Le Chat de la mère Raval
146 pages
Français

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Le Chat de la mère Raval , livre ebook

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Description

L’intrigue du roman de Gérard Kammerlocher, qui débute en 1998, évoque les risques causés par le flou juridique entourant le principe de présomption d’innocence. L’inspecteur Léon Grobois est chargé de faire la lumière sur les conditions troubles de l’agression d’un riche homme d’affaires. Il suspecte d’abord la fille de celui-ci d’avoir attenté à la vie de son père pour récupérer son héritage. La jeune femme passe deux mois en prison, avant d’être innocentée. L’enquête piétine, sans que la police ne parvienne à mettre la main sur l’arme du crime, ni sur une preuve ou le moindre suspect. Pendant que l’inspecteur suit plusieurs pistes infructueuses, le véritable coupable reste introuvable et fait de nouvelles victimes. Tout en ménageant un suspense intense jusqu’au dénouement, l’auteur traite avec subtilité d’une brûlante question de société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 novembre 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414154937
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15491-3

© Edilivre, 2017
Exergue

« Il n’y a pas de chat ordinaire. »
Colette


Dans ce roman les faits sont imaginaires, seuls les agissements des personnages s’inspirent de la réalité.
Quant aux actes judiciaires transcrits dans ces pages, ils sont à replacer à l’époque où se situe l’histoire. En effet, la législation en faveur de la présomption d’innocence a heureusement évolué, et certaines situations choquantes ne seraient peut-être plus possibles au jour de la parution de ce livre, même si moins de vingt ans nous séparent de l’intrigue qui débute en août 1998.
Cette année-là en France, 40 600 personnes présumées innocentes furent placées en détention provisoire avant même d’avoir été jugées, ce qui représentait plus de 30 % de la population carcérale.
1
Un long chemin étroit bordait la Seine. En cette fin d’après-midi d’été, les rayons du soleil filtraient au travers du feuillage. Le spectacle était enchanteur. La sérénité du lieu donnait à profiter d’une multitude de senteurs fleuries qui envahissaient l’atmosphère, à la surface de l’eau une nuée d’insectes paradaient. Il faisait encore chaud. La grille de l’entrée s’ouvrit à l’ordre de la télécommande. À l’intérieur du parc, un émerveillement d’essences des plus variées vous accompagnaient jusqu’à la demeure familiale, une charmante bâtisse des années trente, restée dans son jus malgré les équipements des plus modernes bien dissimulés, une restauration respectueuse du style.
À son arrivée, la jeune femme ne prit pas le temps de rentrer son cabriolet flambant neuf, elle le gara à la hâte devant la maison, trop pressée de déballer ses emplettes. Elle avait fait les boutiques toute la journée. Les bras surchargés, elle appuya sur la poignée avec son coude. La porte n’étant pas verrouillée, elle la poussa du pied. Ses paquets déposés, Valériane traversa le salon, la véranda, franchit le seuil de la terrasse. Elle appela :
– Papa ?
Il ne répondit pas. S’avançant vers la piscine, elle fut stoppée net, pétrifiée. Son père gisait sur son transat, les bras pendants, le regard vide d’expression. Seule, désemparée, elle rassembla son énergie pour réagir.
Elle cria, rien, personne, le quartier était aussi vide que la maison.
Elle composa le numéro du SAMU. L’attente lui parut interminable. Elle posa fébrilement la main sur le front de son père, sa température lui sembla normale, un souffle à peine perceptible la rassura.
– Papa, parle-moi, dis quelque chose !
La sonnette du portillon retentit. Les secours arrivèrent, trousses de soin en bandoulière. Après un diagnostic sommaire, l’un des infirmiers ressortit. Il revint avec une bouteille d’oxygène, un autre apporta le brancard. La peur tétanisait Valériane.
Tous s’agitaient, piqûres, massage cardiaque, défibrillateur, évacuation jusqu’à l’ambulance. Elle voulait voir, savoir. Le médecin urgentiste lui demanda de confirmer qu’elle était bien la fille de Monsieur Denis Reclos, il enchaîna :
– Quel est son âge, pouvez-vous me fournir ses dernières prescriptions médicales ?
Cardiologue de profession, il lui précisa qu’il ne s’agissait pas d’un malaise et ajouta :
– En pareilles circonstances, j’ai dû alerter les services de police. Ils vont arriver d’une minute à l’autre.
Sirènes hurlantes, les voitures s’entassèrent. La maison, le jardin furent fouillés dans les moindres recoins. Le médecin avait communiqué aux policiers les détails du constat qu’il venait de faire.
Un peu plus tard, un homme que les méfaits du temps affectaient et qui manifestement n’en avait pas pris conscience, s’avança. Il marchait nonchalamment telle une star de films hollywoodiens. À mieux y regarder, il était plutôt négligé, bedonnant, vêtu d’un costume rayé qu’une pochette assortie à la cravate ne faisait qu’aggraver. Ses cheveux, plus sel que poivre, retombaient sur un col parsemé de pellicules. Il se présenta :
– Inspecteur Léon Grobois, bonjour Mademoiselle. Je vais devoir vous poser quelques questions.
Prémuni des informations du médecin, il savait déjà où il voulait en venir.
– Nom, prénom, âge et qualité ?
– Valériane Reclos, dix-huit ans, célibataire, étudiante.
– Dix-huit ans ! Date de naissance ?
– 2 janvier 1980.
– Étudiante en quoi ?
– Je voudrais devenir vétérinaire.
– Vous habitez avec votre père ?
– Oui, c’est quoi ces questions ?
– Et votre mère, elle est où ?
– À Marseille, mes parents se sont séparés, j’avais sept ans.
– Quels rapports entretenez-vous avec votre père ?
– Excellents, c’est lui qui m’a élevée.
– Où étiez-vous cet après-midi ?
– Sur Paris, je faisais du shopping.
– Ah oui, du shopping. Vous êtes revenue à quelle heure ?
– Il y a plus ou moins une heure.
– Oui je vois, et alors ?
– La porte était ouverte, je suis rentrée, j’ai découvert papa inanimé… Enfin, qu’y a-t-il ?
– Doucement, c’est moi qui interroge, vous, vous répondez.
Valériane vivait un cauchemar, son père venait d’être emmené à l’hôpital. Que s’était-il passé ? Elle tremblait de tous ses membres.
L’inspecteur Grobois ne montrait aucune compassion à l’égard de l’émoi de la jeune fille. Il était pénétré par son enquête. Chaque détail prenait une importance que lui seul mesurait, même le physique de Valériane était observé, comme disséqué, avec une indélicatesse pesante.
Il faut dire que la demoiselle en imposait : des mensurations parfaites à tous les étages, savamment mises en valeur par un jean noir moulant et un top blanc à col en V laissant deviner une poitrine idéalement proportionnée. Ses bruns cheveux courts entouraient à merveille ses oreilles délicates. Une légère fossette sur sa joue droite illuminait son visage déjà rayonnant de vie. Sa force d’expression se lisait dans son regard, ses yeux couleur menthe à l’eau hypnotisaient.
Bien que, comme tout un chacun, l’inspecteur perdit un peu ses moyens, baissant les yeux face à un tel déluge de beauté, il n’en restait pas moins flic.
– Dites-moi la vérité !
– Inspecteur, allez-vous enfin m’expliquer ce qui se passe ?
– Moi rien, c’est vous qui allez me dire ce qui s’est réellement passé.
– Je vous ai tout dit. Là, vous commencez sérieusement à m’ennuyer !
– Ah bon, vous m’avez tout dit ? Et ben moi, je vais vous dire ce que je pense. J’arrive dans une maison cossue, à Chatou s’il vous plaît, où votre père vient d’être victime d’une tentative de meurtre et comme par hasard vous êtes seule sur les lieux.
– Tentative de meurtre ? Qu’est-ce que vous me racontez ?
– La discussion est close, Mademoiselle ! Nous sommes samedi 29 août, il est exactement 20 h 17, à partir de cet instant, vous êtes en garde à vue. Je vous emmène au commissariat.
Valériane se vit contrainte de confier les clés de la propriété à la police scientifique qui resta sur place. L’inspecteur Grobois la conduisit à sa voiture et lui appuya sur la tête pour la faire pénétrer à l’intérieur.
La Mégane filait à vive allure ; pas n’importe où, au 36 quai des Orfèvres. Des escaliers à n’en plus finir, un petit couloir, sur la gauche des box alignés ou plutôt des cellules glauques.
2
Garde à vue, ces mots entendus aux journaux télévisés, lui avaient glacé les sangs. Du haut de ses dix huit ans, nimbée de son innocence, elle avait interprété : je suis en prison.
Il était 21 heures, ils lui avaient laissé sa montre comme pour lui permettre de compter le temps, ce qui aurait pour effet d’accroître son stress. Un agent la gratifia d’un en-cas frugal qu’elle déposa sur la banquette sans y toucher. La gorge serrée, les mains et les pieds gelés, assise à même le sol, dos au mur ; surtout ne pas s’allonger. Elle s’évada dans ses pensées, revit ses plus beaux jours avec son père.
Elle était petite, il était grand, beau comme un dieu. Sa mère les ayant quittés, elle avait reporté tout son amour sur lui. C’est en tenant sa main qu’elle avait visité Paris, tout Paris. Le soir, il lui cuisinait ses petits plats préférés, elle en sentit encore l’odeur, perçut même le goût de son œuf à la coque accompagné de mouillettes tartinées de beurre salé. Après quoi la fatigue la terrassait. Sans tarder elle filait se coucher, un gros câlin blottie contre lui, plein de bisous, « fais dodo ma petite puce », c’est ainsi qu’il l’appelait. Elle pensa à leurs balades à pied dans Chatou, faire les commissions, le pain, le journal, sans oublier les bonbons.
Lorsqu’il mettait ses chaussures, elle était aussi excitée que ces petits chiens qui voient leur maître saisir la laisse.
Elle repassa les réunions de famille chez ses grands-parents, Robert et Janette, dont elle était la seule petite-fille ; ils cédaient à tous ses désirs. Ils avaient eu deux fils, son père et Christian, marié à Nicole devenue au fil du temps son modèle féminin, sa nounou. C’est chez eux qu’elle passait les moments d’absence de son père qui voyageait fréquemment pour affaires. Son oncle froid, sévère, des yeux noirs, une grosse voix, des paroles souvent punitives ou, au mieux empreintes d’autorité, de discipline, de rigueur, l’effrayait. Elle comprit plus tard que, timide par nature, il vivait sur la défensive.
Peu avant minuit, un policier vint chercher Valériane et la conduisit dans un bureau où il lui précisa pour la bonne règle que l’inspecteur Léon Grobois avait informé le procureur de son placement en garde à vue, les motifs de suspicion étant recevables. Elle ne comprenait pas cette démarche, ne savait toujours pas ce qu’elle faisait là.
– C’est tout ce que vous avez à me dire ? Et mon père, avez-vous des nouvelles ?
– Non, pas pour le moment. Venez, je vous ramène en cellule.
De toute évidence, cette discussion sans queue ni tête perturbait volontairement Valé

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