La Nymphe de l est
90 pages
Français

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La Nymphe de l'est , livre ebook

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Description


La Nymphe de l’Est



Étrange idylle entre un homme et une femme sur une plage d′Algérie. L′espace d′un court instant, l′amour partagé leur fait oublier les actes de violence qui font peser un climat de terreur sur le pays. Affef, telle une sirène, est une femme libre qui ne fait qu′un avec leséléments naturels.




Le mot «affef» signifie à la fois «pudeur» et «pureté» en langue arabe. Comme la figure mythologique marine, elle envoûte par sa beauté tous ceux qui la voient. Jouant le rôle d′une muse, elle inspire Nassim dans sa quête de sens. Elle enseigne au journaliste qu′il doit renouer avec le règne animal et la nature s′il veut comprendre le monde. Leurs conversations, pleines de fulgurances, sont imprégnées de poésie, regorgeant de références aux grands auteurs.




Le roman s′inscrit dans un univers mythique pour réfléchir à l′identité nationale algérienne, comme le célèbre roman de Kateb Yacine auquel il rend hommage.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334236447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23642-3

© Edilivre, 2017
Exergue

L’animal à options
« du fait que nous connaissons le monde
animal, et la distance qui nous y sépare
se rétrécit, il suffit d’un peu d’imagination pour
que nos gestes les plus ordinaires se chargent
soudain d’une signification inquiétante ;
pour que le décor de notre vie quotidienne
engendre un monde fantastique,
abritant à elle seule un ‘‘monde’’ cosmique
visible et invisible où tout peut arriver :
de l’extraordinaire à l’horreur
Il dépend, dès lors, de chacun de nous
de réveiller ou les montres ou les fées ».
La Nymphe de l’est
 
L’automne a fait mourir l’été.
La nuit d’octobre s’achevait lentement.
En se réveillant ce matin, il trouva l’oreiller bleu déserté par la languissante taille du « palmier de l’est ». Rendant la vie à son cadavre de nuit, le soleil venait d’extirper son corps du sommeil. Tel un jouet à batterie faible, il s’efforça de quitter les draps blancs couvrant son corps mort de sommeil, posa ses pieds sur le sol, impulsa à ses jambes une marche d’un revenant, faramineusement molle, guidée vers le peu de verre délaissé par une obsolète architecture comme seul contact avec l’extérieur.
Comme un insecte attiré par cette intense lumière, il fonce tout droit vers elle tête baissée.
Il fixa le lit qu’il venait de quitter.
Un indice fixe qui pourrait le convaincre qu’il avance et lui permettre de combattre le sentiment d’envasement du temps et de l’espace qui l’envahit.
Tout près de la fenêtre, obstruant l’entrée de la lumière, il accola sa tête contre la surface glissante et transparente et poussa son regard dans le vide vers la sortie.
Une fuite.
Toute la nuit, il n’arrêtait pas de fuir.
Toute la nuit, elle n’arrêtait pas de fuir.
De fuite en fuite, ils ne cessent de se retrouver.
Une surface lisse, la mer est bleue.
Le sable est tout blanc.
La mer retrouva sa virginité de l’après nuit houleux.
Un point rouge germa sur la plage. Affef venait de planter son corps couvert d’une tunique rouge au milieu de toute cette chasteté du rivage. En froissant le monde, le regard défenestrant la fenêtre de la grotte moderne d’où il l’épia amoureusement, il ramassa tout l’Éden atour de ce sable trempé dans du sang.
Pieds nus.
Chaussures tenues à la main, elle foulait difficilement le sable.
Elle était seule.
Lame à lame, la mer – elle aussi seule – châtre peu à peu le sable.
Puis elle se mit à demi-assise, et s’amusa à bruiter, à déranger l’accalmie des bordures du récipient bleu et faire des ricochets avec des cailloux plats sur son eau de qui dansait à peine.
Toute la nuit elle ne cessa de fuir pour mieux se dévoiler, se découvrir et se retrouver. Là ; il la voyait errer sur la plage, l’épiait du coin de la fenêtre.
– Cette femme renferme en elle seule toute la tragédie du pays.
– La madone de l’Algérie,…
– Si ce n’est pas celle de toute la Numidie.
– Ou bien de toute l’Afrique
– La guerrière amazone, la fourmi métisse transportée par la tempête du sable de l’est.
Le double, inquiétante figure que l’on croise et recroise. Surtout quand la nuit venue, il prend vie dans la conscience lézardée de mes jours. Un grossier avatar. Une présence invisible mais obsédante, celle d’un sosie tragique d’une déflagration temporelle, un mutant au-dessus du plafond quand je m’allonge sur le lit, doté d’une mécanique répétitive à remonter le temps comme le moule à gaufres et les ressorts dramatiques qui ne sont plus à leur place dans ce matelas sur lequel je m’assoupis.
– Chaque est un test, une épreuve parmi tant d’autres, j’en ai vécu des dizaines, des centaines.
– Je lui dis : « moi, je ne suis importante. Je ne suis qu’une petite partie du grand tout. »
– Pourquoi tu endures un tyran toute seule, qui n’a de puissance que celle que tu lui donnes.
Il est temps pour toi d’essayer de comprendre les mécanismes de ton asservissement, d’aplanir les ressorts intimes qui favorisent cette soumission.
Tu es le portait d’un marionnettiste qui tire les ficelles de la marionnette mais c’est toi qui souffre finalement.
– Oui, toujours une question de vie ou de mort, chaque jour.
Juste avant d’être terrassée complètement par le sommeil, avant d’avoir fermé ses paupières, elle s’est allongée à ses côtés, il croyait sentir le bonheur revisiter sa peau lisse métissée lorsqu’il osa toucher ses pieds comme la sève chaude qui remonte à travers les nervures d’un membre engourdi.
En ramenant sa tête sur son torse, juste après avoir éteint la lumière de la veilleuse, elle lui affirma qu’elle peut finalement vivre toute sa vie sans but. Elle se redressa, s’extirpant de dans ses bras qui l’ont ceinturée, en guise de conseil, elle lui chuchota dans l’oreille : « Je suis là dont le corps fiche le camp par tous les bouts. Les souvenirs ! Je sais qu’ils sont là. Ils flottent aux abords de ma conscience. Ils flottent aux abords du lit, ils vont s’assoupir et demain à mon réveil, ils reprendront vie. Parfois c’est l’un d’eux qui me réveille en sursaut. À ma descente du lit, je marche sur eux, je les écrase mais ils survivent.
– Et pourtant tu es tellement belle, tu ressembles, comme dit-on, à une toile
– Oui, mais une étoile au fond du trou noir, et puis ne sais-tu pas que les étoiles que tu scrutes dans le ciel ne sont en fait que le reflet de leur mort, ce que tu vois là allongé sur le matelas, ce corps de Affef n’est peut-être en fait qu’un hologramme, une poupée remplie de sable ; une image morte dont tu ne reçois que la lumière.
– Si mignon quand on naît, si laid quand on s’en va !
Le mouvement perpétuel de la vie et de la mort, leur confusion et leur foisonnement naturels est au cœur du voyage.
Dans le voyage de Affef.
Dans la poitrine et le crâne de Affef, tout s’accélère. Tout l’abrutit. Tout la ronge.
D’une image à une autre, elle passe de l’espoir au désespoir, du rire aux larmes. Parfois à la lueur du temps instable des saisons, Affef pleure et rit. Un sourire mouillé aux larmes.
Affef voudrait aimer chaque seconde de la vie, mais elle est pétrifiée par l’inquiétude, elle est envahie par milles pensées angoissées et concurrentes. Elle n’en jouit pas. On dirait que tous les tourments du monde, toutes les peines de l’homme et toutes les plaies de la nature se sont donnés rendez-vous et convergent vers elle.
Elle aimerait oublier un instant.
Pour elle, un segment du voyage de sa vie qui défile devant elle, la vie animale lui parut préférable : violente mais oublieuse, cyclique, certes mais sans conscience de l’être.
A ces gens affranchis en jury de l’oubli, elle répondit toujours à leur invitation :
– « Qui choisit de son propre gré de sortir du paradis, hein ? »
– Ils ne comprennent pas, me disait-elle.
Elle constitue la longue échancrure dans le grand corps algérien qu’aucune invasion n’a domestiqué. Elle sait qu’au bout de chaque guerre, il y a l’amour. D’où l’impérieuse nécessité du combat.
Il n’arrêtait pas d’épier le corps de Affef étendu sur le sable.
Voyeurisme de l’histoire.
– Affef ! Affef !!
– Le voyage dans la sonorité d’un nom ; la réalité et l’imaginaire qu’il suscite. Cette tache rouge, une terre immaculée de sang.
Le vent caresse le tissu rouge de Affef, et redonne vie à la nappe de sang sur la plage.
Toi à qui on a appris avec force la fuite éternelle. On t’a délesté de ton ombre. Est-ce que tu sais que je suis devenue une femme ombre depuis que je t’ai connue ; depuis ta mort l’ombre s’est épaissé davantage. Depuis déjà vingt ans. Est-ce que tu sais quel est le sens d’une vie d’une q uand il m’avait remis ses poèmes à la Maison de la Culture.
Arrivé tout près d’elle, assise à même le sable, il fait pleuvoir sur elle un discours d’Eden : il a créé le soleil, les étoiles et la mer. Dieu créa ensuite les animaux marins, les oiseaux et les animaux terrestres.
Il nous a créés nous les hommes, d’un souffle sur la glaise. Alors, il décida de planter un jardin en Eden et il y mit le premier homme. Sur chaque vivant, il versait une once de sensibilité qu’il puisait d’une corne d’abondance. Quand il eut créé toutes les espèces et l’homme, il rangea sa corne, encore à demi pleine. C’est alors qu’il s’avisa qu’il n’était pas bon que l’homme fût seul ; il détacha de sa chair une compagne, la femme. Et il déversa sur elle le reste de la corne. Voilà pourquoi vous êtes constellées de sensualité, comme un manteau de sacre.
– Je crois que tu t’es trompé dans l’ordre des choses, hein !
– Il a créé d’abord la mer, je crois.
– Peu importe, dis-moi : pourquoi t’as quitté le lit sans me réveiller ?
– Je suis sortie du sommeil, rejoindre la plage. Je suis venue ici pour noter sur le sable la continuité de l’histoire de l’est. J’entends des voix dans les couloirs de mes insomnies, je les entends même quand j’arrive à avoir un peu du sommeil, un moment de répit. Je ne sais pas d’où ça vient. Là, je les écris, mais je ne suis pas la chroniqueuse. Des phrases longues comme là, tout près de la mer, cette mer dont nous avons volé les secrets pour construire notre mer à nous avec les eaux des roses de notre amour. On était les seuls à connaître ses profondeurs.
– Je ne crois pas que Pénélope a connu l’intensité et le goût de l’attente comme je suis en train d’en faire.
À coup sûr, elle en a eu marre d’attendre Ulysse, et elle a inventé tout un tas d’histoire rocambolesque pour tisser la toile de l’oubli et s’en aller cœur ouvert chercher des sensations moins douloureuses que celles figées dans l’instant de l’attente.
– Ne me dis pas que tu es en train d’attendre les bateaux à l’horizon.
– Qu’est-ce que tu fais là toute seule ?
– Écoute le bruit des vagues, lui rétorqua-il, elle

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