LA RÉSOLUTION
178 pages
Français

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Description


Pierre, avocat trentenaire, effectue avec sa fiancée un voyage d'agrément en Hongrie, quand un banal échange de clés fait basculer sa vie dans l’inconnu.
Cette rupture l’incite à partir sur les traces de sa jeunesse, en quête de sens. Mais un nouveau bouleversement pourra-t-il-il compenser les effets du précédent ? Et ce jeune homme sensible et tourmenté pourra-t-il, au sortir de ses épreuves, redevenir maître de ses décisions ?




Sur arrière-fond de péripéties mêlant les suites de la guerre froide à un imaginaire conflit africain, les tribulations du héros s’enchaînent à un rythme soutenu, prenant l’allure d’un parcours initiatique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414043026
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-04300-2

© Edilivre, 2017
Exergue

« Fais confiance, mais vérifie ».
proverbe russe
1
Je l’attendais déjà devant notre bus, tout en faisant patienter le groupe. Notre organisateur, homme revêche et pointilleux, devenait fébrile de minute en minute, tandis que Youri, le jeune guide hongrois, était comme toujours calme et souriant. Notre parcours touristique dans Budapest devait absolument reprendre son cours dés la fin de notre arrêt à l’hôtel Gellert. Il ne souffrirait pas de retard, Sienna et moi le savions l’un comme l’autre. Or elle n’arrivait pas.
La matinée avait pourtant bien commencé. Dés notre entrée dans le hall de ce fameux établissement, nous avions découvert, sous la verrière à charpente métallique de style art nouveau, un résumé de la magie de la ville.
Dehors, nous quittions l’Europe Centrale, l’automne et son ciel chargé d’un crachin tenace. À l’intérieur, grâce au génie des artistes d’Europe Centrale, s’offraient à nous les charmes de l’Orient mêlés à ceux du Sud. Les statues de femmes en marbre aux courbes douces, les palmiers nains en pots autour des bancs vernissés et, sur les murs, les mosaïques nacrées aux couleurs chaudes, tout nous transporta d’entrée, ma compagne et moi.
Sienna ne tarda pas à se diriger vers la piscine, dont elle avait deviné la présence à travers les baies vitrées qui nous en séparaient. Car comme partout dans cette ville, le rituel des Bains n’était jamais loin. Malheureusement, nous avons découvert qu’ils n’étaient pas mixtes, nous devrions nous y rendre séparément. Nous nous sommes donc donné rendez-vous une heure et demie plus tard, au même endroit. C’est de cette section des femmes qu’elle est finalement arrivée avec dix minutes de retard, alors que la patience de notre accompagnateur autant que celle de nos compagnons de voyage atteignait ses limites.
Elle a traversé en courant la route et m’a rejoint devant le bus toute essoufflée. Nous nous sommes engouffrés dans l’allée en murmurant de vagues excuses autour de nous.
Mais ce qui m’a le plus frappé quand elle s’est écroulée sur le siège à côté de moi, c’était son air de panique. Pour une raison que j’ignorais, ce qui venait de se passer à l’intérieur des thermes lui faisait peur. Une fois assise, elle a repris son calme et m’a raconté par bribes toute l’histoire, qui m’a paru somme toute assez banale.
Après être restée assise sur un banc de pierre un bon moment dans une eau à trente-deux degrés, semblable à celle où j’avais mijoté de mon côté, elle avait oublié tout ce qui précédait, l’avion, le car, le groupe. Elle s’était laissée aller à fermer les yeux, presque endormie, quand une voix l’a réveillée.
– You… English ?
Une femme d’un certain âge était près d’elle, dans l’eau. Celle qu’elle a appelée la Babouchka en souvenir des contes de fées de son enfance, était venue s’asseoir, bien en chair dans son maillot une pièce noire, ses cheveux gris rassemblés en deux tresses fines nouées au dessus de sa tête pour ne pas les mouiller. Elle avait l’air timide et presque apeuré, me précisa Sienna.
Comme elles étaient seules à cet instant dans leur bassin, mon amie en a déduit que c’était bien à elle que la dame s’adressait. Elle me dit avoir été instinctivement gênée pour lui répondre.
Comment pouvait-elle s’annoncer, elle l’Américaine, représentante de l’Oncle Sam, à cette ressortissante d’un ex-pays de l’Est ? D’un autre côté, peut-être se trompait-elle, et la dame était-elle parfaitement au courant de la marche actuelle du monde ? Néanmoins, me dit-elle, dans un mouvement instinctif, elle s’est entendue bêtement transiger en mêlant deux langues, avec son accent qui la trahissait :
– No, I am french ! Française ! Vous comprenez le français ?
Comme souvent et comme beaucoup de nos compatriotes – ce en quoi elle commençait à vraiment leur ressembler – elle espérait que, par quelque charme secret, notre langue vivait à jamais dans le cœur de ces peuples qui l’ont tant aimée. Mais c’était peine perdue. La femme eut en réponse un sourire gêné et un geste d’impuissance, ne comprenant manifestement pas.
Sienna a persisté à tenter de nouer le dialogue en montrant la dame du doigt :
– You… Budapest ?
Sa voisine a alors semblé comprendre la question, et nié de la tête, tout en articulant, et en se désignant du doigt.
– Moskva !
Le tout dit avec fermeté et un accent prononcé. Sienna a cru comprendre qu’il s’agissait de Moscou. Mais, n’étant pas sûre de son interprétation, elle me dit avoir ensuite gardé le silence, se contentant de sourire.
Sa compagne a paru alors en prendre son parti et lui a adressé un dernier hochement de tête bienveillant, avant de sortir de l’eau, clôturant leur échange.
Elle était sans doute en route pour d’autres piscines, puisque le jeu des bains – je le vivais au même moment du côté des hommes – était d’alterner les températures plus ou moins chaudes. Sienna est restée encore un bon moment au même endroit. Elle n’a essayé ensuite que le hammam, et ce fut donc sans doute encore un peu groggy qu’elle s’est dirigée ensuite vers les vestiaires pour reprendre ses affaires, à travers la vapeur résiduelle des couloirs.
Le fait de ne pas parvenir à ouvrir sa porte de casier ne la surprit pas dans un premier temps, ses yeux étaient embués et l’atmosphère saturée de brume. En insistant davantage, la porte céda. Mais elle ouvrait sur des affaires qui n’étaient pas les siennes. En lieu et place du grand sac en plastique imitation osier contenant ses vêtements, se trouvait une simple petite trousse plate, de couleur noire.
Elle regarda dans sa main le numéro inscrit sur le porte-clés métallique, ne l’ayant pas mémorisé, pas plus que la disposition exacte de son vestiaire au milieu des autres. Tous regroupés au même endroit, ils n’étaient pas si nombreux que cela.
– Zut ! C’est peut-être la clé de la babouchka, s’est-elle dit, nous avons dû les échanger tout à l’heure, au bord du bassin !
Elle retira de la case la petite trousse qui s’y trouvait et en fit jouer machinalement la fermeture éclair, pour constater que s’y trouvait un certain nombre de papiers repliés. Il fallait qu’elle retrouve sa propriétaire. Elle me dit être allée jeter un coup d’œil dans les bassins et les hammams, cherchant la forme noire à travers la vapeur.
Mais pas de vieille dame à l’horizon.
L’heure de rejoindre le groupe était arrivée. Personne ne comprendrait rien à ses recherches, elle le savait.
Discipline ! Nous avions tous été informés sur ce point, la vie de groupe exigeait de s’en tenir aux horaires successifs qui avaient été fixés. Elle devait de trouver une employée rapidement. Celle qu’elle interpella dans le couloir, reconnaissable à sa blouse blanche dans la brume, essaya avec son passe tous les casiers et lui fit suffisamment confiance pour qu’elle puisse reprendre ses affaires sitôt qu’elle les eut reconnues dans son propre casier retrouvé. Elle allait lui remettre la sacoche, quand la jeune femme, fort aimable jusque là, refusa à sa grande surprise de s’en charger.
En effet, la description de la vieille femme ne lui évoquait rien. Il devait s’agir d’une cliente de passage, comme Sienna, ce pourquoi l’employée ne voulait pas prendre en charge le dépôt. Devant son obstination, une fois rhabillée, mon amie s’est dirigée vers la réception générale de l’établissement, où elle a rencontré la même réaction négative. Entre temps, la babouchka était demeurée invisible.
Alors, ayant vu l’heure tourner et ne trouvant pas d’autre solution, Sienna a quitté les lieux. En conclusion, elle m’avoua être troublée de devoir conserver cet objet appartenant à une inconnue et surtout les papiers qu’elle y avait aperçus. « Ils sont peut-être importants pour elle, comment puis-je la retrouver maintenant ? ».
2
Durant le restant de l’après-midi, nous n’eûmes guère l’occasion d’y repenser, ayant eu droit à la déambulation expresse à travers le gigantesque Parlement hongrois, dont nous sommes rentrés exténués. Au retour dans notre hôtel, situé en banlieue, étendus les bras en croix sur notre immense lit de deux mètres quarante de large, qui nous faisait bien rire, nous avons échangé tous deux quelques plaisanteries.
Je me souviens que la panique de Sienna à la sortie de l’épisode des bains semblait avoir disparu. Elle avait même quelques inspirations philosophiques, signes chez elle de grande forme.
– Quand on y pense, l’organisateur de notre voyage, ce vieux ronchon qui a l’œil en permanence sur sa montre, est un peu comme Dieu ! Seul lui est capable de savoir de quoi notre journée de demain sera faite, ce que nous mangerons, ce que nous vivrons, la couleur de chaque instant de notre existence !
Quand elle me fit part de cette hypothèse, elle avait, j’en suis sûr, le sourire aux lèvres. L’abattement ne l’avait pas encore gagnée. Oui, cet angle lui plaisait, elle en ferait un papier d’humeur, une fois rentrée, qu’elle posterait dans son billet, sur un site internet qui s’inspirait du célèbre Huffington Post, où elle rêvait d’entrer un jour.
Elle traquait en permanence le sujet de reportage « marrant », comme elle disait, et dans cette quête, le Français moyen la subjuguait littéralement. Dans cet esprit, elle panachait souvent son envie de voir du pays avec un désir obsessionnel de s’insérer dans la société française et de se fondre dans la masse pour mieux l’observer.
Ce qui avait le don de nous mettre dans des situations parfois inconfortables, et de la faire rire par ricochet, quand elle évoquait mon petit côté avocat de gauche un peu hautain, c’est ainsi qu’elle l’analysait. Et, dans le fond, je devais bien l’admettre, ses recherches m’amus

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