Le Cas Charles-Henri de Couesnon
272 pages
Français

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Le Cas Charles-Henri de Couesnon , livre ebook

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Description

Narcotrafiquant, El Nefro fait fortune et s’installe en Martinique. Il y vit avec l’intention d’une paisible retraite. Sous l’identité d’Arturo Linares, il nous raconte ses aventures. Terroriste en cavale, il finit par devenir gros dealer. Avant cela, il a connu une triste célébrité, Charles-Henri de Couesnon, et nous expose aussi sa vie : surprenante, pleine de rebondissements, aventureuse, une vie pleine de grandeurs décadentes. El Nefro sera-t-il rattrapé par sa vie de terroriste, trafiquant, trouble investisseur ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414160211
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-16019-8

© Edilivre, 2018
1 El Nefro
La mer des Caraïbes, d’un bleu profond, porte de nombreux voiliers blancs au mouillage, de toutes tailles et aux gréements dépareillés. Les collines qui l’encerclent sont recouvertes d’un manteau verdoyant, de flamboyant à vert pâle, que le soleil arrose sans vergogne. Seule une lande jaune paille marque la plage bordée par une cocoteraie, refuge ombragé des passionnés de la clémente grève. Au loin, le rocher sombre du Diamant émerge de la mer azur, tel un bijou taillé posé là par hasard. « His Majesty’s Ship Diamond Rock » , comme indiqué sur les cartes marines, marque le canal de l’île de Sainte-Lucie. C’est ma vue, depuis mon logement d’exception sur la colline de Sainte-Anne, en Martinique. J’ai le privilège d’y surplomber le bourg et la baie du Marin.
Vieux loup solitaire de 60 ans, je suis El Nefro sur les flots et ailleurs. Ici, je me nomme Arturo Linares. Ce matin de février 2015, j’observe ce somptueux paysage, noble et sauvage. Le cadre de cette villa que j’ai toujours voulue, toujours enviée et tellement rêvée, est superbement agencé. Construction en bois, de type créole, la maison aux larges passements de toiture, réservant de grandes terrasses, s’ouvre harmonieusement sur l’abondante végétation qu’un vert profond sublime à l’ambiance marine du large. Quelques marches plus bas, face à la mer, la grande piscine bleu pâle, avec le bruissement régulier du débordement, n’enlève rien tant la nature est devenue généreuse depuis que je suis là.
J’ai beaucoup investi sur ce lopin désertique que j’ai densifié à plaisir, laissant disparaître la frustre prairie pour construire, aménager et planter. En quatre ans, j’y ai consacré des moyens colossaux. Propriétaire de la colline, j’ai bâti la clôture basse renforcée, puis une petite route protégée, une petite bâtisse de gardien, et une seconde barrière. Tout est bien sûr sous haute protection, avec radars et caméras. Puis j’ai planté et lancé la maison, assez vaste pour moi seul. Quatre chambres avec salles d’eau, une suite pour moi, un immense séjour et une salle à manger ainsi que deux cuisines dont une extérieure. Tout dans un décor naturel, pierre au sol, bois précieux en parois et plafonds. J’ai fait venir de l’acajou, du teck, du noyer et même de l’ébène. Le mobilier sur mesure est fabriqué par des artisans dominiquais que j’ai connus lors de mes voyages.
Aujourd’hui, l’avancement de mon âge me pose le seul et vrai problème existentiel de ma vie. Je suis devenu ce que j’ai construit et réussi, et je vis pleinement sous ce climat tropical si bon pour moi. Bronzé, en bonne santé, tout va pour le mieux. Leocadie et Octave vivent ici en permanence et se chargent de tout. Courses, repas, ménage, entretien du parc, bref, je n’ai que mes besoins propres à satisfaire. Rien ne me manque. Pas même des filles… Car côté baise, je suis plutôt bien servi, avec des nanas à ma botte dans de nombreux ports caribéens… Sans me vanter, je suis un bel homme, svelte et musclé. À part mes cheveux blanchis, je me porte merveilleusement, bien mis dans mes vêtements coloniaux clairs, chemisette, pantalon fin et tongs de cuir. Mais cette solitude, tant désirée, me pèse.
L’heure du bilan de cette vie pleine et heureuse s’approche et je dois me lancer à raconter l’histoire de ma vie. Cette vie à fuir, puis à courir, toujours après la fortune, seul… Et le problème est bien là… Je suis seul, affreusement seul. Ma vie en a pourtant été très loin. J’ai toujours vécu accompagné, et plutôt bien accompagné, et ce dès l’enfance. L’autre problème, c’est mon âge… Car je n’ai pas les 60 ans prétendus. Je suis beaucoup plus âgé… J’ai pourtant une identité officielle, que tous valident depuis des années, mais je ne suis pas l’homme de mes papiers…
Au seuil de ma vie, je dois tout révéler. Dire qui je suis, réellement, ce que je suis devenu, et comment.
Je suis très riche, avec des revenus colossaux, sources d’investissements pluriels. Mes propriétaires, des prête-noms, sont maîtrisés, sous ma contrainte. Mais, sans héritiers, à qui transmettre ce fabuleux patrimoine ? Sauf à remettre ma vie à l’endroit…
* * *
Mais, qui sont ces types en bas ? Une voiture grise. Une Mercedes anthracite. Deux mecs en descendent. L’un d’eux porte un paquet, règle un truc et le pose. Puis ils remontent. La bagnole s’éloigne… Je ne les vois plus…
– Octave, viens me voir.
– Monsieur ?
– Des types viennent de poser un paquet, en bas. N’approchez surtout pas, ne faites rien. Ne sortez surtout pas, ni toi, ni Leocadie. OK ?
– T’as un doute monsieur ?
– Oh oui… Très gros… Je pense à un attentat… J’appelle la sécurité…
L’interphone sonne au même instant :
– Bonjour monsieur. J’ai vu un homme régler un paquet et le déposer devant votre boîte aux lettres. Il s’agit sûrement d’explosifs. Nous irons vérifier. Vous ne sortez pas ? Pas avant demain ?
– Non.
– Bien. J’rappelle dès l’inspection… Disons ce soir… Le temps pour vérifier ce qu’ils programment, et surtout qui a donné l’ordre.
C’est donc perplexe que je passe le reste de ma journée. Troublé et surtout sur le qui-vive. Je croyais mon havre inviolable…
Dans l’après-midi, l’esprit reposé car rien n’a bougé, je commence la rédaction de mon épopée.
2 Miami
Mardi 10 septembre 1985, 17 h 40 – heure locale, aéroport de Miami. Baptista Jimenez et Nadège Fabien débarquent du Boeing 747 en provenance de Paris. Après les contrôles douaniers, récupération des valises, ils arrivent en zone publique, fatigués mais heureux. Bel homme, mal rasé, costume cendré, il marche vivement aux côtés de sa compagne, fine et belle brune, plus petite, en imperméable écru. Jean Galbionne est bien là. Stature étroite, cheveux noirs très courts, chemise bariolée de couleurs vives dégueulant sur un pantalon ivoire, il se saisit de la valise de Nadège. Brèves salutations et ils filent vers l’extérieur. Sa voiture, une Ford Mustang III safran métallisée, est en stationnement courte durée. Puis ils filent vers la côte.
– Le voyage s’est bien passé ? interroge-t-il.
– Très bien, répond Baptista à côté de lui. Un peu de turbulences, mais finalement très bien. Un peu crevé… Avec le décalage…
À la radio du bord, Lionel Richie et son tube « Say You Say Me » semblent agresser Jean qui coupe. La circulation, dense à cette heure de la journée, rend la progression lente. Mais ils avancent. Pas de blocage.
– J’vous ai réservé une chambre au Mariott , un peu plus loin sur le boulevard de mon resto. C’est correct en prix… J’peux pas vous prendre chez moi…
– C’est parfait Jean…
– On dépose vos bagages, puis on file à mon resto. J’bosse… J’vous invite à dîner… Vous pourrez rentrer à pied, l’hôtel est proche, vous verrez.
– Et toi ?
– J’termine tard. Faut pas m’attendre. J’vous r’prendrai d’main matin. On a du taf !
– C’est chouette c’que tu fais, Jean. Merci, reprend Nadège.
– Oui, c’est très sympa. Merci d’nous accueillir et d’t’occuper d’nous. On s’rait paumé sans toi, enchérit Baptista. Mais tu habites où ?
– Un petit appart sur la côte. Demain, en gros, on commence par ton job. L’matin, j’te conduis chez Ted Vernon, un gros marchand d’bagnoles. C’est lui qui m’a filé ton attestation pour venir. J’le connais bien et il cherche un vendeur. J’lui ai parlé d’toi. J’espère que ça t’va ?
– Parfait !
– Toi, Nadège, tu bosseras à mon resto, au début… Pour votre logement, on vous en proposera dès qu’vous s’rez en situation régulière…
L’après-midi, on va à la banque… Dégeler ton fric et t’ouvrir un compte. Ensuite, on voit un type qui maîtrise parfaitement l’ambassade pour vos papiers.
– Où ça ?
– On a rencard à la banque. Il vous conduira voir les services concernés, il a tout arrangé ! Puis on s’retrouve à mon resto.
– C’est parfait… Comme tu disais…
La Gloutonnerie, restaurant de cuisine française de Jean sur l’avenue Brickell, est à 500 mètres de l’hôtel. Vaste terrasse ombragée de stores bannes rouges, tables et chaises sable en place. Encore 25 °C, quelques nuages gris. C’est à l’intérieur, dans un décor simple et clair, sous l’immeuble, que Jean les installe, leur apporte une carte et file en cuisine. Le personnel s’affaire, les clients débarquent, l’heure du coup de bourre s’annonce. Une heure après, Jean reparaît, saluant de table en table, discutant beaucoup et prenant son temps. Dans la confusion, il ne semble plus connaître Nadège, pas plus que Baptista. Leurs filets de bar en sauce terminés, ces derniers s’éclipsent, discrètement.
Dans l’artère encombrée de piétons et de véhicules en tous genres, ils trottinent la tête encore sonnée du boucan infernal de l’aéroport. Appels tonitruants en langues bigarrées, musiques des profondeurs commerçantes, ampleur de cette foule assourdissante et complexe, explosent leurs cerveaux abîmés. Ils ont sommeil, mais cet infâme fracas s’entremêle à celui de la circulation urbaine dans son heure de pointe. Conversations surannées, bruissement de bastringues, crissements de pneus, sifflements de moteurs, grognements de Chevrolet, un cri, un chant au loin, bref, tout ce qui bouge devient source de pollutions sonores agressant leurs esprits. Sans un mot, ils gagnent leur chambre d’hôtel et se couchent dans l’assourdissement de tous ces bruits devenus feutrés. Très vite, le sommeil réparateur de leurs six heures de décalage les transporte dans des rêves soyeux de l’oubli. Vingt-six heures qu’ils n’ont pas dormi. Le silence nocturne leur fait un bien fou. Pourtant, très tôt, Baptista, réveillé depuis un long moment, se lève et marche doucement vers la fenêtre. Il est 5 heures. Des camionneurs livrent des échoppes, une benne à ordures collecte

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