Le Corrupteur - Le manoir des sacrifiés
147 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Corrupteur - Le manoir des sacrifiés , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
147 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les victimes du Corrupteur se font empoisonner à leur insu.
Elles reçoivent un défi sordide, qui doit être accompli en 24 heures.
Les victorieux se méritent l’antidote. Les autres subissent une mort atroce.
Un party d’anniversaire tourne au cauchemar.
Huit invités se retrouvent isolés du monde extérieur.
L’un d’eux est sélectionné par le Corrupteur. Son défi, c’est de survivre.
Tous les autres ont vingt-quatre heures pour l’éliminer…
Qui parviendra à s’en sortir vivant ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782898191497
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN CRIMINEL CONNU SOUS LE NOM DU CORRUPTEUR EMPOISONNE DES HABITANTS DE LA CAPITALE
Chaque victime reçoit un défi sordide. Temps limite pour l’accomplir : 24 heures.
Au terme du décompte, les victorieux remportent l’antidote.
Les autres subissent une mort atroce.
Pendant que les médias s’emparent de cette histoire, tous se questionnent, impuissants : qui sera le prochain sur la liste ?


26 juillet
« Les autorités viennent tout juste d’annoncer la terrible nouvelle, Sarah-Jeanne. Les rumeurs qui circulent depuis hier… sont malheureusement vraies. Le Corrupteur a encore frappé. Et, Zeff, la nouvelle vedette chouchou des Québécois, y a laissé sa peau. Les policiers ont confirmé neuf décès en lien avec ce défi, mais ont refusé de donner d’autres noms que celui du chanteur. Ouf ! Comme si la ville de Québec avait besoin d’un nouveau drame sur les bras… »
« Je suis sans mots, Benoit. Mon Dieu… Neuf décès ? C’est horrible ! Mes condoléances aux proches et aux familles, qui doivent être sous le choc au moment où l’on se parle. Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce qu’on sait si Zeff était la victime principale, ou plutôt un… dommage collatéral ? Ou… si le défi a été réussi ou échoué ? »
« Toutes ces questions demeurent pour l’instant sans réponse… Mais on se doute que le drame a eu lieu juste après le fameux party lancé par Zeff pour son anniversaire, dont seuls les invités connaissaient l’emplacement. Selon nos sources, la soirée s’est terminée plut tôt que prévu, à cause d’une alarme d’incendie. Et c’est le dernier endroit où Zeff a été aperçu vivant. On n’en sait pas plus pour le moment, mais restez à l’affût, chers auditeurs. On vous en dévoile davantage aussitôt qu’on parvient à mettre la main sur de nouvelles informations. »


Thomas
23 juillet
21 : 13
— Envoye, embarque, Tom. Les jumelles ont chialé toute la soirée, pis j’ai crissement hâte de me changer les idées. Voyons… arrête de faire le pissou, cibole ! Y a personne là-bas qui va t’manger ! À moins que ce soit ce que tu veux, hein ? Ha ! Ha ! Parce qu’il va y avoir d’la pitoune en masse. P’t’être qui en aura une pour te déniaiser ?
Thomas hésite encore un instant, une main sur la porte de la Civic modifiée, l’autre repliée sur son estomac. Sa tête aspire à entrer dans la voiture. Ses pieds sont, pour ainsi dire, fusionnés au sol. Entre les deux s’est créé un vortex émotionnel si intense que c’en est presque douloureux. Les évènements sociaux tournent toujours au cauchemar, pour lui.
Quentin modifie son approche, adopte un ton mielleux :
— Come on . Tu vas pouvoir prendre plein de photos de monde en train de faire des affaires louches. C’est pour ça que tu voulais venir, non ? Pis tu peux pas rater une occasion de même, crisse !
Thomas répond par un grognement, puis tâte la poche de son short pour s’assurer que son téléphone intelligent est à sa place. Son beau-frère a raison : il ne peut pas manquer cette fête. Thomas étouffe ses doutes, embarque dans la voiture et ferme la portière. Un amalgame de soulagement, d’excitation et de fierté enfle alors en lui. Le remplit d’adrénaline.
Impossible de changer d’idée, maintenant.
Fidèle à son habitude, Quentin fait vrombir le moteur et crisser les pneus. Il allume la radio, même s’il doit ensuite crier pour enterrer la musique qui jaillit avec force des haut-parleurs :
— Wouahou ! J’te jure que tu le regretteras pas, man ! Ça va être une estie de soirée de malades !
Après quelques tournants trop serrés, la voiture emprunte la bretelle de l’autoroute, direction Cap-Rouge. La chanson se termine, remplacée par un bulletin de nouvelles. Les animateurs ont une conversation platonique au sujet de la circulation et de la température chaude et humide, avant de bifurquer vers LE sujet qui court sur toutes les langues :
« Depuis l’enlèvement des petits Dupuis, la semaine dernière, aucun nouveau crime lié au Corrupteur n’est apparu sur nos radars. Et je ne saurais dire si ça me rassure ou si ça m’inquiète davantage… »
« C’est bien vrai, Benoit. On dirait le calme avant la tempête. Une part de moi a peur chaque fois que j’ouvre ma boîte aux lettres… Et si j’étais la prochaine ? Ça me terrifie. Quand la police va-t-elle enfin mettre la main au collet de ce tordu ? Ça dure depuis janvier, c’est surréel ! Si tu m’avais annoncé il y a un an qu’un criminel allait empoisonner les gens de la région, et leur donner des défis abjects à réaliser en vingt-quatre heures en échange de l’antidote… j’aurais ri de toi ! Comment a-t-on pu se rendre là ? »
Quentin éteint rageusement la radio :
— Pu capable d’entendre parler de cette histoire-là ! Si t’as peur, va vivre ailleurs, pis c’est toute. Voyons donc ! Câlisse que le monde est con.
Thomas se retient de lever les yeux au ciel. Quentin est tellement cliché qu’on le croirait sorti directement d’une mauvaise télésérie : une montagne de muscles, la cervelle bourrée d’idées préconçues et une faculté d’autoanalyse quasi nulle. Carreleur de profession, il passe ses journées sur les chantiers à sacrer comme un bûcheron, et ses soirées à s’entraîner au gym pour impressionner les filles. Du moins, c’est ainsi que Thomas l’imagine.
Pourtant, il ne peut s’empêcher d’envier son beau-frère : Quentin n’a jamais peur. Ni de l’échec. Ni de ce que les autres pensent. Ni de ce qu’apportera demain. Il vit complètement dans le moment présent.
Thomas ne pourrait pas être plus différent. Anxieux à l’extrême, il perd son temps à ressasser le passé et à planifier le futur.
— Comment va Sabrina ? demande-t-il pour changer le sujet de la conversation.
Sa sœur lui adresse très peu la parole, et pourtant ils habitent depuis des années sur la même rue. L’étrange amitié de Quentin et de Thomas est plutôt née de leur passion commune pour la motoneige.
— Parle-moi-en pas. Elle a un air de cochon depuis cinq mois, pis j’ai à peine le droit d’la toucher. Ses seins m’appartiennent plus – alors que j’les ai payés, tabarnak. Ça va me faire crissement du bien, une soirée juste pour moi. T’as pas idée, man . T’as pas idée…
— Hé ! C’est de ma sœur que tu parles…
— Quoi ? Tu vas me trahir si jamais je m’amuse un peu ?
— Non ! Mais… donne-moi moins de détails. OK ?
Quentin éclate de rire :
— Estie que j’te comprends pas, Tom ! T’es capable de prendre en photo un squeegee en train de se piquer ou deux mecs qui fourrent à la plage, mais t’es pas capable de m’entendre parler de ta sœur ?
Thomas se mord la lèvre inférieure, réalise qu’il est en train de se gratter les avant-bras – un tic dont il tente désespérément de se débarrasser. Une chance que tu lui as pas tout montré. Les pervers qui se masturbent dans les parcs publics, les itinérants qui chient dans une ruelle, les couples en plein soixante-neuf la nuit et qui ont oublié de fermer les rideaux…
Incapable de fournir une réponse satisfaisante, il tente un nouveau changement de sujet :
— J’en reviens toujours pas que tu connaisses Zeff ! C’est quoi son vrai nom, déjà ?
— Jean-François Carrier. C’est un ami d’enfance : nos mères étaient des copines de ski alpin. Elles se sont arrangées pour qu’on soit dans les mêmes cours, pis toute. Crisse qu’on haïssait ça ! On se sauvait des instructeurs, pis on allait garrocher des boules de neige aux morveux dans la pente-école.
Quentin lève une main du volant pour lancer un projectile imaginaire en avant du véhicule, puis rigole de plus belle.
— C’était l’bon temps ! poursuit-il. On se crissait de toute. On a jamais totalement perdu contact, après ça. C’est sûr qu’on se parle moins depuis qu’il a gagné à Rock or Die pis que qu’il est devenu une vedette. Il est tout le temps occupé ! Mais bon… c’est le prix de la popularité, faut croire.
Rock or Die , une téléréalité canadienne au cours de laquelle des aspirants rockers sont graduellement éliminés – de manière humiliante –, jusqu’à ce qu’un vainqueur remporte une énorme cagnotte. Une usine à célébrités instantanées, à la fois stupide et addictive que Thomas a un peu honte d’avoir suivie.
— Wouah ! Y a vraiment du monde qui ont cette vue-là tous les jours ? !
Thomas sort de ses pensées pour observer lui aussi le paysage ; ils avancent sur une route étroite longeant le nord du Saint-Laurent. Au loin scintillent les lumières de Saint-Nicolas. Nul besoin de fermer les paupières pour imaginer à quel point le panorama doit être splendide lorsque les rayons du soleil embrasent cette étendue d’eau.
Coincées entre le fleuve et une immense falaise, les maisons qui défilent doivent valoir le million, même si la plupart paraissent défraîchies et modestes. Ou peut-être que le faible éclairage des lampadaires ne leur rend simplement pas justice…
— T’avais pas dit que Zeff avait loué un manoir pour son party de fête ?
— Wait and see, man. Wait and see …
La route se poursuit pendant encore quelques minutes. Les résidences s’espacent et grossissent. Puis, après une intersection en Y, apparaît une pancarte « Propriété privée », suivie d’une longue entrée qui s’enfonce dans la forêt. De nombreuses voitures sont stationnées pare-chocs à pare-chocs le long de l’interminable chemin . Impressionné, Thomas arrête de compter à soixante-deux véhicules.
— Il y a crissement du monde ! Tiens, je vais me parker là, y a moins d’arbres pis la route s’élargit, ça devrait faire.
En quittant l’air frais de l’habitacle, les deux hommes sont aussitôt enveloppés par la vague de chaleur humide qui recouvre actuellement tout le Québec. Ils suivent l’allée tandis que se dessine devant eux un immense manoir en pierre, baignant dans l’éclairage de luminaires encastrés et de lampadaires en fer forgé. L’endroit, d’inspiration gothique, est à couper le souffle avec ses nombreuses fenêtres, son toit en ardoise et ses lucarnes. En revanche, la nature a repris ses droits dans les plates-bandes et une mousse épaisse colonise les in

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents