La lecture à portée de main
145
pages
Français
Ebooks
Écrit par
Mathieu Bertrand
Publié par
L.A.M. Editions Prod
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MATHIEU BERTRAND
LA PORTE D’ABADDON
Janvier 1519 : Le capitaine Philippe d’Alesani est chargé par le Connétable Charles de Bourbon d’épurer la France des sorcières qui la hantent et qui continuent à échapper à la Sainte Inquisition. Lors d’une mission, il poignarde le sorcier Bune avant que ce dernier ne puisse lui révéler l’emplacement de la Porte d’Abaddon.
Janvier 2019, Sud de la France : Isabelle vit un enfer auprès d’un mari alcoolique et violent. Son fils se met en tête d’assassiner ce père qui les terrorise. Dans le même temps, le commandant Patricia Lagazzi, officier de gendarmerie spécialisée dans les affaires criminelles liées aux phénomènes inexpliqués est missionnée dans les Landes pour y enquêter sur des disparitions qui s’y succèdent dans des circonstances étranges.
Deux histoires sans le moindre point commun et qui pourtant vont s’entrechoquer dans une lutte qui mêlera sorcellerie, ordre religieux et services spéciaux du Ministère de l’Intérieur...
Mathieu Bertrand
Il est passionné par la visite des lieux chargés d’histoire et d’Histoire en général avec une attirance particulière pour le moyen âge.
Auteur de nombreux thrillers dans la lignée des plus grands noms de la catégorie.
La Porte d’Abaddon
Mathieu BERTRAND
La Porte d’Abaddon
M+ ÉDITIONS
5, place Puvis de Chavannes 69 006 Lyon mpluseditions.fr
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
ISBN : 978-2-38211-016-4
© M+ éditions
Composition Marc DUTEIL
Remerciements
Un remerciement particulier aux lectrices qui m’ont suivi dans la création, la rédaction et la correction de ce roman. Merci à elles pour leur gentillesse, leur réactivité et la pertinence de leurs propositions.
Sandra Voet
Tina Denis
Séverine Grégoire
Nadine Masson
Laurence Bertrand
Et bien entendu, un grand merci à mon agent et amie, Isabelle Stoelen et à mon éditeur pour sa confiance, Marc Duteil.
Prologue
Royaume de Navarre,
17 janvier 1519
Les six soldats du roi Henri mirent pied à terre à moins de cent mètres de la cabane du sorcier Bune. Après avoir attaché leurs chevaux, ils formèrent un demi-cercle autour du capitaine Philippe d’Alesani. Les jambes écartées, les bras dans le dos, ils attendaient les dernières consignes.
Le jeune officier releva le col de sa vareuse et pencha la tête légèrement en arrière pour scruter le ciel. Les pâles rayons de soleil du début d’après-midi avaient disparu depuis bien longtemps. Dans moins de deux heures, il ferait totalement nuit. Philippe d’Alesani réfléchit un instant. Il ne devait rien oublier et surtout, ne pas laisser quoi que ce soit au hasard.
– Messieurs, commença-t-il à voix basse, vous allez effectuer une mission à laquelle votre expérience de soldats est loin de vous avoir familiarisés. Ce soir, nous allons donner la chasse et capturer vivant le sorcier Bune. Est-ce que l’un de vous a un problème avec la compréhension du mot « vivant » ?
Les regards des soldats se croisèrent. Les hommes avaient parfaitement compris la consigne de l’officier.
– Nous allons donc, reprit ce dernier, attaquer la cabane du sorcier par tous les côtés. Vu que nous ignorons la disposition et l’aménagement des lieux, vous allez vous diviser en trois groupes. L’un prendra l’arrière, et les deux autres prendront les côtés de la baraque. Je me chargerai de la porte principale.
– Mon capitaine ? tenta celui qui paraissait être le plus jeune du groupe.
– Oui ?
– Me battre contre des hommes armés, cela ne me fait pas peur mais là, devons-nous nous attendre à ... Comment dire...
– Des pouvoirs démoniaques ?
– Oui... ou quelque chose de la sorte...
Les cinq autres hommes sourirent discrètement. Le regard réprobateur de l’officier eut tôt fait de les ramener au silence.
– Sincèrement, je ne sais pas. J’ai déjà vu dans ma carrière des choses étranges mais là, je ne sais vraiment pas à quoi nous allons être confrontés. La seule certitude est que ce sorcier est issu d’une longue lignée d’adorateurs du Malin et qu’il possède des pouvoirs. Mais lesquels ? Je ne sais pas…
– Il paraît que c’est vous qui avez mis fin aux agissements du clan des sorcières toulousaines, l’année dernière ? demanda un second soldat qui profita de l’échange pour tenter d’en savoir plus sur ce capitaine qui traînait, bien malgré lui, de nombreuses histoires plus ou moins vraisemblables sur la guerre qu’il menait contre le Mal.
– Qu’importe, c’est du passé ! coupa-t-il. Revenons à notre mission de ce soir. Le sorcier Bune détient théoriquement dix pauvres bougres qui, je l’espère, sont encore vivants. Nous devons donc les libérer et emprisonner cet enfant de Satan.
– Pourquoi ne pas sauver les prisonniers et le brûler directement dans sa maison ? reprit le jeune soldat.
– En premier lieu, ce ne sont pas des prisonniers classiques mais des hommes qui vont être transformés en âmes damnées pour permettre à un démon de venir sur Terre et en second lieu, nous devons capturer Bune vivant pour qu’il nous permette de mettre la main sur deux choses : un grimoire et, surtout, la position exacte de la Porte noire pour que nous la détruisions.
– La Porte noire ?
– Oui, le démon accède à notre monde par cette Porte noire et elle doit s’ouvrir grâce au sacrifice des dix pauvres bougres. Si nous ne la détruisons pas ce soir, cette Porte pourra, de nouveau, être ouverte dans cinq siècles et nous devons absolument empêcher que cela se produise.
Les soldats se regardèrent avant d’acquiescer d’un mouvement de tête. Ils avaient compris. Le capitaine Philippe d’Alesani prit une grande inspiration et sortit son épée. Ses hommes en firent de même avant de lui emboîter le pas. Quelques minutes plus tard, ils étaient accroupis face à la tanière du sorcier Bune. La cabane de pierres mesurait une dizaine de mètres de côté. Une fumée particulièrement noire s’échappait d’une cheminée qui surplombait sa toiture branlante.
– Qu’est-ce qu’il fait cramer là-dedans ? demanda un soldat à voix basse.
– Je n’en sais rien, nous verrons bien. Séparez-vous et préparez-vous à donner l’assaut, ordonna l’officier.
Comme prévu, deux groupes contournèrent la tanière du sorcier par la droite. L’un des deux demeura sur le côté tandis que le second se rendait à l’arrière de la maison. La troisième équipe alla se placer sur le côté gauche alors que Philippe d’Alesani s’apprêtait à avancer. Il patienta encore quelques instants avant d’écarter enfin le buisson derrière lequel il était accroupi et se leva.
Le jour faisait progressivement place à la nuit et des nappes de brouillard commençaient à parsemer la forêt de leur blancheur glacée. Le moment était venu de libérer les prisonniers et de capturer le sorcier Bune. Le capitaine passa son épée dans la main gauche pour faire un signe de croix, caressa du bout des doigts le petit crucifix qu’il portait autour de son cou et s’élança d’un pas décidé.
Alors qu’il n’était plus qu’à quelques mètres de la porte en bois, il entendit un hurlement à l’intérieur de la cabane. Il se précipita et sans se poser de question, défonça la porte d’un coup de pied avant de pénétrer dans la tanière du sorcier. Il comprit immédiatement. Les deux soldats qui devaient donner l’assaut par l’arrière n’avaient pas attendu l’ordre d’intervenir et avaient été surpris par Bune tandis qu’ils entraient.
L’un d’eux, qu’il reconnut aussitôt comme le plus jeune de ses hommes, gisait sur le sol avec un poignard planté dans le bas du ventre alors que le second était en train de se battre avec ... avec Dieu sait quoi, constata Philippe en voyant cet homme qui semblait tout droit sorti d’une grotte préhistorique. De la crasse souillait ses jambes et ses cheveux longs étaient recouverts de ce qui paraissait être des toiles d’araignées. Vêtu d’une peau d’animal, il poussait des cris inhumains, presque démoniaques.
Cet être monstrueux, sans doute Bune, avait pris le dessus sur le second soldat et était en train de le mordre au cou de toutes ses forces. Philippe comprit que le sorcier était tellement enragé qu’il allait probablement parvenir à trancher la carotide du soldat avec ses dents.
– Aidez-moi ! hurla le malheureux, en sentant la mâchoire hystérique s’enfoncer dans sa chair et la chaleur d’un filet de sang courir le long de son cou.
L’officier, encore à plusieurs mètres de la scène, réalisa qu’il ne pourrait capturer vivant le sorcier avant que ce dernier n’ait tué le soldat. Il sortit son couteau qui dans un sifflement, traversa la pièce pour venir se planter dans le dos de Bune. Celui-ci s’affaissa presque instantanément dans un grognement de bête mourante.
Alors que l’homme allongé en dessous essayait de se débattre pour s’en débarrasser, l’officier s’approcha et écarta le corps du sorcier qu’il retourna sur le dos. L’individu semblait avoir une cinquantaine d’années. Le visage, dévoré par une barbe d’une vingtaine de centimètres de long, était aussi sale que le reste du corps. De profondes rides sur le front soulignaient des yeux injectés de sang qui, en se fermant progressivement, paraissaient annoncer la mort imminente du sorcier.
– La porte noire. Où est la Porte noire ? tenta Philippe d’Alesani.
– Ce... ce ne sera pas ce soir... Mais mon Maître viendra...
– Où est-elle ? répéta l’officier en secouant ce corps devenu soudainement inerte.
– Il est mort, constata l’un des hommes qui se tenaient debout, dans le dos du capitaine.
Ce dernier lâcha Bune et tomba assis sur le sol. Devant son désarroi, le blessé balbutia quelques mots :
– Je suis désolé, mon capitaine, mais nous avons entendu du bruit à l’intérieur et nous avons pensé que c’était le signal pour attaquer. Je sais que vous le vouliez vivant...
– Le signal devait venir de moi et non de l’intérieur de la cabane. Est-ce que vous m’avez entendu donner l’ordre d’attaquer ?
Le soldat n’osa répondre. Le ton de la voix de Philippe d’Alesani trahissait sa déception. Il était difficile de savoir à qui il en voulait le plus : aux hommes incompétents qui l’accompagnaient ou à lui-même et sa naïveté à supposer qu’ils étaient prêts à ce type d’action. Il n’avait pas osé décliner l’offre du roi quand ce dernier avait proposé la mise à disposition de six soldats et en payait désormais le prix. Le bilan était d’un mort et un blessé dans ses rangs mais, bien pire que cela, il ne découvrirait pas l’endroit où était cachée la Porte noire.
– Le grimoire ! s’écria-t-il brusquement. Cherchez partout et trouvez-moi son maudit grimoire.
Alors que ses soldats se dispersaient dans la maison en tenant tous des mouchoirs sur le nez pour tenter de se protéger d’une odeur nauséabonde qui semblait être le fruit d’un mélange de chairs brûlées, d’urine, d’excréments et de pourriture, l’officier se releva et balaya la pièce du regard.
L’ameublement se limi