Le bouc marchait sur deux pattes
270 pages
Français

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Le bouc marchait sur deux pattes , livre ebook

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Description

Dans un petit bourg de Bretagne, des événements étranges commis dans le cimetière et sur les sites mégalithiques proches perturbent la vie des habitants. Le diable a-t-il établi ses quartiers à Brieuzec ? Seraient-ce les conséquences de blagues idiotes perpétrées par de jeunes désœuvrés de la station balnéaire voisine ? Les avis sont partagés et les habitants tendent à opter pour la seconde hypothèse jusqu'à ce qu'une jeune fille soit retrouvée morte, affreusement mutilée sur le dolmen proche. Les anciennes croyances reprennent alors leurs droits...

Intrigues et mystères sont au rendez-vous dans ce polar haletant. Frissons garantis !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 décembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332532169
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-53214-5

© Edilivre, 2013
Première partie
Chapitre 1
Penché au-dessus de la cuvette en émail remplie d’eau tiède, Justin se rinça abondamment le visage. Il se regarda dans la glace à moitié piquée et, constatant qu’il ne restait plus aucune trace de savon à barbe, il s’épongea minutieusement avec une serviette dont la propreté était plus que douteuse. Il replia ensuite son coupe-chou, le rangea dans son étui, et en fit de même avec le blaireau et le cuir qui lui servait à affuter la lame tranchante. Le café du matin suivi du rasage était un rituel auquel il n’aurait dérogé pour rien au monde. En revanche, il avait tendance à délaisser sa toilette corporelle, ce qui déclenchait régulièrement les réflexions des gens du village sur l’odeur qu’il laissait sur son passage. Lorsqu’elle devenait un peu trop forte, c’est-à-dire environ une fois par mois l’hiver, deux fois par mois l’été, il daignait se laver entièrement. Pour l’occasion, il s’arrosait d’une eau de Cologne bon marché dont l’odeur était tellement entêtante que les mauvaises langues n’hésitaient pas à dire qu’elles préféraient encore celle de la crasse ! Il en profitait également pour changer de vêtements, ce qui à première vue n’était pas flagrant vu qu’il avait exactement la même tenue en double, peut-être même plus ! Il descendait alors ses affaires sales au lavoir où il trouvait toujours une femme compatissante qui acceptait de les lui décrasser, parfois non sans un certain dégout ! En effet, malgré son défaut de malpropreté, il était difficile de refuser quoi que ce soit à Justin, tellement il était gentil et toujours prêt à rendre service.
Justin était un méticuleux, et chaque chose était rangée à sa place dans l’ancienne maison de garde-barrière qui lui servait de logis. Après l’arrêt de la desserte de train, cette maison depuis longtemps inhabitée devait être démolie, mais le maire avait décidé de la conserver et d’y loger Justin. Jusqu’alors, l’idiot du village – c’est ainsi que les habitants de Brieuzec considéraient ce pauvre Justin – vivait dans une vieille cabane en bois située à la lisière de la forêt. Tout le monde craignait qu’un jour il y mette le feu en tisonnant le vieux poêle à charbon et que, n’ayant pas le temps de s’enfuir, il brûle avec son logis ! Là au moins, il avait une maison en dur et une vraie cheminée. Construite de plain-pied, elle se composait d’une pièce principale que Justin appelait pompeusement son « séjour », d’une petite cuisine et d’une chambre. Il y avait même l’eau chaude, luxe bien évidemment absent de son ancienne cahute. Comme le maire logeait gratuitement Justin dans cette maison désaffectée, il pouvait se permettre de lui offrir un maigre salaire pour son travail de fossoyeur. Ce métier Justin l’aimait bien. Il était né avec une intelligence trop limitée pour exercer une vraie profession et il était incapable de vivre ailleurs que dans son village. Avant d’occuper ce poste, il n’avait trouvé que des petits boulots saisonniers qui lui permettaient à peine de subvenir à ses besoins. La vieille cabane, il l’avait héritée de ses parents, tous les deux décédés prématurément, touchés par la foudre alors qu’ils s’étaient abrités un jour d’orage sous un vieux chêne. Justin était certes assez simple d’esprit, mais n’était pas pour autant complètement idiot. Quelle que soit la tâche qui lui était attribuée, il était parfaitement capable de s’en acquitter très honorablement. Il lui arrivait même parfois de prendre d’heureuses initiatives. Lorsque le maire lui avait demandé de remplacer l’ancien fossoyeur parti rejoindre ses « clients », c’est avec bonheur qu’il avait accepté la proposition. Ils étaient nombreux dans le village à se réjouir de cette décision, car le nouvel employé était minutieux pour tout ! Son cimetière était parfaitement tenu, chaque pot de fleurs était à sa place, et si le moindre objet était dérangé en son absence, il s’en rendait immédiatement compte. Pas un brin d’herbe autour des tombes, pas la moindre brindille en travers des allées. Justin passait le plus clair de son temps un sac-poubelle dans une main, un outil de jardinage dans l’autre, quand il n’allait pas remplir son broc émaillé pour arroser les fleurs de ses « résidents ». Jamais le dernier domicile des habitants du village n’avait été si soigneusement bichonné, et chacun sait comme il est important pour un petit village de Bretagne que son cimetière soit bien entretenu et accueillant. Comme il dépassait à peine la trentaine, – personne, pas même lui, ne connaissait avec exactitude sa date de naissance – on pouvait penser que le cimetière avait encore de beaux jours devant lui !
Après avoir jeté un dernier coup d’œil à son intérieur et vérifié que chaque objet était bien à sa place, Justin recouvrit ses cheveux coupés ras de son éternelle casquette d’officier de marine, du même bleu que sa non moins éternelle vareuse constellée de taches d’origines plus ou moins mystérieuses. Soigneusement posés près de la porte, des sabots de bois hérités de son grand-père ou peut-être même de son arrière-grand-père, il ne savait plus, attendaient ses pieds dont chaque chaussette d’une couleur douteuse était percée au niveau du gros orteil. Il ne devait pas trop trainer, car ce matin il avait une fosse à creuser. En début d’après-midi on enterrait la grosse Marthe, décédée trois jours plus tôt d’un arrêt du cœur alors qu’elle faisait sa grosse commission. Elle s’était levée au petit matin en catastrophe visiblement tenaillée par un fort mal de ventre et s’était enfermée dans les toilettes. On l’en avait ressortie quelques heures plus tard, les pieds devant. Son mari, alerté par l’absence prolongée de sa femme dans le lit conjugal, et par l’odeur pestilentielle qui émanait du petit coin, était allé vérifier. Il avait eu un mal fou à ouvrir la porte à demi coincée par le corps massif de son épouse. Après y être enfin parvenu, le vieil homme d’habitude solitaire et acariâtre s’était précipité au troquet du village pour annoncer la bonne nouvelle et « arroser ça ». Adossé au comptoir, levant sa chope de bière, il avait fait devant les clients présents l’éloge funèbre de sa femme : « Elle m’a tellement fait chier pendant toute sa vie qu’il est normal qu’elle soit morte en chiant. Justice est faite. »
Amen !
Sa porte fermée à double tour, Justin enfourcha sa vieille mobylette bleue à moitié rouillée appuyée contre le mur de la maison. Il la mit sur sa béquille et, arc-bouté sur le guidon, pédala comme un fou pour la mettre en route. Il fallut un certain temps pour que la pétrolette daigne enfin démarrer dans une fumée d’enfer. Justin partit alors en pétaradant vers le cimetière situé juste de l’autre côté de l’ancienne voie ferrée, en bordure du village. Malgré la courte distance à parcourir, il prenait toujours sa bécane histoire de ne pas aller au troquet à pied au moment de sa pause. Et puis, dès fois qu’il lui prendrait l’envie d’aller faire un tour à Saint-Tréguen, station balnéaire située à quelques kilomètres de Brieuzec… Personne ne savait ce qu’il allait y faire, mais certaines mauvaises langues le soupçonnaient d’aller s’épancher dans les bras de quelques femmes de mauvaise vie. Qui pourrait le lui reprocher à part les bigotes du village ? Quant au curé il fermait les yeux, arguant qu’un simple d’esprit n’a pas toujours les moyens de faire une totale différence entre le bien et le mal. Certains prétendaient même que si l’homme d’église était aussi magnanime envers Justin, c’était parce que lui aussi, lorsqu’il allait en ville, ne se privait pas de fréquenter les bordels du port ! Si c’était le cas, il devait être bien discret, car personne n’en avait jamais apporté la moindre preuve.
Justin stoppa sa pétrolette à l’entrée du cimetière. Il la laissait toujours dehors « pour ne pas déranger les morts » avait-il coutume de dire. De plus, il n’y avait aucun risque qu’on lui pique son tas de rouille ! La porte du cimetière était toujours ouverte de jour comme de nuit, afin que chacun, y compris quelque insomniaque, puisse aller se recueillir sur la tombe d’un proche. De toute façon il faudrait sans doute une bonne dose de dégrippant avant de pouvoir manipuler cette grande grille ! Elle n’avait pas été manœuvrée depuis des temps immémoriaux, et même si Brieuzec n’était pas un village côtier, il se trouvait suffisamment proche de la mer pour que tout objet métallique subisse la corrosion de l’air marin ! Il arrivait même que les jours de grosse tempête on entende les vagues et qu’on reçoive quelques gouttes d’embruns !
Justin franchit le seuil et entra dans la petite cabane servant de réserve afin d’y récupérer une pelle et une pioche. En s’avançant vers la parcelle où il devait creuser le trou devant accueillir la grosse Marthe, il éprouva une sensation étrange sans pour autant que son cerveau toujours un peu lent à la détente, n’arrive à en définir l’origine. « Son » cimetière n’était pas comme d’habitude. Ne remarquant rien d’anormal dans un premier temps, il avança prudemment dans l’allée principale, tout en scrutant les allées latérales. Soudain ses yeux s’arrondirent et sa bouche se transforma en cul de poule. Lorsqu’il découvrit l’impensable, il sentit ses poils se hérisser et ses cheveux pourtant très courts se dresser sous sa casquette. Il s’arrêta net puis se mit à reculer lentement sans perdre de vue ce qu’il avait sous les yeux, le cœur battant à tout rompre et de grosses gouttes de sueur perlant à ses tempes et sur son front. C’est quand il heurta l’angle d’une pierre tombale et qu’il faillit capoter sur le dos qu’il se retourna et prit la direction de la place du village de toute la

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