La Résurgence de l Ombre
246 pages
Français

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La Résurgence de l'Ombre , livre ebook

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Description

Le Général Bouvier était glacé par l’effroi et par l’appréhension de l’insuffisance de ses forces. Le mode opératoire des ignominieuses atrocités perpétrées par le tueur repoussait les limites de l’horreur dont on pouvait croire capable un être humain. Le Général luttait pour se raccrocher à des explications rationnelles mais tout semblait hélas devoir le renvoyer à ses pressentiments les plus sombres : le sinistre arbre généalogique du meurtrier, sa malignité monstrueuse, les abominables lettres de sang tracées sur le mur. Le Général ne voulait y croire mais il pouvait désormais reconnaître son ennemi le plus intime et le plus puissant. Il devait à présent faire face à la résurgence de l’Ombre.

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Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332630186
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-63016-2

© Edilivre, 2014
Prologue
1 er août
Le Capitaine de Vaisseau Philippe Hésignolle de Fromont, Commandant de bord, avait joué sa carrière. L’homme était tendu. Son second avait bien remarqué chez le « Pacha » ce mordillement incessant de sa lèvre inférieure.
Prendre cette décision avait été difficile. Le Commandant appréhendait déjà les interminables commissions d’enquête qui allaient inévitablement tourmenter sa prochaine permission. Il avait pourtant donné l’ordre, hanté par l’idée de risquer la vie des cent-dix hommes d’équipage.
C’était fait : le sous-marin nucléaire stratégique S 619 dit « Le Terrible » remontait.
Donner l’ordre de faire surface en pleine patrouille allait à l’encontre des consignes de l’Etat Major de la Force Océanique Stratégique. Le silence radio avait été rompu. Un autre S.N.L.E. 1 , « Le Vigilant », en patrouille lui aussi quelque part non loin du pôle nord, avait dû se repositionner : il devait pallier la faille qu’entraînait le dévoilement du bateau aux satellites militaires du monde entier. Seize missiles balistiques M 51 à charges mégatonniques devaient en permanence pouvoir être lancés à quinze fois la vitesse du son sur ordre du Président de la République.
Le Pacha avait en tête la devise de sa mission de dissuasion nucléaire : « Savoir faire et faire savoir pour ne jamais avoir à le faire ». Mais la montée brutale de température dans le réacteur à eau pressurisée et l’incertitude des techniciens de bord sur les causes de l’avarie avaient décidé Philippe Hésignolle de Fromont à jouer la carte de la prudence. Il ne pouvait chasser de son esprit l’agonie des cent dix-huit membres de l’équipage du Koursk naufragé en août 2000. Peut-être ne deviendrait-il pas Contre-Amiral, mais en tout cas il ne serait jamais responsable d’un tel désastre.
Déplaçant quatorze mille tonnes d’eau, le bateau remontait lentement. L’air comprimé chassait l’eau des ballasts. Selon les détecteurs la couche de glace était peu épaisse à cet endroit et pouvait être brisée, mais la vitesse de remontée devait être contrôlée afin de ne pas endommager la tourelle en cas d’échec. L’ordre avait été donné juste à la fin du « zérac », période de quart allant de minuit à quatre heures du matin. L’équipage lui aussi était en alerte. Seuls les hommes indispensables resteraient à bord jusqu’à ce que le problème soit résolu, les autres pourraient voir le ciel.
Le Capitaine de Vaisseau Philippe Hésignolle de Fromont avait formellement donné l’ordre au médecin de bord et à un infirmier de demeurer dans le bateau, au cas où.
Philippe Hésignolle de Fromont n’aimait pas le Médecin Principal.
Cet homme introverti et taciturne se tenait toujours à l’écart et fréquentait peu les autres officiers. Il passait son temps dans sa cabine à écrire ou ressasser. Depuis quelque temps il semblait obsédé par son arbre généalogique. Il se prétendait héritier de nobles roumains et hongrois du quinzième siècle. Le Commandant s’était même demandé si le médecin disposait toujours de toute sa raison.
Rien de bien rassurant, lorsque la vie des hommes dépendait de lui en cas de problème de santé…
13 août
Le matelot Kévin Demarest hurlait, mais il n’émettait qu’un faible grognement, une sorte de borborygme, un gargouillis évoquant presque un bruit d’évier bouché. Les deux corps avaient été évacués. Le compartiment était confiné. D’ailleurs, lui-même était menotté à sa couchette. Les deux autres victimes avaient été ses collègues et ses amis. Mais Kévin Demarest n’éprouvait aucune tristesse, aucune peine, aucun sentiment.
Il ne ressentait plus que la soif. Chaque fibre de son être, chaque cellule de son corps n’était plus que soif et souffrance ; une soif insatiable, inextinguible, inhumaine.
Il avait tenté de boire aux corps de ses amis et on l’avait attaché.
S’il était malade, pourquoi le médecin de bord ne pouvait-il le soulager ? Il lui apportait des liquides, mais des liquides imbuvables. Et à chaque fois que le médecin entrait, Kévin Demarest devait en outre endurer le supplice de la lumière. Même fermer les yeux ne lui épargnait pas cette douleur lancinante.
Le matelot Kévin Demarest sentait son corps pourrir et brûler de l’intérieur. Il savait qu’il allait mourir lui aussi. Il voulait que cela aille vite.
Puis le médecin lui apporta le nectar. C’était différent ; ça sentait bon.
Le matelot se mit alors à gesticuler, à gronder, à tournoyer sur lui-même, à tirer sur ses liens ; s’il l’avait pu il aurait rampé pour se rapprocher plus vite du bol. Tout son être était tendu vers le breuvage. Il y mit ses lèvres enfin. C’était doux, velouté, et rouge. Il prit une gorgée, puis deux. Alors soudain l’apaisement salvateur inonda chaque parcelle de son corps comme une vague déferlante d’un plaisir inconnu, plus fort, plus intense que toute autre forme de jouissance.
25 septembre
Gabriel Bouvier avait orienté son fauteuil vers le mur, dos à son bureau. Depuis des décennies il n’avait pas éprouvé ce sentiment dont il était à présent envahi en dépit du contrôle émotionnel qu’il s’était forgé au cours des épreuves de sa carrière : l’effroi, une angoisse insidieuse et glaçante mêlée à l’appréhension de l’insuffisance de ses forces. Les bras sur les accoudoirs, il tenait ses mains de part et d’autre de ses tempes, la tête penchée en avant. Tourmenté, le vieil homme soupesait les données du problème dans son esprit troublé. Le mode opératoire des ignominieuses atrocités perpétrées par le tueur repoussait les limites de l’horreur. Le Général Bouvier luttait pour se raccrocher à des explications rationnelles des faits. Mais tout semblait hélas devoir le renvoyer à ses pressentiments les plus sombres : le sinistre arbre généalogique du meurtrier, la malignité monstrueuse de cet homme.
Il avait confié l’enquête, dans le plus grand secret, à deux de ses meilleurs agents : un scientifique connu pour son esprit rationnel, et sa précieuse émissaire qui était elle aussi une Gardienne mais ne le savait pas encore.
Si ses craintes étaient fondées le combat s’annonçait périlleux. Le Général s’était préparé sa vie durant à affronter cette abomination. Il ne voulait y croire mais il pouvait désormais reconnaître son ennemi le plus intime et le plus puissant. Il devait à présent faire face à la résurgence de l’Ombre.
1 . sous-marin nucléaire lanceur d’engins
Premier chapitre L’unité
Anselme Marie-Rose, dit « Gwada », déploya sa grande carcasse d’Antillais, et se leva enfin de son siège. Il regardait « Shining » le film de Stanley Kubrick sur l’écran plat que l’administration hospitalière avait enfin fait installer dans l’office. Un long combat auquel il avait pris part des mois durant, fort de ses deux « casquettes » : celle de délégué de son syndicat et celle de cadre infirmier de son unité. Censé servir à visionner des entretiens filmés avec des malades du service, cette télévision était en réalité essentiellement employée à occuper les temps calmes, spécialement la nuit. Le personnel se détendait en regardant des DVD.
Tout en regardant le film qu’il connaissait déjà, Anselme Marie-Rose rêvait du soleil de Basse-Terre et pensait à ses prochains congés bonifiés.
L’infirmier musculeux posa sa tasse de thé et s’étira, avant de répondre aux appels de son collègue et ami Bernard Lalic, dit « B.B. » ou bien plus souvent : « Le Colosse ». Les pas lourds de ce dernier l’annonçaient dans le couloir.
– Gwada ! Le patron demande si t’es dispo. Il faut un infirmier pour l’expertise du boucher !
– Encore une fois, Bernard évite d’appeler les patients par un surnom, et évite surtout de les réduire à leur crime. Dis au patron que j’arrive.
– Ils m’appellent bien Le Colosse. Je dis rien, moi.
– Mais toi t’es payé pour, Colosse ! Et rien ne t’empêche de les reprendre et de te faire appeler Monsieur Lalic. Je dirais même que tu devrais le faire. T’es pas là pour devenir leur pote.
L’Antillais enfila sa blouse, dont la couleur s’alliait à celle de ses dents et du blanc de ses grands yeux pour contraster avec le teint de son visage et de ses mains. C’était un homme en noir et blanc. L’allure de l’infirmier n’en était que plus imposante encore. Sa gigantesque stature, la largeur de ses épaules, et son calme parfois flegmatique l’ornaient d’une aura de réassurance et d’autorité à la fois. Conscient de l’effet qu’il produisait tant sur les patients du service que sur les membres de l’équipe, Anselme en usait le plus souvent à bon escient. Il se faisait fort de reprendre inlassablement « B.B. » sur son parler un peu trop direct ou familier d’aide-soignant hongrois. Et Bernard Lalic, malgré son caractère affirmé, ne rétorquait pas. Il estimait l’infirmier en chef ; il le respectait comme tous les autres. Il se rappelait aussi qu’Anselme Marie-Rose l’avait présenté au directeur pour qu’il décroche un poste dans ce service si particulier.
– Tout de même, c’est pas banal une histoire pareille. T’en penses quoi, Gwada ?
Bernard Lalic s’encadra dans la porte de l’office, emplissant presque intégralement le bâtis de la porte. Du coup la pièce se couvrit d’obscurité ; en effet Anselme en avait éteint l’éclairage pour regarder son film, et la clarté provenait essentiellement des tubes fluorescents du couloir, du moins avant l’obturation de l’ouverture de la pièce par Le Colosse.
– Depuis deux ans que je bosse en Unité pour Malades Difficiles, j’ai connu des auteurs de trucs plutôt hards… Mais alors là… Ça me dépasse ! Qu’est-ce que t’en dis, Gwada ?
Bernard Lalic avait une mine perplexe, le visage un peu défait ; ses grands yeux bleus presque enfantins étaient fixés sur l’Antillais, comme s’il

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