Le chant du coquelicot
432 pages
Français

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Le chant du coquelicot , livre ebook

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Description

Un soir d’été, en Provence, Adélaïde Cisné est retrouvée inanimée au beau milieu d’un champ de blé. À son réveil, elle découvre à la fois, sa perte de mémoire et de mobilité.
Pourquoi ? Comment est-ce arrivé ?
Nul n’explique ce mystère.
Le capitaine Sacha Rivière, bien malgré lui, se trouve embarqué dans une enquête policière où devoir et intérêt personnel s’additionnent.
Dans ce roman policier à caractère psychologique, nous découvrons l’univers troublant de ces différents personnages, à la fois attachants, inquiétants et surprenants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782332514936
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0142€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-41257-0

© Edilivre, 2021
Dédicace
Le plus beau cadeau que l’on puisse faire à la vie, n’est-il pas de prendre soin d’elle ?
Ceux que j’aime, prenez soin de vous. Mon Philippe, Malorie, Mathias, ma famille, mes amis.
Grand merci à Marie-Agnès pour son aide précieuse.
Chapitre 1
Un soir pas comme un autre. Une famille pas comme une autre, qui aurait pourtant pu être une famille ordinaire. Une destinée contre laquelle on ne bataille pas. Des acceptations involontaires, irréparablement diaboliques.
* * *
– Bonsoir petit père, bonsoir maman, chantonne la jeune fille.
– Bonsoir ma beauté.
– Ne m’appelle pas ta beauté papa. Je ne suis pas une beauté, en tout cas, pas comme je voudrais en être une et tu le sais parfaitement, changeons de sujet, cela vaudra mieux pour tout le monde. Quelle heure est-il ? Tu nous as fait quoi de bon à manger ce soir, maman.
Ah, les enfants ! se dit l’homme en entendant sa fille. L’amour qu’il ressent envers elle est intense, inconditionnel, viscéral, mais un enfant ne peut pas comprendre cela. Il se dit qu’il faut en avoir eu un pour ressentir le seul amour qui compte vraiment dans sa vie : sa fille. Pour elle, il accepterait tout. Il accepterait même de donner sa vie, ses yeux, de donner tout son corps. Il accepterait de voler le corps ou la vie des autres s’il le fallait, pour elle, rien que pour elle.
– Et ? pourquoi n’aimes-tu pas ? Moi, je te confirme que tu es belle comme la vie et tu connais ton père, il est impartial et loyal.
– Papa, arrête ça tu veux ?
– Je t’ai posé une question essentielle, fondamentale, vitale… Alors ?… Pourquoi n’aimes-tu pas cela ?
– Dis maman, il le fait exprès ?
– Hep, ma beauté, tu me reçois ? Ton père te parle… Coucou de la planète terre à la planète lune… l’OVNI, tu te réveilles ?
– Il recommence, maman. Je ne suis pas belle, point final.
– Toi ? Pas belle ma merveilleuse fille ? Écoute-la divaguer maman. Elle, pas belle ? Elle est folle. Ma fille est folle ! On assiste aux errances d’une déesse incomprise. C’est la fille la plus belle de l’univers. N’est-ce pas maman ? Dis-le lui toi, qu’elle est magnifique notre fille, tu es sa mère après tout, tu sais de quoi tu parles, toi qui nages plus que quiconque dans le réalisme, elle te croira.
– Laisse-la tranquille avec tes bêtises Laurent, tu finis par être agaçant. Elle ne veut plus que tu lui dises qu’elle est belle, alors ne le lui rabâche pas chaque fois que tu la vois, entends-la pour une fois. Tu es têtu comme une mule tu sais, à croire que tu cherches le conflit, tu vas finir par nous fâcher toutes les deux. Venez plutôt ici vous installer à table au lieu de vous chamailler pour des mots ou pour des motifs aussi futiles. Les goûts et les couleurs ça n’est pas le moment d’en faire un débat. Allez, servez-vous une bonne part de ce délicieux gratin de courgettes concocté avec amour. Allez, asseyez-vous, ça va refroidir.
Une maman et sa fille. Qu’en dire ? Leurs échanges passent par tellement d’étapes, ingrates, douloureuses, incompréhensibles, fusionnelles ou au contraire, dos à dos. Une maman, ça fait couramment le tampon, l’éponge, la serviette, le pansement, la sourde et muette. Ça nourrit la meute mais ça reste aussi à l’écart pour l’observer. Laisser faire, mettre un peu son grain de sel, arroser la fleur pour qu’elle pousse, couper les mauvaises branches, mais surtout ça doit pousser l’oiseau hors du nid quand le besoin s’en fait sentir de façon à ce que l’oiseau devienne libre. Une maman, ça laisse la place au papa, lorsque le besoin s’en fait sentir. Ça s’efface devant le conflit femme-homme recherché par la fille face à son père.
– Je suis déjà assise – réplique-t-elle tout en poussant son fauteuil roulant vers la table du dîner – Ne l’aviez-vous pas remarqué ?
– Je sais, c’était juste une façon de parler. Tu dis qu’il faut faire comme si de rien n’était mais on ne va pas y arriver comme ça ma chérie. On ne peut pas définitivement exclure de notre vocabulaire les mots marcher ou s’asseoir tout de même. Bon. Tu as fait quoi aujourd’hui ma beau… ma chérie ?
– Que veux-tu que je fasse à part « sit-in » ?
Silence
– Un footing peut-être et pourquoi pas du cheval, il y a aussi le trois fois cent mètres en piscine, que préfères-tu mon petit papa ? Viens me voir en maillot, là, tu pourras m’appeler ta beauté si tu t’en sens le courage. Je ne ressemble plus à rien papa, je suis blanche comme un cachet d’aspirine, je n’ai plus de formes et j’ai la jambe folle, ça te donne une idée du tableau que je représente en maillot de bains.
– Très drôle ma fille ; je vois qu’au moins tu n’as pas perdu ton sens de l’humour et de l’observation. Un peu critique à mon goût mais ça n’est pas le jour de te contrarier, alors disons que tu as raison.
Le papa n’a pas envie de lâcher sa fille unique. Il comprend tout, il est patient, tolérant, il accepte de se soumettre. Il se sent prêt à démolir la muraille de Chine, brique après brique, si celle-ci représente un rempart au bonheur de son enfant, mais, il ne voit pas le détail qui gifle sa petite, tant elle lui semble parfaite. Alors, il insiste, il la regarde avec ses yeux de papa tendre et aimant, il ne remarque surtout pas les détails négligeables qui pourraient perturber le sens esthétique de la femme.
– Je peux aussi faire l’amour avec le premier qui voudra de moi. Tiens ça c’est une idée, tu ne trouves pas ?
– Arrête Adélaïde. Tu n’es vraiment pas drôle ce soir, ça suffit maintenant, réplique sa mère. Je n’aime pas la tournure que prend cette conversation, ne sois pas agressive avec nous, ton père n’a pas voulu te blesser, par contre, toi, tu es impertinente et je ne te le permets pas. Tu es constamment sur la défensive. Ce doit-être la pleine lune qui te rend nerveuse. On t’aime comme tu es, belle ou pas belle, drôle ou pas drôle, peu importe. Calme-toi.
– Oui, c’est vrai, je sais, tu as raison maman, vous m’aimez, j’ai compris, je te rassure. J’ai parfaitement assimilé le concept. Ça fait même longtemps que je l’ai compris. Vous me le répétez sans arrêt, je ne risque pas de l’oublier. Il ne faut pas m’en vouloir. En ce moment je suis excédée, j’en ai marre de tout et de tout le monde, de tout ça. Je n’ai pas envie de compagnie, je suis odieuse et je n’aime pas ça plus que vous, mais je n’arrive plus à me retenir. J’ai un démon en moi maman, il me ronge, il m’asphyxie. Je n’ai plus faim. Je suis navrante, je sais. J’adore ton gratin, c’est le meilleur au monde mais il y a des soirs comme ça où rien ne passe. Tout va mal. Tout va de plus en plus mal. Pas de chance, on est l’un de ces soirs-là. C’est la pleine lune du loup Garou quand les belles personnes se transforment en monstre. Je préfère retourner à l’appartement. Une bonne nuit de repos et il n’y paraîtra plus. Je vous appelle dès que ma mauvaise humeur est sous clé, je vais me coucher de bonne heure, m’abêtir devant un film idiot et m’endormir vite. C’est ce qu’il me faut ce soir, ça me fera le plus grand bien. Je vais me calmer et réfléchir à toute cette hargne. Allez, salut vous deux, ne vous inquiétez pas pour votre peste préférée. Ne bouge pas papa. Je rentre toute seule. Un peu d’air frais, ça me figera les méninges… ça ira… Vraiment, ça ira. Bisous tous les deux et ne soyez pas trop sages… Allez, bon gratin, gardez ma part au frais pour demain, même réchauffé, c’est un délice.
– Tu es sûre ? Je n’aime pas te sentir nostalgique à ce point et t’abandonner à tes idées noires. Je préfère encore t’entendre râler après moi, là au moins, tu existes. Je suis ton père, je comprends ton mal et si j’ai le choix, je préfère le partager plutôt que t’imaginer seule avec tes démons, c’est égoïste mais c’est ça un papa et puis je ne sais pas si j’aurais le courage de te laisser une part jusqu’à demain. Allez, viens ici.
C’est vrai que le papa comprend tout ou presque. Voir sa fille avoir mal, c’est souffrir de ne pas souffrir à sa place. Entendre sa fille se plaindre de ses états d’âme, c’est sombrer dans l’abîme en même temps qu’elle. Etre désarmé pour la secourir, c’est encore pire. Alors il devient impuissant. Sa paternité n’a plus de sens. Sa virilité s’évapore. Il ne reste de lui, qu’un semblant d’être humain désarmé et fragile. Le papa d’Adélaïde est un vrai papa mais quand elle va mal il va mal aussi.
– Non papa, laisse-moi, je rentre.
– Tu en es certaine ? Tu as vraiment envie d’être seule ?
– Oui, papa. Ne t’inquiète pas, je suis une peste, mais une peste qui t’aime. – Elle l’embrasse – allez, je suis partie.
– A plus… Répond son père tentant un air joyeux mais n’en pensant pas moins.
Adélaïde s’en va. La porte se referme doucement. Ils ne sont plus que tous les deux. Laurent n’aime pas cela.
– Qu’a-t-elle ce soir notre grande fille ? Elle est bizarre. Tu ne la trouves pas bizarre toi ? Chérie, je suis inquiet.
– Je ne sais pas. Oui, peut-être. Elle ira mieux demain. Viens dîner. Elle a droit à ses états d’âme elle aussi, comme tout le monde. C’est une femme après tout, tu connais les femmes.
– Moi ? Connaître les femmes ? Ah non ! Aucun homme ne connaît les femmes, surtout pas moi. J’en ai deux à la maison, c’est trop peu pour se faire une opinion.
La maman ne croit pas que seul un vague état d’âme puisse rendre sa fille aussi peu courtoise envers eux. Etre une femme ne se résume certainement pas à slalomer entre des moments avec état d’âme et des moments sans état d’âme. Sa fille ne va pas bien, ou plus exactement, elle ne va plus bien. Elle se demande de plus en plus souvent si elle connaît ou non son enfant, si elle ne fait pas fausse route dans sa manière de la regarder, de la jauger, de

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