La Note bleue
272 pages
Français

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Description

« Nous entrons dans le grand salon. Immense, énorme, avec devant nous les murs de la tour carrée. Arwen traverse la pièce en courant. Sur le mur du fond, une porte dissimulée dans la menuiserie, elle la pousse violemment. Je la suis comme je peux. Nous entrons dans l'orangerie. Directement, elle tourne sur sa droite. Ici aussi, les murs sont recouverts de placards et lambris. Elle tire sur une des portes et j'aperçois un coffre-fort de couleur rouge... » Bryce Leroy, un commissaire solitaire au cœur tendre, retrouve un regain de jeunesse en renouant avec Arwen, son premier amour. Originaire de Jersey, cette talentueuse musicienne demeure très mystérieuse sur son passé. Un incident survenu dans le piano-bar où elle se produit l'incite à lui confier son terrible secret. Alors qu'elle avait douze ans, deux individus ont violé sa sœur et tué sa mère pour récupérer un étrange coffret alors en possession de son père, un passionné d'histoire... Course au trésor, trafic d'objets d'art anciens, assassins impitoyables... Autant d'énigmes que Christian Büsch assemble avec brio pour donner vie à une enquête policière haletante dans l'ombre des Templiers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342157703
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Note bleue
Christian Büsch
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Note bleue
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Pour Élise, ma jolie, et sa Mamy Lyne, mon amour…
 
Fin février, dix-sept heures
1
La nuit, avec ses angoisses déchirantes et son habituel égoïsme abject, s’est imposée, sans concertation ni le moindre scrupule, au monde des vivants. Elle est tombée brusquement, méchamment, sans crier gare, dans un fracas de tristesse maladive qui vous brise les reins. Je râle, je peste. C’est une gifle, d’une rare grossièreté, que je prends en pleine face et qui annihile toute révolte ressentie, contre on ne sait qui, on ne sait quoi, je ne sais plus.
 
La journée a été infâme avec cette bruine huileuse qui vous colle à la peau et vous pollue, cette foule qui vous ennuie et vous indiffère. Et puis, il y a ce temps qui s’écoule, bien trop lentement, et vous fait frissonner de rage. Fichu sablier des âmes perdues. Enfin, et pire encore, au final, il ne vous reste que cette sensation de manque, cette absence d’envie ou de passion, qui vous tenaille et vous lacère à en pleurer et que vous traînez comme autant d’indésirables boulets.
 
 
Il fait poisseux, glacial et tout est détrempé. Cette brume persistante suinte et vomit de partout. Les pavés luisants, glissants et cabossés réfléchissent le timide et pâle halo faïencé, tombé par mégarde, des réverbères décharnés. Les lanternes pleurent à grosses larmes, inéluctable goutte-à-goutte.
Les rares passants, pareils à des ombres fuyantes, me croisent, courbés, muets, les yeux rivés au sol. Les mains profondément enfouies dans les poches de leurs funestes manteaux, sans me jeter le moindre regard, ils disparaissent au loin comme inscrits dans une sinistre danse funèbre.
 
En fait, ils s’en fichent.
 
La ville abandonnée et la vie gluante semblent, d’une manière effrayante, s’être mises à l’arrêt. À part quelques lamentations étouffées d’un trafic si lointain et le clapotis de mes godasses morcelant les flaques argentées, le bruit, également, s’est lâchement évanoui. La solitude, sœur jumelle de l’ombre, s’est vautrée avec délectation dans ce foutu mépris. Finalement, il ne reste que cette détestable odeur de pluie frileuse. Je déteste son goût infâme et soufré qui me pique les lèvres. Je suis frigorifié et engourdi jusqu’aux moindres de mes extrémités.
 
Fourbu, vanné, seul surtout, je retourne au poste pour rédiger mon dernier rapport. Comme toujours ou presque, il sera banal, sans âme, inutile et déjà désuet. Je déteste ces premiers mois de l’année qui riment avec tristesse et vous abandonnent, sans votre consentement, en plein cœur de l’absence.
 
Sans même m’en apercevoir, pour lutter contre cette lassitude qui m’envahit, en guise de placebo, je fredonne doucement, encore et encore, cette mélodie de Rapsat entendue ce matin à la radio.
 
Quand les feuilles sont mortes
Quand le vent du nord
Se lève et les emporte
Quand les gens soudain pressent le pas
Quand le ciel est si gris
Quand le ciel est si lourd
Que l’on se croit maudit
Quand la ville se cache sous le froid
 
Envie de chaleur…
 
Je chante faux comme une vieille casserole fêlée, mais j’aime tromper mon ennui. Il pleut, c’est ma faute, je remonte mon col, je poursuis ma route.
 
 
Me voici enfin devant la façade triste et défraîchie de ce vaste bâtiment. Il est si gris, si lugubre et si tristement éclairé, que le simple fait de le regarder vous donne l’envie de chialer.
 
Accrochés au balcon du premier étage, deux drapeaux pleurent l’Europe et les couleurs nationales. Le crachin, sans aucune autorisation, les a mis en berne. Sous cette avancée et couronnant la haute porte cochère, en grandes lettres mordorées, une inscription : « Commissariat de police ».
Pousser la porte d’un pareil établissement, pour celui qui y recherche du réconfort, relève de la bravoure ou de l’inconscience. Moi, curieusement puisque si tristement il me ressemble, je l’aime bien et m’y engouffre avec délectation comme le goupil, qui au bout de sa voie, se glisse dans son trou.
 
Mon bureau est situé au rez-de-chaussée, au fond du couloir, derrière le comptoir de l’accueil.
— Salut l’Inspect. Fini journée ?
Je m’appelle Bryce mais tout le monde me surnomme de cette manière et cela m’indiffère. Non, je mens, j’aime bien.
 
— Salut Marc. Presque ! Mais la journée a été loin d’être passionnante. Dégueulasse en fait. Et puis, mais comme toi, sauf si je me trompe, nous sommes de garde cette nuit.
 
Le va-et-vient incessant et son inéluctable brouhaha de la réception, commencent enfin à s’affaiblir. Maintenant, après les voleurs, les volés et les tordus du jour, ce sont les paumés, les camés et les filles de la nuit qui vont défiler. Je pousse la porte gravée au nom de « Monsieur le Commissaire de Police – B. Leroy ». Elle grince, comme moi. Je m’assieds à la table couverte de dossiers trop hautement empilés. J’allume ma lampe d’architecte. Les murs verdâtres et défraîchis du local, paradoxalement, me rassurent. Le vieux radiateur en fonte, à contrecœur et avec grande avarice, daigne partiellement partager sa maigre chaleur bienfaisante. Pourtant quand il rayonne, il gazouille et cliquette comme un bienheureux et je l’en félicite. Comme tous les jeudis, je suis bon pour une nuit blanche, mais ai-je vraiment autre chose à faire ? Ou même l’envie ? Non !
 
Ici, je suis chez moi.
 
Depuis un an, après une vie commune et moins de six mois de quasi-bonheur, elle n’a plus désiré partager mon quotidien trop chargé à son goût. Laetitia ne souhaitait plus être délaissée. J’avoue ma faute. Elle est partie, comme dans une mauvaise blague, avec mon meilleur collègue. Il est de la police, lui aussi. Allez savoir pourquoi, nous ne sommes plus amis ? Pourtant, je m’en fous !
Maintenant, après avoir été jeté à la rue comme un chien plein de puces, j’habite un minuscule appart à deux pas d’ici. Dans mon petit salon aux tentures de grand-mère, sa chambre étroite aux rideaux de grand-père, sa salle de bains aux jolis pavés fleuris, maintenant fanés, et cette adorable mais minuscule cuisine « vert prairie » où trône mon royal four à micro-ondes, je m’y sens bien, presque comblé. Seulement, tout ou presque est vide, même le frigo. Pas de photos, un vieux poste de télévision à la télécommande jaunie et cabossée, un antique fauteuil défoncé et fatigué, le journal du jour et une chope, point !
 
Je vis seul. J’en suis heureux. Je retrouve mon équilibre.
 
Dix-huit heures.
 
J’éteins et ferme mon ordinateur. Ce soir, comme presque tous les soirs, je mange au piano-bar du coin. Rien que la simple idée de sortir me fait déjà frissonner. Je grince de froid. Toutefois, j’apprécie ce trajet presque chaque jour effectué. Comme une coulée de renard, il est mon sentier préféré. Heureusement, les ondées ont cessé et le ciel s’est rapidement dégagé. Sous les étoiles frisquettes de février, je rejoins le fleuve qui, lancinant, découpe harmonieusement la ville en quartiers bien distincts. Pourtant, après les pluies incessantes de ces dernières journées, le courant est fort et violent. Rien que de la regarder, cette lanière liquide et argentée me fait trembloter. De l’autre côté, là où je me rends, les immeubles m’offrent leurs plus belles illuminations. Derrière chaque fenêtre, chaque lumière, se cache une histoire que je ne connaîtrai pas. Me voilà devenu romantique.
Le musée est toujours aussi joliment éclairé et ses statues, comme découpées au scalpel, se détachent de leurs niches sombres, semblables à d’élégants mais sévères chiens de garde.
 
Je traverse le pont qui enjambe ces flots glacés.
 
À son extrémité, je vire à droite pour m’engager dans la ruelle sombre, étroite et descendante. Mes pas résonnent sur les pavés « têtes de mort ». La pointe de mes chaussures projette des gouttelettes, fines, légères et brillantes comme autant de larmes d’appréhension.
J’y suis, enfin.
Je pousse la porte du « Velours – Brasserie – Piano bar  ».
 
Et toi, fichue angoisse, tu restes dehors !
 
À cette heure-ci, il n’y a jamais grand monde si ce ne sont les éternels habitués, comme moi ! L’intérieur est douillet et sa chaleur me ravigote.
 
— Salut l’Inspect. En forme mon vieux ?
— En forme de quoi ?
— En forme de garde, comme chaque jeudi ! Tu manges ici, avec nous, comme d’hab ?
— Salut mon Bernard. Oui, j’ai une sérieuse faim de loup ce soir.
— Tu as envie d’un bon spaghetti, un croc, un sandwich… ou le plat du jour, ce sont des carbonades à la flamande ?
— Non, fais-moi un de tes délicieux jambons beurre s’il te plaît. Mais amélioré, comme tu sais si bien me le faire. Merci.
— D’accord, c’est comme si c’était déjà fait.
— Dis, c’est quoi cette musique ?
— Un vieux truc qui tourne en boucle. Kashmir de Led-Zeppelin.
— Eh bien, c’est du costaud, mais sympa !
 
Lui, c’est mon vieux copain. Il est grand, fort, barbu et tout en rondeurs. Depuis mes ennuis de cœur, on a réellement sympathisé. Il est le tenancier de cet établissement et nous nous apprécions vraiment. Il y a aussi la pétillante Annie, son épouse depuis 20 ans. Elle est pianiste et cuisinière. Lui, il joue du saxo, mais surtout de la pompe… à bière. Il y a aussi Jean, le quasi SDF, fou de musique mais avec un look et des manières douteuses, comme ses habits d’ailleurs. Bernard aime

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