La toile d'araignée , livre ebook

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Loupkaritz, dangereux espion ennemi qui donne du fil à retordre au contre-espionnage depuis longtemps a été repéré en France.


Michel VAUDREUIL, agent du Deuxième Bureau en est certain, la présence de ce redoutable adversaire a rapport avec le gaz mortel que tente de mettre au point le professeur Manroy, un scientifique revêche, qui vit retiré dans une propriété isolée.


Le hasard lui ayant permis de rencontrer l’inventeur quelques jours auparavant, Michel VAUDREUIL décide de profiter de ce premier contact pour pénétrer à nouveau dans les murs du professeur Manroy sans se douter qu’il s’apprête à se jeter dans la gueule du loup...

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Date de parution

11 mai 2023

Nombre de lectures

0

EAN13

9782385011604

Langue

Français

MICHEL VAUDREUIL
- 5 -
LA TOILE D'ARAIGNÉE
Récit d'espionnage
Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
QUI PEUT SERVIR DE PROLOGUE

La route s'allongeait toute droite sur plus de vingt kilomètres à travers la campagne, de Vierzon à Salbris, comme un vrai ruban tendu entre les deux villes. Elle n'était coupée que par un seul croisement, peu après la forêt de Vierzon.
Ensuite, c'était une vraie piste d'autodrome, plate, sans arbres, incitant à la course.
Le soir descendait. C'était l'heure entre chien et loup. Le ciel devenait mauve à l'horizon et l'on commençait à n'y plus voir très clair. Michel Vaudreuil, qui tenait à rentrer à Paris cette nuit même, appuya davantage sur l'accélérateur, et le moteur gronda sur une note plus aiguë.
L'aiguille du compteur horokilométrique monta jusque cent dix, cent quinze. Le jeune homme maintenait ferme le volant et s'enivrait de vitesse. Bientôt, il manœuvra la commande des phares et un double faisceau lumineux jaillit devant la voiture.
Au même moment, le conducteur poussa une sourde exclamation. Sans sa grande habileté, il aurait infailliblement capoté sur le bord de la route. Mais il avait su freiner progressivement de sorte qu'il en fut quitte pour un dérapage à peine amorcé.
La lumière lui avait révélé un obstacle.
Il sauta hors de la voiture et courut vers la bicyclette tombée en travers de la route.
— Oh, Mademoiselle, j'ai failli vous écraser !...
Une jeune fille gisait sur le sol, à demi étourdie par sa chute. Michel la releva, elle poussa un cri de douleur.
— Mon pied !... J'ai le pied tordu...
Il la voyait distinctement à la lueur des phares. Une jolie jeune fille brune aux yeux sombres, dans lesquels brillaient en ce moment des larmes contenues.
— Mais enfin, Mademoiselle, que vous est-il arrivé ?
Elle balbutia :
— J'ai été surprise par votre lumière aveuglante… Je... Je suis tombée... Oh, je crois bien que j'ai une entorse...
Elle poussa un nouveau cri de douleur comme il essayait de l'aider à marcher. Inutile, il le comprenait bien.
Évidemment, ce n'était pas tout à fait de la faute de l'inconnue. Mais, en même temps, Michel songea qu'il aurait pu la renverser dans l'obscurité grandissante, sans sa précaution d'éclairer la route.
La bicyclette était faussée. De toute façon, il ne pouvait être question pour la jeune fille de reprendre son chemin.
Vaudreuil réprima un geste de contrariété et demanda :
— Vous habitez loin ?
— Non... Passé Lignières... C'est à quinze cents mètres d'ici... Mais, je ne puis bouger... Que vais-je faire ?
Il s'exclama avec vivacité :
— Mais, voyons… Monter dans ma voiture ! Je vais vous ramener...
Michel se pencha et prit la jeune fille dans ses bras pour la déposer sur les coussins. Elle était pâle, et se mordit les lèvres pour ne pas crier. Il casa la machine à deux roues dans son spider, fit une manœuvre, vira et revint à allure modérée jusqu'au village qu'il avait traversé quelques secondes auparavant.
— C'est tout de suite après... À gauche... murmura-t-elle. Il y a une petite route, mais ce n'est pas la peine de... Mon Dieu, je ne peux absolument pas marcher ! gémit-elle.
— Ne faites pas de mouvements, recommanda-t-il. Je vous déposerai chez vous...
— Que va-t-on penser ?... Que va-t-on dire ?
Il se méprit sur le sens de ses paroles et articula :
— Rien que de très légitime, Mademoiselle !... Vous ne serez nullement compromise parce que vous rentrez chez vous dans la voiture d'un jeune homme !... Je ne pouvais tout de même pas vous laisser sur le bord de la route !
Elle poursuivit comme si elle n'avait pas entendu :
— Le professeur sera mécontent...
Il s'exclama avec surprise :
— Le professeur ? Quel professeur ?
— Celui chez qui je travaille... Je suis employée à La Taupinière...
Il comprenait de moins en moins et hasarda :
— Quelle taupinière ?
Elle rit malgré la douleur lancinante de sa cheville qui enflait :
— C'est le nom de la propriété...
Il n'osa pas demander si elle était réellement une domestique. Le peu qu'il avait remarqué chez la jeune fille lui avait immédiatement laissé supposer qu'elle possédait une éducation et une instruction évidentes. Elle parut deviner et précisa :
— Je suis la secrétaire dactylo du professeur Édouard Manroy... Un inventeur... Vous avez peut-être entendu parler de lui ?
Si Michel Vaudreuil avait entendu parler du professeur Manroy ? Certes !... Un original, un taciturne qui vivait retiré à la campagne pour s'y adonner à toutes sortes d'expériences, les unes jugées comme folles et irréalisables, les autres cotées comme remarquables, voire géniales.
Édouard Manroy était vraiment le savant hurluberlu tel qu'on le représente à la scène ou à l'écran, poursuivant des chimères et n'hésitant pas à dépenser des sommes énormes, parfois en pure perte.
La Taupinière, songea Michel... On ne pouvait mieux choisir comme nom pour la retraite du professeur Manroy !...
— C'est là... dit la jeune fille, tout à coup.
La nuit était presque entièrement venue et Michel distingua un large portail de bois, prolongé à droite et à gauche par une haie vive.
L'endroit était isolé. La propriété formait un vaste quadrilatère en plein champ pour ainsi dire. Si Lignières se trouvait à quinze cents mètres du lieu où Michel avait rencontré la jeune fille, La Taupinière était bien éloignée de deux kilomètres du village.
Le jeune homme écarquilla les yeux pour voir au-delà du portail formé de lattes parallèles.
— Je ne vois rien... Je n'entends rien, dit-il en revenant vers sa compagne improvisée. Pas une lumière. Où se trouve donc la maison, Mademoiselle ?
— Le bâtiment est caché par de grands arbres, expliqua-t-elle. Il y a une maison de gardien tout près de l'entrée du parc... On appelle cela le parc – ajouta-t-elle – mais, en réalité, c'est très mal tenu... Le professeur se moque des pelouses et des fleurs...
Michel possédait une lampe électrique de poche. Il la braqua et vit une grosse chaîne rouillée qui pendait. Il tira avec force ! Une cloche résonna dans le silence. Des aboiements furieux éclatèrent.
Il y eut des bruits de pas pesants sur le sol caillouté et une voix grommela :
— Qu'est-ce que c'est ?... Allons, les chiens, taisez-vous !... Nick ! Croquant !... Silence !...
— C'est Valentin, le gardien, dit la jeune fille qui, tout haut, cria de la voiture :
Valentin !... C'est moi, M lle Germaine... Germaine Lucier !... La secrétaire du professeur !... J'ai eu un accident sur la route... Un automobiliste me ramène...
— Oui, souligna Michel, M lle Germaine a eu, fort heureusement, plus de peur que de mal... Une petite entorse, c'est tout... Voulez-vous m'ouvrir le portail pour que je puisse entrer avec l'auto et déposer ma passagère au perron ?
Valentin apparut une lanterne la main. Il avait le regard dur, la mine défiante. Se balançant d'une jambe sur l'autre, il évita la lueur des phares et vint élever sa lanterne sous le nez de Vaudreuil.
— B'soir, m'sieu... Esscusez, mais on n'ouvre pas... Mamzelle Germaine peut descendre ici...
— Il lui est impossible de poser le pied sur le sol ! s'exclama Michel.
— Ben, c'est intelligent de s'arranger comme ça ! maugréa le gardien entre ses dents.
Vaudreuil eut la tentation de lui répondre vertement, mais Germaine lui posa la main sur le bras.
— Non... Ne dites rien... Il a très mauvais caractère !... N'aggravez pas ma situation...
À ce moment, une sonnerie se fit entendre quelque part, derrière la haie. Valentin se précipita et disparut.
— C'est le téléphone, murmura M lle Germaine.
Et comme Michel la regardait interrogativement, elle continua :
— La propriété est reliée au pavillon du gardien par un téléphone intérieur... Le professeur a horreur des visites, des surprises, en un mot de tout ce qui peut jeter un dérangement quelconque dans son emploi du temps. Alors, Valentin a pour mission de le prévenir et, naturellement, le professeur n'est jamais visible, sauf quand il a lui-même invité ou convoqué quelqu'un.
— C'est M. Manroy qui vient d'appeler, sans doute ?
La réponse fut donnée à Michel par Valentin lui-même.
Le gardien apparut et ouvrit le portail.
— La voiture peut entrer... grogna-t-il.
On entendait les deux énormes chiens qui aboyaient férocement en tournoyant au bout des chaînes auxquelles ils étaient attachés.
L'auto pénétra lentement, contourna une sorte de massif d'arbustes et roula jusqu'à la maison dont la porte vitrée de haut en bas donnait de plain-pied sur un espace bétonné.
Une vieille femme coiffée d'un bonnet et flanquée de deux énormes gaillards aux bras ballants attendait avec curiosité.
M lle Germaine échangea quelques mots avec ces gens, apparemment des domestiques, et s'appuyant aux bras des paysans, réussit à pénétrer dans une salle à manger longue et basse, meublée à la rustique.
Une faible ampoule jetait une lueur triste.
Michel consulta sa montre d'un geste rapide et déclara :
— Là... Je suis plus soulagé à présent... Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un prompt rétablissement, Mademoiselle, et...
Une porte s'ouvrit au fond de la pièce.
Michel vit apparaître un étrange petit vieillard qui paraissait rouler plutôt qu'il n'avançait. L'homme avait des cheveux de neige, en houppe au-dessus du crâne, des joues étonnamment roses, et une corpulence qui le faisait ressembler à un oiseau au ventre rond, sur des pattes grêles.
Le regard du vieil homme brillait intensément derrière de grosses lunettes à monture d'or.
— Je suis navrée, Monsieur... balbutia la jeune fille. Mais... Un accident stupide... Je... Voici Monsieur qui...
Michel fut étonné de la voir pareillement démontée devant le professeur qui la regardait avec un sourire fixe. Il s'avança et inclina le haut du corps :
— Excusez-moi, professeur, de...
— Comment savez-vous que je suis un professeur ?
Sans savoir pourquoi, Michel répondit aussitôt :
— J'ai déjà eu le plaisir de voir votre portrait dans des revues scientifiques, professeur. Et je me suis souvenu que vous êtes installé à La Taupinière quand M lle

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