La Vie de l esprit pour garde du corps
342 pages
Français

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La Vie de l'esprit pour garde du corps , livre ebook

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Description

Alors que l'amour de Florence et Matthieu ne s'est jamais démenti depuis près de cinq ans, il leur faut être unis à présent plus que jamais. Au-delà de cette complicité amoureuse, Matthieu doit rassembler au plus vite tout ce qu'il a d'intelligence et de force vive en lui.
Suite à son édito, écrit d'une plume acérée, après l'attentat commis contre la liberté d'expression du journal Charlie Hebdo, Matthieu tombe sous le coup d'une menace de mort : « Sois certain, putain de ta race, que la Fatwa ne reviendra pas sur sa décision ! » La mise en garde est illustrée d'une caricature de lui-même le montrant saigné tel un poulet. Aucune équivoque possible...
Dès lors, le destin de Matthieu ne se trouve-t-il pas fatalement scellé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414079865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-07984-1

© Edilivre, 2017
La vie de l’Esprit pour garde du corps
Ce fut dans le courant de l’année 1979 qu’il émergea du milieu liquide utéro-maternel. On le prénomma Matthieu. Le bienheureux géniteur, Thomas Duteil, n’eut guère que quelques heures pour se familiariser avec le nouveau-né, qui, de pleurs en braillements, semblait déjà se débattre avec la difficulté d’exister. Deux ou trois tours de cadran plus tard, journaliste Grand Reporter, il fut envoyé d’urgence au Cambodge. Les Khmers rouges y commettaient chaque jour des actes d’une cruauté de plus en plus horrifiante. À l’évidence, Pol Pot était déterminé à faire table rase de tous ceux et celles qu’il jugeait impropres à soutenir l’Enfer de sa tyrannie.
D’une guerre, d’un conflit l’autre, Thomas Duteil passait la plupart du temps à parcourir le monde. Ainsi, sur le terrain, il couvrira de nombreux événements : l’exode des boat-people, la guerre civile au Tchad, les mouvements anti-apartheid en Afrique du Sud, l’invasion du Koweït par l’Irak, l’insurrection populaire en Roumanie, la répression sanglante du « Printemps de Pékin », l’amorce d’une guerre fratricide en Yougoslavie…, A chaque déverrouillage de son objectif photographique Thomas aura traversé sain et sauf maints dangers ; cela jusqu’à l’instant fatidique (un après-midi de 1993) où il fut fauché par une rafale de kalachnikov au cœur de Sarajevo.
Matthieu avait quatorze ans lorsque le corps de son père fut inhumé au cimetière du Montparnasse. De ce jour, Matthieu restera passionnément attaché, d’esprit et de cœur, au souvenir de ce père aventurier, passionné, chez lequel la lucidité était loin de faire défaut. Il n’était pas homme à se mentir. Mieux que quiconque, il savait que l’inévitable était sur lui suspendu. Sa profession de Grand Reporter se trouvait forcément exposée – une lapalissade ! – à toutes sortes de périls. Cependant, Matthieu avait toujours vu son père vivre en plein accord avec l’activité qu’il avait choisie. Il avait pour règle professionnelle que sa liberté d’expression fût toute aussi présente à son esprit que sa liberté de penser, quelle que fût la difficulté du sujet à mettre en images. Les actes meurtriers et absurdes d’une guerre ou d’une autre, qui pénétraient le cadre de son objectif, il les espérait être aussi dissuasifs que possible. D’un naturel très singulier, tout à la fois réaliste et idéaliste, son père aurait aimé que nombre d’hommes en arrivent une fois pour toutes à une exemplaire réfutation de la guerre, et qu’ils deviennent solidement attachés à la paix.
Sur un plan plus personnel, ce qui importait avant tout à son père Thomas, c’était la relation qu’il entretenait fidèlement entre le corps et l’esprit. La maxime pleine de bon sens exprimée par Juvénal « Mens sana in corpore sano » il en avait fait son credo ; encore qu’il trouvait plaisant de personnaliser cette locution latine : « Mon cher corps, s’il te plaît, suis-moi si tu m’aimes ! » C’était sa façon d’échapper à toutes les expressions consacrées. La mort elle-même, il en parlait de manière très singulière. De son point de vue, la naissance et la mort appartenaient tout pareillement à la vie ; l’une était la condition de l’autre. Toutes deux se trouvaient être les pôles de toutes les manifestations de la vie. Thomas Duteil faisait part volontiers, à qui voulait l’entendre, de l’idée que si la poésie rendait de la vie des images pleines de charme, la mort, elle, était une profonde source d’inspiration ; la muse privilégiée de nombreux penseurs. « Sans elle, la mort, assurait-il, l’on aurait eu de la difficulté à trouver le chemin de la philosophie comme celui de la métaphysique !… La difficulté d’aimer n’aurait pas été moindre. Car l’amour fort, fusionnel, qui peut exister entre deux personnes, est avant tout, je pense, la compensation transcendante de la mort !… Maintenant, je tiens aussi à faire le distinguo entre l’amour de soi, qui est spontanément présent, sensible, de l’amour-propre qui, lui, est de sociabilité, un sentiment de valorisation, toujours prêt à rentrer en lutte contre quelqu’un !… Il m’apparaît avant tout très important de bien faire la distinction entre le Je et le Moi !… La confusion est trop souvent fortement installée dans la tête de nombreuses personnes ! Alors qu’il ne devrait y avoir aucun doute dans l’esprit de qui que ce soit !… Le Je se trouve être l’espace privilégié de la pensée et de la réflexion, tandis que le Moi est l’espace illimité de l’exécrable vanité humaine !… Cela dit, je me garderai bien de désigner du doigt une personne en particulier, et encore moins de chercher à la raisonner !… La prise de conscience de Moi-même me donne déjà suffisamment de fil à retordre ! »
Matthieu ne devait jamais oublier non plus ce que son père lui avait confié un soir, après s’être montré très heureux de le voir si souvent installé auprès de la bibliothèque : « Tu ne dois pas te contenter, mon fils, d’élargir tes connaissances uniquement à partir de lectures diverses ! Tu dois apprendre aussi à ouvrir grands les yeux sur la scène de la vie au quotidien ! La place publique, la rue, les jardins, le balayeur, les usagers du métro, le mouvement confus des silhouettes, la perspective d’une avenue, les arbres qui bordent les quais de la Seine…, Tout cela, crois-moi, te chuchotera de nombreux mystères ! C’est une tout autre instruction que celles des sciences, de la philosophie ou des mathématiques !… Ecoute toutes ces choses de la réalité courante, bien en toi, silencieusement ! »
Malgré son jeune âge, Matthieu retiendrait pour toujours, comme tant d’autres idées énoncées par son père, ces moments de libre intelligence, visiblement détachés des malentendus que sa singularité ne manquait jamais d’occasionner. Ce père marginal, inclassable, Matthieu l’aimait plus que tout. La mélancolie ne l’emportera que très rarement sur le désir de le faire revivre en toute occasion. L’adolescent avait à cœur de combler ces longues semaines du passé durant lesquelles son père se trouvait absent de Paris. Malgré ces périodes d’éloignement, Matthieu ressentait encore la chaleur paternelle, profondément humaine, qui l’avait imprégné pour toujours. Que d’heures intenses il avait vécues auprès de lui. Celui-ci lui avait beaucoup plus appris du monde et des hommes, de l’histoire universelle, que ce qui lui était donné d’entendre sur les bancs du lycée. Le siècle des Lumières, la Révolution française, la campagne de Bonaparte en Italie, son globe-trotter de père donnait à penser qu’il les avait connus de visu, là, lui-même au cœur des plus grandes idées, des actions les plus débridées. Homme de mouvement, d’un naturel plutôt physique, très dynamique, il n’en était pas moins philosophe. La politique, il évitait d’en parler en société, histoire de ne pas plomber l’atmosphère. Matthieu aurait toujours en tête ce que son père lui avait confié de ce qu’il pensait de la gent politique dans l’ensemble : « La politique n’est qu’une mécanique qui n’a que faire de la justice ; une indifférence à son endroit qui n’a d’égale que l’absence de curiosité de la nature à l’égard de l’humanité ! Quant aux révolutions, Matthieu, que ce soit à telle époque, dans tel pays ou autre, elles ont toujours trahi leurs promesses ! Tous les mouvements et idéologies révolutionnaires sont toujours altérés, corrompus, par la soif de pouvoir. La seule révolution qui vaille, mon garçon, est celle que l’homme accomplit en lui-même. Toute transformation existentielle doit viser à cet essentiel : vivre pleinement en accord avec soi-même. Ce que l’esprit peut insuffler de belle intelligence à l’homme, Matthieu, doit être manifeste dans sa vie de tous les jours !… »
Nulle autre personne que son père ne l’avait aussi bien instruit, pareillement éveillé, quant au respect de la liberté d’autrui, de sa façon de penser, que les hommes devraient toujours avoir en conscience. A son avis, trop de gens aujourd’hui, dans ce monde hyper-capitaliste, se laissaient prendre en charge par des pouvoirs fallacieux, pseudo-libéraux. « Je rencontre nombre de mes contemporains, disait-il attristé, qui me donnent l’impression de vivre sous cloche ! »
Tout bien affectif et savoir confondus, Matthieu éprouvait le sentiment d’avoir partagé une éternité en compagnie de son père. À ses côtés, les journées se trouvaient être centuplées. Au-delà des affinités, le courant qui passait entre eux était réellement très fort ; de l’amour pur jus.
Sans aucun doute, Matthieu resterait également très attaché, aussi longtemps qu’il vivrait, à la douzaine de cahiers d’écolier, enserrés d’un caoutchouc, que son père lui avait remis sur le point de s’envoler pour l’Afghanistan. Il devait y faire un reportage au plus près de l’action qu’y menait le commandant Massoud. « C’est là le métier que j’ai choisi, passons !… Ces cahiers, Matthieu, sont une sorte de journal que j’ai tenu par le passé, alors que j’accomplissais mon service militaire en Algérie !… À présent, vu ton âge, et l’entendement que je te connais, il serait bien étonnant que ce que j’y raconte ne retienne pas ton attention ! Je pense aussi, naturellement, que tu ne seras pas étonné non plus par le profond dégoût que j’ai ressenti pour cette guerre franco-algérienne qui, néanmoins, à son insu, m’a appris à ne pas me laisser vaincre par les forces du mal ! Sache que ces pages, je les ai remplies au hasard d’une existence totalement chamboulée. Les études, l’esprit bourré de bonnes résolutions, le garçon épris de liberté que j’étais avant cette incorporation militaire, c’en était fini pour un fichu bout de temps. Mes premiers pas dans l’armée, jeune r

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