La Piste des chaînes
246 pages
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La Piste des chaînes , livre ebook

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Description

Sexy et enjouées, Takiri et Léa illuminent tous les soirs la scène du cabaret de Valario. Mais, bien vite, le quotidien de la trapéziste et de la danseuse se voit menacé par l'arrivée d'un étrange metteur en scène. Austère et peu bavard, le nouvel artiste impose sa marque tandis qu'une succession de faits étranges fait craindre le pire en coulisses. Les deux jeunes femmes doivent alors affronter un secret qui les plonge dans l'univers effrayant des sciences occultes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332558350
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-55833-6

© Edilivre, 2013
Prologue
– Christophe, arrête, tu vas le tuer !
– C’est tout ce qu’il mérite !
– Non, il n’y est pour rien, lui. Je t’en supplie, ne fais pas ça !
En un éclair, la planche à pain heurta la main du jeune enfant. Ses petits doigts bleuirent quelques secondes à peine après l’impact qui fut aussitôt suivi d’une nouvelle rouée de coups.
– Christophe, lâche-le !
– Tais-toi !
– Regarde ce que tu fais, bon sang ! Il n’est même plus conscient, ça ne sert à rien !
– Oh que si, ça sert ! Quand il se réveillera, je peux te dire qu’il s’en souviendra de celle-là, hurla le bourreau avant d’abattre la lourde tablette de bois massif sur l’oreille du garçonnet.
– Tu es fier de toi ? Tu as pensé aux cicatrices ? Qu’est-ce que tu leur diras aux gens s’ils se doutent de quelque chose ?
L’homme ne prêta guerre attention aux invectives de sa femme et quitta la cuisine en regardant le calendrier d’un air absent. Dans moins de cinq jours, l’année 1973 serait définitivement révolue.
1
– Respire, respire ! C’est ce que Takiri répétait pour se donner du courage. Dix jours qu’elle ne dormait plus. Ses cernes avaient été difficiles à cacher, mais le maquillage finissait par en venir à bout. Combien de temps tiendrait-il ? La question lui effleura l’esprit. Elle fut bien vite balayée par d’autres interrogations :
– Si je m’étais trompée ? Si ce n’était pas le moment ?
Et pourquoi ce fichu fond de teint avait-il tâché sa manche ? Takiri ne pouvait s’empêcher d’y voir un mauvais présage. Tout ce temps passé à la recherche de la perfection, tous ces efforts, tous ces sacrifices, cela ne pouvait être vain. Et pourtant, une petite trace beige était venue ternir sa combinaison immaculée, si près du but.
– Respire !
Il fallait y aller.
Soudain, la jeune femme prit son élan et enchaîna les figures. Au sol d’abord, puis dans les airs. Son trapèze patiemment apprivoisé pendant de longues années d’apprentissage faisait maintenant corps avec elle. Elle avait dû apprendre à lui parler, à lui confier ses doutes et ses peurs, ses ambitions aussi. A présent il semblait lui répondre. Qu’elle l’abandonne une fraction de seconde, il revenait plus fidèle que jamais soutenir son corps. Pour la première fois de sa vie Takiri se sentait vivante.
Pourtant la route qui l’avait un jour menée au cabaret où elle brillait aujourd’hui n’avait pas été facile.
– Une pute voilà ce que tu vas devenir ! Takiri avait 20 ans lorsqu’elle reçut ce message de sa mère. Si cette dernière avait eu du mal à accepter que sa fille délaisse les études traditionnelles pour entrer à l’école du cirque, le temps avait fini par faire son œuvre et à les réconcilier, jusqu’au jour où, faute d’emploi sous les chapiteaux, Takiri s’était résignée à signer un contrat de « danseuse acrobate » dans un cabaret parisien.
Depuis ce jour, elle attendait de sa mère un signe, une explication, un regret. En vain.
– Une pute voilà ce que tu vas devenir ! avaient bien été les derniers mots de sa génitrice, l’ultime phrase assassine sur laquelle on abandonne un enfant devenu trop encombrant ou simplement décevant. Aussi la jeune trapéziste s’était-elle toujours défendue de croire en un avenir professionnel radieux et fuyait toute marque d’amour ou d’affection craignant à nouveau de décevoir ou d’être une fois encore délaissée.
Pouvait-on abandonner un enfant sur des mots si durs ? Takiri en doutait, mais elle était sûre d’une chose, ce soir sa mère n’était pas dans la salle ; d’ailleurs personne n’était jamais venu la voir depuis son entrée en 2004 au Cabaret de Valario. Preuve, sans doute, que son métier d’artiste n’avait pas le moindre intérêt aux yeux de ses proches.
A présent Takiri était seule dans sa loge. Des bribes de souvenirs lui revenaient de façon désordonnée : le jour où elle avait quitté la maison familiale pour le centre d’apprentissage des arts du cirque, les larmes et la colère de sa mère, ce sentiment confus d’abandon et de renaissance. Tout était là dans sa tête.
– Tak tu dors là ou quoi ?
Léa sa meilleure amie venait de rentrer dans la pièce.
– Allez bouge toi, il faut redescendre sur terre.
– La terre je ne l’ai jamais quittée figure toi !
Takiri avait horreur de ce genre de remarque et estimait connaître parfaitement la signification des mots « travail », « solitude » et « injustice ». Alors, les remarques de ce type, Léa pouvait se les garder.
– OK, OK ça va, je n’ai rien dit. T’as assuré tout à l’heure.
– Tu parles j’ai été nulle. Tu as vu la tache ?
– Quelle tache ?
– Le fond de teint.
– Ça ma belle, c’est ce qui s’appelle les risques du métier. Dis-toi simplement que tu as eu la chance que la tache ne soit pas sur tes fesses !
Les deux jeunes filles éclatèrent de rire et décidèrent, comme la plupart du temps, de repartir ensemble du cabaret.
Malgré les tensions et les rivalités quotidiennes, l’humour était un bien précieux que toutes deux s’efforçaient de préserver. Ce soir Takiri avait brillé. Sa première représentation professionnelle en tant que trapéziste soliste avait été un succès. Il fallait fêter ça.
* * *
La porte claqua avant même que Nyx n’ait eu le temps de retenir ses partitions. Les feuilles de papier s’éparpillèrent dans la petite chambre d’internat. Les dernières compositions du jeune pianiste côtoyaient désormais les très grands Beethoven, Bach et Liszt, ce qui ne fut pas pour lui déplaire. Le temps d’un instant il imagina ses feuilles noircies de notes, jaunies et froissées entre les mains d’étudiants qui plancheraient sur les compositions d’un certain Nyx né quelques centaines d’années avant eux. Il imagina pour ses œuvres une postérité à laquelle il n’osait songer pour lui-même. Après tout, que restait-il des grands musiciens à part leurs œuvres ? La plupart du temps même leur visage s’était effacé au profit d’ouvertures grandioses ou de mélodies mémorables.
La sonnerie du conservatoire tira Nyx de sa rêverie. Midi, déjà. Le temps pressait. Il ne lui restait que quelques heures pour rassembler ses dernières affaires et quitter les lieux. Après avoir bouclé sa grande malle, Nyx entreprit de faire une ultime promenade dans les longs couloirs du conservatoire. Il quitta le bâtiment des internes et traversa lentement la cour. Pris d’une soudaine nostalgie, il pensa aux premiers jours passés entre ces murs, à la sensation d’enfermement qui l’étreignait quand il regagnait sa chambre, le soir, après les cours.
Il s’arrêta un instant et contempla pendant plusieurs minutes les bois qui bordaient le conservatoire de Cercamon. L’accès en était strictement interdit aux élèves, mais tous, un jour ou l’autre avaient enfreint le règlement et mené une expédition au cœur de cette masse sombre. Nyx avait été l’un des premiers à vouloir se faire peur de la sorte. Quelques jours à peine après sa première rentrée, il avait convaincu trois de ses camarades de le suivre. Très vite, l’inquiétude des moins téméraires avait laissé place à une joie communicative quand Nyx avait entrepris de construire une cabane. Les garçons avaient tout de suite adhéré au projet et la construction du repaire les avait occupés les premières semaines de l’automne. Après les cours, chacun venait apporter sa pierre, ou plutôt sa branche à l’édifice, mais le froid arrivant, les jeunes gens durent abandonner leur projet en l’état sans en avoir réellement profité, mais tous espéraient retrouver leur construction au printemps. Pour cela, ils avaient conclu un pacte : ne jamais parler de cet endroit, même entre eux, afin de ne pas éveiller les soupçons. Si la cabane venait à être découverte, ce qui était peu probable étant donné que les jardiniers du conservatoire ne s’aventuraient jamais dans le bois, tous s’efforceraient de rester dans l’indifférence la plus totale. Le problème ne se posa finalement pas, puisqu’au début du printemps les quatre étudiants retrouvèrent leur refuge dans l’état où il l’avait laissé. Mieux, pendant l’hiver, quelques herbes étaient parvenues à se faufiler entre les branchages et donnaient au mur de l’édifice une opacité quasi totale. Plus les jours avançaient vers l’été, plus les jeunes garçons passaient du temps dans la cabane ; un soir, ils décidèrent même d’y dormir et cette nuit mit un terme définitif à leur amitié qu’il pensaient pourtant inébranlable.
Nyx s’en souvenait parfaitement.
A la nuit tombée, la question du repas s’était posée.
– Ne vous en faites pas, je vais vous préparer un repas dont vous vous souviendrez toute votre vie. Suivez-moi.
Nyx était sûr de lui, aussi ses trois amis l’avaient-ils suivi dans le bois à la recherche de nourriture sans la moindre inquiétude. Sur le chemin qui menait au ruisseau il leur fit part de ses intentions :
– Cuisses de grenouilles pour tout le monde : on les attrape, on fait un feu et on se fait la meilleure grillade qui existe. D’accord ?
– D’accord, avait répondu le reste de la troupe, un brin dégoûté.
Si les premières tentatives de capture de grenouilles avaient provoqué l’hilarité générale, la séance de pêche avait vite perdu de son charme. Dès que Nyx tentait d’attraper un batracien, celui-ci mourrait sur le champ avant même d’avoir été touché. Pire, il suffisait que l’adolescent regarde simplement une grenouille pour que celle-ci meure dans un croassement affreux. L’incident se répéta avec un oiseau puis avec une chauve souris. Très vite le groupe d’amis se dispersa et accusa Nyx de torturer les animaux. Face à ses protestations et à une nouvelle démonstration quelques jours plus tard, ses camarades comprirent que le phénomène était parfaitement involontaire mais répandirent sans tarder la rum

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