La vieille demoiselle
76 pages
Français

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Description

Alors que Jack DESLY attend dans le hall de sa banque pour effectuer son retrait mensuel sur son compte, il aperçoit une vieille demoiselle outrageusement fardée qui demande à descendre à son coffre.


Quelques minutes plus tard, les cris de la douairière attirent le personnel de l’établissement, ainsi que Jack DESLY, au sous-sol.


La cliente est au bord de l’évanouissement, elle vient de trouver le gardien, M. Hoyau, inanimé dans un réduit...


Ce dernier révèle avoir été assommé sans savoir par qui ni pourquoi.


Quand le directeur des lieux constate la disparition de trois millions de francs, le mobile de l’agression devient évident si agression il y a eu, car tout semble prouver la culpabilité de M. Hoyau...


Mais, Jack DESLY, persuadé de l’innocence du pauvre homme, décide de tout faire pour la démontrer. Après tout, n’y a-t-il pas trois millions à gagner dans l’affaire ?...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070039366
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 21 -

La vieille demoiselle
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
LE GARDIEN DE BANQUE
 
Jack Desly, installé sur la banquette de bois ciré, attendait, comme ses voisins, l'appel de son numéro par le caissier. Il venait de remettre au contrôle un chèque en bonne et due forme, sur le compte qu'il possédait à la Banque Darville et C ie .
Le gentleman-cambrioleur fumait nonchalamment une cigarette et s'amusait à observer les allées et venues. Il s'intéressa notamment à la discussion du caissier avec un client au sujet d'une incertitude de dates. Et il sourit en lui-même.
Car nul n'était plus en règle que Jack Desly. Aux yeux de tous, c'était un jeune homme possédant une fortune coquette et qui vivait raisonnablement dans sa villa de La Varenne. Il déposait régulièrement de l'argent en banque, argent gagné dans les « affaires ». Les retraits effectués à intervalles, également réguliers, et toujours pour la même somme ou à peu près, témoignaient de son existence rangée.
Un coup d'œil à l'œil-de-bœuf. Quatre heures moins le quart. La banque fermait à quatre heures.
Dans cinq minutes, les garçons commenceraient à disposer les portes de fer. Déjà, ils guignaient vers les serrures. Au moment où l'un d'eux s'était mis à déplier la première grille, une femme entra en coup de vent.
Elle se précipita vers le comptoir. L'employé fit une grimace de dépit, puis marmonna :
— Vous êtes en retard, mademoiselle Durozay...
Desly songea combien ce terme de « mademoiselle » appliqué à cette caricature était hors de propos. Les vieilles filles ne devraient pas avoir droit à ce titre qui signifie la beauté et le printemps de la vie.
Elle avait les cheveux teints, les joues abondamment fardées. Sa toilette s'avérait à l'avenant. Une coquette qui ne veut pas abdiquer et qui, dans l'espoir de paraître vingt ans de moins, en accusait, par l'outrance de son désir, une dizaine de plus, sans doute.
— Oh, minauda-t-elle, d'une voix aigrelette, vous n'allez pas m'obliger à revenir... J'en ai pour une petite minute...
Un chef de service s'approcha et salua la cliente.
— Vous me permettrez bien de descendre à mon coffre, monsieur Perrodon ? demanda la vieille fille.
Il eut un sourire obséquieux et hocha la tête affirmativement.
— Mais oui, Mademoiselle, mais oui...
Jack Desly la vit disparaître dans l'escalier qui menait aux sous-sols et aux chambres de coffres-forts.
Son numéro venant d'être annoncé à la caisse, le jeune homme se leva et s'en fut recevoir la liasse de billets que l'homme, dans sa cage de verre, compta avec une dextérité professionnelle.
C'est au moment où Jack s'apprêtait à quitter la banque, tout le monde était déjà sorti et l'on n'attendait plus que son départ ainsi que celui de la vieille coquette, qu'un cri perçant retentit au sous-sol, suivi d'appels frénétiques.
— Au secours !... Au secours !...
Jack, d'un bond, plongea dans l'escalier. Il avait agi par pur instinct. Les employés, pêle-mêle, se précipitèrent à sa suite. Tous s'engagèrent dans un corridor éclairé par des ampoules électriques, placées de distance en distance au plafond, puis guidé par les gémissements, Desly, qui avait parcouru le couloir, atteignit une petite pièce sombre à la porte de laquelle, sur une chaise, se trouvait M lle  Durozay, à demi évanouie.
Jack lui saisit les mains et les tapota. Cela sembla suffire. La vieille personne maquillée eut un sursaut, se redressa et allongea le bras vers le réduit sombre, derrière elle.
— Là !... Le gardien des coffres !... Il... il est mort, je crois !...
Le personnel de la banque, affolé, se trouva sur les lieux. On fit de la lumière. Un corps était effectivement étendu sur le sol.
— Bon Dieu !... Hoyau !... clama l'un des employés.
Jacques Hoyau, un homme entre deux âges, n'était pas mort, heureusement. Quelques soins énergiques le ranimèrent. Il porta la main à sa nuque :
— Aïe ! fit-il douloureusement. Ça me fait mal !...
M lle  Durozay menaçait de s'évanouir une deuxième fois. Jack, qui possédait un flacon de sels anglais dans une poche de son gilet, lui maintint le goulot de force sous le nez.
M. Perrodon, le chef de service, était le seul, avec Desly, à conserver son sang-froid. Il examina la tête du gardien.
— Ce n'est rien, déclara-t-il. Il n'y a même pas d'ecchymoses... Que vous est-il donc arrivé, Hoyau ?
— Ben, m'sieu Perrodon, j'en sais rien moi-même !... J'ai reçu un coup formidable sur le crâne et puis voilà... Je me suis retrouvé ici... C'est tout ce que je peux dire...
M. Perrodon se tourna vers la cliente qui respirait à grands coups.
— Et vous, mademoiselle Durozay ?... Pourquoi avez-vous appelé ?...
— Oh, je croyais que ce pauvre homme avait été assassiné !
— Vous avez vu l'agression ? s'exclama Jack, impulsivement.
Tout le monde le regarda. M Perrodon parut le découvrir. Il le connaissait de vue, comme habitué de la banque.
— Monsieur Desly... Excusez-moi... Mais votre présence ici, après l'heure de la fermeture... Songez donc... Il est quatre heures passées...
— Elle n'est pas plus déplacée que celle de cette personne !... riposta Jack, comprenant qu'on voulait l'évincer et qui tenait à rester encore, autant par curiosité que pour d'autres raisons.
— C'est grâce à Monsieur que je ne me suis pas trouvée mal, lança M lle  Durozay... Il a été le premier à me secourir !...
Elle eut un geste instinctif pour tapoter ses boucles outrageusement cuivrées et s'assura que son chapeau était bien en place.
— Non, je n'ai rien vu, reprit-elle. J'étais descendue, je me hâtais, puisqu'on allait fermer... D'habitude, le gardien, ce M. Hoyau, est assis sur sa chaise et il m'accompagne jusqu'à la chambre de mon coffre... Je ne l'ai pas trouvé... Alors, j'ai commencé à le chercher... Et j'allais remonter quand j'ai eu l'idée de regarder dans le réduit... J'ai vu ses pieds qui dépassaient... Le reste du corps se trouvait dans l'ombre... Oh, ce que j'ai eu peur !...
M. Perrodon se mordilla la lèvre inférieure qui était assez épaisse. Il eut l'air de ruminer puis déclara :
— Bon... En tout cas, il faut fermer la banque... Nous tirerons cela au clair... Vous voudrez bien nous permettre, Mademoiselle, d'avoir recours à vous... Demain, par exemple ?... Quand votre émotion se sera calmée ? Ou bien vous sentez-vous capable de...
— Oh, non, non... J'ai besoin de rentrer chez moi... Je suis bouleversée... Vous comprenez, une émotion pareille...
— Oui, admit le chef de service. Et... mais à propos, vous n'êtes pas allée à votre coffre, avec tout cela !
— Non... Cela ne fait rien... Puisque je reviendrai demain...
M lle  Durozay et Jack Desly sortirent ensemble. Le jeune homme proposa à la vieille fille de la ramener à son domicile dans sa voiture. Elle eut un moment d'hésitation, puis accepta.
— Si ce n'est pas abuser de votre amabilité, dit-elle avec des inflexions de fausset, je vous demanderai de me mener rue Meslay... Je suis brisée... J'ai le cœur si faible... J'ai besoin de me remettre...
Ils n'échangèrent guère, en cours de route, que quelques paroles d'une banalité polie.
À peine Mademoiselle Durozay fut-elle descendue, que Jack vira avec une rapidité surprenante et se rua, par la rue Saint-Martin, jusqu'au boulevard du même nom, tout proche. Là, comme s'il n'était plus talonné par sa hâte précédente, il roula très lentement. Soudain, un sourire bizarre apparut sur ses traits.
— Évidemment, soliloqua-t-il.
Et il démarra normalement pour rentrer à La Varenne, par la place de la République, le boulevard Voltaire et la Nation...
Dans le bois de Vincennes, il fonça, toujours son sourire énigmatique aux lèvres.
 
* * *
 
M. Perrodon, en compagnie du caissier et des autres employés masculins au nombre de cinq, le reste du personnel constitué par des femmes et des jeunes filles avait été autorisé à se retirer, se demandait ce que signifiait le récit du gardien Hoyau.
Le caissier lança tout à coup :
— L'agresseur est peut-être dans le corridor qui mène aux chambres fortes ? Puisqu'il n'est pas...

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