La nuit rouge
74 pages
Français

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Description

À Rochefort, le commissaire Mercadier est dérangé, en pleine nuit d’hiver, par la propriétaire de l’hôtel l’Épi de Blé : on a assassiné un client dans une chambre.


Le temps de s’habiller, de se rendre à pied sur place, et stupeur, le cadavre a disparu.


Alors que Mercadier commence son enquête, un agent le prévient qu’un autre meurtre a été commis en pleine rue, et que la victime et son meurtrier ont été emmenés au poste.


Mais, une fois au commissariat, nouvelle déconvenue, tous deux se sont volatilisés.


Ne voyant pas comment démêler cette inextricable affaire, Mercadier décide de faire appel au « savoir-faire » du journaliste Léonce CAPOULIN.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070037904
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA NUIT ROUGE


D'après le fascicule « La nuit rouge » publié en 1935 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi (réédition du fascicule éponyme publié en 1921 dans la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi).
CHAPITRE I

Adrien Mercadier se flattait d'être un homme heureux. À la veille de prendre sa retraite, il avait obtenu le poste de commissaire de police à Rochefort et s'en félicitait. Depuis cinq ans qu'il vivait dans cette ville, jamais son service ne l'avait appelé hors de chez soi la nuit.
Or, par-dessus tout, Adrien tenait à son sommeil. Il avait une horreur profonde des brusques réveils qui vous laissent engourdis et stupides, comme il détestait les promenades nocturnes, dans les rues remplies d'ombre, à la recherche d'un malfaiteur que la crainte de se voir pris peut pousser aux pires extrémités.
Sa vie s'écoulait régulière, calme, monotone, même. Mais cette monotonie plaisait à M. Mercadier. Toute ambition était morte en lui ; en haut lieu, on le citait comme le modèle des fonctionnaires.
On jugera donc de la stupeur de l'honnête commissaire quand, vers deux heures du matin, par une nuit glaciale de décembre, le carillon endiablé de la sonnette le tira brusquement de ses rêves.
D'abord, il crut à un cauchemar et, se retournant dans son lit, il grommela :
— Je n'aurais pas dû manger de homard, hier soir, c'est une nourriture indigeste.
Cependant, le carillon persistant, force lui fut de reconnaître qu'on « sonnait réellement ». Il eut un sursaut de révolte et, sans réfléchir, quittant sa couche tiède, il sauta dans la pièce. Le froid l'ayant saisi, il éternua et cet éternuement lui causa les plus vives inquiétudes au sujet de sa santé. Ayant tourné le commutateur, il enfila son pyjama, puis, ouvrant la fenêtre, il cria :
— Eh bien, qu'y a-t-il ? Pourquoi ce remue-ménage ?
Dans l'ombre, une voix de femme répondit :
— Venez vite, monsieur le commissaire, on a assassiné un de mes voyageurs.
Adrien Mercadier frissonna ; dans un éclair, il vit l'odieuse promenade à travers les rues ouatées de neige, la chambre mal éclairée par une lampe fumeuse et, gisant sur le parquet de cette chambre, un cadavre, les yeux fixes et la gorge ouverte. Il protesta :
— Il fallait avertir le poste de police !...
— C'est vrai, je n'y ai pas pensé, mais, monsieur le commissaire, vous êtes vous-même…
M. Mercadier l'interrompit durement :
— C'est bon, pas de discours. D'abord, qui êtes-vous ?
L'inconnue eut une quinte de toux ; quand la quinte fut calmée, la femme dit :
— Je suis M me Brumond, la propriétaire de « L'Épi de Blé », rue des Vermandois.
Le commissaire serra les poings et gronda :
— J'aurais dû m'en douter ; « ça » ne pouvait arriver que chez vous ! Enfin, attendez-moi, je descends à l'instant.
M me Brumond entendit la fenêtre qu'on refermait avec violence. Sur la vitre, elle aperçut l'ombre du commissaire qui, en toute hâte, mais avec méthode, cependant, passait ses vêtements. Puis la pièce devint sombre, une porte grinça ; un pas lourd résonna dans l'escalier. M. Mercadier apparut enfin. Plus exactement on vit une masse noire et poilue qui, avec un grognement, déclara :
— Marchez devant, il fait noir comme dans un four ! Oh ! ce froid !
— Le fait est qu'il fait froid, concéda la propriétaire de « L'Épi de Blé », désireuse de se concilier les bonnes grâces du commissaire.
Sans transition, elle ajouta :
— Le pauvre jeune homme est arrivé hier soir chez moi, vers onze heures, il était transi de froid ; avec cela, une bonne figure franche. Il commanda un verre de vin chaud, monta dans sa chambre et…
— Vous parlerez quand on vous interrogera, jeta M. Mercadier qui claquait des dents.
Il eut un lourd silence, seulement interrompu par le clapotis des souliers dans la neige qui, par endroit, fondait. Soudain, le commissaire étouffa un juron : il venait de heurter un ivrogne allongé sur le sol.
L'ivrogne manifesta son mécontentement en termes si vifs qu'Adrien le rappela au respect des convenances. L'autre eut un dédaigneux haussement d'épaules et ricana :
— Les ours me font pas peur, j'en ai descendu, là-bas, au Pôle.
Ce disant, il fonça sur son interlocuteur ; mais, ayant mal calculé son élan, il alla donner sur un tas de neige, sur lequel il demeura étendu.
La femme Brumond crut devoir exprimer quelques sentences morales sur les dangers de l'ivresse, mais Mercadier l'interrompit. D'un ton sec, il demanda :
— Quel nom ? Quel âge ? D'où venait-il ?
— Et de qui parlez-vous, monsieur le commissaire ? Est-ce de cet ivrogne ? Je vous jure que je ne le connais pas, fit la tenancière, épouvantée.
— Je vous parle de la victime, allons, pas de faux-fuyants, répondez.
— Hé, je ne demande pas mieux, mes livres de police sont en ordre, on peut vérifier.
Impatienté, M. Mercadier frappa du pied, opération qui eut pour résultat d'inonder, d'une boue glacée, sa compagne. Sans s'inquiéter de ses protestations, il répéta :
— Quel nom ? Quel âge ? D'où venait-il ?
— Son nom ? Maurice Lacoste. Son âge ? Vingt-trois ans. D'où il venait ? De Brest.
— Bien. Comment avez-vous découvert le crime ?
— Il pouvait être minuit et demi, une heure, quand je montai dans ma chambre pour faire mes comptes. La journée avait été fatigante, le sommeil m'emporta. Soudain, j'entendis un grand cri, puis un bruit de lutte, des meubles tombant sur le sol, enfin, un coup de revolver et un nouveau cri. Cela venait du 27. Appelant ma bonne, je me précipitai vers cette chambre. Il me sembla voir filer un homme, ou une femme, je ne saurais dire, un homme à cause des cheveux coupés ras, une femme à cause de la robe.
— Voyons, était-ce un homme ou une femme ?
— Ben, là, vrai de vrai, sur la tête de mon fils, je ne saurais le dire.
— Bon ? Après ?
— Après ? Je pénétrai dans la chambre.
— La porte en était donc ouverte ?
— Oui, monsieur le commissaire, grande ouverte. Je m'arrêtai sur le seuil, il y avait de quoi, je vous le jure. Une chambre si coquette avec ses meubles neufs, ses tentures…
— Passez ! Et le jeune homme ?
— Le jeune homme était couché au milieu de la place, il paraissait dormir ; mais il y avait du sang autour de lui et, au front, je voyais une balafre rouge…
— Que fîtes-vous alors ?
— Ce que je fis ? J'envoyai Suzanne, ma bonne, au poste de police et je courus chez vous.
— Il n'y avait pas d'autres voyageurs ?
— Non, Monsieur, ils étaient tous partis le soir même.
— Voilà qui est étrange.
— Étrange ? Oui et non ! Il y en avait deux qui m'avaient annoncé leur départ la veille ; quant aux trois autres, ils ont été rappelés par télégramme. Seulement, en passant, j'ai prié un voisin de veiller à la porte de la chambre, en lui recommandant de ne rien déranger. D'ailleurs, vous allez pouvoir vous en rendre compte vous-même, nous voici arrivés.
Par cette nuit de décembre, l'hôtel de « L'Épi de Blé » avait un aspect sinistre. C'était un immeuble de deux étages, surmonté d'un toit couvert de tuiles. Dans la façade grise, d'un gris sale, s'ouvrait une douzaine de fenêtres. Des auvents pendaient lamentables, plusieurs vitres avaient été brisées. M. Mercadier regretta de s'être lancé seul dans cette aventure ; mais, ayant constaté qu'il avait son browning, il s'engagea bravement dans le couloir puant sur lequel s'amorçait un escalier de bois, où des lambeaux d'étoffe et des baguettes de cuivre témoignaient de la présence d'un tapis.
— C'est au premier, dit la femme Brumond en prenant la lampe posée sur la table du bureau.
Le commissaire fut frappé de l'air sournois de la mégère. C'était une grande femme anguleuse et rêche, avec une face allongée, telle une tête de jument ; des cheveux rares et raides tombaient de chaque côté, le long des joues creuses ; point de sourcils, et, sous l'arcade sourcilière proéminente, de petits yeux gris, se dérobant à chaque instant derrière une paupière molle et flasque.
Au moment où, franchissant la dernière marche, elle éleva la lampe au-dessus de sa tête, M. Mercadier remarqua que la Brumond avait du sang aux doigts ; il s'abstint, cependant, de toute réflexion et poursuivit sa route.
— Ah… c'est là !... fit soudain l'hôtesse qui, se tournant vers une espèce de colosse debout dans l'embrasure de la porte, ajouta : « Merci, Bavaud, vous pouvez vous retirer, c'est M. le commissaire. »
L'homme fit entendre un sourd grognement et esquissa un mouvement de retraite ; M. Mercadier l'arrêta :
— Une question, s'il vous plaît ? Il n'est venu personne depuis le départ de Madame ?
— Il n'est venu personne, rien n'a été dérangé.
— Êtes-vous entré dans la chambre ?
Le colosse eut un geste de terreur. Il balbutia :
— Entrer dans la chambre d'un homme assassiné ! Moi… Oh ! non !
Complaisante, M me Brumond expliqua :
— Le pauvre homme a eu son père tué d'un coup de hache ; depuis…
— C'est bon, lança Adrien, qui reprit : levez la lampe ! Plus haut… Ah ! çà, où donc est le cadavre ?
L'hôtesse, qui avait détourné la tête, eut un haut-le-corps. Elle dit :
— Le cadavre ? Mais il doit être là… au milieu de la chambre… Mais, oh ! mon Dieu, que veut dire ceci ?... Il n'y est plus…
M. Mercadier s'apprêtait à demander à la Brumond des explications complémentaires, quand un bruit de pas retentit dans l'escalier. De la cage émergea la tête volumineuse du brigadier Gandaud qui, ayant salué militairement, déclara :
— Ah ! monsieur le commissaire, quelle histoire ! On a découvert, rue Thiers, un cadavre.
— Un cadavre, rue Thiers ? Ah ! çà, est-ce que ce serait celui du jeune homme dont parlait cette femme ?
Le brigadier secoua la tête et dit :
— Si c'était un jeune homme quand il était ici, il a vieilli en peu de temps : le cadavre de la rue Thiers a les cheveux blancs et le visage ridé comme une vieille pomme.
— De quoi est mort cet homme ?
— D'une balle de revolver à la tempe… On a d'ailleurs retrouvé l'assassin.
— Parfait, mais ceci n'explique pas la disparition du cadavre de la chambre 27…
Le brigadier ne put émettre sur cette disparition auc

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