vingt ans…
Je vous parle d’un temps…
Je vous emmène dans les années 60, quand les filles avaient le devoir d’être vertueuses, de ne sortir qu’avec leur mère et surtout de « faire attention ». La virginité était encore un tabou et la perdre un scandale dont on n’avait pas le droit de parler. On enviait celles qui avaient « une bande » et qui pouvaient sans complexe fréquenter des copains. Les filles disaient « Je sors avec un jeune » quand elles avaient un contact avec un garçon, c’est-à-dire qu’elles pouvaient échanger quelques baisers ou quelques caresses, très chastes pour la plupart. C’étaient les années lycée.
Après l’époque des « Surprise-party », il y a eu les « Surboum ». On dansait entre ados dans un garage ou dans le salon des parents. Il n’y avait que très peu d’alcool et le summum de la perversion était de boire de la bière à la paille. On portait les jupes amples et le foulard vichy comme Brigitte Bardot. L’actrice défrayait le chronique en montrant de la femme une image de liberté et de sensualité tout a fait nouvelle, rejetée avec force par l’ensemble de ce que la société comptait de bien pensants.
Puis, on devenait étudiant. La fac était le premier symbole d’autonomie. Pour les personnes un peu timides, c’était la première terrasse de café avec les amis, la possibilité de fumer dans la rue pour défier le monde raisonnable des adultes et se donner une contenance. On vivait dans un appartement en co-location, dans un studio ou une chambre particulière. On gardait des enfants (on n’appelait pas encore cela du baby sitting) ou bien on devenait, pendant les mois d’été, monitrice en colonies de vacances pour gagner un peu d’argent.
Le monde étudiant était un monde enchanté dans lequel on s’instruisait avec enthousiasme dans les amphis pleins à craquer mais où les études n’avaient pas toujours la première place. Il y avait aussi le monde de la nuit avec les « caves » pour aller danser, le jazz dans les boites à la mode. Et les bals initiés par chaque Faculté : on y participait en robe de soirée pour les filles, en costumes cravates pour les garçons. On déjeunait dans les restaurants universitaires et là on rencontrait des étudiants de toutes les nationalités : Africains noirs comme l’ébène (on ne rencontrait pas souvent d’hommes noirs auparavant), arabes d’Afrique du Nord, Syriens, Libanais, Européens du sud… Ceux venus du Maghreb étaient presque tous en fac de médecine. Ce mélange des cultures était une richesse inépuisable qui surprenait les petites oies blanches que nous étions mais qui nous apportait des connaissances et une humanité particulière : il n’y avait que très peu de préjugés et aucun racisme à cette époque. On apprenait à se connaître et à accepter nos différences.
Venez, je vais vous raconter cette histoire singulière faite d’éclairs et de nuages, une histoire d’initiation et de bouleversement, une histoire d’amour et d’abandon… les vingt ans de Marie.
Bernard
Mars 1965.
Je suis étudiante à Montpellier Nous sommes inscrites en Fac de Lettres, mon amie Marijo et moi.
L’AGE : C’est là que nous déjeunons, que nous prenons un café dans le fracas des baby-foot, le « tilt » des flippers, le choc des tasses sur le comptoir, la musique du juke box.
J’observe presque machinalement un garçon vêtu d’un survêtement et d’un blizzand. Il regarde vers notre table. Je croise sans y penser ses yeux perçants, un peu rêveurs. Il est très seul, indifférent, étranger… Quelques minutes plus tard, Marijo se lève et va lui serrer la main. Tiens ? Elle le connaît ? Je n’entends pas ce qu’ils racontent et ça m’agace. Le garçon sourit et ses traits aigus s’adoucissent. Il devient presque beau : des yeux très fendus, des lèvres minces, un peu amères, des dents splendides, une courte barbe rousse et la peau très blanche. Oui, tout a fait possible pour aller au théâtre ou au cinéma !
Sur le trottoir, Marijo me dit :
– « Ça m’embêté quand je le rencontre, je ne sais pas quoi dire. »
– « Qui est-ce ? » demandais je.
– « Un gars qu’on m’a présenté l’autre jour… Il m’a invitée au cinéma… Il a une voiture… »
La conversation en resta là.
J’ai revu à plusieurs reprises ce mystérieux jeune homme. Quand Marijo était là il ne venait jamais vers elle le premier. Timidité ou orgueil ? Souvent, elle feignait de ne pas le voir. Ou bien elle disait bonjour. Alors il répondait avec un sourire charmant et un geste empressé. Toujours seul, il allait boire un café, venait glisser une pièce dans la fente du juke-box… et c’était toujours la même chanson qui commençait par un cri, une chanson des Beatles : « Sh’s a woman » Marijo me disait :
– « Quand j’entends cette chanson je suis sure qu’il est dans la salle. Je ne sais pas si ça lui rappelle un souvenir… »
Il n’était pas sympathique, il déroutait, il avait l’air froid et romanesque. Son prénom ne s’accordait pas avec son visage : il s’appelait Bernard.
22 mars, le Bal de Droit. Un temps léger, une nuit claire. Et devant la fac, une foule de robes noires ou chatoyantes, dos nus et costumes sombres. Ça et là, une jupe longue, un smoking. Sourires, cigarettes… Les portières claquent. Je danse dans le hall, je danse au premier étage, nous dansons. Je m’ennuie un peu. Bernard est là. Une vraie obsession ce garçon, nous le rencontrons partout. Tout à l’heure, il a invité Marijo qui a pris le premier prétexte pour s’en débarrasser. Comme je lui demande :
– « Et Bernard ? »
Elle hausse les épaules :
– « Il m’a dit qu’il allait revenir. Mais comme je ne tiens pas à danser toute la soirée avec lui… »
– « On monte au second ? »
– « Non, il doit être là-haut, tout seul dans un coin, à écouter du jazz »
Deux heures du matin, les salles commencent à se vider. Marijo flirte avec son danseur.
Trois heures : Je suis fatiguée, je cherche des yeux un siège. C’est alors que j’ai entendu le conventionnel :
– « Vous dansez mademoiselle ? »
Une stupéfaction m’envahit : c’est Bernard. Son bras glisse autours de ma taille. Quelle était donc cette danse ? Tango ? Slow ? Il me guide avec autorité. Je découvre la force de l’homme.
On nous bouscule et il rit :
– « Si j’avais su j’aurais apporté un bulldozer »
Un rock… J’aurais pourtant juré que je ne savais pas le danser !
– « Allons, fait Bernard, il faut être sensuel »
Une valse : nous nous accordons parfaitement. Ma tête tourne délicieusement. Je valserais toute la nuit, toute la vie avec cet homme qui s’exclame :
– « Vous êtes la seule fille que je connaisse qui sache valser à l’envers »
Et je ris aux anges.
Et puis, ça s’est fait tout bêtement : un souffle, un frôlement de joues et de cheveux, un baiser enfin. Je suis collée contre un pilier et j’embrasse un homme, un vrai, pour la première fois. Je vois sa veste à rayures blanches, rêche contre mon front, ses mains très longues, très blanches, fuselées, avec, à l’annulaire droit une énorme chevalière. J’ai chaud. L’angoisse dure des siècles. Je voudrais à la fois m’échapper et me blottir.
– « Il y a trop de monde ic

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