La lecture à portée de main
85
pages
Français
Ebooks
2020
Écrit par
Gérard Dalverny
Publié par
Nombre7 Editions
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Ebook
2020
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Publié par
Date de parution
07 octobre 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9782381532561
Langue
Français
Des scènes de la vie quotidienne parfois dramatiques, de gens ordinaires dont les destins se croisent et s’entrecroisent comme si une main invisible tissait leur avenir sur une toile d’où émerge, au fil des pages, une intrigue criminelle qui se déroule entre les secrètes Cévennes et la fière Camargue sous un ciel implacable qui n’est pas sans rappeler la lumière des tragédies grecques.
Publié par
Date de parution
07 octobre 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9782381532561
Langue
Français
Le Champ des signes
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Gérard Dalverny
Le Champ des signes
Roman
Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
I/ CONNEXIONS
1. TONY
C’était un de ces jours gris que personne n’aime, un jour qui incite à l’indifférence et au repli sur soi, un jour que l’on a envie de vite oublier. Tony marchait mécaniquement vers le lieu du rendez-vous, dans une immense zone de bureaux flambant neufs. Tous les immeubles se ressemblaient, sans âme, avec une profusion de vitres teintées, avec des jardins et pelouses en cours de finition et des enseignes d’entreprises improbables : laboratoires, mutuelles, instituts de formation…, le tout à proximité d’un grand centre commercial, contre lequel se lovait un parking couvert, en forme de spirale où s’entassaient des voitures comme des fournées de petits pains.
Il trouva l’adresse : un bureau anonyme, au premier étage d’un immeuble sans vie. Il chercha un long moment sur la liste des boutons d’appel, le nom de l’entreprise qui l’avait convoqué. Il pestait contre la manie actuelle d’utiliser des sigles comme identité. Ils se ressemblent tous et sont souvent déviés, pour apparaître en premier sur la liste. Combien d’adressent en AA… déroulent en premier sur l’annuaire ?
Au-dessus de lui, il entendit le ronronnement métallique d’un hélicoptère qui survolait le quartier. Sans doute la sécurité civile ou le SAMU, pour un accident grave. Pourtant il sourit à l’écoute du bruit des rotors qui lui rappelait un excellent souvenir. Il leva les yeux et vit le ventre de l’appareil et les pales qui fouettaient l’air comme du blanc d’œuf en neige.
Il eut soudain l’impression de voir un aigle ou un faucon, en arrêt au-dessus d’un mulot qui cherchait désespérément un abri.
La porte s’ouvrit enfin. Il ne prit pas l’ascenseur, le rendez-vous était au 1 er étage.
Contrairement à ce qu’il pensait, il n’eut pas à attendre. À peine assis, le temps de croiser et de décroiser les jambes sur une chaise métallique, une secrétaire l’invita à le suivre.
Derrière un bureau sobre et « désigné », une personne se leva et l’invita à s’asseoir face à elle. Des lunettes dorées et cerclées protégeaient des yeux bleus impavides.
Un collier poivre et sel encadrait une fine bouche qui finit par s’ouvrir, après un long regard inquisiteur :
— Présentez-vous Monsieur, s’il vous plaît.
— Tony M. j’ai 28 ans, un BTS de technico-commercial, à la recherche d’un emploi stable.
— Correct, dans quel domaine ?
— Celui qui me permettra de vivre bien.
— Bonne réponse, j’ai lu vote CV. Commentez-le-moi.
— J’ai exercé la profession de commercial dans beaucoup de secteurs d’activités, de services pour la plupart, mais aussi dans l’agroalimentaire, la grande distribution. Mais j’en ai marre de ce métier où il faut chasser sans cesse le pourcentage.
— Mais c’est du challenge, il en faut dans la vie.
— Oui, mais la vie c’est aussi du rêve qui se concrétise.
— OK, c’est bien, mais c’est flou. Donnez-moi maintenant une seule raison pertinente et concrète qui m’incite à vous embaucher.
— J’ai sauté en parachute.
— Oui ! mais encore ? dit le recruteur l’air surpris.
— C’était pour mon anniversaire, j’ai ressenti un immense bonheur de planer comme un oiseau, d’être en liberté. Vous ne pouvez pas imaginer ce bonheur.
— Il est vrai que c’est une bonne expérience qui valorise l’esprit d’initiative et le courage. Il en faut pour intégrer une équipe.
— Non, vous n’y êtes pas, j’ai vraiment sauté en parachute, plané dans les airs, longuement comme un aigle royal.
— Oui j’ai bien entendu, mais ce n’est pas un argument suffisant, d’autres personnes l’ont fait.
— Oui, mais moi, j’ai sauté en parachute, seul. J’ai vécu ça. J’étais au-dessus du monde, comme un grand oiseau, comme un Dieu.
— On est d’accord, vous avez vécu une expérience forte qui vous a marqué. Mais passons à autre chose. Qu’avez-vous d’autre à me dire ?
— Rien, non, vous ne pouvez pas comprendre !
— Sans doute, jeune homme, mais pour le moment, nous allons en rester là. Vous me semblez ailleurs. Je vous tiendrais informé des suites de notre entretien.
Tony regarda son interlocuteur comme s’il lui apparaissait pour la première fois.
— J’ai compris Monsieur, au revoir Monsieur.
Arrivé au rez-de-chaussée, Tony n’entendit pas le bruit de la rue, pourtant assourdissant. Il marchait et se répétait en lui-même : Quel con ! J’ai sauté, je l’ai fait, j’ai sauté. Puis, il ouvrit son portable et chercha « Le Selfie ».
En traversant la rue, il tourna la tête à gauche puis sourit à son image plein ciel, accroché à elle comme par un aimant. Le bonheur absolu, intemporel.
La fourgonnette arrivée sur sa droite, klaxonna plusieurs fois, freina en vain et le percuta de plein fouet.
Le portable roula, comme un objet déglingué en d’interminables secondes, avant de s’arrêter dans le caniveau, avec l’image figée de Tony extatique, plein ciel, plein bonheur.
2. BERTRAND
Après sa rude journée de négociation commerciale, Bertrand n’avait qu’une seule envie : jouer, jouer une partie de tennis dans ce bel hôtel luxueux de la Costa Brava. Il avait cette chance de travailler pour une entreprise qui, pour ses cadres, ne lésinait pas sur la qualité des séjours professionnels, tout au moins pour les négociateurs les plus méritants. Bertrand était l’un d’eux, apportant de substantiels contrats par son extrême rigueur et son opiniâtreté ; il n’aimait ni perdre, ni bâcler le job.
Avant de prendre possession de sa chambre, il interrogea le préposé à l’accueil afin de savoir s’il pouvait disposer d’un court de tennis et surtout, le partager avec un partenaire disponible.
...