La Seconde vie de Natacha
320 pages
Français

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La Seconde vie de Natacha , livre ebook

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Description

Don Juan femme, Natacha change de pseudonyme et devient Catherine après avoir été victime d’une tentative d’assassinat, signe ses piges envoyées à un journal américain d’un prénom masculin et s’envole vers un monastère de Zagorsk où elle se retrouve enfin face à celui qu’elle recherche depuis toujours. Elle s’engage alors dans la résistance tchétchène... Plusieurs vies en une pourront-elles suffire à donner à Natacha le sens qu’elle veut trouver à sa filiation particulière ? Avec ce roman d’espionnage, l’auteur signe un récit haletant où s’entremêlent romantisme et réalisme des rapports de force politiques sur fonds de services secrets.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2012
Nombre de lectures 12
EAN13 9782748383447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Seconde vie de Natacha
Simone Mohr
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Seconde vie de Natacha
 
 
 
Avec mes chaleureux remerciements à Jean Mohr, mon mari, à Iris et Marc Schindler, ainsi qu’à Anne Rougemont pour leurs remarques à la fois constructives et encourageantes .
 
 
 
 
Chapitre 1. On m’appelle Catherine Martin
 
 
 
Voilà bientôt six ans que j’habite dans le Midi de la France, à côté d’une belle maison de maître en pierres apparentes. Sur ma petite terrasse, j’ai aménagé quelques plates-bandes de fleurs et semé une dizaine de tournesols qui deviennent géants en juillet. J’ai aussi quelques plants de tomates, des fraises, des framboisiers, des herbes aromatiques. Devant l’entrée, un espace ombragé sous une vieille glycine au tronc noueux me permet de me tenir au frais lorsque le soleil est trop fort. Le terrain aux alentours est bordé d’un côté par de vastes vignes et, de l’autre, par une pinède vibrante du crissement des cigales mâles qui cherchent éperdument et patiemment à attirer les femelles. Je sors très peu de la propriété. Je me terre ici pour tenter d’échapper aux zones d’ombre de mon passé.
Pendant les premières années de mon séjour ici, j’étais terriblement déprimée suite aux événements que j’avais vécus, mais peu à peu, j’ai remonté la pente.
Le climat doux me permet de passer presque toutes mes journées en plein air, de faire de longues promenades, escortée souvent par le chien des propriétaires, de nager ou de paresser au bord de la piscine, en été. Odette, est une dame un peu sourde, dont l’occupation principale est de recevoir ses hôtes dans trois appartements distincts. Elle confectionne aussi de délicieuses confitures que son mari Léon vend dans les foires des environs ou sur les marchés. À l’aide de trois ouvriers marocains, le couple produit également un vin parfumé aux herbes de Provence qui prolifèrent autour des ceps. Je me lève très tôt, tel un zombie, au bout des nuits peuplées de cauchemars.
Après ma première promenade matinale, j’écris régulièrement jusque vers treize heures, la plupart du temps en anglais, et les fruits de mon imagination sont publiés dans des magazines américains sous un pseudonyme masculin.
L’après-midi, après une sieste, je lis, je jardine, je me baigne, je fais quelques courses au village ou je me promène dans la pinède en essayant de faire le vide dans ma tête et en évitant de ressasser les événements passés.
Durant mes soirées, je poursuis mon enquête sur Internet avant de trouver difficilement le sommeil. Je ne parviens pas à oublier que mon frère Pascal a été assassiné et que j’ai échappé de peu au même sort. Je ne suis qu’une vivante en sursis.
À vrai dire, à ma grande surprise, j’ai fini par m’habituer à la solitude de ces dernières années, alors que je suis, ou plutôt que j’étais, un être essentiellement sociable. À part mes propriétaires, leur petite fille et leur chien, l’épicier du village, les Marocains qui travaillent dans les vignes à certaines périodes et quelques voisins que je salue au passage, je ne vois personne.
 
Cependant, depuis quelques jours, j’éprouvais un immense désir de rencontrer du monde, et le dimanche matin, j’acceptai d’accompagner mes propriétaires au marché de Laudun, une petite cité d’origine romaine, à quelques kilomètres de notre village.
Inquiète à l’idée de rencontrer des gens qui pourraient me connaître, je fus rassurée en voyant que les plaques d’immatriculation des véhicules portaient toutes le numéro 30, et en constatant qu’à la terrasse du café où nous nous étions installés pour boire un pastis, tout le monde se connaissait et parlait avec l’accent du Midi. Et, tout en restant vigilante, je pus déguster mon pastis tranquillement au soleil et faire ensuite quelques achats. Mon choix fut difficile entre les trente-quatre sortes d’olives, des noires à l’ail, aux herbes de Provence ou au gingembre, en passant par celles de Nyons, les grecques et les vertes de toutes sortes, et j’achetais aussi du miel de lavande.
Le week-end prochain, Laudun célébrera, comme chaque année, la fête de la romanité, qui rassemble la grande foule des environs ainsi que les gens du village déguisés en soldats romains ou en Gaulois, avec batailles de gladiateurs, courses de chevaux, jeux pour enfants, attractions diverses et dégustation de pains, biscuits et mets confectionnés à partir de recettes d’autrefois.
— Il faut que tu viennes avec moi, me dit Nathalie, la fille de mes propriétaires. On va bien s’amuser…
— On verra, répondis-je, tout en me disant : « Bien sûr que non, je n’irai pas, c’est beaucoup trop risqué. »
Risqué, pourquoi ? Il y a six ans exactement, j’avais été l’objet d’une tentative d’assassinat, parce que je savais trop de choses sur l’organisation à but humanitaire Tous pour Tous , pour laquelle je travaillais. Depuis ce jour, je vivais sous le nom de Catherine Martin, alors que mon vrai nom est Natacha Lambert de Merteuil.
 
J’étais, il y a quelques années encore, ce que l’on appelle un don Juan au féminin. J’adorais séduire. Je pense que j’ai dû hériter ce penchant de ma mère qui, malgré son apparence de bigote, ne s’était pas privée d’aventures lorsque mon père était en voyage. Je me souviens de visiteurs masculins pendant les vacances et d’avoir pleuré et sangloté presque toute une nuit, couchée à plat ventre dans l’herbe du jardin de notre hôtel, après avoir aperçu un homme sortir de la chambre de ma mère vers une heure du matin. J’avais onze ans et j’étais révoltée à l’idée qu’elle ait pu tromper mon père que j’adorais. J’avais repéré ce monsieur le soir précédent dans le restaurant de l’hôtel où il dînait avec quelques amis et j’avais entendu qu’il parlait russe. Je m’étais renseignée à la réception de l’hôtel et j’avais appris qu’il s’appelait Vladimir Leontov.
Depuis, j’étais persuadée que cet homme était mon vrai père. Pourquoi, sinon, m’avoir appelé Natacha, alors que mes frères portaient des prénoms bien français : Gérald, Pascal et Gabriel ? J’avais posé la question à ma mère à plusieurs reprises, mais elle m’avait inlassablement répondu qu’elle était une fervente lectrice de littérature russe et que ce prénom était un souvenir de certains livres qu’elle avait adorés. Pourtant, quand je lui avais demandé de quel ouvrage il s’agissait, elle avait éludé la question, en disant :
— Je ne me rappelle plus. C’était peut-être un livre de Tchekhov, de Tolstoï, de Gogol ou de Dostoïevski…
 
Aujourd’hui encore, je recherchais sans succès ce Vladimir Leontov. Était-il russe, ukrainien ou originaire d’une autre république d’Union soviétique ? Habitait-il en France ou ailleurs ? Était-il toujours en vie ? Bizarrement, je crus avoir enfin trouvé sa trace à Moscou, avec l’aide de mon ami Serge Moukhamedov, quelques jours avant mon agression à Bâle.
Je me souviens exactement de ce que mon mari Philipe m’avait dit lorsqu’il avait découvert que j’avais téléphoné à Serge sans lui en parler.
— Alors ? Réponds-moi ! Qu’est-ce qu’il y a entre vous ? Est-ce qu’il est ton amant ? Est-ce qu’il y a longtemps que vous êtes ensemble ? Tu vas parler, sinon je te quitte… Parle ou je pars, et tu te débrouilleras comme tu pourras !
Le taxi était arrivé, et je n’avais toujours rien dit. Il avait fait un geste de la main pour me dire au revoir et avait lancé au chauffeur :
— Aéroport, s’il vous plaît.
C’est alors que j’avais ressenti une douleur fulgurante entre mes omoplates et que j’avais réalisé qu’on m’avait tiré dessus, probablement avec un pistolet à silencieux, car je n’avais pas entendu la détonation.
J’ai dû perdre connaissance, mais je me rappelle de l’arrivée à l’hôpital en ambulance. Lorsque je me suis réveillée, Philipe était à côté de moi. Il voulait absolument savoir quelle était ma relation avec Serge et j’ai dû le rassurer en lui disant qu’il n’était qu’un vieux copain d’études, qui m’aidait à protéger mon père et mon frère Gérald. Je tentai de prendre un ton persuasif pour lui dire qu’il devait me faire confiance et qu’il était absolument impératif que je disparaisse.
— Je vous en conjure, ne dites à personne qu’elle est encore en vie, dit Philipe au médecin. On a tenté de l’assassiner, et si on apprend qu’elle n’est pas morte, les tueurs vont chercher à terminer leur travail.
Le sympathique docteur aux cheveux blancs avait compris le danger.
— Ne vous faites pas de souci, je suis soumis au secret professionnel, dit-il.
Je ne sais pas comment Philipe s’est débrouillé ensuite pour faire croire à tout le monde que j’étais morte. J’ai appris hier le décès de ce charmant vieux médecin par une annonce nécrologique dans le journal. Aujourd’hui, seul Philipe connaît mon existence, sans toutefois savoir où je vis.
Philipe est un pur produit de protestants cévenols, droits et rigoureux, peu expansif, un introverti typique, un chercheur qui travaille pour le CNRS. Il est aussi un pianiste amateur de très bon niveau et associe à chaque instant de sa vie une musique particulière, classique, romantique, moderne ou jazz, y compris la techno que je déteste tout particulièrement depuis la fameuse rave au cours de laquelle mon jeune frère Pascal a été tué.
Les auteurs du crime n’ont pas encore été retrouvés. Tout ce que je sais, c’est qu’il travaillait comme moi pour l’organisation Tous pour Tous . J’ai passé des nuits entières à retourner dans ma tête tout ce que nous savions, Pascal et moi, sur cette organisation, sans parvenir à mettre le doigt sur ce qui pouvait les déranger. Pourtant, je re

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